2014: les 10 actualités les plus consultées de l’année

Posté par vincy, le 3 janvier 2015

kristin scott thomas

Voilà dix actualités qui ont intrigué plus que les autres. La variété des sujets fait plaisir. A Ecran Noir, on n'aime pas les étiquettes. Politique ou économique, people ou cinéphilique, on note quand même chez vous, lecteurs, un goût prononcé pour ce qui peut révolter et passionner. On reste suspendu à la décision de Kristin Scott Thomas, attentif à l'avenir des studios de Bry-sur-Marne, inquiet de la disparition de festivals, observateurs des nouveaux équilibres mondiaux du cinéma, et mobilisé pour défendre tous ceux qui sont victimes de régimes oppresseurs.

  1. Kristin Scott Thomas change de vie: "Je me suis dit tout d'un coup que ne pouvais pas faire face à un autre film"
  2. Cannes 2014, les prétendants: Les trop nombreux espoirs du cinéma français
  3. Des propositions pour promouvoir le cinéma en Afrique francophone
  4. Benjamin Biolay et Olivia Ruiz sur la Croisette
  5. Le festival du film asiatique de Deauville annulé en 2015
  6. Trois films pour redécouvrir Bo Widerberg
  7. Les studios de Bry sur Marne victimes de la spéculation immobilière
  8. Les relations ambivalentes entre la Chine et Hollywood
  9. Mobilisation pour la réalisatrice iranienne Mahnaz Mohammadi
  10. Trop de films français? Le point de vue de 5 personnalités

2014: les 10 stars les plus populaires de l’année

Posté par vincy, le 2 janvier 2015

En 2014, vous avez plébiscité deux légendes différentes du 7e art. D'abord François Truffaut dont on célébrait les 30 ans de sa disparition. La Cinémathèque française lui a consacré une grande exposition, les télévisions ont largement diffusé ses films. Ensuite Brigitte Bardot qui fêtait ses 80 ans avec de nombreux livres, des émissions de télé et différents hommages cathodiques et cinématographiques. Grand écart qui montre à quel point les stars d'hier peuvent encore rivaliser avec celles d'aujourd'hui. Ryan Gosling n'a eu aucun film à 'laffiche, hormis sa première réalisation présentée à Cannes. mais le beau gosse est incitestablement populaire. Keanu Reeves a pu profiter de son grand come-back (trois films, un documentaire). Johnny Depp est boudé dans les salles mais reste très présent dans les médias. Brad Pitt et DiCaprio restent des valeurs sûres et on su séduire leurs fans, avec, respectivement, Fury et Le Loup de Wall Street. Côté filles, on en compte trois: la très populaire Sophie Marceau, Kirsten Dunst (The Two Faces of January a été l'un des 30 films les plus consultés sur notre site) et Penelope Cruz (qui n'a eu aucun film au cinéma, mais était omniprésente sur les écrans avec une pub pour Schweppes et uen autre pour Lancôme).
Notons sinon les percées de Christoph Waltz, Jessica Chastain et Jennifer Lawrence (12e).

  1. François Truffaut
  2. Brigitte Bardot
  3. Ryan Gosling
  4. Sophie Marceau
  5. Kirsten Dunst
  6. Keanu Reeves
  7. Johnny Depp
  8. Penelope Cruz
  9. Brad Pitt
  10. Leonardo DiCaprio

2014: les 14 critiques les plus lues cette année

Posté par vincy, le 1 janvier 2015

xavier dolan tom à la ferme

On ne doute plus de l'éclectisme de notre lectorat. Comédie, film d'auteur, sagas, science-fiction, documentaire: les critiques les plus lues sur Ecran Noir cette année n'ont pas grand chose à voir avec le box office (même su on y retrouve quelques gros succès). Pour preuve, le leader de l'année, Tom à la ferme, a eu un succès plutôt confidentiel. Mais les fans de Dolan sont nombreux (Mommy n'est pas très loin du Top 14). Dans cette liste on retrouve à parité des films que nous avons beaucoup aimés et d'autres beaucoup moins. Tous les goûts sont dans la nature du cinéphile. Ce n'est pas à nous de juger. On ne peut que se réjouit de voir aussi bien Boyhood que Gone Girl, La cour de Babel que Les poings contre les murs dans notre classement. Et si l'on élargit au Top 30, des films d'auteurs comme Under the Skin, Night call, Deux jours une nuit, et la plupart des films de la compétition cannoise s'invitent au milieu de Samba, X-Men et le dernier Astérix. Seule remarque notable de ce Top 14: la domination des films français et américains cette année.

  1. Tom à la ferme **** de Xavier Dolan
  2. Interstellar ** de Christopher Nolan
  3. Gone Girl **** de David Fincher
  4. Babysitting ** de Philippe Lacheau, Nicolas Benamou
  5. Les poings contre les murs **** de David Mackenzie
  6. Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu? ** de Philippe de Chauveron
  7. Divergente *** de Neil Burger
  8. Supercondriaque * de Dany Boon
  9. Captain America: Le soldat de l'hiver ** de Anthony et Joe Russo
  10. Boyhood ***** de Richard Linklater
  11. Maléfique * de Robert Stromberg
  12. Hunger Games: La révolte (1e partie) *** de Francis Lawrence
  13. Last days of Summer *** de Jason Reitman
  14. La Cour de Babel **** de Julie Bertuccelli

Nos coups de coeur de l’année : la poésie de Still the Water de Naomi Kawase

Posté par Morgane, le 30 décembre 2014

En réfléchissant à mon coup de cœur 2014, je réalise que cette année cinématographique a été plutôt riche en belles surprises.

Diverses, elles ont pourtant toutes en commun ce côté surprenant qui fait qu'un film, une image, une histoire réussit à nous transporter, nous prendre aux tripes. On sort alors d'une salle obscure un peu différemment qu'en y entrant. Et quand ce petit phénomène se produit c'est que la magie du 7e Art opère…

Pour ma part cette magie a opéré plusieurs fois cette année. Grâce à la comédie policière loufoque et décalée The Grand Budapest Hotel, aux dialogues superbes du huis-clos enneigé Winter Sleep, à la découverte de Wake in the fright lors du festival Lumière, à la grande claque que m'a mise Mommy, au long fleuve de la vie sublimé par Boyhood et à la photo à couper le souffle de Timbuktu.

Mais comme un coup de cœur, il ne faut en garder qu'un, alors ce serait Still the water. Intriguée par les belles critiques que le film avait reçu à Cannes, je l'ai quand même loupé à sa sortie. Heureusement pour moi, les CNP lyonnais l'ont programmé lors de leur week-end de clôture mi-décembre (avant fermeture pour travaux) reprenant alors les films qui ont marqué 2014. J'ai alors eu le grand plaisir de découvrir ce film sublime, entre force et douceur.

La caméra de Naomi Kawase est au plus près de ses personnages mais ne les étouffe jamais. Elle les suit lentement, les regarde évoluer et laisse peu à peu la mer devenir le reflet de leurs sentiments, tour à tour déchaînée puis calme et reposée. L'amour et la mort s'y mêlent étrangement à merveille et toutes les générations confondues sont amenées à fusionner dans cet environnement qui les entoure. Les corps filmés sont beaux, pleins de vie, et même les corps qui meurent sont magnifiés et envoutés (nous avec) par des chants chamaniques au caractère magique.

La réalité du quotidien (un amour adolescent, une mère mourante, etc.) se mêle à l'envoutement de la nature, tout comme c'était déjà le cas dans La forêt de Mogari. La nature, amicale mais également très violente, est le pivot central de ce film qui place le mot "FIN" sur ce très beau plan des deux adolescents nageant nus dans l'océan. Une très belle manière de clore ce film à mi-chemin entre réalisme et fable poétique.

Nos coups de coeur de l’année: la sublime banalité dans Boyhood de Richard Linklater

Posté par vincy, le 28 décembre 2014

boyhood

Une année de cinéma c'est quasiment un film par jour, sur grand ou petit écran. On peut y ajouter les rencontres chaleureuses d'artistes pour des interviews, les disparitions marquantes de comédiens que nous ne verrons plus, de cinéastes qui ne filmeront plus, les souvenirs plus personnels où des images de fiction se mêlent à nos vies. Ainsi, on se surprend à être submergé d'émotions avec un chant japonais autour d'une femme en train de mourir (Still the Water de Naomi Kawase), sans que l'on sache si l'on est davantage touchés que d'autres confrères par cette scène parce que nous sommes nipponophiles. Idem face à cette scène toute québécoise où un trio d'acteurs chante du Céline Dion, pas forcément notre tasse de thé, pour communier ensemble (Mommy de Xavier Dolan), sans que l'on sache vraiment si d'avoir vécu dans la Belle province nous influence.

C'est toute la force du cinéma: nous faire aimer Scarlett Johansson en alien vampire ou la classe de la Cour de Babel, un plan séquence de '71 ou une scène de foot de Timbuktu, nous faire vibrer avec un histoire simple comme Party Girl ou nous amuser avec une comédie policière à la Agatha Christie au Grand Budapest Hotel.

Mais si je devais retenir un coup de coeur, ce serait Boyhood. C'était à Berlin, un jeudi matin. L'hiver est clément: pas de neige, du soleil, un froid sec. La projection est matinale dans la grande salle du Berlinale Palast. On ne sait quasiment rien du film. Il a été présenté à Sundance trois semaines avant, mais la presse américaine n'en a pas fait l'événement à l'époque. Richard Linklater est connu, mais pas forcément pour une oeuvre dont le pitch tient en deux lignes. Le casting n'est pas de catégorie A et la durée de 2h45 a tendance à nous inquiéter plus qu'à nous emballer.

Et donc près de trois heures plus tard, on ressort étourdi, épaté, bluffé même. Douze années d'une vie, avec les mêmes acteurs que l'on voit grandir (les enfants) et vieillir (les adultes). Pourtant ce n'est pas ce tour de force du projet (filmé durant douze ans) qui nous impressionne. Si Boyhood reste parmi les grands souvenirs de cinéma de l'année c'est parce qu'il ne raconte rien de spécial, hormis la vie d'une famille américaine typique, qu'il ne surdramatise rien, qu'il fait de la routine et du quotidien de chacun un élément de l'évolution. Il est le reflet de notre vie, renvoyant l'image d'une société banale, d'une famille normale. On éprouve une empathie immense pour les personnages. On lâche prise. La mise en scène réussit à relier la douzaine de chapitres sans accros. Cette fluidité, non exempte de beauté, nous emporte dans le tourbillon de la vie.

Et c'est finalement là que le cinéma est un art sublime. Peu importe le voyage, l'ivresse est toujours là. Mais lorsqu'il pointe sa caméra sur l'amour et la vie, que ce soit au Japon, au Québec ou en Lorraine, il nous rappelle à quel point tout est affaire d'auteur, de point de vue, de récit. Boyhood est un très grand récit universel, donnant raison à Jean-Paul Sartre qui rappelait: « Pour que l'événement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu'on se mette à le raconter.»

Nos coups de cœur de l’année: Mommy de Xavier Dolan, ou la métaphore du cinéma

Posté par MpM, le 27 décembre 2014

mommy anne dorval

L'image qui me restera de 2014, c'est celle d'un cadre qui, par la magie du cinéma, s'élargit tout à coup, passant d'un format carré au cinémascope, pour donner de l'ampleur et de l'oxygène aux personnages du film.

Cette simple idée de Xavier Dolan dans Mommy, c'est un peu une métaphore du cinéma, ou tout au moins de ce qu'il fait à nos esprits et nos vies: les ouvrir, les élargir, les étendre. Jour après jour, l'année 2014 aura ainsi été transcendée par les images qui s'y seront succédé.

En vrac, un couple immobile plongé dans la contemplation d'une fresque invisible aux yeux du spectateur (Les chiens errants de Tsai Ming-Liang), la vie qui s'écoule sans heurts sous nos yeux (Boyhood de Richard Linklater), une réflexion ambiguë sur l'humanité perçue à travers le regard froid d'une extra-terrestre mangeuse d'hommes (Under the skin de Jonathan Glazer), un couple de vampires au charme radical et à l'élégance folle (Only lovers left alive de Jim Jarmusch, que nous avions vu en 2013 sur la Croisette), un labyrinthe effréné et vertigineux où chaque porte et chaque mur dissimulent un secret enfoui (L'étrange couleur des larmes de ton corps d'Hélène Cattet et Bruno Forzani), un conte surnaturel sur le degré de conscience des intelligences artificielles (Computer chess d'Andrew Bujalski), un homme qui va à la mort (Near death experience de Benoît Delépine et Gustave Kervern), et même le paradis (Le paradis d'Alain Cavalier).

Des histoires et des personnages, des gestes, des dialogues et des regards, des mouvements de caméra, des plans et des ellipses qui auront tous concouru à leur manière à faire de nous ce que nous sommes à la veille de cette nouvelle année. Prêts à enchaîner sur les films de l'année 2015 ?!

Nos coups de coeur de l’année: les enragés de Goal of the Dead de Benjamin Rocher et Thierry Poiraud…

Posté par kristofy, le 26 décembre 2014

goal of the dead

Fin d'année oblige, faire un top 10 donne le vertige, forcément on transige, mais on y arrive. Un top 10 des meilleurs films de l’année forcément subjectif (et aussi très éclectique et même cosmopolite avec des films venus d’Indonésie, d’Espagne, du Danemark, d’Inde…). Tout comme certains jurés de festival déclarent qu’ils auraient voulu récompenser plusieurs films mais qu’ils ne peuvent donner qu’un seul prix, un «coup de coeur de l'année» est donc attribué à un film français pas comme les autres. A la fois plus amusant, plus féroce, plus inventif, plus sensationnel, plus original, la bonne surprise est totale et aussi de tout les instants : Goal of the Dead !

Il s'agit en fait d'un diptyque, Goal of the Dead - Première mi-temps réalisé par Benjamin Rocher et Goal of the Dead – Seconde mi-temps réalisé par Thierry Poiraud. Chaque réalisateur ayant un œil sur l’ensemble. Le film Goal of the Dead se découvre pendant 2h20, sans aucun temps mort pour le spectateur, qui est embarqué progressivement vers un match de foot qui dégénère en lutte contre des zombies (et des morts, il y en aura, pour le meilleur et pour le rire).  L'équipe de football de l’Olympique de Paris va disputer un match contre l'équipe du village de Capelongue... mais une infection semblable à la rage va se propager, et transformer les spectateurs du stade et certains joueurs en créatures ultra-violentes et contagieuses! Le pitch est à la hauteur du résultat.

A noter que le film n’a pas connu une distribution classique. Malgré une date de sortie nationale, il était plutôt promis à devenir invisible la semaine suivante, remplacé par une autre nouveauté, sachant que les différents multiplexes rechignent à programmer ‘les films de genres en français’ (d’autant plus ceux d'une durée de 2h20). La diffusion du film a été organisée de manière évènementielle (avec des courts-métrages en bonus), accompagné par l’équipe du film allant de ville en ville durant quatre mois. Goal of the Dead est en fait un double-programme avec deux films pour le prix d’un: tout comme Quentin Tarantino et Robert Rodriguez avaient remis au goût du jour le Grindhouse (avec Boulevard de la mort et Planète Terreur), Benjamin Rocher et Thierry Poiraud proposent une variante française très réussie.

Goal of the dead oppose donc footeux et zombies (enragés), l’idée est bonne mais le film ne risquait-il pas de souffrir d’un pas assez ‘à la française’ (pas assez de budget, pas assez de temps…)? La très bonne surprise est que ces deux parties vont bien au-delà de son concept ‘du foot et des zombies’ et se révèlent une comédie horrifique très détonante. « L'idée première était d'en faire une série télé mais on n'a pas eu le budget adéquat ni le débouché, le côté violence gore ça ne passe pas à 20h50. Il y avait beaucoup de personnages et leurs histoires, et le scénario a été retravaillé pour le film» explique Benjamin Rocher. L’histoire avait été développée sur une longue durée en plusieurs épisodes et le meilleur a été concentré en un bloc. C’est sans doute pour cela que le film est jouissif. Les acteurs sont épatants, les effets spéciaux impressionnants, c’est drôle, c’est violent, c’est spectaculaire.

Pour ma part, il me reste surtout les souvenirs de la projection de Goal of the dead: le film était sélectionné au BIFFF (le festival fantastique de Bruxelles) en avril, bien que déjà visible en France. Dans la salle l’ambiance est particulièrement festive avec beaucoup de gens déguisés et maquillés (l’après-midi même il y avait eu une zombie walk) et il s’agissait du premier film programmé pour une nuit spéciale qui en comportait quatre. A l’inverse du silence qui s’installe ailleurs, il est de tradition au BIFFF que le public participe bruyamment pendant les projections. Ici plusieurs ‘allez Jeannot’ et coups de sifflets applaudissaient un combat. Le réalisateur Benjamin Rocher présent a d’ailleurs dit « une sélection au BIFFF, c'est la coupe du monde des projections festives, c'est l'ambiance dont on rêvait. »

Il y a quelques jours à la radio (sur France Inter) Jordan Mintzer, critique du Hollywood Reporter, a conforté mon coups de coeur: "pour moi, le film français de l'année reste Goal of the Dead". Pas mieux.

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Nos coups de coeur de l’année: Miles Teller et l’énergie généreuse de Whiplash

Posté par cynthia, le 25 décembre 2014

miles teller whiplashIl y a des questions qui se posent sans cesse et exigent des réponses complexes. En fin d'année, on vous demande de faire le bilan, vos top 10, etc...«Quel est ton film préféré?» est la plus répandue quand on passe son temps dans les salles de cinéma et les festivals. Et à chaque fois c'est la même chose: je me lançait dans des tirades interminables et hésitantes. Jusqu'à ce jour ensoleillé du 3 septembre 2014, date à laquelle un film a enfin, et déjà, emporté le titre si convoité de «coup de coeur de l'année».

Whiplash de Damien Chazelle. De battre mon cœur s'est arrêté. Quand j'ai découvert le film, j'en ignorais tout, hormis la présence du prometteur Miles Teller. J'avais apprécié ses prestations dans Rabbit Hole et The Spectacular Now. Je suis entrée dans la salle. Un petit coup d'œil sur le dossier presse. Passionnée de batterie depuis toujours (j'aurai rêvé prendre des cours), le sujet m'intrigue.

Damien Chazelle ouvre le bal dans un tourbillon de batterie, Miles Teller qui incarne un jeune batteur de jazz en quête de reconnaissance donne tout son talent (sans doublure) et joue de ses baguettes, J.K Simmons s'ajoute au prologue. En quelques phrases, on devine une comédie "musicale", et pourtant tout bascule après quelques baffes rendant l'atmosphère sado-maso. Tout comme l'élève, on reçoit une claque en pleine face. J'ai commencé le film avec un martèlement cardiaque puis par l'arrêt total de mon cœur dans un soupir, disons-le, orgasmique.

Criblé de références - Full Metal Jacket (la scène de son premier cours), Black Swan (le renfermement de soi, les mains en sang après un entraînement intense et la rivalité omniprésente dans le milieu), Rocky (les mains plongées dans la glace afin de ne plus ressentir la douleur physique) - Whiplash rappelle par ailleurs combien musique et cinéma n'ont cessé de se nourrir mutuellement, tout au long d'un roulement de tambour d'innovations esthétiques, techniques et commerciales.

Pourquoi un film sur la dépossession de soi m'-a-t-il autant marqué? Le personnage d'Andrew? Certes il fait fortement penser à celui de Nina dans Black Swan. Il ne manquait plus qu'une scène sensuelle de masturbation et un échange homosexuel avec son rival rouquin et incroyablement sexy et on y était. Petit gentil de service, timide qui n'ose même pas s'approcher d'une caissière de cinéma qui lui plaît ni rétorquer aux vannes puériles de ses camarades musiciens, le jeune homme se sacrifie au point de prendre des pop-corn aux raisins secs pendant sa séance de cinéma mensuelle d'avec son père, alors qu'il n'aime pas ça. Puis il rencontre ce professeur et tout bascule. En quelques humiliations le voilà réduit à s'endurcir, à se noircir. Il devient entreprenant puis solitaire, préfèrant s'enfermer des jours et des nuits dans son petit mètre carré et jouer de la batterie jusqu'à avoir les phalanges en sang, pour finir par devenir vulgaire envers toutes les personnes qui se mettent en travers de son chemin.

La beauté du film réside principalement dans le talent de Damien Chazelle et la prestation exceptionnelle de Miles Teller. Un duo de choc. Passant de l'ange adorable au psychotique aveuglé par le succès, Miles, avec ses airs de Marlon Brando, décharge une énergie sexuelle. Il suffit de le voir tâter de sa batterie avec violence lors de son dernier solo en est presque sexuel. Accentué par le regard apeuré de son père qui prend conscience que son fils a perdu son âme, j'y ai laissé bien plus que des plumes sur mon siège.

Whiplash n'est donc pas seulement mon coup de cœur 2014, il est un de ceux qui a marqué ma vie de cinéphile.

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Nos coups de coeur de l’année: L’adieu émouvant de Miyazaki avec Le vent se lève…

Posté par geoffroy, le 24 décembre 2014

le vent se leve kaze tanichu the wind rises

En ce qui me concerne, mon année cinématographique 2014 ne fut pas complète puisqu’elle s’est accidentellement terminée le 6 septembre dernier. Depuis cette date, je n’ai vu aucun film. C’est pourquoi, et au-delà de la seule honnêteté intellectuelle qu’une telle situation impose, mon choix s’est porté uniquement sur les huit premiers mois de l’année.

Dans ces temps moroses où les déclinologues de tout poil ont le vent en poupe et la tribune facile, un film, héroïque à plus d’un titre, a réussi à tracer des sillons d’espérances par-delà le chaos du monde. Le vent se lève, dernier cadeau cinématographique en forme de profession de foi d’Hayao Miyazaki, est un conte moderne lucide, poétique, sombre, réaliste, romantique, rempli d’ouvertures et de ligne de fuite aussi mélodramatiques qu’autobiographiques. Ce film,  testamentaire – il s’agit, hélas, du dernier long-métrage du maître nippon –, ouvre le champ des possibles pour laisser à porter de main – ou de rêve –, l’espoir d’une conclusion « heureuse ».

Avec ce onzième film en forme de synthèse conclusive, Miyazaki laisse derrière lui une œuvre dense, cohérente, à la beauté visuelle saisissante capable de développer un univers riche où s’imbriquent le ciel et la terre, le sacré et le profane, la nature et la culture, la jeunesse et la sagesse, la générosité comme la cruauté des hommes. Le tout porté par un imaginaire d’une incroyable inventivité à chaque fois recevable d’un point de vue narratif. Le vent qui souffle sur les films du papa de Porco Rosso est synonyme de liberté, faisant de la vie une promesse sans cesse réinventée, assimilable, porteuse de sens.

D’où l’unité d’une filmographie intemporelle aussi récréative que réflexive qui a su partager avec tout un chacun le vers de Paul Valéry prononcé dans ce film : « Le vent se lève, il faut tenter de vivre ». Cette exigence de l’instant, si dure à consacrer dans le temps, n’aura pas été un feu de paille mais une compagne fidèle face au long cheminement personnel du réalisateur.

Un tel choix dépasse donc le simple cas d’une oeuvre, fut-elle remarquable, et salue plus globalement la vision d’un grand cinéaste ayant été capable de mettre ses propres rêves au service de son art.

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