César 2021: un président, une présentatrice, des révélations et des courts métrages

Posté par vincy, le 18 décembre 2020

Ce sera le 12 mars, soit un peu plus tard que d'habitude. La 46e cérémonie des César, aka celle de la résurrection, consacreront un cinéma français qui aura souffert en 2020, avec près de cinq mois d'absence pour cause de confinement des salles.

Roshdy Zem, César du meilleur acteur en 2020, présidera la soirée, tandis que Marina Foïs, jamais récompensée malgré cinq nominations, présentera la soirée, coécrite par Blanche Gardin et Laurent Lafitte. Cette cérémonie - en présentiel dans un lieu à déterminer - devra surtout effacer l'historique, soit celle de 2020 piégée par les polémiques et les scandales.

En 2020, les César ont opéré un reboot: conseil d'administration, gouvernance, règles (le César du public disparaît)...

En attendant, deux pré-listes ont été déjà communiquées: les révélations pour les César du meilleur espoir et les courts métrages candidats.

Révélations 2021 - les Comédiennes :

Noée Abita dans Slalom
Najla Ben Abdallah dans Un fils
Aïcha Ben Miled dans Un divan à Tunis
Nisrin Erradi dans Adam
India Hair dans Poissonsexe
Liv Henneguier dans Douze mille
Annabelle Lengronne dans Filles de joie
Pauline Parigot dans Frères d'arme
Julia Piaton dans Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait
Camille Rutherford dans Felicità
Lauréna Thellier dans K contraire
Anamaria Vartolomei dans Just Kids

Révélations 2021 - les Comédiens :

Abdel Bendaher dans Ibrahim
Lucas Enlander dans Les Apparences
Sandor Funtek dans K contraire
Thomas Guy dans Un vrai bonhomme
Guang Huo dans La Nuit venue
Félix Lefebvre dans Été 85
Nils Othenin-Girard dans Un vrai bonhomme
Jules Porier dans Madre
Bastien Ughetto dans Adieu les cons
Benjamin Voisin dans Été 85
Alexandre Wetter dans Miss
Jean-Pascal Zadi dans Tout simplement noir

Courts métrages :

19
Réalisé par Marina ZIOLKOWSKI
MARS COLONY
Réalisé par Noël FUZELLIER
L'AVENTURE ATOMIQUE
Réalisé par Loïc BARCHÉ
MASSACRE
Réalisé par Maïté SONNET
BAB SEBTA
Réalisé par Randa MAROUFI
MATRIOCHKAS
Réalisé par Bérangère MCNEESE
BALTRINGUE
Réalisé par Josza ANJEMBE
MORTENOL
Réalisé par Julien SILLORAY
BLAKÉ
Réalisé par Vincent FONTANO
OLLA
Réalisé par Ariane LABED
COMMENT FAIRE POUR
Réalisé par Jules FOLLET
QU'IMPORTE SI LES BÊTES MEURENT
Réalisé par Sofia ALAOUI
FELIX IN WONDERLAND
Réalisé par Marie LOSIER
SAPPHIRE CRYSTAL
Réalisé par Virgil VERNIER
HOMESICK
Réalisé par Koya KAMURA
SHAKIRA
Réalisé par Noémie MERLANT
L'IMMEUBLE DES BRAVES
Réalisé par Bojina PANAYOTOVA
THE LOYAL MAN
Réalisé par Lawrence VALIN
INVISÍVEL HERÓI
Réalisé par Cristèle ALVES MEIRA
TSUMA MUSUME HAHA
Réalisé par Alain DELLA NEGRA et Kaori KINOSHITA
JE SERAI PARMI LES AMANDIERS
Réalisé par Marie LE FLOC'H
UN ADIEU
Réalisé par Mathilde PROFIT
JUSQU'À L'OS
Réalisé par Sébastien BETBEDER
YANDERE
Réalisé par Wiliam LABOURY

Court métrage d'animation :

BACH-HÔNG
Réalisé par Elsa DUHAMEL
SORORELLE
Réalisé par Frédéric EVEN et Louise MERCADIER
LE GARDIEN, SA FEMME ET LE CERF
Réalisé par Michaela MIHÁLYI et David ŠTUMPF SWATTED
Réalisé par Ismaël JOFFROY CHANDOUTIS
GENIUS LOCI
Réalisé par Adrien MÉRIGEAU
SYMBIOSIS
Réalisé par Nadja ANDRASEV
L'HEURE DE L'OURS
Réalisé par Agnès PATRON
TÊTARD
Réalisé par Jean-Claude ROZEC
MOUTONS, LOUP ET TASSE DE THÉ...
Réalisé par Marion LACOURT
LA TÊTE DANS LES ORTIES
Réalisé par Paul CABON
L'ODYSSÉE DE CHOUM
Réalisé par Julien BISARO
TRACES
Réalisé par Hugo FRASSETTO et Sophie TAVERT MACIAN

C’est parti pour le 2e festival Format court à découvrir en ligne !

Posté par MpM, le 18 novembre 2020

Prévue initialement en avril dernier, puis cette semaine au cinéma des Ursulines, la 2e édition du Festival Format Court (du nom du site consacré au court métrage) aura donc essuyé deux confinements sans que cela entame en rien l'énergie et l'enthousiasme de son équipe organisatrice portée par sa directrice artistique Katia Bayer. Le festival commence ainsi aujourd'hui en ligne, ce qu'il faut voir comme une chance pour tout ceux qui pourront découvrir depuis chez eux sa programmation éclectique.

Au programme en effet, une compétition de 25 courts métrages qui mêle oeuvres très identifiées comme Sapphire Crystal de Virgil Vernier, Genius Loci de Adrien Merigeau, Love he said de Inès Sedan, L’Aventure Atomique de Loïc Barché ou encore Sole Mio de Maxime Roy et films plus confidentiels, parfois auto-produits ou encore en début de carrière. Deux jurys, l'un professionnel et l'autre composé de journalistes, décerneront leurs prix lors de la soirée de clôture qui se tiendra le dimanche 22 novembre, tandis que les internautes pourront voter pour le prix du public.

En parallèle, plusieurs focus sont organisés, notamment sur la nouvelle vague roumaine, le festival de Cannes, les origines du cinéma avec Lobster Films, et les réalisateurs iraniens Ali Asgari et Farnoosh Samadi. Des rencontres avec les différentes équipes sont également proposées tout au long de la semaine, ainsi qu'avec la réalisatrice Maïmouna Doucouré qui a accepté d'être la marraine de cette édition.

Pour suivre le festival, rendez-vous sur le site Format Court ! Les programmes y seront disponibles pendant 24 heures après leur diffusion, en accès libre en France, en Belgique et en Suisse. Les soirées d’ouverture et de clôture ainsi que les rencontres avec les équipes auront lieu sur Zoom. De quoi rappeler qu'aucun virus au monde ne nous empêchera de voir des films et d'échanger, même si cela doit se faire virtuellement.

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2e édition du Festival Format Court
Jusqu'au 22 novembre
Programme sur le site de Format Court

Le 35e festival européen du film court de Brest depuis chez vous

Posté par MpM, le 10 novembre 2020

Situation sanitaire oblige, le 35e festival européen du film court de Brest passe en ligne jusqu'au 15 novembre. Si c'est toujours un crève-coeur de renoncer à une édition physique, avec projections sur grand écran et rencontres autour des oeuvres et de leurs auteur.e.s, on peut malgré tout se réjouir de voir la belle sélection 2020 rendue ainsi accessible à tous !

Pour la découvrir, plusieurs solutions ! Tout d'abord, retrouvez sur Universcine les meilleurs films passés par le Festival ces dernières années, ainsi qu'une sélection du cru 2020. Parmi les films disponibles, on vous recommande chaudement Invisível Herói de Cristèle Alves Meira, La Chanson de Tiphaine Raffier, Le Grand bain de Valérie Leroy ou encore Négative space de Max Porter et Ru Kawahata.

Ensuite, pour découvrir les 38 programmes de la sélection 2020, et notamment les films des 4 compétition (européenne, française, OVNi et Bretagne), rendez-vous sur la plate-forme Film Court. Pour vous aider à faire votre choix parmi l'offre plus que pléthorique, on a repéré quelques films à ne pas manquer.

Dans la compétition européenne, précipitez-vous sur Marée de Manon Coubia dont nous avons déjà eu l'occasion de vous dire le plus grand bien. La réalisatrice, qui renoue pour la troisième fois avec l'univers de la montagne, propose une parabole minimaliste et fulgurante sur la fragilité de l'être humain face aux éléments naturels dont il sous-estime sans cesse la puissance, non pas concrète, mais spirituelle et presque mystique. Une plongée sidérante dans la beauté de ce qui nous échappe, fortement liée aux mystères de la nuit, de la vie et de la mort.

A voir également, Luis de Lorenzo Pallotta, film ténu et minimaliste qui raconte un très court moment, celui où deux frères s'apprêtent à être séparés, probablement pour la première fois. Sans effets spectaculaires, ni contexte surdramatisé, le film s'attache aux corps, aux gestes et aux mouvements de ses protagonistes, filmés dans de lumières douces et chaudes. C'est très abrupt, moins de 8 minutes, et pourtant suffisant pour nous attacher à ce duo fraternel. et nous faire retenir le nom de ce réalisateur à suivre.

Côté compétition française, c'est notamment l'occasion de (re)voir Massacre de Maïté Sonnet, une histoire d'adolescentes qui refusent de quitter leur île natale, dont on a beaucoup parlé en 2019 et Dustin de Naïla Guiguet qui suit le personnage attachant de Dustin, une jeune femme transgenre qui souffre de l'attitude distante de son petit ami (sélectionné à la Semaine de la Critique 2020). Mais le cinéma français brille également dans les autres sections, à commencer par la compétition Bretagne, dans laquelle on retrouve un film qui a déjà pas mal tourné, et à raison, le très mélancolique La Maison (Pas très loin du Donegal) de Claude Le Pape.

Un récit perpétuellement sur le fil, qui raconte comment le personnage principal, interprété avec justesse par Jackie Berroyer, se retrouve inexorablement dépossédé d'une partie de sa vie suite à la mort de l'homme chez qui il vivait. Si Claude Le Pape avait choisi d'en faire une comédie, peut-être cela aurait-il paru appuyé et déjà-vu. Mais toute la réussite du film est de prendre le contre-pied de ce qu'on aurait pu attendre pour osciller sans cesse entre le cocasse presque ridicule (via les longs monologues du personnage qui tente de sauver la situation) et le désespoir feutré qui se dégage de cette maison déjà presque abandonnée, du refus dérisoire de la réalité, et surtout de la présence-absence du défunt dont chacun tente maladroitement de faire le deuil.

Enfin, on aurait envie de conseiller toute la compétition OVNI, qui s'avère de loin la plus passionnante, même si son intitulé la survend quelque peu. Il s'agit en réalité de films à la facture moins classique, qui tentent d'adopter un ton décalé ou expérimentent formellement. Il faut absolument voir Muistatko de Iona Roisin dans lequel un chanteur déchiffre "Muistatko Monrepos", air finlandais très connu, sans parler le Finois. S'ensuit une réflexion sur ce que l'on peut appréhender, ressentir et recevoir d'un texte que l'on ne comprend pas. En parallèle, la réalisatrice interroge la notion même de film, puisqu'aucune image n'apparaît à l'écran, mais juste une succession de phrases sur fond noir.

A voir également, Supereroi senza superpoteri de Beatrice Baldacci, un essai intime qui explore, à travers des images d'archives familiales brouillées, les souvenirs de la réalisatrice sur sa jeunesse, et notamment sur sa relation avec sa mère. L'effet de la VHS qui saute d'une scène à l'autre, quand elle ne les mélange pas, et génère des parasites à l'écran, donne métaphoriquement à voir cette mémoire défaillante, fragile et vacillante, qui veut tout à la fois se souvenir et oublier.

Pour finir, on ne saurait trop vous conseiller de flâner dans le reste de la sélection, qui recèle beaucoup de belles choses, et notamment un panorama du cinéma d'animation, des programmes jeune public et même quelques séances à découvrir gratuitement, comme les courts solidaires. De quoi occuper avec bonheur les longues soirées du confinement.

Lumière 2020: tous les voyants au vert pour le festival du Grand Lyon

Posté par vincy, le 11 octobre 2020

La Halle Tony Garnier était en comité intime samedi soir, mais Thierry Frémaux a su réchauffer l'immense espace qui, pour raisons sanitaires, ne pouvait accueillir que 20% de sa jauge habituelle. Mais c'est déjà une grande nouvelle en soi: Lumière a lieu. Les spectateurs sont au rendez-vous. Les salles vont être pleines (en respectant la distanciation sociale).

Perdus dans le Grand Lyon, on y voyait quand même un défilé de limousines, de stars sur le tapis rouge, le tout rythmé par une musique d'un Sergio Leone signée Ennio Morricone (on y reviendra). Cette année, le programme est riche (et les montages concoctés pour résumer les carrières de chacun comme les grandes lignes du festival étaient formidables). On est ainsi passé de Joe Dassin (hommage à Melina Mercouri oblige) à France Gall (Sabine Azéma et le "Résiste" de Resnais, comme un hymne d'époque), de Viggo Mortensen polyglotte à Thomas Vinterberg sans frontières, d'Oliver Stone en guest-star à Jacques Audiard pour rallumer la flamme de son père. Tout ce beau monde, hormis Dassin et Gall évidemment, était présent, profitant de ses cinq minutes à leur gloire dans un déroulé chargé. Cela n'a pas empêché une splendide compilation des partitions de Morricone, disparu cette année, au piano et en solo par Steve Nieve.

On résiste, on prouve que le cinéma existe. A Lyon, désormais dotée d'un maire écolo qui a bien compris que le festival avait été très soutenu par son prédécesseur, on a beaucoup de vélos mais aussi un festival qui compense son empreinte carbone (quelque part dans les Alpes) et qui fait de l'insertion culturelle (écoles, prisons etc...). Bref Lumière est "vert".

Et quoi de mieux qu'un court-métrage défendant les paysans? La réalisatrice Alice Rohrwacher, plusieurs fois primée à Cannes, et l'artiste JR ont donné en guise de cadeau un court métrage, Omelia contadina. 9 minutes où, l'on suit une communauté paysanne se rassemblant sur un plateau à la frontière de trois régions pour célébrer les obsèques de l'agriculture paysanne. Une "action cinématographique" pour éviter la disparition d'une culture millénaire. Avec des plans filmés du ciel (merci les drones), des portraits géants de paysans conçus par l'atelier de JR, et cette mise en terre plus que symbolique, la cinéaste rappelle avec grâce et sans fioritures, que sans les agriculteurs, on ne nourrit personne. Cet hommage émouvant au "vivant" part d'un magnifique poème toujours d'actualité de Pier Paolo Pasolini. Car les combats d'hier sont toujours les grandes causes d'aujourd'hui. Mais il semble qu'à tous les enjeux climatiques, vitaux, il va falloir ajouter la défense activiste de la culture, tant elle est sacrifiée comme si elle était un pan de l'économie lambda. Pasolini écrivait: "Je pleure un monde mort. Mais moi qui le pleure je ne suis pas mort". Alors tout est encore possible...

Venise 2020: Le Lion d’or pour Nomadland de Chloé Zhao

Posté par vincy, le 12 septembre 2020

Cette édition si spéciale du festival de Venise, la 77e, n'aura pas brillé d'un point de vue médiatique. Les Américains étaient relativement absents. Le tapis rouge était cloîtré. Les spectateurs masqués. Ambiance de confinement. Pourtant, de l'avis général, tout s'est bien passé. Si le festival manquait sans doute d'un film dont le good buzz fasse le tour de la planète, il a réussi à exister malgré la covid. Mieux, avec le court métrage de Pedro Almodovar, La voix humaine, unanimement apprécié, il s'est offert un petit gâteau surprise en guise de cadeau.

Côté palmarès, aucun film ne se détache non plus même si Quo Vadis, Aida? de Jasmila Zbanic, Nomadland de Chloé Zhao, Notturno de Gianfranco Rosi et Miss Marx de Susanna Nicchiarell glanent quelques prix mineurs en marge du festival. Nomadland a été couronné par le Lion d'or, qui récompense une réalisatrice singulière dans l'Hollywood d'aujourd'hui, Chloé Zhao. Adulée pour ses films d'auteurs (The Rider, Les Chansons que mes frères m'ont apprises), cette américaine née en Chine a été choisie pour une superproduction Marvel (Eternals, 2021). Avec Nomadland, elle reste dans son territoire. Le film interprété par Frances McDormand et David Strathairn nous renvoie dans le passé et dans les horizons immenses: Après avoir tout perdu pendant la Grande Récession, une sexagénaire se lance dans un voyage à travers l'Ouest américain, vivant comme un nomade des temps modernes. Ironiquement, alors que les Américains sont absent de Venise, c'est une production Fox Searchlight distribuée par Disney qui est sacrée par le deuxième plus grand festival du monde.

Le prix FIPRESCI de la critique a été décerné à The Disciple de l'indien Chaitanya Tamhane pour la compétition (par ailleurs distingué par le jury de Cate Blanchett pour son scénario) et à Dashte Khamoush (The Wasteland) de l'iranien Ahmad Bahrami (Orizzonti) pour les autres sélections. Le film a d'ailleurs été couronné par le jury d'Orizzonti. Le cinéma iranien a aussi été distingué avec le prix Marcello Mastroianni pour le jeune Rouhollah Zamani.

Du côté des Giornate degli autori (Venice Days), le palmarès a couronné The Whaler Boy du russe Philipp Yuryev (meilleur réalisateur), 200 Meters du palestinien Ameen Nayfeh (prix du public), et Oasis du serbe Ivan Ikic (prix Label Europa). Le Grand prix de la Semaine internationale de la Critique a distingué Hayaletler (Ghosts) d'Azra Deniz Okyay (Turquie). Enfin, The World to come de l'américaine Mona Fastvold a remporté le Queer Lion Award.

Côté hommages, deux Lions d'or d'honneur ont été remis à l'actrice écossaise Tilda Swinton et la cinéaste de Hong Kong Ann Hui. Abel Ferrara a reçu le prix Jaeger-LeCoultre Glory to the Filmmaker.

Il restait aux deux jurys principaux de révéler leurs choix: celui de la compétition (Cate Blanchett, présidente, Matt Dillon, Veronika Franz, Joanna Hogg, Nicola Lagioia : écrivain Drapeau de l'Italie Italie, Christian Petzold et Ludivine Sagnier) et celui de la section Orizzonti (Claire Denis, présidente, Oscar Alegria, Francesca Comencini, Katriel Schory et Christine Vachon).

Globalement, l'Europe et l'Asie se sont partagés la pièce montée.

On a déjà parlé du Lion d'or, mais le palmarès est aussi cosmopolite que divers. Le jury de Cate Blanchett n'a pas manqué de donner enfin un prix d'interprétation masculine à Pierfrancesco Favino pour Padrenostro, lui qui l'avait manqué l'an dernier à Cannes pour Le traître (qui lui a valu son premier Donatello du meilleur acteur cette année). De même côté actrice, Vanessa Kirby (The Crown) pouvait difficilement être snobée avec deux films en compétition : The World to Come et celui pour lequel elle a ce prestigieux prix, Pieces of a Woman, premier film anglophone du hongrois Kornél Mundruczó. Kiyoshi Kurosawa reçoit avec le prix du meilleur réalisateur sa plus importante récompense dans sa carrière, faiblement honorée (hormis à Cannes avec un prix en 2015). Initialement choisi par Cannes, le nouveau film du mexicain Michel Franco repart de son côté avec le Grand prix du jury (cinq ans après son prix du scénario à Cannes).

Listen d'Anna Rocha de Sousa est parmi les vainqueurs de la soirée avec un prix spécial du jury Orizzonti et le prix du meilleur premier film toutes sélections confondues. On notera dans la sélection Orizzonti les deux prix d'interprétation pour un acteur tunisien et une actrice marocaine, confirmant année après année la pleine forme du cinéma maghrébin sur le Lido. Quant à Lav Diaz, Lion d'or en 2016, son cinéma si singulier est une nouvelle fois récompensé avec le prix du meilleur réalisateur.

LE PALMARÈS

Compétitition
Lion d'or: Nomadland de Chloé Zhao
Grand prix du jury: Nuevo Orden (New Ordre) de Michel Franco
Lion d'argent du meilleur réalisateur: Kiyoshi Kurosawa pour Les amants sacrifiés
Coupe Volpi de la meilleure actrice: Vanessa Kirby (Pieces of a Woman de Kornél Mundruczó).
Coupe Volpi du meilleur acteur: Pierfrancesco Favino (Padrenostro de Claudio Noce)
Meilleur scénario: The Disciple de Chaitanya Tamhane
Prix spécial du jury: Dear Comrades d'Andreï Konchalovsky

Sélection Orizzonti
Meilleur film: Dashte Khamoush (The Wasteland) d'Ahmad Bahrami
Meilleur réalisateur: Lav Diaz (Genus Pan (Lahi, Hayop))
Prix spécial du jury: Listen d'Anna Rocha de Sousa (Orizzonti)
Meilleure actrice: Khansa Batma (Zanka Contact de Ismaël El Iraki)
Meilleur acteur: Yahya Mahayni (L'Homme qui avait vendu sa peau de Kaouther Ben Hania)
Meilleur scénario: I predatori de Pietro Castellitto
Meilleur court métrage: Entre tu y milagros de Mariana Saffon

Prix Luigi de Laurentiis (premier film): Listen d'Anna Rocha de Sousa (Orizzonti)
Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir: Rouhollah Zamani (Sun Children de Majid Majidi, compétitition)

The Fall de Jonathan Glazer : un court métrage troublant à découvrir en VOD

Posté par MpM, le 22 juillet 2020


En attendant le prochain long métrage de Jonathan Glazer, qui devrait être une adaptation de La zone d'intérêt de Martin Amis, il faut absolument découvrir son court métrage The Fall actuellement disponible sur les plates-formes traditionnelles de VOD, après avoir été diffusé à la BBC à l'automne dernier, puis en exclusivité sur MUBI au printemps.

Le film, d'une durée totale de moins de 7 minutes, générique compris, est comme un condensé du cinéma envoûtant et puissant du réalisateur. On y voit des individus masqués aux visages lisses, figés et grimaçants, qui pourchassent un homme réfugié en haut d'un arbre. Les cris indistincts des assaillant et le son sec des feuilles de l'arbre qu'on secoue se mêlent à une musique rythmique angoissante. Puis l'homme tombe. Alors, la tension montre d'un cran, et le rythme du film s'accélère jusqu'au carton du titre : The Fall (La Chute).

Pas un mot ne sera échangé par les protagonistes, et l'on ne saura rien des motivations des agresseurs ou de l'identité de la victime. Masqués et silencieux, ils deviennent de pures allégories, incarnations fantomatiques des violences endémiques passées et contemporaines, mais aussi de la dérive totalitaire déshumanisée et de moins en moins rampante que l'on observe partout.

Jonathan Glazer apporte à sa démonstration une maîtrise cinématographique qui parvient encore à nous surprendre. Aura-t-on déjà été aussi glacé par un lent zoom avant accompagné par le sifflement interminable d'une corde qui se dévide ? Chaque plan, chaque mouvement de caméra, jusqu'au choix scrupuleux d'une colorimétrie sombre et malgré tout lumineuse, tout participe au trouble grandissant qui envahit le spectateur embourbé dans un cauchemar dont il est impossible de se réveiller.

Malgré sa brièveté et son apparente simplicité narrative, le film s'avère ainsi extrêmement dense et magistral, résumé fulgurant d'une époque, de ses dérives et de ses questionnements.

A noter que les cinéphiles britanniques peuvent en parallèle découvrir sur le site de la BBC un autre court métrage de Jonathan Glazer, tourné pendant le confinement : Strasbourg 1518, qui s'inspire de "l'épidémie dansante" qui toucha les habitants de Strasbourg à l'été 1518. Une oeuvre frénétique et hallucinée dans laquelle plusieurs danseurs partent dans de longues transes solitaires et cathartiques sur une musique électronique effrénée de Mica Levi, compositrice fétiche de Glazer.

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The Fall de Jonathan Glazer
A découvrir en ligne

Sapphire crystal de Virgil Vernier : une soirée en compagnie de la jeunesse dorée de Genève

Posté par MpM, le 14 juillet 2020

Nous vous en parlions déjà en fin d'année dernière : Sapphire crystal de Virgil Vernier (Mercuriales, Sophia Antipolis), présenté en compétition au Festival de Locarno, figurait parmi nos courts métrages préférés de 2019. Il est désormais l'un de nos incontournables de 2020, grâce à une double sortie en salle et en VOD / SVOD rendue possible par Shellac.

Avec ce moyen métrage tourné avec un téléphone portable et fabriqué en collaboration avec les étudiants de la Haute-école d’art et de design (HEAD), le réalisateur poursuit son oeuvre singulière, à la frontière entre la fiction et le documentaire, en s’intéressant à la jeunesse plus que dorée de Genève. Il s’inspire d'ailleurs, notamment pour son casting, de photos de soirées postées sur le compte instagram de la boîte de nuit la plus chic de la ville.

On entre ainsi dans le récit par le rituel évocateur de la “crystal shower” consistant à s’asperger avec de grandes quantités de champagne (à 1000 euros la bouteille) lors de soirées en boîte. Le procédé crée un débat au sein du groupe d’amis qui est au centre du film : une jeune femme fustige le concept, jugé vulgaire, tandis que d’autres revendiquent le droit d’exposer leur richesse de manière ostentatoire. Ce qui ne les empêchera pas de poursuivre tous ensemble une soirée placée sous le signe de l’insouciance et du paraître, entre shots de vodka, coupes de champagne et lignes de cocaïne à l’or pur.

Le portrait, édifiant, a des effets ambivalents : on est forcément agacé par les conversations et les postures de ces jeunes qui semblent évoluer dans une dimension parallèle. Mais il y a aussi quelque chose de fascinant dans cette réalité à la fois proche et inaccessible, qui oscille entre des conversations aussi banales qu’ailleurs (ambitions affichées, scènes de drague maladroites, confessions tardives…) et une désarmante propension à prendre l’existence pour acquise.

Virgil Vernier joue habilement de la confusion du spectateur, qui peut croire au premier abord qu’il assiste à une véritable soirée entre amis. La banalité des dialogues l’encourage d’ailleurs dans cette voie, de même que la mise en scène rudimentaire qui imite une vidéo prise sur le vif pour capter des instants de vie. Peu à peu, pourtant, la fiction affleure, sans que cela vienne invalider la démonstration. Au contraire, en appuyant là où c’est le plus sensible, le réalisateur questionne le regard que l’on porte sur ce microcosme en même temps qu’il le replace dans notre monde, dont il n’est qu’une des multiples déclinaisons.

Cannes 2020: 17 films sélectionnés pour la Cinéfondation

Posté par vincy, le 2 juillet 2020

Le Festival de Cannes a dévoilé aujourd'hui la Sélection 2020 de la Cinéfondation.

Depuis 1998, la Sélection de la Cinéfondation présente des courts métrages issus des écoles de cinéma du monde entier. Emmanuelle Bercot, Deniz Gamze Ergüven, Léa Mysius, Kornél Mundruczó, Claire Burger, Jessica Hausner, Corneliu Porumboiu ou encore Nadav Lapid ont été découverts à Cannes à cette occasion.

Pour sa 23e édition, le comité de Sélection dirigé par Dimitra Karya a choisi 17 films (13 fictions et 4 animations), réalisés par onze hommes et huit femmes, et sélectionnés parmi les 1952 œuvres qui ont été présentées par l’ensemble des écoles de cinéma. Cette édition 2020 est dédiée à la mémoire de David Kessler (1959-2020), qui soutenait et aimait la Cinéfondation.

La projection des films de la Sélection de la Cinéfondation, à l’issue de laquelle les Prix seront décernés par le Jury, se déroulera à l’automne prochain, à Cannes, dans le Palais des Festivals. La date de l’événement, ainsi que la composition du Jury, seront dévoilées très prochainement.

Shaylee ATARY NEURIM - 30’
The Steve Tisch School of Film & Television, Tel Aviv University, Israël

Toby AUBERG PILE - 4’
Royal College of Art, Royaume-Uni

Santiago BARZI MURALLA CHINA – 17’
Universidad del Cine, Argentine

Márk BELEZNAI AGAPÉ – 16’
Budapest Metropolitan University, Hongrie

Lucia CHICOS CONTRAINDICATII – 19’
UNATC "I. L. CARAGIALE", Roumanie

Tzor EDERY & Tom PREZMAN TAMOU – 10’
Bezalel Academy of Arts and Design, Israël

Ashmita GUHA NEOGI CATDOG – 21’
Film and Television Institute of India, Inde

Sarah IMSAND LE CHANT DE L'OISEAU – 19’
HEAD Genève, Suisse

Matjaž JAMNIK NIH?E NI REKEL, DA TE MORAM IMETI RAD – 18’
UL AGRFT, Slovénie

KEFF TAIPEI SUICIDE STORY – 45’
NYU Tisch School of the Arts, États-Unis

KIM Min-Ju SEONGINSIK - 22’
Soongsil University, Corée du Sud

Timothée MAUBREY CARCASSE – 33’
La Fémis, France

Yelyzaveta PYSMAK JA I MOJA GRUBA DUPA – 10’
The Polish National Film School in Lodz - Pologne

Afonso & Bernardo RAPAZOTE CORTE – 28’
Escola Superior de Teatro e Cinema - Portugal

Elsa ROSENGREN I WANT TO RETURN RETURN RETURN – 32’
DFFB - Allemagne

Mitchelle TAMARIZ EN AVANT – 4’ (photo)
La Poudrière - France

ZHANG Linhan DOU ZEOI GU SI – 14’
NYU Tisch School of the Arts - États-Unis

Un beau programme en ligne pour le Festival du Film court de Grenoble (privé de plein air)

Posté par MpM, le 29 juin 2020

Son intitulé est cette année un peu trompeur. Crise sanitaire oblige, le Festival du Film court en plein air de Grenoble migre sur une plate-forme en ligne, accessible gratuitement à tous du 30 juin au 4 juillet. Les habitués auront un petit pincement au coeur à l'idée de ne pas retrouver l'ambiance particulière des projections sous le ciel étoilé, mais tout le monde se réjouit du maintien de la manifestation qui propose, comme chaque année, un programme riche et alléchant.

En compétition officielle, on retrouvera avec plaisir des incontournables comme Physique de la tristesse de Théodore Ushev, fraîchement auréolé de son Cristal à Annecy et Genius Loci d'Adrien Merigeau (lui aussi primé à Annecy, après être passé par Angers, Clermont et Berlin), mais aussi Hãy Tinh thuc và san sàng de Pham Thien An, découvert à la Quinzaine des Réalisateurs 2019 ou Un adieu de Mathilde Profit, dont on vous parle depuis des mois, et qui vient d'obtenir le prix du meilleur premier film à Côté Court.

On retrouvera également des réalisateurs repérés comme Salvatore Lista (Rap night), Valérie Leroy (Teen Horses) et William Laboury (Yandere), et des films à ne pas rater à l'image de Sororelle de Frédéric Even et Louise Mercadier, huis clos tchekhovien et minimaliste.

Le Festival proposera par ailleurs des "masterclasses" décalées avec les youtubeurs Le Fossoyeur de Films et Amazing Lucy, des ateliers en ligne, des séances jeune public et une nuit blanche "Horreur et Frissons" déclinée en 24 films dont le classique Do you have the shine de Johan Thurfjell, mais aussi le délirant Wild love de Paul Autric, Quentin Camus, Léa Georges, Maryka Laudet, Zoé Sottiaux et Corentin Yvergniaux, Acide de Just Philippot, Fast film de Virgil Widrich ou encore La Femme qui se poudre de Patrick Bokanowski.

Chaque programme sera mis en ligne à heure fixe pour une durée de 48h.

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43e Festival du Film court en plein air de Grenoble
Du 30 juin au  4 Juillet 2020
https://www.festivalcourtgrenoble.fr/home

Et si on regardait… 3 clips pour la Fête de la musique 2020

Posté par kristofy, le 21 juin 2020

La Fête de la Musique 2020 est un évènement qui comme d'autres festivals de cinéma ne peut pas avoir lieu comme d'habitude avec un public nombreux qui se mélange, c'est induit par les règles de précaution sanitaire contre le coronavirus. Pas de rassemblement au delà de 10 personnes, les différentes initiatives ont cette année un relais numérique via internet.

L'actualité de ces derniers mois résonne aussi à travers divers clips de musique :

Angèle - Balance ton quoi : Angèle sera au générique de Annette, le nouveau film de Leos Carax avec Marion Cotillard et Adam Driver qui faute de Festival de Cannes 2020 pourrait être à Cannes 2021. Son tube acidulé contient des paroles anti-harcèlement de rue comme « Y a plus d'respect dans la rue, tu sais très bien quand t'abuses », le clip va encore plus dans cette direction avec notamment une parenthèse de comédie avec les acteurs Pierre Niney et Antoine Gouy à propos du consentement « Quand une fille dit non... c'est non ». Parce que certains messages doivent être répétés.

Indochine - Station 13 : le groupe se prépare pour encore une nouvelle tournée de concerts pour fêter leurs 40 ans de chansons. Ce clip de 2018 n'a pas été beaucoup diffusé à la télévision pour sa représentation de violences policières racistes en Afrique du Sud, les images ont depuis un sens encore plus dramatiques depuis ce 25 mai et la mort de George Floyd provoquées par des policiers aux Etats-Unis. Parce que Jack Lang, ancien ministre à l'origine de la Fête de la Musique, veut dédier cet évènement cette année à Steeve mort noyé à Nantes en 2019, lors d'une intervention policière.

The Rolling Stones - Living In A Ghost Town : le coronavirus et ses mois de quarantaine a vidé les villes et les rues désertes sont alors devenues un décor sans personne, donc aussi un décor possible pour un clip. Justement les Rolling Stones avaient dans leur tiroir un titre resté inédit aux paroles prémonitoires « life was so beautiful then we all got locked down »... Parce que si le coronavirus empêche les concerts, durant cette période difficile la musique a beaucoup circulé.