Edito : Prendre de la distance

Posté par MpM, le 9 février 2017

Alors que l'actualité française ressemble de plus en plus à une série laissée en roues libres, multipliant les rebondissements jusqu'à l'absurde, on tourne cette semaine nos regards vers l'Est, histoire de se souvenir que le reste du monde continue à tourner (plus ou moins rond).

Première étape de notre périple, l'Asie, ou plutôt la ville de Vesoul qui est, durant une semaine, la capitale des cinémas d'Asie grâce à son formidable Festival dont c'est déjà la 23e édition. Au programme, les meilleurs films contemporains du continent et plusieurs rétrospectives permettant de percevoir le monde par un autre prisme, qu'il s'agisse des goûts et des saveurs du Japon ou des enjeux plus globaux de la ruralité.

Comme toujours, Vesoul fait aussi la part belle aux réalisatrices et aux femmes en général. Ce sont ainsi la cinéaste iranienne Rakhshan Bani-Etemad (également présidente du jury) et la star sri lankaise Swarna Mallavarachchi qui ont cette année été distinguées par un Cyclo d'or d'honneur. Parmi les thèmes abordés par les films sélectionnés, on retrouvera par ailleurs la question cruciale de l'avortement en Iran, de la polygamie en Indonésie, des esclaves sexuelles de Daesh en Irak ou encore de la peine de mort au Japon. Une fenêtre ouverte sur l'Asie qui, par ricochets, nous rappelle qu'il reste partout bien des combats à mener.

En parallèle, la rédaction d'Ecran Noir se décentralise à Berlin où le monde entier sera là aussi au rendez-vous. Après avoir récompensé en 2016 le documentaire de Gianfranco Rosi Fuocoammare qui traitait du drame des migrants échouant sur l'île de Lampedusa, la Berlinale devrait logiquement réaffirmer sa position de festival politique et engagé. Dès l'annonce de la sélection, son directeur Dieter Kosslick a en effet déclaré que "rarement le programme de la Berlinale n'aura autant résumé en images la situation politique actuelle", plaçant cette 67e édition sous le signe du "courage" et de la "confiance". On s'attend notamment à entendre parler (en mal) de l'administration Trump, et à voir des films qui explorent le passé pour mieux décortiquer le présent.

Même Django d'Étienne Comar, le film d'ouverture, peut être vu dans cette optique. Car derrière ce biopic plutôt classique qui raconte la fuite de Django Reinhardt hors de Paris occupé par les nazis, il est évidemment question de persécution, d'intolérance et de survie face à l'horreur. Des thèmes qui, malheureusement, ne semblent pas vouloir se démoder.

Vesoul 2017 : le Sri-Lanka, la Géorgie et le Japon à l’honneur

Posté par kristofy, le 6 février 2017

Le cinéma asiatique s’est une nouvelle fois révélé particulièrement attractif en 2016 où les nouveautés se sont placées au sommet, vers des records de spectateurs au box-office. Par exemple le nouveau record en Chine est The Mermaid de Stephen Chow. Pourtant, malgré cette réussite commerciale, le film n’a même pas eu de sortie en France.

Alors que les spectateurs durant l'année dernière se sont déplacés en centaines de milliers pour aller voir Les délices de Tokyo de Naomi Kawase, Dernier train pour Busan de Yeon Sang-ho, The strangers de Na Hong-jin, Mademoiselle de Park Chan-wook,  Diamond Island de Davy Chou, Ma' Rosa de Brillante Mendoza, le film d'animation Your name de Makoto Shinkai...

On imagine alors que pour ce qui est des films d’auteur bien plus modestes, à l'image de Lost Daughter de Chen Yu-jie, un premier long-métrage de Taïwan, les chances sont encore plus minces d'être montrées. Heureusement, l'opportunité de le voir sur grand écran (parmi bien d'autres perles venues d'Asie) est offerte par le Festival des Cinémas d'Asie de Vesoul !

Le FICA de Vesoul propose du 7 au 14 février sa 23e édition, toujours placée sous le signe de la découverte et de l'éclectisme avec plus de 90 films pour la plupart invisibles ailleurs. Cette année, 3 pays seront plus particulièrement mis en lumière : le Skri Lanka, le Japon et la Géorgie. Il y aura une rétrospective inédite « Les Maîtres du cinéma sri lankais » en présence du réalisateur Prasanna Vithanage et de l’actrice légendaire Swarna Mallavarachchi, qui recevra un Cyclo d’or d’honneur pour ses 5 décennies de carrière, un « Regard sur le cinéma géorgien » avec notamment la présence de la réalisatrice Rusudan Chkonia, et une thématique « Le Japon se met à table ».

Deux compétitions, des avant-premières et 90 films sélectionnés

Une vingtaine de nouveaux films inédits en provenance d’Indonésie, Corée du Sud, Chine, Inde, Géorgie, Cambordge, Irak, Japon, Philippines, Iran, Vietnam… seront par ailleurs en compétition devant sept jurys, dont le jury international présidée par la cinéaste iranienne Rakhshan Bani-Etemad qui elle aussi recevra un Cyclo d’or d’honneur, avec autour d’elle la réalisatrice mongole Byambasuren Davaa, la réalisatrice géorgienne Rusudan Chkonia et le réalisateur sri lankais Vimukthi Jayasundara.

Le film d’ouverture est Après la tempête de Kore-eda Hirokazu qui sera proposé en avant-première avant sa sortie en salles le 26 avril prochain. Le réalisateur japonais était d’ailleurs venu au FICA en 2012 pour accompagner une rétrospective de l’ensemble de ses films (documentaires et fictions réunis pour la première fois, dont la moitié étaient jusque-là inédits en France) et aussi un recevoir un Cyclo d’or d’honneur. Durant cette semaine de projections le FICA de Vesoul proposera d’ailleurs d’autres premières prestigieuses comme The Bacchus Lady de Lee Je-yong (qui sera présenté en même temps au festival de Berlin) ou Tunnel de Kim Seong-hun (sortie le 3 mai).

A noter aussi que certaines personnalités venues lors d’éditions précédentes seront de nouveau présentes à Vesoul comme l’actrice indienne Shanana Goswami ou le réalisateur indonésien Riri Riza : comme chaque année le FICA de Vesoul sera rythmé par des débats après les projections, des tables rondes, des soirées festives, et des séances spéciales pour inviter les festivaliers à une semaine de découvertes 100% cinéma asiatique. Et comme chaque année depuis 2008, on vous y donne rendez-vous !
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23e Festival des Cinémas d'Asie de Vesoul
Du 7 au 14 février 2016
Informations pratiques sur le site de la manifestation

Vesoul 2016 : 3 beaux films et un palmarès

Posté par kristofy, le 12 février 2016

tharlo

Ce 22e Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul a eu le bonheur de compter avec la présence du réalisateur coréen Im Sang-soo dans le rôle de président du jury de la compétition, il était entouré de la réalisatrice et productrice Nan Triveni Achnas (Indonésie), du réalisateur Euthana Mukdasanit (Thaïlande) et de la réalisatrice Mania Akbari (Iran). Après la projection des deux premiers films, Im Sang-soo avait d’ailleurs confié en aparté avoir déjà vu deux belles surprises. 30000 spectateurs dans les salles ont pu ainsi découvrir une compétition éclectique.

Le jury a salué la diversité des neuf films en compétition. Avec les différents jurys, on donc découvert Tharlo de Pema Tseden (Chine mais le réalisateur est tibétain, sélectionné au dernier festival de Venise), le réalisateur Cho Chang-ho venu avec Another way (Corée du Sud), le réalisateur Yerlan Nurmukhambetov avec Walnut tree (Kazakhstan), l’actrice Shahana Goswami avec la réalisatrice Rubaiyat Hossain pour Under Construction (Bangladesh, mais la cinéaste a été formée aux Etats-Unis), Back to the north de Liu Hao (Chine, réalisateur déjà récompensé d’un Cyclo d’or à Vesoul en 2011 pour Addicted to love), La nuit avec l’actrice Vildan Atasever (Turquie), Being good de la réalisatrice O Mipo (Japon), le réalisateur Lawrence Fajardo venu pour Invisible (Philippines, mais tourné au Japon), et Wednesday May 9 de Vahid Jalilvand (Iran), soit une multitude de visages d’Asie.

Un film chinois doublement couronné

C’est donc Tharlo qui a remporté le Cyclo d’or (et le prix Inalco), le jury ayant été impressionné par ce “portrait d’une vie triviale solitaire, par ses qualités cinématographiques, son traitement délicat de la définition de l'identité à travers son personnage principal”. Le film est construit avec une suite de longs plans fixes en noir et blanc : un berger à la vie simple se rend en ville pour faire une carte d’identité qu’il n’a jamais eu et dont il n’a jamais eu besoin. Pour cela, il ira chez une photographe puis chez la coiffeuse qui l’emmènera pour la nuit au karaoké et vers des rêves d’ailleurs. Il va alors vendre les moutons dont il n’était pas propriétaire et, riche de liasses de billets, il s’enfuira avec la coiffeuse qui va lui changer sa tête…

Un film japonais triplement plébiscité

L’autre film qui a été très apprécié est le japonais Being Good (Kimi wa liko) qui a reçu le prix du public, le prix de la critique et le prix du jury lycéen. il s'agit d'une gentille histoire sur l’enfance avec un instituteur débutant face à un petit garçon délaissé par son père, avec une maman violente avec sa petite fille, et une vieille dame qui se prend d’affection pour un garçon attardé mental… « Les gens qui suffoquent dans leur famille peuvent être sauvés par quelqu’un qui n’est pas de la « famille ». Et quand cela arrive, ils peuvent avoir de la compassion à nouveau pour leur « famille »» explique le cinéaste.

Le Grand prix du jury international a été décerné à Wednesday May 9.

Deux films marquants

De notre côté, on pariera sur deux films qui feront parler d'eux à l’avenir : Invisible et Under Construction.

Invisible (Imbisibol) de Lawrence Fajardo a reçu le prix Netpac (network for the promotion of asian cinema) pour “sa belle structure narrative culminant dans une tragédie finale, qui imprime le message du film avec une force extraordinaire”, le film raconte en cinq actes le quotidien de différents travailleurs philippins émigrés au Japon (les overseas workers). Un homme se fait arrêté le jour de son anniversaire, un autre se prostitue en plus de son travail de nettoyage de toilettes, une femme loue des appartements à des compatriotes, un accident dramatique sur un chantier, la douleur de recevoir des nouvelles de sa famille que par courrier après être parti depuis trop longtemps… Film choral avec différentes histoires dont les personnages vont être amenés à se croiser, Invisible évoque la question des travailleurs philippins qui ont émigrés dans d’autres contrées (au Japon dans le film, en réalité la 2ème destination choisie sont les chantiers au Moyen-Orient et les emplois de domestiques aux Etats-Unis..) dans l’espoir de subvenir aux besoins de leur famille restée au pays. Ce film Invisible (par ailleurs co-produit par Brillante Mendoza) depuis son passage au festival de Toronto fait de son réalisateur Lawrence Fajardo un nouveau talent à suivre.

L’autre favori était Under Construction de la réalisatrice Rubaiyat Hossain, avec l’actrice Shahana Goswami. Il a justement reçu le prix du jury international (troisième récompense la plus importante derrière le Cyclo d’or) et le prix Emile Guimet (et mention spéciale de la critique) pour “un film téméraire qui brise des tabous, réalisé par une femme dans un pays ou les femmes ne sont pas réalisatrices, dans une ville en changements le portrait tout en sensibilité d’une femme qui lutte pour l’affirmation de son identité”. On y découvre une femme à un possible tournant de sa vie. Actrice de théâtre, elle pourrait être remplacée par une collègue plus jeune, tandis qu’elle hésite à reprendre en main la mise en scène d’une pièce : sa mère attachée aux traditions musulmanes désapprouve son métier pas 'respectable’, son riche mari auquel elle est marié depuis plusieurs années lui demande enfin un enfant, mais elle ne se sent pas prête ni pour être enceinte, ni pour arrêter le théâtre. En même temps son amie domestique tombe elle enceinte d’une liaison qui va l’obliger à se marier et à aller travailler dans une fabrique de vêtements là où des bâtiments s’écroulent… La réalisatrice avance des idées féministes par petites touches (prendre son indépendance face à la religion, au mariage…)

Invisible de Lawrence Fajardo tout comme Under Construction de Rubaiyat Hossain se rejoignent d'ailleurs avec une même ambition de faire s’attacher à des personnages émouvants tout en racontant des problématique de société d'un pays...

Une reprise des films primés aura lieu à l'auditorium du Musée des Arts Asiatiques Guimet de Paris le 1er avril 2016 et une autre à l'auditorium de l'INALCO en octobre 2016.

Le palmarès complet :

- Cyclo d'Or : "Tharlo" de Pema Tseden
- Grand prix du Jury International : "Wednesday, May 9" de Vahid Jalilvand
- Prix du Jury International : "Under Construction" de Rubaiyat Hossain
- Mention spéciale du Jury International : "Walnut Tree" de Yerlan Nurmukhambetov
- Prix du Jury NETPAC : "Invisible" de Lawrence Fajardo et "Wednesday, may 9" de Vahid Jalilvand
- Prix de la critique : "Being Good" d'O Mipo.
- Mentions spéciales de la critique : "Under Construction" de Rubaiyat Hossain et "Walnut Tree" de Yerlan Nurmukhambetov
- Prix Emile Guimet : "Under Construction" de Rubaiyat Hossain
- Coup de cœur du Jury Guimet : "Back to the North" de Liu Hao
- Prix INALCO : "Tharlo" de Pema Tseden
- Coup de coeur INALCO : "Being Good" O Mipo
- Prix du public du film de fiction : "Being Good" d'O Mipo
- Prix du Jury Lycéen : "Being Good" d'O Mipo
- Prix du Public du film documentaire : "De Hiroshima à Fukushima" de Marc Petitjean
- Prix du Jury Jeune : "Tashi & The Monk" d'Andrew Hinton & Johnny Burke

Vesoul 2016 : Dogora, séance spéciale avec Patrice Leconte

Posté par kristofy, le 9 février 2016

leconteLe FICA de Vesoul propose chaque année une section thématique. Pour l'édition 2016, c'est « Entre l’Orient et l’Occident » qui réunit différents films où des réalisateurs ou des personnages effectuent des parcours d’est en ouest (ou l’inverse), comme par exemple Une chinoise de Guo Xiaolu (partie de son village de Chine elle arrivera en Angleterre à Londres), Voyage en Chine de Zoltan Meyer (Yolande Moreau part de France pour quelques temps en Chine pour les formalités de décès de son fils)…

Il y a plus de dix ans, en 2004, sortait en salles le film le plus étonnant de notre expert en comédie Patrice Leconte : "Depuis longtemps déjà, j'avais envie de faire un film sans acteurs ni scénario, sans dialogues, sans un mot, un film qui serait purement émotionnel, impressionniste et musical. Ce film, c'est Dogora, ouvons les yeux..."

Donc en effet il n'y a pas un mot, juste de la musique et de très belles images, montées avec une volonté d'amener le spectateur à adhérer au sujet : un pays, un peuple. Dogora se "lit" comme une fable qui nous raconte une civilisation, avec quelques travellings. De ce rêve s'échappent l'enfance, l'innocence, l'espérance; et un univers hostile, périlleux, précaire...

Pour la première fois depuis bien des années, Dogora a donc été de nouveau projeté dans une salle de cinéma, et Patrice Leconte a fait le voyage à Vesoul pour continuer de partager avec les spectateurs sur ce film qui lui tient à cœur :

A propos du dispositif de tournage :
Je suis cinéaste, et pas paparazzi. J’avais des principes pour faire ce film : ne pas filmer les gens à leur insu, ne pas mettre en scène, juste filmer du réel. On s’installait avec la caméra à la vue de tout le monde sans se cacher, on expliquait aux gens qu’on allait filmer un moment, d’abord on ne faisait rien du tout et ils ne faisaient plus attention à nous et puis après on commençait à filmer ce qu’on voyait.

A un moment on était sur un bateau qui faisait des aller-retour pour filmer ce qui se passait sur la rive, et une petite fille avançait à la même vitesse que notre bateau et ça fait une image magnifique, mais pas du tout mise en scène, sans tricherie. Comme la musique pré-existait, j’avais déjà fais un montage et découpage de la musique. Je savais que pour telle musique je mettrais des images d’enfants qui travaillent dans une décharge ou que sur telle musique des images de circulations en ville, c’était préparé en amont.

On a peut-être tourné cinq fois plus d’images que la durée du film terminé, mais pas non plus des dizaines d’heures. Je savais que je voulais commencer et finir sur l’orchestre et les chœurs, et je voulais filmer ça de manière pas conventionnelle, donc en noir et blanc et du flou pour les chœurs sauf pour le chef d’orchestre : c’était une manière d’être un peu dans l’abstrait pour se concentrer sur la musique. Le langage de la chorale c’est un langage qui n’existe pas, inventé par Etienne Perruchon.

Revoir Dogora en 2016 :
Mon rêve aurait été de signer le film avec 3 noms : le mien Patrice Leconte, Etienne Perruchon pour la musique et Joelle Hache pour le montage. Au départ le titre était simplement 'Dogora' tout court, ce sont les producteurs-distributeurs qui ont insisté pour le sous-titre ‘Dogora : ouvrons les yeux’ : c’est dommage car ça fait un peu donneur de leçon, et je n’ai aucune leçon à donner et plein à recevoir. C’est eux aussi pour les deux lignes de texte d’introduction, j’aurais préféré absolument aucun mot.

On me pose souvent une question sur ‘faire du cinéma’ et je dis aux jeunes gens c’est très bien de faire des films, mais il faut vous poser la question de pourquoi voulez-vous faire du cinéma. Un jour Wim Wenders avait répondu quelque chose comme ‘je fais des films pour rendre le monde meilleur’ : je me suis dit que quand-même c’est un peu gonflé de dire ça. Mais en fait il a raison. On ne fait pas des films pour soi ni pour rendre le monde pire, bien entendu. Moi je n’ai pas des choses à dire mais plutôt des choses à essayer de partager, en particulier avec ce film Dogora.

Crédit photos : Maximin Demoulin

Vesoul 2016 : table ronde sur l’évolution du cinéma coréen

Posté par kristofy, le 7 février 2016

table ronde cinéma coréen

Le Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul est cette année à l’heure de la Corée du Sud avec notamment une thématique « Corée : littérature et cinéma, 1949-2015 » (pour marquer l'Année France-Corée, le 130e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Corée du Sud). Les spectateurs ont ainsi pu découvrir Le rêve avec le réalisateur Bae Chang-hoLe vieux Jardin avec Im Sang-soo (le président du jury 2016), et en compétition Another way de Cho Chang-ho (qui avait déjà réalisé The Peter Pan formula).

Trois générations de cinéastes coréens étaient donc présents à Vesoul, l’occasion de les faire se réunir ensemble lors d’une table ronde pour évoquer à la fois la problématique de la production en Corée et de la diffusion à l'étranger. Retour sur un bref historique du cinéma coréen avec quelques morceaux choisis lors de la discussion de ce tour de table...

Double censure

La Corée du Sud a connu bien des troubles politiques qui pendant longtemps ont freiné la production de films : l’occupation japonaise au début du siècle, la division de la Corée en deux pays (Corée du Nord et Corée du Sud après la seconde guerre mondiale), la guerre de Corée (1950-1953) avec un premier âge d’or du cinéma coréen qui n’a duré qu’un dizaine d’années avant de péricliter…  En 1962 arrive le régime dictatorial de Park avec la ‘Motion Picture Law’ qui va limiter à la fois le nombre de films importés de l’étranger (de l’occident dont Etats-Unis tout comme du reste de l’Asie) et le nombre de films produits en Corée du Sud (le nombre de compagnies de production va chuter de environ 70 à une dizaine…), avec aussi en 1972 carrément une censure de tout film avec une critique politique ou sociale.

bae chang hoBae Chang-ho : « J’ai tourné mon premier film en 1982. C'était Les gens d’un bidonville, soit des personnages qui n’étaient pas un genre de représentation souhaitée officiellement, donc le film ne devait pas être montré dans des festivals étrangers.

Dans les années 80, il y avait presque une double censure, avant avec le scénario et après le tournage. Des représentants du gouvernement indiquaient des modifications à faire… »

Im Sang-soo : « Je me souviens avoir vu ce film quand j’étais jeune, c’était au moment de sa sortie en salles. Ce que j’ai ressenti à sa vision m’a inspiré, et m’a conforté dans mon désir de faire du cinéma .»

Quotas

Il y a presque toujours eu en Corée différentes règles de quotas, à la fois pour limiter l’impact des films étrangers et aussi dans le but de favoriser un relèvement des productions coréennes.

Face aux films américains produits à Hollywood, il y a eu par exemple une limitation d’importer un film étranger uniquement si en parallèle une société produisait 4 films coréens (donc souvent avec peu de moyens et d’ambition juste pour satisfaire le quota), une limitation du nombre de jours durant lesquels un film étranger était exploité dans les salles (les cinémas devaient diffuser au moins 146 jours par an des productions coréennes en 1993), une limitation du nombre de films importés par an (une mesure aussi en vigueur en Chine)…

Un assouplissement arrivera au cours des années 80, avec des règles de quotas revues, et au début des années 90 certains studios américains ont une filiale installée en Corée du Sud (United international pictures, Twentieth century fox, Warner bros, Columbia, Disney…) et on arrive en 1999 à une situation de 42 films coréens contre 233 films étrangers…

Avec les années 90, il y a un développement des multiplexes (588 écrans en 1999 à 1451 écrans en 2004) tout comme des grosses sociétés de production aux moyens importants (Daewoo, Hyundai, Samsung produisent du cinéma, et les studios CJ, Orion et Lotte qui produisent et possèdent aussi leur circuits de salles pour distribuer leurs films…), et le cinéma coréen s’exporte de plus en plus à l’international.

En 1999 la Corée du Sud se dote du KOFIC (l’équivalent de notre CNC) et le film Shiri (avec la révélation de Choi Min-sik) dépasse sur son territoire le box-office de Titanic, et la répartition en tickets vendu entre films coréens est autour de 50% face aux films américains (un peu comme en France).

Im Sang-soo : « Je me souviens en particulier de l’année 1998, dans notre industrie du cinéma il n’y avait plus d’intervention du gouvernement de type censure, mais plutôt des mesures favorables pour soutenir la culture. Du coup il y avait plus d’investisseurs pour les créateurs. Cette année-là, j’ai pu moi réaliser mon premier film Girls night out, et moins de deux ans après je sortais Tears.» (ndr : son 3e film en 2003 Une femme coréenne le fait connaître en France)

cho chang hoCho Chang-ho : « La capacité créative individuelle est une force importante. Le cinéma commercial est celui qui est très bien distribué, les autres films c’est du cinéma indépendant moins bien distribué et c’est logique.

C’est peut-être plus le canal de distribution (multiplexes ou pas) qui fait une différenciation entre les types de films. Pour les distributeurs de films indépendants c’est difficile d’obtenir des salles pour que leurs films soient vus par le plus grand nombre de spectateurs.

Cette situation est je pense la même dans plein de pays. Je voudrais moi faire moi-même la distribution de mes films, le réalisme de Another way est d’ailleurs compliqué à commercialiser. »

Im Sang-soo : « Il faudrait peut-être une nouvelle loi à propos des gros conglomérats de la distribution, leurs poids et leur influence est peut-être trop lourd. Mais les réalisateurs coréens les plus en vogue actuellement avec du succès vivent de ces conglomérats, alors… »

Désormais chaque année ou presque un nouveau film coréen dépasse un record de spectateurs comme The Host en 2006 (qui a fait bondir à 64% le taux de tickets vendus pour voir un film coréen), The king and the clown, D-war, Joint security area, My sassy girl (qui aura un remake américain)…

Les festivals européens récompensent régulièrement des talents de Corée du Sud comme les films de Lee Chang-dong (Oasis à Venise, Secret sunshine et Poetry à Cannes), Kim Ki-duk (Samaritan girl à Berlin, Locataires et Pieta à Venise, Arirang à Cannes) ou de Park Chan-wook (Oldboy et Thirst à Cannes), mais aussi des réalisateurs comme Hong Sang-soo, Bong Joon-ho, Kim Ji-woon, et évidement Im Sang-soo (son dernier film Intimate enemies n'a pas encore pas de date de sortie en France).

Crédit photos : José Da Cunha

Vesoul 2016 : le 22e Festival des Cinémas d’Asie de Vesoul est ouvert

Posté par kristofy, le 5 février 2016

Ce fut le premier festival de cinéma français dédié à l’Asie, et c'est désormais le seul (le petit cousin de Deauville s'étant arrêté) : le FICA de Vesoul se déroule jusqu’au 10 février avec la projection de 90 films répartis entre compétitions, hommages, rétrospectives et panoramas.

Le jury de la compétition "longs métrages" a cette année l’honneur d’être présidé par le réalisateur coréen Im Sang-soo (Une femme coréenne que l'on a vu à Venise; The president’s last bang et L'ivresse de l'argent découverts à Cannes…), qui a d’ailleurs reçu un Cyclo d'or pour l'ensemble de sa carrière lors de la cérémonie d'ouverture. Un autre Cyclo d’or d’honneur a été décerné en même temps au cinéaste Eran Riklis à qui le festival rend par ailleurs hommage en présentant neuf de ses films.

Dans le jury, on retrouve également la réalisatrice Mania Akbari (Iran), la réalisatrice et productrice Nan Triveni Achnas (Indonésie) et le réalisateur Euthana Mukdasanit (Thaïlande). En tout, il y aura 17 films (inédits en France) en compétition (fictions et documentaires), en provenance de toute l’Asie géographique : Japon, Chine, Corée, Philippines, Inde, Myanmar, Bangladesh, Pakistan, Kazakhstan, Turquie, Iran, Liban…

Dans le cadre de l'Année France-Corée (qui commémore le 130e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Corée du Sud), le festival programme une thématique « Corée : littérature et cinéma, 1949-2015 » avec des films coréens adaptés de livres très divers (Le rêve de Bae Chang-ho, La guerre blanche de Jeong Ji-young, My sassy girl de Kwak Jae-yong, Deux sœurs de Kim Jee-woon, Secret sunshine de Lee Chang-dong…).

Autre thématique élaborée par le FICA : un regard sur « Les maîtres oubliés du cinéma thaïlandais, 1940-2000 » avec des séances de films qui auront lieu uniquement à Vesoul (dont une dizaine inédits, Country hotel de Rong Raem Narok ou Citizen 1 de Prince Chatrichalerm Yukol par exemple jamais vu ailleurs en Europe…).

Une autre section « Entre l’Orient et l’Occident » pourra elle trouver des échos particuliers avec certaines actualités en rapport avec le terrorisme mais surtout avec des interrogations sur deux parties du monde en fait très proches : l’occasion de revoir sur grand-écran des films comme De l’autre côté de Fatih Akin, Amreeka de Cherien Dabis, Tokyo fiancée avec Pauline Etienne, In another country avec Isabelle Huppert, Voyage en Chine avec Yolande Moreau... Le temps des aveux de Régis Wargnier à propos du Cambodge de 1971 était d’ailleurs le film d’ouverture.

Vesoul va aussi proposer de redécouvrir le film Dogora, ouvrons les yeux en compagnie de Patrice Leconte qui viendra à la rencontre des festivaliers. Vous savez donc maintenant où venir pour fêter de la plus belle façon le nouvel an chinois…

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22e Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul
Du 3 au 10 février 2016
Site de la manifestation

Vesoul 2016 : Im Sang-soo, Eran Riklis et Patrice Leconte célèbrent tous les cinémas asiatiques

Posté par MpM, le 19 janvier 2016

On ne présente plus le Festival des Cinémas d'Asie de Vesoul (FICA pour les habitués) qui proposera du 3 au 10 février prochain sa 22e édition, plus que jamais placée sous le signe de la découverte et de l'éclectisme.

Cette année, c'est le réalisateur coréen Im Sang-Soo (The housemaid, L'ivresse de l'argent, Le vieux jardin...) qui est l'invité d'honneur de la manifestation. Il sera notamment présent pour recevoir un Cyclo d'or d'honneur et présider le jury international, aux côtés de la réalisatrice et actrice Mania Akbari (Iran), de la productrice et réalisatrice indonésienne Nan Achnas et du réalisateur Euthana Mukdasanit (Thaïlande). Un hommage sera également rendu au cinéaste israélien Eran Riklis à qui une rétrospective est consacrée.

Outre les deux compétitions, qui réunissent 17 longs métrages venus du Banglasdesh, de Myanmar ou encore du Kazakhstan, l'édition 2016 consacre un focus au cinéma thaïlandais de 1940 aux années 2000 ainsi qu'une rétrospective "Corée : littérature et cinéma (1949 - 2015)" dans le cadre de l'année France-Corée. La traditionnelle section thématique confrontera quant à elle les points de vue de cinéastes occidentaux et orientaux sur les rapports Orient/Occident, en présence notamment du réalisateur Patrice Leconte pour son film tourné au Cambodge, Dogora, ouvrons les yeux.

Enfin, comme tous les ans, le festival sera agrémenté de soirées festives, rencontres, débats, tables rondes et séances spéciales pour faire vivre aux festivaliers une semaine 100% cinéma asiatique.


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22e Festival des Cinémas d'Asie de Vesoul
Du 3 au 10 février 2016
Informations pratiques sur le site de la manifestation

Vesoul 2016 : premières révélations sur la 22e édition

Posté par MpM, le 27 juin 2015

FICA

Désormais seul festival de premier plan consacré au cinéma asiatique en France, le Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul continue de creuser son sillon. Ce qui signifie, pour ses organisateurs, une mobilisation permanente pour préparer l'édition à venir. Martine et Jean-Marc Thérouanne ainsi que leur équipe de fidèles travaillent donc d'arrache-pied à l'élaboration du FICA 2016, qui se tiendra du 3 au 10 février.

Une des nombreuses étapes de leur marathon annuel les a mené comme chaque année au Festival de Cannes, où ils ont retrouvé plusieurs de leurs anciens invités d'honneur tel Hou Hsiao-Hsien, Brillante Mendoza (ci-dessus en photo avec l'équipe) et Kore-Eda Hirokazu. C'est souvent lors de ces rencontres informelles que se nouent les contacts primordiaux pour le festival, notamment lorsqu'il s'agit d'inviter acteurs, réalisateurs et producteurs à venir découvrir Vesoul. Qui sera le prochain Cyclo d'honneur ? Le mystère reste pour le moment entier... mais on peut être sûr que les organisateurs nous concoctent quelques belles surprises de leur cru.

Mais s'il est trop tôt pour annoncer les personnalités qui seront honorées au prochain FICA, les grandes lignes de cette 22e édition commencent malgré tout à se mettre en place. Ainsi, on sait d'ores et déjà que la section thématique sera intitulée "entre l'Orient et l'Occident". "C'est une thématique très actuelle", explique Jean-Marc Thérouanne. "On est sans conteste dans le village global où tout s'interpénètre." Ce sera donc l'occasion de présenter des coproductions entre Asie et Occident (à l'image d'Another country de Hong Sang-soo, ou du Barrage contre le pacifique de Rithy Panh) mais aussi des films traitant du colonialisme, des flux migratoires et de la fascination des Occidentaux pour l'Asie.

"Nous avons également reçu le label pour participer à l'Année France-Corée qui commémore le 130e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Corée du Sud", déclare par ailleurs le délégué général du FICA. "Pour le moment, nous sommes l'un des trois projets cinéma retenus ! Nous avons décidé de proposer une rétrospective de films qui sont des adaptations littéraires. Soit des films coréens basés sur des livres fraçais, soit l'inverse. Cela nous permet de nous renouveler".

Se renouveler, c'est bien l'une des préoccupations majeures de l'équipe de Vesoul, qui propose chaque année un savant dosage de découvertes, de valeurs sûres et de petites pépites rarissimes. Ce sera probablement à nouveau le cas en 2016, ne serait-ce qu'avec le troisième temps fort dévoilé par Jean-Marc Thérouanne : un regard sur "Les maîtres oubliés du cinéma thaïlandais" qui devrait dévoiler les années fondatrices de cette cinématographie aujourd'hui si dynamique.

Cela fait déjà trois bonnes raisons d'aller passer une semaine à Vesoul en février prochain... et c'est loin d'être fini ! D'autant que, cette année, la manifestation se tiendra juste avant Berlin (11-21 février), permettant aux plus gourmands d'entre nous d'enchaîner les deux festivals, pour une double dose de plaisir cinématographique.

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22e Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul
Du 3 au 10 février 2016
Site de la manifestation

Vesoul 2015 : Cyclo d’or pour Bwaya de Francis Xavier Pasion

Posté par MpM, le 18 février 2015

FICA 2015

La tonalité exigeante du palmarès du 21e festival des cinémas d'Asie de Vesoul traduit le choix du jury mené par Wang Chao (et composé de Laurice Guillen, Mohammad Rasoulof et Prasanna Vithanage) de récompenser des œuvres singulières et denses portant chacune en elle sa propre proposition de cinéma.

Francis Xavier PasionAinsi le Cyclo d'or, Bwaya de Francis Xavier Pasion (photo de gauche), mêle-t-il la sensorialité d'une nature presque idyllique à un constat social douloureux qui ouvre la porte à une mise en abime inattendue. Le film ne se contente pas de narrer des faits (en partie réels), il propose par petites touches une réflexion sur la retranscription cinématographique de ces faits et sur le rapport complexe au réel qui s'en dégage.

Une démarche déconcertante qui rend le film parfois malaisé, mais surtout toujours surprenant. On est quelque part entre le cinéma sensoriel et énigmatique d'un Apichatpong Weeresetakul, le constat social dépouillé d'un Brillante Mendoza et le récit mythique universel sur les origines du monde. Dans ce cadre qui évoque les premiers temps de l'humanité, le contraste saisissant entre la beauté foudroyante de la nature et les difficultés matérielles des habitants emporte tout.

Le grand prix, Exit de Chenn Hsiang, est une oeuvre plus urbaine, mais tout aussi dépouillée. Dans des scènes courtes très peu dialoguées, le jeune réalisateur dresse le portrait sensible et sans fard d'une femme plongée dans une solitude infinie. L'héroïne, une Taïwanaise de 45 ans pour laquelle tout semble s'arrêter (sa vie professionnelle, sa vie de mère et même sa vie de femme), est perpétuellement enfermée dans des cadres travaillés et des perspectives bouchées. C'est comme si, pour elle, toutes les portes se fermaient, au sens propre comme au sens figuré. Une oeuvre en apparence austère qui s'attache aux plus petits détails pour transmettre toutes les émotions qui ne passent ni par le récit, ni par le scénario.

Le jury a par ailleurs distingué One summer de Yang Yishu et Melbourne de Nima Javidi, deux longs métrages qui abordent un contexte social et politique par le prisme de la cellule familiale. Dans le premier, construit comme un thriller anémique, une femme passe tout un été à essayer de comprendre pourquoi son mari a été arrêté. A grands renforts de plans fixes, de scènes ultra-quotidiennes, d'ellipses et de non-dits, le film raconte à la fois la vacuité de l'attente, l'ignorance anxiogène, l'arbitraire tout puissant et l'implosion d'existences bien rangées. Malgré ses faiblesses (narration si déliée qu'elle peut en sembler factice, scènes parfois absconses), One summer a quelque chose de saisissant qui captive.

Melbourne (photo de droite) est Melbourne au contraire un quasi huis-clos étouffant dans lequel la parole joue le rôle principal. Pris dans un dilemme moral inextricable, un jeune couple s'embourbe dans les mensonges, les conjectures et les revirements, saisis par une culpabilité qui les étouffe. Même s'il ne va pas aussi loin dans son étude cruelle des rapports de classe, impossible de ne pas penser au cinéma d'Asghar Farhadi, période Une séparation. Probablement l'oeuvre la plus aboutie, voire la plus maîtrisée de la compétition.

Parmi les lauréats des autres prix, on note la présence du premier film birman en compétition à Vesoul, The monk de The Maw Naing, une oeuvre assez classique sur le conflit de génération entre un apprenti moine boudhiste et son maître malade, mais aussi le très poétique Kurai Kurai de Marjoleine Boonstra, fresque délicate inspirée de légendes kirghizes ou encore A matter of interpretation de Lee Kwang-kuk, savoureux exercice de style qui mêle rêves et réalité à la manière de Hong Sang-Soo.

Un palmarès qui reflète au fond la grande homogénéité de cette compétition 2015, moins axée sur les grands sujets de société que sur des propositions cinématographiques assez personnelles et parfois relativement arides qui ne cèdent ni à la complaisance, ni à la facilité. Un très bel aperçu de la vitalité des cinémas asiatiques qui ne cessent de se renouveler et de se réinventer pour obtenir l'alchimie idéale entre recherche formelle et démarche sociale ou politique.

Vesoul 2015

Le palmarès complet

Cyclo d'or
Bwaya de Francis Xavier Pasion (Philippines)

Grand prix du jury
Exit de Chenn Hsiang (Taïwan)

Prix du jury ex-aequo
One summer de Yang Yishu (Chine) et Melbourne de Nima Javidi (Iran)

Prix NETPAC
The Monk de The Maw Naing (Birmanie)

Prix Emile Guimet
Kurai Kurai : tales of the wind de Marjoleine Boonstra (Kirghizstan)

Coup de coeur de Guimet
Bwaya de Francis Xavier Pasion (Philippines)

Prix INALCO
Melbourne de Nima Javidi (Iran)

Coup de cœur INALCO
A matter of interpretation de Lee Kwang-kuk

Prix du public long métrage de fiction
Margarita with a straw de Shonali Bose et Nilesh Maniyar

Prix de la critique
Exit de Chenn Hsiang (Taïwan)

Prix du Jury Lycéens
Margarita with a straw de Shonali Bose et Nilesh Maniyar (Inde)

Prix du public du film documentaire
Nu Guo, au nom de la mère de Francesca Rosati Freeman et Pio d'Emilia (Chine, Italie, Japon)

Prix Jury Jeunes
Iranian Ninja de Marjan Riahi (Iran)

Photos : Michel Mollaret

Vesoul 2015 : Trois questions à Wang Chao

Posté par MpM, le 18 février 2015

wang chaoEn parallèle de la vaste rétrospective de 50 ans de cinéma chinois proposé au FICA cette année, les organisateurs du Festival de Vesoul se sont tout naturellement tournés vers un cinéaste chinois de première envergure pour succéder à Brillante Mendoza dans le rôle difficile de président du jury international.

Wang Chao, dont le premier long métrage, L'orphelin d'Anyang, fut sélectionné à Cannes en 2001, était donc l'invité d'honneur de cette 21e édition, durant laquelle il a reçu un Cyclo d'or spécial. Deux de ses films récents (le polar intime Memory of love et le drame familial Fantasia) étaient également présentés.

L'occasion pour Ecran Noir de rencontrer ce cinéaste rare qui porte sur son pays un regard à la fois critique et chaleureux, soucieux d'en montrer fidèlement tous les contrastes.

Ecran Noir : votre cinéma est souvent le reflet de la société chinoise actuelle. Est-ce pour vous ce que représente le cinéma, un moyen de transmettre la réalité ?

Wang Chao : Je pense en effet que mes films représentent la vie en Chine. La chine évolue maintenant très vite. D'un côté, on a beaucoup de succès en tant que puissance économique. Notre vie s'améliore de plus en plus. On peut voir ça facilement dans les journaux ou à la télévision. Mais en tant que réalisateur, et en tant qu'artiste, je voudrais aussi montrer des gens qui sont ignorés par les médias. Montrer un autre côté de la Chine.

EN : Cela influe-t-il sur la manière dont vous regardez un film, notamment lorsque vous occupez comme ici le rôle de président du jury ?

WC : Non, pas vraiment. Je regarde les films sous un prisme plus artistique. Je m'attache aux films qui me touchent, et aussi quand même aux films qui sont proches de la réalité. Mais c'est le niveau artistique qui prime.

EN : Comment est né le projet du film A la recherche de Rohmer que vous avez tourné en France ?

WC : Ce film est adapté de mon roman qui s'appelle Tibet sans retour. Il raconte l'histoire de deux hommes dont un qui est mort au Tibet et l'autre qui veut aller le chercher. Pour ce qui est de Rohmer, déjà, c'est un scénariste que j'aime beaucoup. Je voulais lui rendre hommage. En plus, son film Le rayon vert raconte aussi une histoire de recherche, d'où le parallèle, même si le traitement est bien sûr complètement différent.

Photo Wang Chao : Michel Mollaret