Deauville 2020 : Comment je suis devenu super-héros sauvera-t-il les salles de cinéma ?

Posté par kristofy, le 11 septembre 2020, dans Avant-premières, Festivals, Films.

Not all heroes wear capes, but a lot wear masks. Les super-héros, c'était avant-tout les comics américains à partir desquels il y a eu au cinéma dès les années 1970, quatre films avec Superman, avant une relance ensuite à la fin des années 80 (quatre films avec Batman), puis une débandade générale  (malgré The Crow, Spawn et Blade). Les années 2000 ont vu arriver des super-héros en série, rebootés par des effets plus réalistes et les excellents Spiderman et X-Men. Marvel a installé sa franchise avec Iron-Man et la folie d'une cadence industrielle qui s'en est suivie (plusieurs films par an, avec Disney, Sony, Warner, Fox...). Les recettes sont stratosphériques. Les super-héros américains deviennent des stars mondiales. Une overdose qui va continuer encore avec une nouvelle régénération de ce style de films (Joker, Wonder-Woman, The Batman). Et les super-héros européens? Comment je suis devenu super-héros réalisé par Douglas Attal intrigue forcément en voulant se confronter au genre.

La clôture du Festival du cinéma américain de Deauville est le lieu idéal pour le présenter, en compagnie de Douglas Attal, Pio Marmaï, Benoit Poelvoorde, Swann Arlaud, Gilles Cohen (il y a aussi Leïla Bekhti à l'affiche). Un film de super-héros 'à la française' était quelque chose que l'on pouvait craindre, la bande-annonce 'à l'américaine' était rassurante. Verdict : oui, on peut aussi faire ce genre de film avec des effets-spéciaux et une histoire bien construite.

Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités

Les héros français "les plus super" semblent d'un autre siècle (Vidocq, Arsène Lupin, Fantomas, Adèle Blanc-Sec...). Il était quand-même temps d'avoir un peu plus de modernité. Il y a bien eu quelques films avec des super-pouvoirs au cinéma mais leur renommée fût très discrète : Simple Mortel en 1991 de Pierre Jolivet (d'ailleurs à Deauville), Vincent n'a pas d'écailles de Thomas Salvador en 2015 (avec déjà Vimala Pons), La Dernière Vie de Simon de Léo Karmann début 2020. Cette fois pour la première fois dans le cinéma français, on y verra, comme aux Etats-Unis, des personnages avec masque et identité secrète, un méchant psychopathe, et des justiciers. Pas de quoi renouveler le genre..

L'histoire est d'abord celle d'une enquête policière : Paris 2020, une mystérieuse substance procurant des super-pouvoirs à ceux qui n’en ont pas se répand. Face aux incidents qui se multiplient, deux flics sont chargés de l’enquête et avec l’aide de deux anciens justiciers, ils feront tout pour démanteler le trafic...

Influences assumées

Le film se déroule au présent et assume une influence des super-héros américains qu'on connaît tous plus ou moins. Ici on apprend qu'il y a d'ailleurs déjà eu quelques super-héros justiciers pour combattre le crime. Leur existence est donc établie (comme dans Watchmen). Plusieurs incidents avec des morts font démarrer une enquête, d'où va découler l'histoire. D'ailleurs c'est la bonne surprise du film, outre le feu, on y voit l'utilisation d'une variété de plusieurs super-pouvoirs différents.

Le policier est contraint de travailler avec une nouvelle partenaire : l'habituel duo de deux personnalités évidemment opposées qui va devoir découvrir comment et pourquoi une nouvelle drogue provoque des dégâts mortels... C'est la traditionnelle structure d'une enquête policière pour faire avancer la narration d'un film, avec des indices vers un suspect et des rebondissements vers un affrontement final.

Mais pourquoi est-il si méchant ?

Un film avec super-héros cela implique aussi un antagoniste de super-vilain, un génie du Mal ou une personne psychopathe à combattre. Encore lui faut-il une motivation plus crédible que devenir maître du monde, ou vendre des crèmes de beauté foireuses (Sharon Stone dans Catwoman). Ici le super-vilain est heureusement crédible avec une explication cohérente pour justifier ses actions criminelles, en plus d'être doté d'un comportement parfois imprévisible.

Comment je suis devenu super-héros comporte plusieurs suspects possibles. Mais, tout comme ses modèles américains, son identité est dévoilée bien avant la fin puisque l'intérêt du film reste la bataille et les difficultés pour le contrer et peut-être le vaincre. L'affiche du film montre des noms bien connus du public, il y a d'autres aussi dans le générique, on regrettera juste le choix peu inspiré du casting pour les hommes de mains complices autour de ce super-vilain...

Le réalisateur Douglas Attal connaît bien évidement tout comme les spectateurs le niveau de qualités techniques des films américains : les inspirations sont multiples aussi bien du côté du cinéma (Watchmen de Zack Snyder par exemple) que des séries télé (Heroes de Tim Kring), et  un roman français (de Gérald Bronner). Le film se passe en France mais l'équipe y a apporté sa touche avec un joli design sonore et musical (sauf la chanson finale) ainsi que des effets-spéciaux visuels qui voudraient se hisser à un haut-niveau pour qu'on y croit. Et ça marche. Avec 15 millions d'euros de budget, heureusement.

La nouvelle date de sortie de Comment je suis devenu super-héros pour le voir en salles (avec un masque !) est pour le 16 décembre. Cela peut changer. Le distributeur français, Warner Bros, va sans doute reporter aux fêtes son Wonder Woman 1984. Or, on le sait: une super-héroïne américaine est toujours plus forte...

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