Cannes 2020: la sélection de l’ACID « hors les murs »

Posté par vincy, le 4 juin 2020

Après la Sélection officielle et celle de la Semaine de la Critique, c'est au tour de l'ACID de vouloir promouvoir 9 films (dont 4 documentaires), qui bénéficieront d’une valorisation au Marché du Film en ligne mais aussi, de projections à l’automne.

- Les affluents de Jessé Miceli (Cambodge)
- Funambules d’Ilan Klipper (France)
- Les graines que l’on sème de Nathan Nicholovitch (France)
- Il mio corpo de Michele Pennetta (Suisse)
- The Last Hillbilly de Diane Sara Bouzgarrou et Thomas Jenkoe (France)
- Loin de vous j’ai grandi de Marie Dumora (France)
- Si le vent tombe de Nora Martirosyan (Arménie), une coprésentation avec la sélection officielle du Festival de Cannes. Le film sortira au premier trimestre 2021.
- La última primavera d'Isabel Lamberti (Espagne)
- Walden de Bojena Horackova (Lituanie)

Les films seront projetés du 25 au 29 septembre au Louxor à Paris, du 2 au 4 octobre au Comoedia à Lyon, du 8 au 11 octobre au Gyptis et à La Baleine à Marseille, mais aussi à la Cinémathèque de Corse et dans des festivals partenaires.

Cannes 2020 : un programme d’accompagnement Hors Les Murs pour la Semaine de la Critique

Posté par MpM, le 4 juin 2020

L'impossibilité de tenir une édition physique du Festival de Cannes n'a pas empêché la Semaine de la Critique de poursuivre son travail d'accompagnement des jeunes cinéastes à travers un "programme d’accompagnement Hors Les Murs" consistant en une sélection réduite de cinq longs et dix courts métrages.

Les longs métrages qui ont reçu le label « Semaine de la Critique 2020 » seront ainsi accompagnés lors de leur présentation en avant-première et de leur sortie dans les salles françaises. Les films francophones (4 sur les 5) seront présentés dans le cadre d’une carte blanche Semaine de la Critique au Festival du Film Francophone d’Angoulême qui se tiendra du 28 août au 2 septembre prochain.

Les courts bénéficieront d’avant-premières à la Cinémathèque française ainsi que de projections à la Cinémathèque tchèque et à New York, et seront également diffusés en ligne du 19 au 25 octobre 2020 sur la plateforme Festival Scope. Les réalisatrices et réalisateurs sélectionné.e.s auront par ailleurs la possibilité de participer au programme "Next Step" qui a pour but de les accompagner dans leur passage au long métrage.

Parmi les films sélectionnés, que l'on a hâte de découvrir dans les mois à venir, on retrouve le premier long métrage d'une réalisatrice dont on suit le parcours depuis longtemps : Chloé Mazlo, César du meilleur court métrage d'animation en 2015 avec Les Petits cailloux, et dont on avait notamment beaucoup aimé le film Diamenteurs. Son film Sous le ciel d'Alice, écrit une nouvelle fois en duo avec Yacine Badday, réunit Alba Rohrwacher et Wajdi Mouawad et mêle prise de vues continues et animation.

On retrouve également dans ce "programme d’accompagnement" Nuée, le premier long métrage de Just Philippot, dont le court Acide avait beaucoup impressionné en 2018 ; le deuxième long métrage de Naël Marandin (La Marcheuse), La Terre des hommes, avec notamment Olivier Gourmet et Jalil Lespert ; et De l'or pour les chiens, le premier long d'Anna Cazenave Cambet qui avait été révélée à Cannes en 2016 avec son court Gabber lover.

Le cinquième et dernier film "labellisé" est britannique : After love de Aleem Khan, dont le court métrage Three Brothers avait été nommé aux BAFTA en 2014.

Côté courts métrages, beaucoup de promesses, et quelques noms déjà repérés ailleurs comme Aya Kawazoe (The elephant died, We don't go home), Jan Roosens & Raf Roosens (Copain sélectionné à Cannes en 2015), Teymur Hajiyev (The Wound, Shanghai, Baku, Salt, pepper to taste ) et Ismaël Joffroy Chandoutis (Ondes noires, Swatted).

Longs métrages labellisés

After love de Aleem Khan
De l'or pour les chiens d'Anna Cazenave Cambet
La Nuée de Just Philippot
Sous le ciel d'Alice de Chloé Mazlo
La Terre des hommes de Naël Marandin

Courts métrages labellisés

August 22, This Year de Graham Foy
Towards Evening de Teymur Hajiyev
Dustin de Naïla Guiguet
Forastera de Lucía Aleñar Iglesias
Good Thanks, You? de Molly Manning Walker
Humongous! de Aya Kawazoe
Maalbeek de Ismaël Joffroy Chandoutis
Marlon Brando de Vincent Tilanus
Menarca de Lillah Halla
White Goldfish de Jan Roosens et Raf Roosens

[On va tous au cinéma] Bob l’éponge – Le film : Éponge en eaux troubles (acheté par Netflix)

Posté par redaction, le 4 juin 2020

Le pitch: Suite à l’escargotnapping de Gary, son compagnon de toujours, Bob entraîne Patrick dans une folle aventure vers la Cité Perdue d’Atlantic City afin de le retrouver. A travers cette mission sauvetage pleine de surprises, de merveilles et de dangers, Bob l’Éponge et ses acolytes vont réaliser que rien n’est plus fort que le pouvoir de l’amitié.

Le cast: Réalisé par Tim Hill (Garfield 2, Alvin et les Chipmunks), on entendra les voix de Keanu Reeves, Awkwafina et Snoop Dogg parmi les guests.

L'atout: Ce sera le premier "gros" film d'animation post-confinement, après les reports de ceux de Pixar et d'Illumination. Autant dire qu'en pleines vacances, le héros en slip peut faire un carton, vu sa notoriété. Le premier film avec Bob l'éponge (qui date de 2004) avait attiré 600000 spectateurs.

Retour sur la 66e édition du Festival de courts métrages d’Oberhausen

Posté par MpM, le 4 juin 2020

La situation sanitaire a au moins un avantage, celui de rendre accessible à tous un certain nombre d'événements et manifestations ayant choisi de passer en version dématérialisée. On a ainsi pu découvrir courant mai le Festival du court métrage d'Oberhausen (Allemagne) qu'il ne nous avait jamais été donné de couvrir. En préambule, évidemment, rien ne vaut l'expérience d'un festival physique, avec des séances en salles, et surtout des rencontres et des échanges à la fin de chaque journée (autour d'un verre, ou pas, chacun fait ce qu'il veut).

Mais même dans la solitude de son salon, cette 66e édition d'Oberhausen fut riche et captivante, minutieusement organisée pour une découverte on-line, avec des publications régulières de programmes disponibles pendant 48h et des courtes interviews venant éclairer la plupart des films en compétition. Elle fut surtout particulièrement inspirante pour tous ceux qui s'intéressent au cinéma sous toutes ses formes.

Car autant le dire tout de suite, la programmation d'Oberhausen ne ressemble pas exactement à celle de la plupart des festivals de courts métrages que l'on a l'habitude de fréquenter. Bien sûr, on y trouve plusieurs compétitions (internationale, allemande, et régionale, cette dernière étant consacrée aux films d'école), des focus sur des auteurs tels que Maya Schweizer et Philbert Aimé Mbabazi Sharangabo, de nombreux programmes jeunesse pour tous les âges, de 3 à 16 ans, mais surtout une grande quantité d'autres programmes proposant notamment des cartes blanches à des fonds d'archives spécialisés tels que Cyland Video Archive ou des distributeurs spécialisés dans le cinéma expérimental et les vidéos d'art tels que LIMA aux Pays-Bas, Filmform en Suède et Light Cone en France.

Une offre foisonnante et riche de films singuliers et "à la marge" qui était tout à fait au diapason d'une compétition internationale elle-même très axée sur des choix de cinéma audacieux. Se refusant résolument à être un simple best of des "meilleurs" courts des derniers mois (c'est-à-dire de ceux ayant déjà tourné partout), la compétition réunissait en effet un mélange hétéroclite et passionnant de films étranges et hors-normes mêlant documentaires conceptuels, installations vidéo, essais expérimentaux et recherches formelles radicales. La narration n'était pas forcément le maître mot de la majorité de ces oeuvres mais on y sentait un intérêt pour le geste de cinéma, une réflexion sur le médium, un regard privilégié porté sur l'instant.

Expériences immersives

Quelques films, notamment, amenaient le spectateur à faire l'expérience particulière, souvent immersive, presque physique, d'un lieu donné. C'est le cas de Chris Kennedy qui, dans The Initiation Well (Canada), descend à l'intérieur d'un puits d'initiation portugais et nous en fait éprouver la réalité circulaire, mouvante, presque floue, qui rend le lieu et ceux qui le visitent fantomatiques et insaisissables. On a le même sentiment face à Junkerhaus de Karen Russo (Allemagne) qui nous emmène dans la résidence de l'artiste Karl Junker. Méditation sur le lieu plus qu'explication sur sa construction, le film donne vie à ses étranges sculptures par des jeux de lumière et de projection.

Dans un style plus documentaire, mais toujours dénué d'explications superflues, A Thin Place de Fergus Carmichael (Royaume Uni) plonge le spectateur dans les célébrations du solstice d'été sur la colline de Glastonbury Tor (Angleterre) et lui fait vivre l'expérience d'une joyeuse communion collective sur fond de mythologie celtique et de nouvelles technologies. Josef Dabernig, lui, nous emmène chez le dentiste. Heavy Metal Detox (Autriche) est en effet un cauchemar éveillé pour ceux que l'idée même de la roulette met au supplice. Dans un noir et blanc glaçant, le film montre avec une distanciation ironique, mais malaisante, différents actes de chirurgie dentaire qui nous ont semblé intolérables (mais c'est très personnel).

Problématiques environnementales

D'autres thématiques plutôt classiques se dégageaient également de cette sélection, traitées elles-aussi sur un mode décalé, formaliste ou conceptuel. Plusieurs films abordaient par exemple des problématiques environnementales, à l'image de Extrañas Criaturas de Cristóbal León et Cristina Sitja (Chili), qui sous forme de conte, dans une esthétique rétro volontairement naïve et un style d'animation ouvertement artisanal, met en scène des animaux confrontés à la destruction de leur forêt par leurs voisins humains, contraints d'expliquer à ces "étranges créatures" ce qu'est le concept d'habitat.

Camera Trap de Chris Chong Chan Fui (Malaisie) met quant à lui en parallèle des images vieilles de plus de cent ans (celles du photographe et inventeur du zoopraxiscope Muybridge) et d'autres contemporaines, prises dans les forêts tropicales de Borneo. S'y côtoient ainsi des animaux confinés auxquels le procédé de Muybridge redonne le mouvement et d'autres surpris dans leur habitat naturel, saisis par l'indiscrétion de "pièges photographiques" se déclenchant automatiquement. Le film, qui était à l'origine une installation, met ainsi subtilement en parallèle la manière dont notre rapport aux animaux et à la nature en général a changé en l'espace d'un siècle.

Enfin, L’eau faux de Sverre Fredriksen et Serge Onnen (Pays-Bas) est une parabole sur le cycle de l'eau, observant et retranscrivant ce cycle dans sa dimension la moins naturelle possible, celle de l'eau en bouteille. Mélangeant prise de vues continue et animation, le film est un objet déroutant, tantôt abstrait, tantôt grotesque, qui questionne le paradoxe d'un élément constitutif du cycle naturel de la vie transformé en vulgaire bien de consommation.

Transmissions

Dans un autre registre, les questions de transmission, notamment de l'histoire commune des minorités éthniques, étaient elle aussi au centre de plusieurs films, tels que O Jardim Fantástico de Tico Dias et Fábio Baldo (Brésil), dans lequel une institutrice veut inciter ses élèves à renouer avec leurs racines et à découvrir les secrets d'une réalité cachée à travers le rituel de la consommation de Ayahuasca. Dans Oursons de Nicolas Renaud (Canada), c'est un Canadien natif qui témoigne de son existence dans la Réserve de Lorette, et de la manière dont les habitants (appartenant aux Hurons-Wendats) ont peu à peu été chassés par le gouvernement local au profit de "clubs" réservés aux élites.  A travers ses souvenirs et son expérience, il interroge la disparition progressive de l'identité de son peuple.

Le film ( ( ( ( ( /*\ ) ) ) ) ) de Saúl Kak et Charles Fairbanks (Mexique) observe quant à lui la vie dans un petit village du Chiapas où s'est réfugiée la communauté zoque suite à l’éruption du volcan Chichonal. Sans commentaires, mais avec un sens aigu du montage, le film nous plonge dans l'ambiance presque pittoresque des annonces publicitaires crachées par les hauts parleurs, sur fond de contexte électoral et de revendications liées à l'exil forcé de tout un peuple.

Le cinéma comme sujet

Il faut enfin relever la multiplicité des films portant un regard réflexif sur leur propre forme, et sur le média cinéma en général. On a déjà parlé de Camera trap de Chris Chong Chan Fui, qui juxtapose les procédés de Muybridge avec sa propre pratique consistant à animer image par image les photographies prises par des cellules automatiques posées telles des pièges dans les forêts de Borneo. We Still Have to Close Our Eyes de John Torres (Philippines) réunit des images prises dans les lieux et décors d'autres films en train de se tourner à Manille (ceux de Lav Diaz, Erik Matti, Dodo Dayao, Joel Ferrer et Dan Villegas), proposant une fiction étrange et fantomatique sur les dérives d'une application permettant à l'utilisateur de prendre le contrôle de véritables personnes, les dirigeant à sa guise comme des avatars de jeu vidéo. Une dystopie inquiétante dont toute ressemblance avec le régime autoritaire du président Dutertre n'est évidemment pas fortuite, doublée d'une plongée troublante dans les coulisses du cinéma philippin.

Hacer una Diagonal con la Música d'Aura Satz (Royaume Uni) est un documentaire que l'on pourrait qualifier de plus traditionnel, bien qu'il s'ouvre sur une porte qui grince. C'est un portrait fascinant de la compositrice électroacoustique argentine Beatriz Ferreyra qui explique, démonstration à l'appui, et avec humour, comment elle collectionne les sons, à la recherche de ceux dont elle aura un jour besoin pour recomposer un élément sonore particulier. Avec Patentti Nr. 314805, Mika Taanila (Finlande)  fait en quelque sorte écho à ces recherches sur le son, puisqu'il a exhumé des séquences tournées en 1914 par Eric Tigerstedt avec son invention alors révolutionnaire; le photomagnétophone permettant d'enregistrer les images et le son simultanément. La guerre l'a malheureusement empêché de voir reconnaître son procédé. Ce que l'on voit dans Patentti Nr. 314805, ce sont des ondes noires matérialisant les voix et les bruits qui nous parviennent du passé, de manière désormais banale, tant nous y sommes habitués, et en réalité comme par miracle.

Enfin, A Month of Single Frames de Lynne Sachs, qui a d'ailleurs remporté le Grand Prix du Jury, est un dialogue à travers le temps entre les images tournées par la réalisatrice Barbara Hammer lors d'une résidence de réalisation en 1998 et le travail effectué sur ces images par la réalisatrice Lynne Sachs vingt ans plus tard, à la demande de Barbara Hammer qui était malade. Le film mêle les recherches expérimentales de Barbara Hammer, le journal tenu par la cinéaste à l'époque, et qu'elle lit en voix-off, mais aussi des scènes contemporaines et des commentaires de Lynne Sachs ajoutés directement sur l'image. La nature joue un rôle primordial dans ces images, gorgées de soleil et de couleurs, mais aussi de la simplicité chère à Barbara Hammer. On sent en filigrane le temps qui passe, et la solitude à la fois féconde et mélancolique de la créatrice. On comprend pourquoi le jury a été séduit par la combinaison des recherches formelles de Barbara Hammer et du regard porté a posteriori sur son travail, proposant un duo à deux voix à vingt ans d'écart.