Spike Lee, président du jury du Festival de Cannes 2020

Posté par vincy, le 14 janvier 2020, dans Cannes, Festivals, Personnalités, célébrités, stars, Prix.

On ne pouvait pas avoir un président plus engagé (politiquement) et plus anti-trumpiste en pleine année présidentielle, pour ce 73e Festival de Cannes (12-23 mai).

Le réalisateur américain Spike Lee sera le Président du Jury de Cannes. Scénariste, acteur, monteur et producteur, révolté permanent, "Il est celui qui lève le poing, rappelle le Festival. Il est aussi celui qui rend hommage à Robert Mitchum avec les mots « amour » et « haine » gravés sur ses bagues lors de son entrée remarquée dans la grande salle du Palais des Festivals en 2018."

Son dernier film, Blackkklansman a reçu le Grand prix du jury à Cannes en 2018, avant d'être honoré pour la première fois de sa carrière aux Oscars pour le prix du scénario. Un film tourné vers le public, tout en étant un pamphlet, un polar, une scrutation des liens entre noirs et blancs, et un décryptage de la montée de l'extrême droite aux USA.

Dans leur communiqué, Pierre Lescure, Président, et Thierry Frémaux, Délégué général du festival, se réjouissent d’accueillir "l’artiste autant que le citoyen". Pour eux, "Le regard de Spike Lee est plus que jamais précieux. Cannes est une terre d’accueil naturelle et une caisse de résonnance mondiale pour ceux qui (r)éveillent les esprits et questionnent chacun dans ses postures et ses convictions. La personnalité flamboyante de Spike Lee promet beaucoup."

La déclaration complète de Spike Lee

"Tout au long de ma vie, les événements heureux me sont arrivés de façon inopinée sans que je m’y attende. Quand on m’a appelé pour devenir Président du Jury de Cannes en 2020, je n’en suis pas revenu, j’étais à la fois heureux, surpris et fier.

À titre personnel, le Festival de Cannes (outre le fait qu’il soit le plus grand festival de cinéma au monde – sans vouloir offenser qui que ce soit) a eu un impact énorme sur ma carrière de cinéaste. On pourrait même aller jusqu’à dire que Cannes a façonné ma trajectoire dans le cinéma mondial.

Tout a commencé en 1986. Mon premier long métrage She’s Gotta Have It (Nola Darling n’en fait qu’à sa tête) a remporté le Prix de la jeunesse à la Quinzaine des Réalisateurs. Le film suivant, en 1989, Do the Right Thing, était en Sélection officielle, et en Compétition. Et je n’ai ici ni le temps ni la place pour décrire l’explosion cinématographique que cela a engendré et se fait encore sentir trente ans plus tard.

Puis Jungle Fever en 1991 en Compétition, Girl 6 en 1996 Hors Compétition, Summer of Sam en 1999 à la Quinzaine des Réalisateurs, Ten Minutes Older en 2002 au Certain Regard.

Et enfin la présence de BLACKkKLANSMAN en 2018 en Compétition, où il a remporté le Grand Prix, est devenue la rampe de lancement de sa sortie en salles dans le monde entier et m’a valu de remporter l’Oscar du meilleur scénario.

Donc, pour ceux qui tiennent les comptes, cela fait sept « Spike joints » à avoir été sélectionnés.

Pour couronner le tout, je suis honoré d’être la première personne de la diaspora africaine (États-Unis) à assurer la présidence du Jury de Cannes et d’un grand festival.

La famille Lee remercie sincèrement le Festival de Cannes, Pierre Lescure et Thierry Frémaux, ainsi que le merveilleux public français qui soutient ma carrière cinématographique depuis quatre décennies.

Je porterai toujours dans mon cœur cette relation particulière.

Peace and Love,"

Spike Lee, Da People's Republic Of Brooklyn, New York.

L'enfant de Brooklyn a mis un coup de pieds dans la fourmilière du cinéma américain dès les années 1980 avec des sujets audacieux, des dialogues travaillés, des bande-son contemporaines, une mise en scène évolutive et adaptative, des récits profondément humains. Il aura touché à tous les genres, du thriller de braquage à la comédie romantique, du polar urbain au biopic politique, du documentaire aux épopées universalistes: Nola Darling n’en fait qu’à sa tête (She’s Gotta Have It), Nola Darling n’en fait qu’à sa tête (She’s Gotta Have It), Mo' Better Blues, Jungle Fever, Malcom X, Girl 6, He Got Game, Summer of Sam, La 25e Heure, Inside Man, Miracle at St. Anna... Spike Lee a séduit autant que déconcerté, touché la gloire et traversé le désert.

Ce qui l'intéresse ce sont les enjeux de son époque, de la culture machiste à la représentation des afro-américains dans les médias et dans l'Histoire, de la perte des valeurs morales à un discours universel sur la tolérance. Baskets, lunettes et casquette comme tenue de combat (ça va colorer le tapis rouge), provocateur, trublion, malicieux, facétieux, enragé, sniper, il est devenu le parrain de tout un cinéma afro-américain, tout autant qu'un des auteurs phares du cinéma mondial, œuvrant à ses causes tout en refusant l'injustice.

Oscar d'honneur en 2016, César d'honneur en 2003, ce cinéaste controversé, souvent mis à l'écart par le système hollywoodien (qui a quand même pu engranger 430M$ de recettes au box office grâce à ses films), professeur de cinéma à la New York University, devrait apporter du rythme et un regard singulier sur la prochaine compétition. Fan d'Hitchcock et de grands maîtres japonais, de David Lean et de Federico Fellini, de Truffaut et de Mad Max, on imagine d'avance que ses choix seront éclectiques dans une compétition qui devra succéder à une édition exceptionnelle.

La question est maintenant de savoir si son nouveau film, Da 5 Blood, prévu par Netflix sur sa plateforme cette année, pourra être projeté à Cannes, hors-compétition. Ce film sur les effets de la guerre du Vietnam réunit Giancarlo Esposito, Paul Walter Hauser, Chadwick Boseman, Jean Reno, Jasper Pääkkönen et Mélanie Thierry.

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