L’incinérateur de cadavres de Juraj Herz : une hallucination cinématographique à (re)découvrir en version restaurée

Posté par MpM, le 21 novembre 2019

Tourné en Tchécoslovaquie en 1968 et rapidement frappé par la censure, L'incinérateur de cadavres de Juraj Herz (adapté du roman éponyme de Ladislav Fuks) ressort sur nos écrans dans une version restaurée 4k de toute beauté grâce aux bons soins de la société de distribution Malavida. Cette terrible fable antinazie décortique avec un mélange d'humour froid et de lucidité cruelle le processus conduisant un père de famille à embrasser, et même devancer, l'idéologie nazie.

Monsieur Kopfrkingl, employé d'un crématorium sobrement intitulé "le temple de la mort", est un bourgeois rangé et tranquille que l'on jugerait plutôt insipide s'il ne cultivait une dévotion envahissante pour son travail, et surtout pour l'acte de "libérer" les âmes des défunts par la "purification" de la crémation. A de multiples reprises, il explique que la mort est une bénédiction, venant abréger les souffrances terrestres des individus, et que le four qui transforme en 1h15 seulement leurs dépouilles mortelles en cendres leur permet d'accéder plus rapidement que par le biais de la décomposition naturelle à l'apogée de leur existence : redevenir poussières parmi les poussières.

Un personnage qui, dans le contexte de la montée du nazisme et de l'occupation de la Tchécoslovaquie par les nazis, ne semble pas seulement dérangé, mais s'avère carrément terrifiant, et cristallise en lui toute l'ambivalence d'une époque. Tout ce qui, dans le film, a trait aux fours et aux corps réduits en cendres a par ailleurs un aspect extrêmement malaisant, évoquant sans cesse, avec une ironie d'autant plus insoutenable, l'indicible tragédie en cours.

L'incinérateur de cadavres n'en est pas moins une inclassable comédie noire, sorte d'hallucination cinématographique qui plonge le spectateur dans une spirale vertigineuse de violence et de mort (l'élaboration de la machine d'extermination nazie) à travers la figure ambigüe d'un homme à la banalité exemplaire. Kopfrkingl n'est pas, et ne deviendra jamais au cours du récit, un nazi convaincu. Il se moque de la pureté de la race ou des discours d'Hitler. Envoyé comme émissaire dans une fête juive, il s'extasie sur la mélancolie absolue et sur la douceur des chants qu'il y entend. Et pourtant, cet homme en apparence sensible n'hésite ni à alimenter sciemment la haine contre les Juifs, ni à assassiner sa famille, ni même à fantasmer sur des fours pouvant accueillir jusqu'à mille corps, tant que cela vient nourrir son objectif obsessionnel de crémation généralisée.

Le film nous oblige alors à regarder en face des manifestations transparentes et continues d'une horreur tangible dont le spectateur sait qu'elle n'est justement pas fictionnelle. La visite guidée dans le crématorium, comme les propos répétitifs de Kopfrkingl sur la "purification" des corps, sont par exemple des échos insupportables de la réalité concrète de la Shoah. La facilité avec laquelle le personnage se laisse convaincre d'adopter les idéaux nazis (et notamment son revirement face à la question de cette "goutte sang allemande" qui courrait dans ses veines) est elle un rappel des effets rapides et pervers de la propagande. Si c'est pour Juraj Herz une manière de rappeller sans fard à ses compatriotes leur part de responsabilité dans la machine de mort nazie, on peut aussi y lire une mise en garde face aux balbutiements de l'Histoire, au moment même où l'URSS envahissait la Tchécoslovaquie. Ce qui, on le comprend, a irrémédiablement conduit à l'interdiction du film dont le succès en salles était une provocation pour Moscou et ses partisans.

Mais au-delà de sa force politique, L'incinérateur de cadavres bouleverse par son écriture cinématographique en toute liberté, qui vient à chaque scène apporter visuellement un contrepoint à l'intrigue, ou au contraire appuyer la singularité fulgurante du propos. Dès la séquence d'ouverture qui se déroule dans un zoo, le montage ultra découpé qui alterne de gros plans sur les yeux des personnages et des plans tout aussi rapprochés sur les animaux, suivi par des plans en plongée sur les personnages aux visages déformés, annonce à la fois la tonalité étrange du récit et le contraste évident entre la voix-off lénifiante de Kopfrkingl (qui vante sa "famille bénie") et la réalité déjà a priori glaçante. Dans le générique, qui nous fait littéralement pénétrer dans le crâne du personnage, c'est une succession de corps morcelés qui disent tout azimut les fantasmes sexuels du bon père de famille et son absence absolue d'empathie pour ses semblables, morceaux de corps qu'il faut réduire en cendres.

Tout au long du récit, des inserts très brefs viennent ensuite régulièrement nous informer sur les pensées du personnage, flashs presque subliminaux sur des femmes nues, des poitrines en gros plan, ou... la salle de bains dont Kopfrkingl est si fier. Les plans déformés (par le biais du fish eye) se répètent aussi, nous donnant sans cesse l'impression d'évoluer dans une réalité dégradée et absurde, reflet de la Psyché dérangé de celui qui regarde.

Mais ce qui déroute sans doute le plus le spectateur, apportant au film cette sensation de ronde incessante et vertigineuse qui ne s'arrête jamais, exactement comme si on était dans la tête du personnage, ce sont les effets de transition qui semblent abolir tout effet temporel entre les séquences. Ainsi, lors de la séquence de la réception qui a lieu au début du film, la caméra qui filmait en gros plan le visage de Kopfrkingl effectue tout à coup un lent zoom arrière qui dévoile de manière inattendue un tout autre contexte, celui d'une galerie d'art dans laquelle se déroule la séquence suivante. A plusieurs reprises, de la même manière, et sans que le spectateur puisse le prévoir puisque le son continue lui de courir d'une scène à l'autre, le récit subit ainsi des ellipses brusques et déconcertantes, donnant la sensation persistante que chaque moment est comme "fondu" dans le suivant, dans une logique et un ordonnancement qui nous semblent purement subjectifs.

Cette mise en scène inventive et audacieuse, alliée à la beauté d'une image en noir et blanc quasi hypnotique, contribue à faire de L'incinérateur de cadavres une expérience sidérante, dont la singularité est toujours aussi étourdissante 50 ans après sa sortie. C'est une chance inouïe que de pouvoir (re)découvrir ce chef d'oeuvre sur grand écran, surtout à une époque où son message politique intrinsèque a quelques raisons de résonner en nous.

Focus sur Wang Quan’an dans le cadre du festival Un état du monde

Posté par MpM, le 20 novembre 2019

Pour sa 11e édition, le festival Un état du monde qui bat son plein jusqu'au 24 novembre au Forum des images tente une nouvelle fois de décoder le monde en "croisant problématiques géopolitiques et expressions cinématographiques contemporaines".

Cette année, les questions de l'habitat, de l'écologie et des luttes sociales courent en fil rouge à travers les différents volets du festival, qui comprend notamment un panorama du cinéma brésilien contemporain et un coup de projecteur sur le Maroc à travers le regard de la réalisatrice, scénariste et comédienne Mariam Touzani (Adam, qui était sélectionné à Cannes cette année), mais aussi de nombreuses avant-premières (Notre-Dame du Nil d'Atiq Rahimi, Nuestras Madres de César Diaz...)

Le Festival met enfin l'accent sur Wang Quan'an, réalisateur chinois passionnant dont le nouveau film, La femme des steppes, le flic et l'oeuf (précédemment intitulé Ondog, sortie prévue le 24 avril 2020) était en compétition à Berlin cette année. Inspiré par les vastes espaces de la Mongolie extérieure, le film raconte une histoire d’amour singulière, bercée par l’atmosphère propre au lieu. Dans des plans larges d’une grande beauté plastique, semblant souvent observer les personnages de loin, le cinéaste alterne l’humour et la poésie, pour créer une forme de fantaisie burlesque qui tient à la fois de la magie et de l’ultra-quotidien.

Un état du monde présente par ailleurs une rétrospective du travail de Wang Quan'an dont Le mariage de Tuya, Ours d'or en 2007, et ses films moins connus comme La Tisseuse et Eclipse de lune. Le cinéaste donnera également une Masterclass ce jeudi 21 novembre à 18h30, suivie par la projection du formidable Apart together, récit intimiste dans lequel la destinée individuelle des personnages cristallise les tragédies de l’Histoire.

3 cinéastes français parmi les talents à suivre de « Variety »

Posté par vincy, le 20 novembre 2019

Variety a dévoilé sa liste annuelle des nouveaux cinéastes à suivre. Parmi les dix réalisateurs prometteurs, le magazine professionnel américain a retenu trois français: Mati Diop, Grand prix du jury à Cannes avec Atlantique, candidat aux Oscars pour le Sénégal, Ladj Ly, Prix du jury à Cannes pour Les Misérables, candidat aux Oscars pour la France, et Nicolas Bedos, pour La Belle époque, son deuxième long-métrage.

Les autres cinéastes sont les américains Esteban Arango (Blast Beat), Radha Blank (The 40-Year-Old Version), Chase Palmer (Naked Singularity), Janicza Bravo (Zola) et Nicole Riegel (Holler), le britannique Rupert Goold (Judy) et l'australienne Shannon Murphy (Babyteeth, qui a fait sensation à Venise).

Ces cinéastes seront honorés au festival de Palm Springs en Californie le 3 janvier.

Ces dernières années, des réalisateurs comme Ali Anbasi, Pippa Bianco, Greta Gerwig, Samuel Maoz, Chloé Zhao, Barry Jenkins, Kleber Mendonça Filho, Maren Ade, Laszlo Nemes, Ciro Guerra, Alex Garland, Matt Ross, Sean Baker, Ava DuVernay, Ruben Osltund avaient été cité dans les listes des réalisateurs à suivre de Variety. C'es la première fois que trois français sont nommés la même année. Xavier Legrand, Julie Ducourneau et Deniz Gamze Erguven avaient été sélectionnés au cours des années récentes.

Ladj Ly confirme sa trilogie sur la banlieue

Posté par redaction, le 20 novembre 2019

Les Misérables sort aujourd'hui avec un plan promo assez rare pour un premier film français. Ladj Ly et son équipe se sont partagés interviews pour les médias. Le film, prix du jury au festival de Cannes, prend le pouls de notre époque et d'une société française fracturée pour s'enfermer au final dans un face à face irréconciliable, pas loin d'un épilogue à la Carpenter. Candidat de la France pour l'Oscar du meilleur film international, soutenu par Kathryn Bigelow, Spike Lee et Michael Mann, entre autres, le film est en lice pour les European Film Awards dans trois catégories dont celle du meilleur film.

Dans une interview au Monde, Ladj Ly annonce que ce film sera le premier d'une trilogie. "L’idée de cette trilogie, c’est de raconter la banlieue sur les trente dernières années. Ces territoires sont abandonnés par l’Etat, par les pouvoirs publics, et j’ai envie de raconter cela de l’intérieur. Le deuxième volet sera un biopic sur Claude Dilain, l’ancien maire socialiste de Clichy-sous-Bois, qui s’est tellement impliqué dans la ville, pour que les gens vivent mieux… Le troisième volet portera sur les années 1990."

Il confirme qu'il travaillera avec la même équipe, y compris en production. Malgré le manque de moyens, et le désistement de partenaires financiers, Les Misérables a pu voir le jour. "Les producteurs ont beaucoup apporté au film. Tout ce qu’on écrivait, ils le relisaient, nous faisaient des retours, il y avait un vrai échange. Après, j’avais une liberté totale de raconter ce que je veux. Même s’ils n’étaient pas d’accord, on en discutait…" confie le cinéaste, qui plaide pour la fidélité.

[J'accuse] Polanski sur la sellette, des séances annulées et des élus qui veulent censurer

Posté par vincy, le 19 novembre 2019

Après son exclusion des Oscars, Roman Polanski pourrait être évincé des organisations professionnelles françaises. Depuis les révélations de Valentine Monnier, qui accuse le cinéaste de l'avoir violée dans les années 1970 alors qu'elle avait 18 ans, le malaise se répand dans toute la profession. Cela n'empêche pas son dernier film, J'accuse de prendre la première place du box office cette semaine avec 376000 spectateurs en 5 jours, soit son meilleur démarrage en plus de 30 ans. Le film fait déjà quatre fois mieux que le résultat final de sa précédente réalisation, D'après une histoire vraie, et a également dépassé le box office total de La Vénus à la fourrure, sorti en 2013.

Reste que la polémique enfle. la Société civile des auteurs, réalisateurs et producteurs (ARP) a décidé d'instituer de nouvelles règles : tous membres condamnés ou poursuivis pour des infractions sexuelles conduiront à la suspension du réalisateur. "Quarante ans se sont passés entre la première affaire qui concerne Roman Polanski et aujourd’hui. Je pense que le monde a beaucoup changé en quarante ans. Les crimes sont les mêmes, mais la façon dont ils sont perçus a énormément changé" a déclaré le président de l'ARP, Pierre Jolivet. Clairement, il a précisé que Roman Polanski serait concerné par une suspension.

Le changement de statut sera proposé au vote lors de la prochaine assemblée générale; dont la date n'a pas encore été fixée.

Depuis la prise de parole d'Adèle Haenel, concernant le réalisateur Christophe Ruggia, qui devrait être prochainement exclu de la SRF, le milieu du cinéma tente de réagir pour lutter contre le harcèlement sexuel. Le nom de Polanski est autrement plus symbolique, de par sa notoriété et la multiplicité des affaires qui le visent. La SRF, justement, a, par la voix de Rebecca Zlotowski, membre du Conseil d'administration et co-créatrice du Collectif 5050, "aussi appelé, aux côtés d’autres organisations d’auteurs et du Collectif 5050, à des États généraux sur les questions des abus sexuels et des harcèlements dans notre industrie, dans le but d’aboutir à une charte, un code de conduite commun, et des mesures spécifiques." L'Académie des César refuse toujours de s'exprimer sur ce cas.

Cependant, pour l'instant, ce sont les exploitants qui sont en première ligne sur le front. L'avant-première de J'accuse au mythique Champo, un des rares cinémas dirigé par une femme, Christiane Renavand, a ainsi été annulée par une manifestation de féministes. D'autres militantes féministes ont fait interrompre puis annuler des séances à Rennes et à Saint-Nazaire ce week-end.

Censure politique en Seine-Saint-Denis

Et ce n'est pas fini puisque cet après-midi, nous avons appris que les élus d'Est Ensemble, intercommunalité qui regroupe 9 villes, ont ordonné, contre l'avis des cinémas, la déprogrammation de J'accuse dans les six sites qu'elle gère à Pantin (le Ciné 104), Bagnolet (le Cin'Hoche), Bondy (le Ciné Malraux), Bobigny (l'Ecran Nomade), Romainville-Noisy le Sec (le Trianon) et Montreuil (le Méliès). Cette décision fait suite à la réclamation de la maire socialiste de Bondy, Sylvine Thomassin, et a été soutenue par l'ensemble des groupes politiques: "On est effarées que l'administration des salles se permette une telle diffusion, sans demander ce que les politiques en pensent" a-t-elle expliqué. On est effaré que des élus se croient encore autorisé à interdire un film. Il s'agit d'un cas inédit de censure "officielle".

[Censure. Nom féminin, du latin censura. Examen préalable fait par l'autorité compétente sur les publications, émissions et spectacles destinés au public et qui aboutit à autoriser ou interdire leur diffusion totale ou partielle. (En France, les films doivent comporter un visa de censure, le visa d'exploitation, délivré par le ministre de la Culture après avis d'une commission.]

Le président d'Est Ensemble, le socialiste Gérard Cosme, a cependant communiqué qu'il "paraissait peu crédible et peu souhaitable que la programmation relève d'un comité d'élus ou même du président", choisissant ainsi "la liberté de programmation artistique" aux établissements. Un revirement radical, qui va à l'encontre du vote des élus qu'il préside donc. Sagement, il refuse donc de déprogrammer le film mais demande aux cinémas d'organiser "un débat en présence des associations et des élus qui le souhaitent et qui se sont exprimés en faveur de la déprogrammation". Or, les directeurs des cinémas n'ont pas attendus les élus pour débattre autour du film et du cinéaste.

Dans le cadre de la projection du film de Polanski, deux débats étaient prévus au Méliès: "Choisir de voir ou non le dernier Polanski ?", avec les associations féministes Nous Toutes et Collage Féminicide et "L'Affaire Dreyfus et l'antisémitisme d'hier et d'aujourd'hui" avec la Ligue des Droits de l'Homme. Adèle Haenel avait elle-même initié et milité pour des débats encadrant le film.

Avant l'annulation de la déprogrammation, le directeur artistique du Méliès, Stéphane Goudet s'était exprimé sur Facebook pour alerter ceux qui ne prennent pas la mesure d'une telle censure: "Nous demandons dès à présent à nos élus la liste des cinéastes dont nous n'aurons plus le droit de programmer les films et la définition de leurs critères. Un comité de vérification de la moralité des artistes programmés est-il prévu, puisque la liberté individuelle des spectateurs n'est pas suffisante ? L'interdiction doit-elle être étendue aux délits, et si oui lesquels ? Nous souhaitons également savoir quel sort sera réservé aux écrivains et peintres condamnés pour crimes dans les bibliothèques d'Est Ensemble. Selon toute vraisemblance, les livres de Céline et Althusser, les DVD de Max Linder, Brisseau, voire Woody Allen (plus besoin ici de décision de justice), les disques de Michael Jackson et les ouvrages sur Le Caravage et Gauguin devraient être retirés des rayonnages."

Lire aussi : Voir ou ne pas voir « J’accuse »

European Film Awards: La Favorite prend les devants

Posté par redaction, le 19 novembre 2019

Après les nominations principales (film, réalisateur, prix du public...), la European Film Academy et EFA Productions a révélé ses premiers lauréats en vue de la cérémonie des European Film Awards, qui se tiendra à Berlin le 7 décembre. Ces prix "techniques" sont décernés par un jury composé de huit professionnels: Nadia Ben Rachid, monteuse, Vanja Cernul, directeur de la photographie, Annette Focks, compositrice, Gerda Koekoek, coiffeuse & maquilleuse, Eimer Ní Mhaoldomhnaigh, créatrice de costumes, Artur Pinheiro, chef décorateur, Gisle Tveito, ingénieur du son, et István Vajda, superviseur effets visuels.

La Favorite, en lice pour cinq prix dont celui du meilleur film, par décidément favori. le film de Yorgos Lanthimos a récolté le prix de la meilleure photographie (Robbie Ryan), le prix du meilleur montage (Yorgos Mavropsaridis), le prix des meilleurs costumes (Sandy Powell) et le prix des meilleurs coiffure-maquillage (Nadia Stacey).

Antxon Gomes repartira avec le prix des meilleurs décors pour Douleur et Gloire de Pedro Almodovar (qui est en lice dans 5 catégories principales). John Gürtler est récompensé pour sa musique de Benni (SystemSprenger) de Nora Fingscheidt, nommé dans 3 catégories (Ad Vitam sort le film en mars prochain). Le meilleur son revient à Eduardo Esquide, Nacho Royo-Villanova & Laurent Chassaigne pour Companeros, d' Alvaro Brechner. Les meilleurs effets visuels sont pour Martin Ziebell, Sebastian Kaltmeyer, Néha Hirve, Jesper Brodersen & Torgeir Busch pour leur film About Endlessness de Roy Andersson, qui sortira en avril 2020 chez KMBO.

Parité, égalité, diversité : le cinéma s’engage derrière le collectif 5050

Posté par redaction, le 18 novembre 2019

En pleine affaires Haenel et Polanski, les Assises sur la parité, l'égalité et la diversité dans le cinéma et l'audiovisuel, organisées par le Collectif 50/50 en partenariat avec le CNC tombaient à pic jeudi dernier. Le ministre de la Culture, Franck Riester, a d'ailleurs fait le déplacement, tant le sujet est désormais au cœur du secteur. Rappelant qu'il serait toujours du côté des créateurs pour leur liberté de créer, le ministre a concédé qu'il fallait redistribuer les pouvoirs et renforcer les moyens. Mais surtout il a annoncé le conditionnement du versement de "toutes les aides du CNC" au "respect d’obligations précises en matière de prévention et de détection du harcèlement sexuel". De plus il a assuré la mise en place d’une cellule d’alerte à destination des victimes de violences sexuelles dans le secteur du spectacle vivant, de l’audiovisuel et du cinéma dès le 1er janvier 2020.

Car pour le ministre, toutes les affaires qui secouent actuellement le cinéma français sont avant tout les symptômes de la faillite d'un système. Deux ans après #MeToo, la société française semble enfin prendre la mesure des dérives de sa culture patriarcale. Certains se désoleront de cette moralisation voire du puritanisme ambiant, de cette américanisation des mœurs. Mais la France est encore loin des Etats-Unis concernant son rapport au sexe. On ne boycotte pas Gauguin. J'accuse de Roman Polanski a attiré 500000 spectateurs lors de sa première semaine. On peut encore montrer des fesses, un pénis ou des seins sans être interdits aux moins de 16 ans. Les rares appels au boycott sont suivis de peu d'effets, même si quelques ligues religieuses font modifier le classement des films où la sexualité est explicite.

Il était en revanche nécessaire et urgent que la profession se dote de règles et protège ceux et celles victimes de harcèlement ou de violences. Que le créateur soit libre, c'est ce qu'on peut espérer. Que le prédateur qui est potentiellement en lui, puisse agir en toute impunité, on peut légitimement ne pas l'excuser. Dominique Boutonnat, Président du CNC, soutient ainsi la création de sessions spécifiques de formation pour accompagner les professionnels afin de prévenir et agir face à des comportements inappropriés, sur les tournages comme lors de la promotion d'un film.

Lors de ces Assises, deux annonces ont été faites. Tout d'abord, la mise en place d'une Charte pour l'inclusion dans le Cinéma et l'audiovisuel pour adapter la loi française à l "inclusion rider" américain et l'appliquer dans les contrats français. Cette charte a été signée par neuf syndicats (producteurs, agents, cinéastes, scénaristes...). Cette charte est accompagnée d'une base de données de professionnels issus des minorités, la Bible 5050.

Ensuite, la mise en place d'une autre Charte pour la parité et la diversité dans les sociétés des distribution, d'édition et d'exploitation cinématographique. "La diversité c'est un constat, l'inclusion c'est un acte" a rappelé la réalisatrice Rebecca Zlotowski. Cette charte a été signée par 40 sociétés de distribution, d'exploitants et d'édition. La circuit CGR a signé la charte lors des Assises.

Le collectif 5050 propose par ailleurs la nomination systématique d'un référent sur les plateaux de tournages, l'inscription d'un rappel à la loi sur le harcèlement dans les contrats, l'implication des assureurs du secteur pour prendre en charge le dommage économique lié à un arrêt de tournage à cause d'un cas de harcèlement, l'inscription de la hotline 3939 "Violences Femmes Info" sur les feuilles de route par les sociétés de production.

Cela ne résoudra pas tous les problèmes (homophobie et racisme sont un peu mis à l'écart), mais en intégrant le concept de discrimination positive et en prenant acte des violences faites aux femmes, il semblerait que le cinéma français se réforme et assimile enfin l'émancipation des femmes.

Marina Fois au Brésil

Posté par vincy, le 17 novembre 2019

Marina Fois a annoncé sur son (fabuleux) compte Instagram qu'elle était en tournage au Brésil (ce qui explique son absence dans la nouvelle salve de Burger Quizz sur TCM). Elle tourne sous la direction du cinéaste brésilien Alex Carvalho La salamandre, avec Maicon Rodrigues, star de la TV brésilienne.

Le scénario a été coécrit par le réalisateur, dont ce sera le premier long métrage, Thomas Bidegain (collaborateur de Jacques Audiard) et Alix Delaporte (Angèle et Tony), d'après le roman éponyme de Jean-Christophe Rufin, qui s'était inspiré de faits réels. Paru en 2005, le best-seller raconte l'histoire de Catherine, quinquagénaire restée célibataire, cadre supérieur, qui décide de quitter Paris pour s'installer au Brésil, séduite par le pays et par un jeune gigolo dont elle est tombée amoureuse. Mais en vivant sur place, elle découvrira un autre Brésil. Ce sera le début de sa descente aux enfers ...

Coproduit par High Sea Production (Papicha, L'échange des princesses), Cinenovo, N Filmes, San Cinema et Primo Filmes, le film, qui se tourne à Récife actuellement, sortira l'an prochain.

Un duel entre Matt Damon et Adam Driver pour Ridley Scott

Posté par vincy, le 16 novembre 2019

Disney commence à digérer la Fox et a choisi comme l'un des premiers projets post-acquisition le prochain film de Ridley Scott, The Last Duel. Le feu vert a été lancé pour ce film alors que l'agenda de la Fox restait relativement anémique pour les deux années à venir.

Le film, scénarisé par Matt Damon et Ben Affleck, oscarisés pour leur scénario de Will Hunting il y a plus de 20 ans, et qui ont collaboré Nicole Holofcener (Les faussaires de Manhattan), sortira le 25 décembre 2020 en Amérique du Nord, à temps pour les Oscars. Il s'agit de l'adaptation du livre d'Eric Jager, Le dernier duel (publié en France chez Flammarion).

Le casting réunit Matt Damon et Ben Affleck, mais aussi Adam Driver et Jodie Comer (Killing Eve, Doctor Foster).

Il s'agit de l'histoire du duel judiciaire qui a opposé en 1386 sur ordre du roi Charles VI, les seigneurs normands rivaux et rancuniers Jacques Le Gris (Damon) et Jean de Carrouges (Driver). Marguerite de Carrouges (Comer) avait accusé Le Gris de l'avoir violée, et son époux n'ayant pu obtenir que son suzerain le comte Pierre lui fasse justice. Aussi l'affaire avait été portée jusqu'au roi et le Parlement de Paris a tranché en faveur d'un duel judiciaire. Ce sera la dernière fois qu'un tel jugement sera rendu en France. Le 29 décembre 1386, à Paris, devant le roi, les deux hommes qui vont se battre à mort avec pour seul juge Dieu. Celui qui tuera l'autre verra sa cause reconnue et son honneur lavé et le vaincu sera réputé menteur à la face de Dieu et des hommes, et son corps pendu.

La Fox boucle son programme pour 2020...

Certains films, trop engagés dans la production, ont survécu à la fusion de la Fox avec Disney: Deep Water, thriller d'Adrian Lyne avec Ben Affleck et Ana De Armas, d'après le roman de Patricia Highsmith, dont la sortie est planifiée pour novembre 2020, The King's Man, préquelle de la franchise The Kingsman, désormais calée à l'automne 2020.

Se spécialisant de plus en plus dans les films de genre pour ados ou adultes, la Fox a aussi en stock Underwater, avec Kristen Stewart (janvier 2020), The New Mutants, avec Antonio Banderas (mars 2020), La femme à la fenêtre, reporté à mai 2020, avec Amy Adams, Gary Oldman et Julianne Moore, Free Guy, avec Ryan Reynolds, Jodie Comer et Channing Tatum (juin 2020), Bob's Burgers: The Movie, un film d'animation musical (juillet 2020), The Empty Man (août 2020), Mort sur le Nil, d'après Agatha Christie, avec Gal Gadot, Armie Hammer et le réalisateur Kenneth Branagh (octobre 2020), le musical Everybody's Talking About Jamie (octobre 2020) et West Side Story, le remake de Steven Spielberg (décembre 2020). Fox Searchlight distribuera aussi au printemps The Personal History of David Copperfield, biopic avec Tilda Swinton, Dev Patel et Hugh Laurie.

En revanche, au-delà de noël 2020, le planning de la Fox reste assez vide. Il y a bien Ron Gone Wrong, film d'animation dorénavant prévu pour février 2021 et le film d'animation de Blue Sky, Nimona, programmé pour l'hiver 2022. Sans oublier la saga Avatar à partir de Noël 2021, qui s'intercale entre les Star Wars pour les fêtes de fin d'année. Mais c'est le seul grand studio qui n'a pour l'instant rien annoncé pour l'été 2021. C'est là qu'on pourra comprendre la stratégie du groupe Disney pour sa nouvelle filiale.

Paul Thomas Anderson en tournage cet hiver

Posté par vincy, le 15 novembre 2019

Paul Thomas Anderson a annoncé qu'il préparait son prochain long métrage. Trois ans après Phantom Thread, le cinéaste tournera en février prochain l'histoire d'un lycéen, enfant comédien à succès, dans la Vallée de San Fernando (banlieue de classes moyennes au nord de Los Angeles), dans les années 1970.

Le film pourrait sortir à la fin de l'année 2020, à temps pour les Oscars. Né en 1970 et ayant grandi dans la Vallée de San Fernando, le réalisateur y a déjà tourné plusieurs de ses grands films: Boogie Nights, sur le milieu porno des seventies, Magnolia, fresque chorale autour de la toxicité masculine, et Punch-Drunk Love, comédie romantique autour d'un célibataire un peu névrosé.

Pas de casting, pas de titre pour l'instant selon The Hollywood Reporter qui a révélé l'information. Anderson a écrit et produira son 9e long métrage. Outre le rôle principal, le cinéaste est à la recherche de nombreux acteurs et actrices pour ce film qui pourrait avoir plusieurs intrigues entremêlées.

Depuis Phantom Thread, PTA a réalisé plusieurs clips pour Haim et un court-métrage musical avec Thom Yorke de Radiohead, Anima, disponible sur Netflix. Ours d'or et Ours d'argent à Berlin, prix de la mise en scène à Cannes, le réalisateur a été huit fois nommé aux Oscars, et n'en a jamais reçu.