Des films sans images (mais avec du son)

Posté par vincy, le 25 octobre 2019

Cinésonore. France Culture et le MK2 Bibliothèque ont proposé le 4 juillet dernier une expérience inédite: "l’écoute d’une œuvre en son spatialisé (le son enveloppe l’auditeur grâce à un mixage spécifique) dans une salle de cinéma". L'écran, lui, est éteint. "C’est dans la pénombre et l’intimité de notre crâne que l’on découvre Le Brasier Shelley, un film sonore de Ludovic Chavarot et Céline Ters, auquel Gaspard Ulliel, Marianne Faithfull, Warren Ellis et Lola Peploe ont notamment prêté leur voix" expliquaient les organisateurs.

"Le son immersif, c’est un son qui enveloppe l’auditeur grâce à un mixage spécifique et une diffusion en 7.1 – une expérience d'écoute avec 8 sources de diffusion. Un nouveau format très immersif aux effets surprenants sur l’auditeur," comme le résume Frédéric Changenet, ingénieur du son qui a travaillé, sur France Culture. Le spectateur se crée ses propres images, mentalement.

Ce n'était pas vraiment une première puisque la Fiac Hors les Murs en 2015, avait déjà lancé cette forme de "projection". Il s'agissait alors de deux films fantômes réalisés  à partir des scénarios non concrétisés de Bertrand Bonello: Madeleine d’entre les morts et La Mort de Laurie Markovitch. Depuis, une trentaine d’œuvres de ce genre ont été diffusées à la maison de la Radio. Mais en juillet, c'était la première fois que ce cinésonore investissait une salle de cinéma. Sur le site dédié de Radio France (hyperradio pour le son spatialisé), on peut aussi écouter Vent clair d'après Andreï Tarkovski

L'expérience immersive intéresse aussi la chaîne TCM. La chaîne de Warner Media, qui fête ses 20 ans en France, a annoncé il y a quelques semaines une création originale audio, un western baptisé Morts à l'aveugle, pour janvier 2020.  Ce western audio d'une heure sera un podcast décrit comme "un film à ressentir et écouter qui met en scène un thriller dans un monde western". Il sera découpé en épisodes pour les plateformes de podcasts et les réseaux sociaux. Un écran noir pour une sieste blanche...

Le son redevient tendance. Podcasts, livres audio, feuilletons et fictions radiophoniques comme au temps d'Orson Welles. Alors pourquoi pas du cinéma...

Jonathan Glazer annonce son retour

Posté par vincy, le 24 octobre 2019

Jonathan Glazer, le réalisateur de Sexy Beast, Birth et Under the Skin, a annoncé que son prochain film était lancé en pré-production. Deadline a révélé que le studio américain A24, le britannique Film4, Access Entertainment, James Wilson (You Were Never Really Here) et Ewa Puszczy?ska (Cold War) allaient faire équipe sur ce projet.

Il s'agira d'un drame sur la Shoah, qui se tournera en Pologne l'an prochain.

Jonathan Glazer, 54 ans, n'a rien tourné depuis Under the Skin en 2013. Pas même un vidéo-clip, genre qui a fait sa réputation (Radiohead, Massive Attack, Jamiroquai, Blur). Après Birth, il avait mis neuf ans pour sortir Under the Skin, en compétition à Venise. Cette fois-ci, il s'attaque à un roman de Martin Amis, La zone d'intérêt (publié en 2015 en France). Le livre est raconté par trois personnes dans le camp polonais d'Auschwitz, en 1942: l'horreur innommable côtoie la banalité journalière. Angelus Thomsen, le neveu du secrétaire d'Hitler, qui tente de conquérir la belle Hannah Doll, le mari de celle-ci, le commandant Paul Doll, ridicule personnage moqué de tous, et enfin, Smulz, Juif nommé chef des Sonderkommandos et obligé d'aider au massacre.

L'adaptation devrait être très libre selon les confidences du cinéaste dans un podcast il y a quelques semaines. Il a raconté qu'il se souvenait, enfant, avoir regardé des images de la Seconde Guerre mondiale et avoir été choqué par certaines d'entre elles: "Je me souviens d'avoir été captivé par le visage des passants, des spectateurs, des complices. Des Allemands ordinaires". Il poursuit: "J'ai commencé à me demander comment il serait possible de rester là et de regarder ça. Certains visages appréciaient réellement ce spectacle , cette sorte de cirque."

Même si, pour lui, toutes ces histoires sont hélas transposables actuellement, Auschwitz ne sera pas un décor ,ni un contexte. Le camp sera essentiel à l'intrigue.

Une campagne de financement participatif pour donner vie au roman graphique du cinéaste Rosto

Posté par MpM, le 23 octobre 2019

L'univers du cinéaste néerlandais Rosto, qui nous a quittés en mars dernier, était peuplé de créatures à la fois humaines et monstrueuses hantant des récits en forme de cauchemars éveillés, à l'ambiance singulière et hypnotique. Ses courts métrages forment une oeuvre cohérente et incontournable, dans laquelle la musique de son groupe Thee Wreckers et son roman graphique en ligne Mind my gap (lui-même adapté dans la trilogie qui réunit Beheaded, (The Rise and Fall of the Legendary) Anglobilly Feverson et Jona/Tomberry) jouent un rôle prépondérant. Il avait d'ailleurs eu les honneurs des plus grands festivals, de Cannes (Grand Prix Canal+ à la Semaine de la Critique en 2005 pour Jona/Tomberry) à Ottawa (Grand prix pour Lovely Bones en 2013).

Au moment de sa mort, il travaillait sur un projet central dans son travail : la création d'une version physique de son roman graphique, qu'il souhaitait également adapter en long métrage. L'objet devait être accompagné des chansons de son groupe.

Autour de minuit, société de production et de distribution spécialisée dans l'animation, et fidèle compagnon de route de l'artiste dont il a produit les quatre derniers films (Le Monstre de Nix, Lonely Bones, Splintertime, Reruns) et distribue tous les autres, a décidé de reprendre le flambeau afin de mener le projet à terme.

Rosto avait terminé la maquette des 210 pages du roman graphique ainsi que l’enregistrement et le mixage des 30 morceaux du double album Songs From My Gap. Il s'agit donc d'en finaliser les éléments graphiques et d'en superviser l'édition, ainsi que de créer les différents objets qui les accompagneront comme le DVD/Blu-Ray de sa Tétralogie, un vinyle 33 tours collector (So far, so evil) ou encore un Flipbook inédit, qui sont tous proposés comme contreparties dans le cadre de la campagne participative.

Pour se replonger dans l'expérience exceptionnelle de Mind my gap, (re)découvrir l'oeuvre unique du réalisateur, ou tout simplement contribuer à sa mémoire bien vivante, vous êtes ainsi invités à participer au financement participatif en cours sur le site KissKissBankBank jusqu'à la fin du mois de novembre.

Fernando Meirelles : des papes au climat

Posté par vincy, le 22 octobre 2019

Au festival du film de Mumbai, en inde, le réalisateur brésilien Fernando Meirelles présentait son nouveau film, The Two Popes, avec Anthony Hopkins et Jonathan Pryce, respectivement les papes Benoît XVI et François. Le film sera diffusé sur Netflix le 20 décembre après avoir tourné dans les festivals de Telluride, Toronto, Busan, Londres et Chicago.

Et c'est toujours avec Netflix que le cinéaste fera affaire pour son prochain film. Il s'agira d'un drame autour des changements et bouleversements du climat. Lors de sa masterclasse en Inde, le réalisateur a expliqué: "les gens n'aiment pas lire ou parler de ce sujet, parce que c'est un peu effrayant. Le défi est de faire un film regardable et qui engage le public." Certaines scènes seront d'ailleurs tournées en Inde.

L'environnement est d'ailleurs au cœur de su documentaire de Jared P. Scott, qu'il vient de produire avec le musicien malien Inna Modja, The Great Green Wall, présenté à Venise.

Fernando Meirelles, nommé à l'Oscar du meilleur réalisateur pour La cité de Dieu en 2004, et primé à Venise pour The Constant Gardener en 2005, n'avait réalisé aucun long-métrage pour le cinéma depuis 360 en 2011.

[Lumière 2019] Bong Joon-ho, son cinéma et son « tempérament bizarre »

Posté par Morgane, le 21 octobre 2019

Après avoir reçu la Palme d'Or au dernier Festival de Cannes avec Parasite (qui a attiré 20000 spectateurs depuis sa sortie rien qu'au cinéma Comoedia de Lyon, soit un record hors-Paris), Bong Joon-ho a été l'un des invités d'honneur de cette édition du Festival Lumière. C'est l'occasion de découvrir toute sa filmographie - dont le splendide Memories of Murder, rattrapé par l'actualité le mois dernier - ainsi que les films coréens qu'il nous propose via sa carte blanche.

Et en ce jour pluvieux, rien de mieux que d'aller écouter ce grand monsieur du 7e art, souvent drôle, toujours humble, et même assez modeste. Pour cette masterclass à la Comédie Odéon mister Bong Joon-ho est accompagné de sa traductrice (qui fait ici un excellent travail!), de Didier Allouche et de Bertrand Tavernier qui a tenu à être présent pour "dire publiquement son amour à Bong Joon-ho, car les hommages posthumes c'est pas si bien que ça."

Les screen quotas
"Ce système des screen quota mettait en place le nombre de jours où les cinémas devaient montrer des films coréens. Mais cela a posé des problèmes lors des accords de libre-échange avec les États-Unis. A la fin des années 90, quand je préparais Barking dog, il y avait des mouvements pour protéger ces quotas. Mais aujourd'hui les screen quotas ont disparu et pourtant le cinéma coréen a réussi à trouver sa place. En Corée du sud, je dirai que c'est du 50-50 entre le cinéma national et le cinéma américain."

Et Bertrand Tavernier d'ajouter "qu'aujourd'hui tout film gagne à être coréen!"

L'image des forces de l'ordre
Dans The Host et Memories of murder, les forces de l'ordre ne sont pas à leur avantage. "Oui, ce sont des policiers des années 80 qui travaillaient pendant la dictature militaire. Mais c'est assez réaliste." Le tueur de Memories of murder a d'ailleurs été arrêté il y a un peu moins d'un mois. Bertrand Tavernier demande alors si ça change son rapport au film. "C'était une affaire non classée qui restait entourée de mystères. Le film est sorti en 2003 sur ce fait qui s'est déroulé dans les années 80. Lorsque le tueur a été arrêté, j'avais des sentiments très troubles, complexes. Maintenant les spectateurs verront la scène finale différemment je pense. Mais j'aimerais garder le film tel qu'il est. Ce serait comme une sorte d'archive de l'époque. Concernant l'image du criminel, pendant l'écriture du scénario, j'avais l'impression de devenir fou. J'avais rencontré des policiers, des proches des victimes, des journalistes, mais celui que je voulais rencontrer c'était le meurtrier et je ne pouvais que l'imaginer. Je me suis donc inspiré et appuyé sur certains films pour cela."

Parti-pris visuels très forts
Bertrand Tavernier: "Vous devez avoir rudement confiance en vous pour tenir ces parti-pris (dans Memories of murder notamment) ou alors vous êtes extrêmement audacieux!"

"Merci pour le compliment mais je crois que c'est dû à mon tempérament bizarre. J'ai un comportement qui part dans tous les sens. Quand on regarde les archives des années 80, c'est une vraie comédie noire. Bien sûr les crimes sont terribles, mais quand on prend de la distance et qu'on regarde les policiers, on a de suite l'image d'une comédie noire. Ils veulent absolument capturer ce criminel, mais n'y arrivent pas. Ils en deviennent complètement fous. Ils vont même jusqu'à consulter un chaman. C'est donc à la fois drôle, car ils sont gauches, mais aussi triste car ils sont réellement désespérés. L'horreur, le désespoir et la comédie étaient déjà assemblés."

Chaque film contre le précédent
" Vous avez vu juste. Quand j'écris le scénario, ce n'est pas intentionnel. Pourtant quand je prends un peu de recul; je réalise que j'écris en effet que chaque film est en réaction avec le précédent."

Clivages sociaux
"Je n'ai pas forcément de message politique ou social. Mon obsession c'est l'intérêt que je porte aux gens qui m'entourent. Quand on creuse et qu'on parle d'une société, on parle de toutes façons de la Société et de l'Histoire. Et surtout en Corée où il est impossible de dissocier la Société de l'Individu." Le cas particulier de The Host est très intéressant. Sans forcément vouloir passer de message force est de constater que les membres de la famille sont méprisés car de classe populaire. "Les personnages principaux dirigent un petit snack et font partie du peuple. Ils se demandent s'ils peuvent vraiment être protégés par le pouvoir. C'est à partir de là donc qu'on a à la fois une comédie et des éléments dramatiques."

Cellule familiale
Pourquoi une telle importance de la cellule familiale? "En effet, pourquoi? Je ne m'en rendais pas forcément compte. Mais ce sont toutes des familles qui ont des failles (dans Mother la mère est seule avec son fils, dans The Host la mère n'est plus là). Finalement c'est la première fois dans Parasite que je montre des familles traditionnelles avec un père, une mère et leurs enfants."

Dans tout succès réside une part de mystère
Comment expliquer le triomphe "global" de Parasite? "Pour être honnête, lors de la production, on espérait juste pouvoir rentrer dans nos frais car on trouvait l'histoire bizarre et on était donc assez inquiet. Je n'étais pas du tout sur de moi. Alors c'est moi qui vous retourne la question, comment expliquez-vous ce succès?"

[Lumière 2019] Francis Ford Coppola reçoit avec émotion le Prix Lumière

Posté par Morgane, le 20 octobre 2019

Comme chaque année depuis dix ans, la salle du Palais des Congrès se gonfle de monde, tous venus venus assister à la Remise du Prix Lumière. Après Jane Fonda, Wong Kar-wai, Catherine Deneuve, Martin Scorsese, Pedro Almodovar, Quentin Tarantino, Ken Loach, Gérard Depardieu, Miles Forman et Clint Eastwood, c’est donc à Francis Ford Coppola qu’est attribué le Prix de cette nouvelle édition du Festival Lumière.

Les invités sont nombreux. Coppola est accompagné de sa femme Eleanor (réalisatrice de Au cœur des ténèbres: l’Apocalypse d’un metteur en scène et Paris can wait) et de son fils Roman. Les hommages se succèdent. Jeanne Cherhal au piano chante le thème du Parrain de Nino Rota dont les paroles françaises sont de Boris Bergman. Quelques films des frères Lumière sont projetés. Il y a aussi l'inévitable retour en images sur les 10 ans du festival, sur cette édition en particulier et sur Coppola célébré! John Osborn chante l’aria de l’Arlesienne. Sofia, qui est en ce moment à Tokyo, et ses deux filles, ont envoyé une vidéo de félicitations, tout comme James Gray qui évoque son amour et son admiration pour le Maestro.

Bong Joon-ho marqué par Apocalypse Now
Puis c’est à Bong Joon-ho, Palme d'or cette année pour Parasite, de prendre la parole. "C’est un honneur. Je suis un peu en train de trembler. Francis Ford Coppola a fait des films extraordinaires et a changé l’histoire du cinéma. Je ne vais pas m'étaler là-dessus car ça prendrait des heures. Quand Apocalypse Now est sorti en 1979 je n’ai pas pu le voir car il était censuré en Corée. C’est en 1988 qu’il est enfin sorti sur les écrans en Corée. J’étais à l’université et je suis allé le voir le premier jour de sa sortie. Ça a été un choc incroyable, indescriptible! Ensuite j'ai vu le documentaire. On y voyait Coppola aux Philippines, torse nu car il faisait très chaud. Et face caméra il demandait: "Qu'est-ce que le cinéma?" et il disait qu'un enfant de 9 ans, si il veut réaliser un film, il le peut. Ça m'a donné du courage." Après ça, il s'est inscrit au ciné-club de son Université et a réalisé un premier court-métrage. Autre anecdote en lien avec Coppola. "Pour m'entraîner je me suis mis à faire des storyboards de films existants et je l'ai fait avec Le Parrain, une scène de crime. Je suis quelqu'un de non violent mais quand je vois un crime je ne sais pas pourquoi mais ça m'excite. Et aujourd'hui j'ai Coppola en face de moi et je suis tout tremblant. Je suis vraiment très honoré!"

Nathalie Baye et l'expérience cannoise
C'est ensuite Nathalie Baye qui monte sur scène. Elle et le Maestro se sont rencontrés à Cannes lorsque ce dernier était président du jury et elle membre du jury. C'était en 1996. Elle parle de son amour pour le cinéma de Coppola qui parle à tous. Un cinéma indémodable. "A Cannes c'était un président formidable, d'une grande écoute et bienveillant. Il a un humour fou" Et Nathalie Baye de raconter que sur la Croisette cette année-là, un spectateur en bas des marches avait confondu Coppola avec Carlos." Quand je leur ai expliqué qui était Carlos, Francis et Eleanor ont beaucoup ri!"

Tavernier et son sublime hommage
Eleanor et son fils Roman montent sur scène accompagnés de Bertrand Tavernier. C'est à ce dernier que revient l'éloge final. Comme à son habitude Tavernier, Président de l'institut Lumière, délivre un hommage d'une grande beauté, digne de la Bible du Cinéma qu'il est! Tavernier sait manier sa plume. "Je crois qu'on a eu une bonne idée quand on a créé ce festival!".  Tavernier a rencontré Coppola à deux reprises. En 1963 lors d'une soirée chez Roger Corman. Coppola venait de réaliser Dementia et Corman ne tarissait pas d'éloges sur lui.

La deuxième fois c'était à Paris un dimanche soir dans un restaurant où Coppola dinait en famille. "Je n'appelle pas ça connaitre et pourtant j'ai l'impression de vous connaitre, mais c'est à travers vos films. J'étais impressionné, je le suis encore plus ce soir. Il est dur d'évoquer son admiration en public et j'ai peur d'admirer mal." Certains films moins connus ont beaucoup touché Tavernier. "Les gens de la pluie. Je crois que je vous ai aimé dès ce film", qui rappelle-t-il est un film matrice, fondateur. Il revient sur d'autres films comme Jardins de pierre, Conversation secrète, Le Parrain et sa sublime première phrase "je crois en l'Amérique, l'Amérique a fait ma fortune", Outsiders "plus modeste mais qui me touche encore plus" et d'autres encore. "Quant à Apocalypse Now j'étais sonné et je savais que ce film allait faire partie de ma vie!"

"Oui Francis, j'ai aimé admirer vos films!"

Coppola touché
Pour finir la soirée c'est donc à Francis Ford Coppola de prendre la parole. "Je n'étais pas préparé à ça. Je n'étais pas préparé à toutes les choses extraordinaires dites sur moi. Je suis très touché par les mots de Bertrand, mon contemporain, ainsi que par ceux de Bong Joon-ho." "Je me suis revu, enfant, assis au bord du trottoir pendant qu'un défilé passait. Je voulais juste en faire partie. Et ce soir, vous m'avez permis de ressentir ce que je veux le plus au monde, le sentiment de faire partie d'un groupe, et je vous remercie pour ça" a confié le maître devant une Halle Garnier bourrée à craquer. Et Coppola finit ainsi: "Il y a trois choses qui manquent cruellement dans le monde et que j'ai ressenti ici: convivialité, enthousiasme et célébration."

Mon Premier Festival souffle ses 15 bougies avec Léa Drucker et Michel Hazanavicius

Posté par MpM, le 19 octobre 2019

Avec l'arrivée des vacances de la Toussaint, c'est le retour de l'un de nos festivals préférés, celui qui s'adresse aux spectateurs qui ont probablement le plus besoin d'être pris par la main et accompagnés dans l'univers et l'histoire du cinéma, les enfants à partir de 18 mois. Pour sa 15e édition, qui se tient du 23 au 29 octobre, Mon Premier Festival poursuit en effet le travail d'initiation du regard, de partage et de transmission qui en ont fait l'un des rendez-vous incontournables de l'automne.

Cette année, l'accent sera mis sur les liens privilégiés entre littérature et 7e art, à travers une quarantaine de films dont Zazie dans le métro, Croc-Blanc, Jean de la Lune, Le Tombeau des lucioles ou encore La Jeune fille sans mains, mais aussi sur le cinéma d'animation russe (avec notamment le travail des cinéastes Garri Bardine et Youri Norstein mais aussi le splendide Tout en haut du monde de Rémi Chayé).

Parmi les autres temps forts du festival figurent également un focus sur Michel Hazanavicius, invité d'honneur, qui viendra présenter certains de ses films comme The Artist, des films cultes (La Belle et le clochard, Qui veut la peau de Roger Rabbit, OSS 117 : Le Caire, nid d'espions), des ciné-concertsdes rencontres autour des métiers du cinéma, de nombreux ateliers, et les coups de coeur de la marraine de l'édition, Léa Drucker, qui a choisi de montrer La Belle et la bête, Cendrillon et La Petite Taupe.

Pour ce qui est des avant-premières, elles proposent de découvrir avant leur sortie des films attendus comme Le Voyage du prince (le nouveau film de Jean-François Laguionie, en salle le 4 décembre), Marche avec les loups de Jean-Michel Bertrand (15 janvier) ou encore L'extraordinaire voyage de Marona d'Anca Damian (8 janvier), mais aussi des rééditions, telles que Le monde animé de Grimault (6 novembre) et Le Chien, le général et les oiseaux de Francis Nielsen (6 novembre).

Une fois encore, les vacances de la Toussaint s'annoncent comme les meilleures de l'année !

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Mon premier festival 2019
Du 23 au 29 octobre
Informations et réservations sur le site de la manifestation

Jeune public : le programme « Loups tendres et Loufoques » dédramatise les peurs enfantines

Posté par MpM, le 18 octobre 2019

Parmi l’offre florissante de films et programmes à destination du jeune public, il ne faut pas rater Loups tendres et loufoques, qui propose six courts métrages d’animation autour de l’animal le plus présent dans l’imaginaire enfantin. Destiné aux plus petits spectateurs (succès garanti auprès de notre petit cobaye de tout juste trois ans), il revisite et détourne les peurs et les légendes autour du loup, tantôt ridicule, tantôt attachant, tantôt majestueux.

On passera rapidement sur les deux films qui ouvrent le programme : C’est moi le plus fort et C’est moi le plus beau, signés Anaïs Sorrentino et Arnaud Demuynck, et adaptés des albums jeunesse de Marcel Ramos. Un loup prétentieux et pas très malin tyrannise les habitants de la forêt (de Blanche Neige au Petit Chaperon rouge) pour obtenir des compliments sur sa force et son apparence. Mais par deux fois, un bébé dragon lui cloue le bec, renversant les principes de la loi du plus fort. C’est simple, gentiment répétitif, et tout à fait efficace pour dédiaboliser la figure inquiétante du loup de conte de fées.

Dans le même genre, Le retour du grand méchant loup de Pascale Hecquet fait carrément passer l’animal de prédateur craint et respecté à espèce en voie de disparition. Revisitant joyeusement l’histoire du petit chaperon rouge, le film montre un loup qui n’est plus vraiment à sa place dans l’époque moderne (où il est un objet de curiosité et de nostalgie plus que d’angoisse), et se retrouve sous la protection du chasseur. Si l’on excepte l’habitude agaçante des personnages de réclamer une récompense en échange de tout service (« qu’est-ce que j’y gagne ? » demande sans cesse le petit chaperon rouge), le film est attachant et subtilement décalé.

Joli, aussi, ce Trop petit loup d'Arnaud Demuynck, qui raconte les mésaventures douces d'un louveteau qui a décidé de chasser seul. A distance, son père assiste avec humour et détachement aux stratégies des "proies" pour se moquer de l'apprenti chasseur. Le graphisme tout simple (les loups sont stylisés avec des traits de contour noirs et des aplats de  bleu) et la bienveillance du propos rappellent aux petits spectateurs que les petits loups rencontrent les mêmes difficultés qu'eux à s'affranchir de leurs parents, et qu'ils ont encore bien le temps avant de réclamer leur indépendance.

Grand loup et petit loup de Rémi Durin (librement adapté de l'album de Nadine Brun-Cosme) est l'autre coup de coeur du programme, qui s'affranchir délibérément de l'imagerie autour du grand méchant loup. Ici, le personnage principal est un loup noir dessiné à grands traits, et au museau démesuré, qui mène une vie paisible sous son arbre. Un être solitaire et tranquille, qui voit d'un mauvais oeil l'arrivée d'un petit loup bleu beaucoup trop remuant pour lui. Et pourtant, lorsque ce dernier repart, il laisse un immense vide dans l'existence de Grand Loup, qui n'aura alors plus de cesse que d'imaginer tout ce qu'ils feront ensemble à son retour. Une fable douce et tendre sur l'amitié et les préjugés, qui raconte combien il est parfois bon de se laisser un peu bousculer par la vie et ses surprises.

Enfin, c'est Promenons-nous de Hugo Frassetto qui clôt plutôt habilement le programme. Entonnant la célèbre comptine enfantine "Promenons-nous dans les bois", des louveteaux déguisés en autres animaux attendent leur père. Lorsqu'il arrive, ce dernier leur chante alors l'histoire du "loup qui est de retour dans les bois". "Il a bien le droit d'être là-bas" reprennent en choeur les louveteaux, alors qu'apparaît à l'écran un loup beaucoup plus réaliste, esquissé sur fond blanc, au milieu d'une nature stylisée. Une conclusion qui sensibilise les jeunes spectateurs à la nécessité pour l'homme de vivre en harmonie avec son éco-système, et de protéger toutes les espèces vivantes qui en font partie.

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Loups tendres et loufoques, distribué par Cinéma Public Films
En salle depuis le 16 octobre

[Lumière 2019] Ken Loach, de la politique avant tout

Posté par Morgane, le 18 octobre 2019

Après avoir reçu le Prix Lumière en 2012, Ken Loach - 2 Palmes d'or et 3 César - est de retour à Lyon cette année. Il a présenté son nouveau film Sorry we missed you (en salles le 23 octobre) à l'Institut Lumière et a enchaîné avec une masterclasse à la Comédie Odéon, qu'il souhaitait politique. Clémentine Autain, députée France Insoumise de Seine Saint-Denis, l'accompagnait. Et Thierry Frémaux était là pour mener la discussion, avec Didier Allouch pour la traduction.

Besoin de parler de politique, du monde, plutôt que de cinéma
"Le monde est dangereux, l'économie s'écroule et les extrémismes de droite vont en profiter. On doit combattre cela de toutes les manières possibles. C'est la plus grande tâche, combattre sur tous les plans. Mais ce qui est encore plus important c'est de comprendre ce qui se passe. On a tous besoin ensemble de comprendre, de résister, et cela peut peut-être aussi se faire par le cinéma. Et la force que nous avons c'est que nous sommes nombreux et qu'ils sont peu!"

Ce combat passe par la vie quotidienne
"On doit célébrer la vie! Et les films doivent respecter la complexité de la vie. La vie évolue dans un contexte social et il existe un cordon ombilical qu'on ne peut pas couper entre notre vie privée et ce contexte social."

Sorry we missed you marche dans les pas de Moi, Daniel Blake
Pour Clémentine Autain, le dernier film de Ken Loach est celui qui l'a "le plus bouleversée. Moi, Daniel Blake c'était la bureaucratisation, ici c'est la concrétisation de l'ubérisation et de son mensonge. Le rêve d'indépendance tourne au cauchemar et tous les pans de la vie sont touchés." Ken Loach explique alors qu'après Moi, Daniel Blake, il était dans une banque alimentaire et qu'il n'y avait pas que des chômeurs mais également des travailleurs. "Aujourd'hui, 2/3 des nouveaux emplois sont précaires, sans aucune garantie. Vous travaillez un jour mais rien ne vous dit que vous travaillerez le lendemain. Cela date de Margaret Thatcher qui a mis à mal les syndicats et alors les emplois précaires ont commencé à se développer. Et c'est ainsi que le film (Sorry we missed you) a commencé. Le travail c'est comme un robinet soit ils l'ouvrent soit ils le ferment."

Thatcher, Blair et...
"Thatcher a dit que sa plus grande invention était Tony Blair et elle n'a même pas eu besoin de l'inventer! Tony Blair est un criminel pour avoir participé à la guerre en Irak qui est une guerre illégale. Pour cela il devrait être jugé à La Haye."

...le Brexit
"Le Brexit c'est une distraction. Les problèmes étaient là avec l'Union européenne et ils seront toujours là si on en sort. Et si Boris Johnson reste ils seront encore plus grands. Il y a quelques jours le film a été projeté à Paris dans une immense salle remplie d'activistes qui sont venus sur scène pour dire comment ils combattaient les inégalités, la précarité. L'espoir c'est tous ces combats. Mais les médias font tout pour détruire cet espoir. Ils ne parlent jamais de ces grèves. Il faut qu'elles se sachent pour que les combats se propagent!"

Ken Loach et la gauche
"Aujourd'hui la gauche est plus forte (en Angleterre) mais les affronts contre elle ont déjà débuté. Corbyn a été accusé de racisme alors qu'il est d'une immense intégrité. Si la gauche gagne les prochaines élections, chaque travailleur aura des droits dans son contrat de travail. Les privatisations cesseront immédiatement, tous les employés auront droit à la sécurité sociale. L'eau, le gaz, l'électricité, la poste... tout ça reviendra dans le domaine public avec des dirigeants locaux."

"Aujourd'hui le parti travailliste c'est plus de 500000 membres car il donne une réponse au besoin des gens et c'est pour ça que les attaques sont si fortes contre le parti de gauche. C'est un bon plan, essayez-le ici!"

Et de finir par cette phrase des syndicats américains "Agitate, educate, organize" et "défendez Jeremy Corbyn, envoyez-lui un message, soutenez-le!"

En deux heures, il faut avouer qu'il a surtout parler de politique. Mais après tout c'est tout le sujet de son cinéma...

Quentin Dupieux et la mouche géante

Posté par vincy, le 17 octobre 2019

Quentin Dupieux termine le tournage de son nouveau film, Mandibules. Les deux vedettes du Palmashow Grégoire Ludig et David Marsais, tous deux à l'affiche d'Au poste du même Dupieux (2018), sont entourés d'Adèle Exarchopoulos, India Hair, Bruno Lochet, Coralie Russier et du rappeur Roméo Elvis.

Comme d'habitude, Dupieux est en charge de la direction de la photo, du montage et de la musique, en plus du scénario et de la réalisation. Le film est le récit de deux hommes un peu simplets qui découvrent une mouche géant dans une voiture. Ils se mettent en tête de gagner de l'argent en faisaint un animal de cirque.

Memento distribuera ce nouveau délire de "Mr. Oizo" l'an prochain.