Oscars 2020 : Le CNC modifie les conditions d’éligibilité des candidats français

Posté par wyzman, le 3 juillet 2019

Cette année, la France ne va pas manquer de candidats sérieux pour la représenter dans la catégorie meilleur film en langue étrangère des Oscars 2020. Mais avant de se lancer dans l’éternel casse-tête du "Qui nous représentera ?", le CNC (Centre national du cinéma et de l'image animée) est en train d’opérer quelques changements afin d’élargir le nombre de candidats possibles.

Une exploitation bouleversée

Selon le média américain Variety, le CNC serait en train de modifier ses critères d’éligibilité. Jusqu’ici, pour qu’un film puisse représenter la France aux Oscars de l’année suivante, il fallait qu’il ait été exploité en salle sur plusieurs dizaines d’écrans avant le 30 septembre. Avec son nouveau système, un film français pourra déposer sa candidature dès lors qu’il aura connu une exploitation en salle (même limitée) avant le 30 septembre. Si certains détails doivent encore être peaufinés, ces sorties limitées pourraient être de l’ordre d’au moins 6 projections sur une durée d’au moins sept jours, confie une source au magazine américain.

En plus d’offrir de nouvelles possibilités d’exploitations aux différents acteurs du secteur cinématographique, ces modifications laissent la possibilité à des films dont la sortie est prévue à l’hiver d’avoir leur chance. Car il convient de rappeler qu’auparavant, les films présentés à la Mostra (Venise), au TIFF (Toronto) ou au Zinemaldia (Saint-Sebastien) se retrouvaient systématiquement hors-course pour les Oscars. Voilà pourquoi personne ne semblait plus surpris de voir les films sélectionnés au Festival de Cannes toujours présents dans la shortlist. Pour rappel, 7 des 10 derniers candidats français ont été présentés sur la Croisette !

D’autres changements à venir

Petit bouleversement pour les exploitants de salles, la nouvelle éligibilité des candidats français pour les Oscars n’est pas le seul sujet d’interrogations. Et cela notamment parce que le CNC pourrait bien surprendre la presse en dévoilant les noms des nouveaux membres de la Commission chargée de la sélection de notre représentant. Pour assurer un meilleur équilibre, il se dit de plus en plus fort que Thierry Frémaux, l’actuel délégué général du Festival de Cannes et président de l’Institut Lumière de Lyon, devrait annoncer prochainement qu’il quitte son siège.

En attendant, le premier semestre désormais écoulé, certains candidats semblent déjà très sérieux. Il y a tout d’abord Les Misérables de Lady Ly qui fait la part belle aux violence policières et dont la sortie en salle est prévue pour le 20 novembre. Malheureusement, l’achat des droits américains par Amazon Studios pourrait faire grincer des dents le comité de sélection comme ce fut au cas au moment de l’annonce, à Cannes.

Ce qui laisse le champ un peu plus libre pour Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma. Le film visible dès le 18 septembre au cinéma évoque le désir ardent et la passion amoureux de deux femmes respectables au 18e siècle. Mais le François Ozon n’a pas dit son dernier mot. Dans le déjà sorti Grâce à Dieu, le cinéaste s’intéresse au combat des victimes d'abus sexuels sur mineurs dans l’Eglise avec pour source d’inspiration, l’affaire Barbarin.

3 raisons de (re)voir Cendres et diamant de Andrzej Wajda

Posté par kristofy, le 3 juillet 2019

Le pitch : 1945, jour de l'Armistice dans une petite ville polonaise, au coeur des combats entre communistes et nationalistes. Un de ces derniers, Maciek, jeune mais aguerri par la lutte armée, reçoit l'ordre de tuer le nouveau secrétaire général du Parti. Mais un mauvais renseignement lui fait assassiner des innocents. Il attend un nouvel ordre lui permettant d'achever sa mission et au gré de ses déambulations dans cette petite ville, il rencontre une serveuse de bar avec qui il va vivre une liaison fulgurante...

« Sous les cendres restera-t-il un diamant étincelant… l’aube d’une victoire éternelle ? » Cendres et diamant débute avec le suspens d'un film noir où des hommes font le guet pour attendre leur cible à abattre, il y aura des coups de feu mais c'est raté. Les tueurs vont patienter alors dans un hôtel dans lequel arrive justement celui qu'ils doivent tuer, mais durant cette nuit de mai 1945 qui célèbre la capitulation allemande et une nouvelle ère à venir pour la Pologne, il va se passer beaucoup de choses... Un tueur est séduit par la serveuse, un banquet de dignitaires est troublé par l'intrusion d'un homme ivre.

Le romanesque ("dans ce pays il y a tant de peine, de souffrances, et de larmes , chacun porte son fardeau ici") se conjugue avec de l'humour ("enfin un citoyen qui ne se plaint pas ! ") où la guerre à peine terminée n'est pas synonyme pour autant de paix retrouvée car il y a les prémices d'une domination soviétique... Entre le crépuscule et l'aube se retrouvent condensées autant de mésaventures collectives que de trajectoires individuelles, et des personnages qui malgré le poids de la guerre passée se cherchent un nouvel espoir dans l'avenir. Cendres et diamant est surtout un grand film plein de séquences plus intenses les unes que les autres, et une oeuvre phare des débuts du réalisateur Andrzej Wajda.

Andrzej Wajda, la grande figure du cinéma polonais et francophile : sa filmographie est longue de plus d'une quarantaine de films en tant que réalisateur mais aussi comme scénariste et comme documentariste, et si une grande part de son oeuvre reflète et interroge différents troubles de la Pologne il est aussi particulièrement salué à l'international. Il a reçu en Palme d'or en 1981 au Festival de Cannes pour L'Homme de fer, après un un Prix spécial du jury (ex-æquo) en 1957 à Cannes pour Ils aimaient la vie. Andrzej Wajda a témoigné des changements politiques en Pologne, comme le mouvement Solidarnosc qui allait porter au pouvoir plus tard Lech Walesa, particulièrement avec les films qui sont devenus une trilogie : L'Homme de marbre en 1977, L'Homme de fer en 1981, et L'Homme du peuple en 2013.

Le cinéaste a eu plusieurs fois des nominations à l'Oscar du meilleur film étranger : en 1976 pour La Terre de la grande promesse, en 1980 pour Les Demoiselles de Wilko, en 1982 pour L'Homme de fer (suite au triomphe de Cannes), en 2008 pour Katyn, et il avait eu un Oscar d'honneur en 2000 pour l'ensemble de ses films. Outre Cannes et les Oscar, Andrzej Wajda a gagné aussi des récompenses à Moscou, San Sebastian, Venise, Berlin. Un autre de ses films a eu une reconnaissance particulière en France : Danton avec Gérard Depardieu et le Prix Louis-Delluc en 1982 puis le César du meilleur réalisateur en 1983. Wajda avait ensuite réalisé Les Possédés avec Isabelle Huppert, Lambert Wilson et Omar Sharif.

2019, nouvelle redécouverte des films de Wajda : Le cinéaste est décédé en 2016 à 90 ans, laissant donc des dizaines de films qui ont été peu vus, son dernier film Les fleurs bleues était alors sorti en salles en février 2017. Cette année, outre Cendres et diamant qui est de retour dans les salles dans une copie restaurée à partir de ce 3 juillet (en même temps que sa présentation au Festival de La Rochelle), est également programmée la resortie de Kanal le 23 octobre, lui-aussi en version restaurée (le film était au dernier Festival de Cannes dans la section Cannes Classics).

Découvrir aujourd'hui Cendres et diamant est d'ailleurs une recommandation qui vous est faite par deux autres grands cinéastes. Pour Francis Ford Coppola « il s'agit de l'aube pour la Pologne qui sort de la guerre, et il y a quelque chose d'étrange et de décadent...» ; et de la part de Martin Scorsese « j'ai vu "Cendres et diamant" pour la première fois en 1961. Et même à cette époque, une période où l'on s'attendait à être stupéfait ou étonné par les films, une époque pleine de bouleversements dans le monde, ce film m'a choqué. Cela a à voir avec son empreinte visuelle, à la fois immédiate et hantée, comme un cauchemar qui ne cesserait de se développer, mais aussi par son sens de la folie furieuse, de son absurdité. Ce film a la force d'une hallucination : en fermant les yeux, certaines images du film  me reviendront en flashback avec la même force que lorsque j'ai découvert le film il y a plus de 50 ans. »

Les six premiers films de Jim Jarmusch en version restaurée

Posté par vincy, le 3 juillet 2019

Une rétrospective des six premiers films de Jim Jarmusch débutera le 3 juillet dans les salles avec leur ressortie en versions restaurés grâce au distributeur Les Acacias.

Permanent Vacation (1980, mais sorti en France en 1984), film d'une heure et quart, est sans aucun doute le moins connu, même s'il pose les bases du cinéma "jarmuschien". La collection comprend Stranger Than Paradise (1984), Caméra d'or à Cannes, à peine plus long, Down by Law (1986), en compétition à Cannes, avec Tom Waits, son fidèle John Lurie et Roberto Benigni, Mystery Train (1989), film à segments primé pour sa contribution artistique à Cannes, avec Tom Waits, Steve Buscemi, Nicoletta Braschi et Masatoshi Nagase.

Les deux autres films sont Night on Earth (1991) au casting étoilé (Gena Rowlands, Winona Ryder, Armin Mueller-Stahl, Rosie Perez, Isaach De Bankolé, Béatrice Dalle ) et Dead Man (1995, compétition cannoise), son film le plus spirituel, avec Johnny Depp, Gary Farmer, John Hurt, Robert Mitchum, Iggy Pop et Gabriel Byrne.

Si Jim Jarmusch est un cinéaste culte, certains de ces films otn aussi séduire un public plus large. Down by Law a ainsi attiré 635000 cinéphiles français et Stranger than Paradise a enregistré 380000 entrées (soit plus que son dernier film The Dead don't Die, qui a séduit 330000 zombies).

Cette ressortie de ces premiers films est l'occasion d'en finir avec les clichés sur son cinéma, dont la tonalité et l'esthétique sont beaucoup plus variées qu'on ne le croit, même si la poésie et l'errance restent ses fils conducteurs.