Cannes 2019 : une 58e Semaine de la critique riche en promesses

Posté par MpM, le 22 avril 2019

Pour cette 58e Semaine de la Critique, les deux comités de sélection, sous la houlette du délégué général Charles Tesson, ont retenu 11 longs métrages (parmi 1050 films visionnés) dont 7 en compétition et 4 en séances spéciales, et 15 courts métrages (parmi 1605 films) dont 10 en compétition et 5 en séances spéciales.

On remarque la présence en ouverture du deuxième long métrage de Franco Lolli (Litigante), réalisateur qui avait déjà été sélectionné à la Semaine avec Gente de bien en 2014 et à la Quinzaine en 2012 avec le court métrage Rodri. Autres séances spéciales, le premier long métrage de la comédienne Hafsia Herzi (Tu mérites un amour) et celui d'Aude Léa Rapin (Les héros ne meurent jamais), dont on avait remarqué les courts Ton coeur au hasard et Que vive l'Empereur.

La compétition réunit cinq premiers longs métrages et les deuxièmes de Lorcan Finnegan (Without name, jamais sorti en France) et Hlynur Pálmason (Winter Brothers, sorti en 2018). Certains réalisateurs en lice sont pourtant loin d'être des inconnus, puisque l'on retrouve Sofía Quirós Ubeda (Ceniza negra, issu du programme "Next Step" de la Semaine de la Critique) qui était en compétition courts métrages en 2017 avec le magnifique Selva et Jérémy Clapin et son fameux J'ai perdu mon corps dont nous vous avons déjà parlé à plusieurs reprises. Il avait lui aussi été sélectionné en compétition courts métrages en 2008 avec Skhizein. Il permet d'ailleurs d'apporter un peu d'animation dans une sélection qui, côté courts métrages, en manque singulièrement.

Dans la compétition courts métrages, justement, figurent notamment les nouveaux films de Valentina Maurel, révélée par la Cinéfondation en 2017 avec Paul est là, où elle avait d'ailleurs remporté le premier prix, Camille Degeye (Journey through a body) dont on avait vu Burûq et L'esseulé, Sofia Bost (Swallows) avec Dia de festa ou encore Cecilia de Arce (Une sur trois, Les nouveaux mondes) avec Mardi de 8 à 18.

Hors compétition, c'est le retour de Moin Hussain (Naphta), sélectionné en 2017 avec Real Gods require blood et de Cristèle Alves Meira (Semaine 2016 avec Champ de vipères) pour Invisible Hero, mais aussi de Pia Borg (Demonic), qui était à la Cinéfondation en 2014 avec Footnote. Enfin, le réalisateur japonais Katsuya Tomita, dont on a notamment vu Bangkok nites et Saudade, est présent avec le moyen métrage Tenzo tandis que Brandon Cronenberg (Antiviral) signe un très court de 9 minutes : Please Speak Continuously and Describe Your Experiences as They Come to You.

Compétition longs métrages
Abou Leila de Amin Sidi-Boumédiène
Ceniza Negra (Cendre Noire) de Sofía Quirós Ubeda
Hvítur, Hvítur Dagur (A White, White Day) de Hlynur Pálmason
J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin
Nuestras Madres (Our Mothers) de Cesar Diaz
The Unknown Saint (Le Miracle du Saint Inconnu) de Alaa Eddine Aljem
Vivarium de Lorcan Finnegan

Compétition courts métrages
Dia de festa (Jour de fête) de Sofia Bost
Fakh (The Trap) de Nada Riyadh
Ikki illa meint de Andrias Høgenni
Journey Through a Body de Camille Degeye
Kolektyvinai sodai (Community Gardens) de Vytautas Katkus
Lucía en el limbo de Valentina Maurel
The Manila Lover de Johanna Pyykkö
Mardi de 8 à 18 de Cecilia de Arce
She Runs de Qiu Yang
Ultimul Drum Spre Mare (Le dernier Voyage à la mer) de Adi Voicu

Film d'ouverture
Litigante de Franco Lolli

Film de clôture
Chun jiang shui nuan (Dwelling in the Fuchun Mountains) de Gu Xiaogang

Séances spéciales longs métrages
Les héros ne meurent jamais d'Aude Léa Rapin
Tu mérites un amour de Hafsia Herzi

Séances spéciales courts métrages
Demonic de Pia Borg
Naptha de Moin Hussain
Please Speak Continuously and Describe Your Experiences as They Come to You de Brandon Cronenberg
Invisible Hero de Cristèle Alves Meira
Tenzo de Katsuya Tomita

BIFFF 2019 : Corbeau d’or pour Little Monsters, avec Lupita Nyong’o

Posté par kristofy, le 22 avril 2019

Durant une douzaine de jours, le Bruxelles International Fantastic Film Festival est devenu le Brussels Insane Fuckin' Film Festival, soit une 37e édition du BIFFF qui a présenté un large panorama des productions fantastiques du moment. Avec près d'une centaine de films; dont 10 avant premières mondiales, 11 avant premières internationales et 10 avant premières européennes; c'était le rendez-vous pour découvrir ou revoir autant les plus gros films comme Iron Sky 2 de Timo Vuorensolat avec Udo Kier (qui a reçu un Hommage du festival) en leur présence, Take Point de Kim Byung-woo, venu aussi, SuperLopez en compagnie de Javier Ruiz CalderaHellboy de Neil Marshall, Bodies at rest de Renny Harlin,  Chasing the dragon avec Donnie Yen et Andy Lau, des films catastrophes nordiques, le phénomène One cut of the dead, et même The Beach Bum de Harmony Korine...

Le BIFFF c'est beaucoup d'avant-premières mais aussi plusieurs jurys pour différentes sélections. Pour la compétition internationale le jury présidé par Steve Johnson (célèbre artisan des effets-spéciaux), accompagné des réalisateurs Na Hong-jin et Christian Alvart, les acteurs Yoann Blanc et Darko Peric, s'est concentré sur 9 films: leur tâche se résuma à départager les favoris du public qui étaient en fait les mêmes pour eux aussi avec un film prévisible en haut du podium. Les meilleurs films étaient Little Monsters de Abe Forsythe d'abord et The Pool de Ping Lumprapleng, suivis en challenger de poids par Freaks de Adam B. Stein & Zach Lipovsky et Extra Ordinary de Mike Ahern & Enda Loughman, et c'est logiquement ce que reflète le palmarès. Little Monsters reçoit et c'est mérité le Corbeau d'or, Freaks est Corbeau d'argent, The Pool a une mention spéciale du jury et le Prix de la Critique, et le phénomène One cut of the dead qui nous arrive en salles ce mercredi 24 avril est Prix du Public.

Compétition internationale
- Corbeau d’Or, Grand Prix: Little Monsters de Abe Forsythe (Australie)
- Corbeau d’Argent ex aequo: Freaks de Adam B. Stein & Zach Lipovsky (Etats-Unis)
- Corbeau d’Argent ex aequo: Extra Ordinary de Mike Ahern & Enda Loughman (Irlande)
Mention spéciale de Steve Johnson, président du jury : The Pool de Ping Lumprapleng (Thaïlande)

Le palmarès des autres sections
Prix du public: One cut of the dead de  Shin’ichirô Ueda (Japon)
- Méliès d’Argent: I'm back de Luca Miniero (Italie)
- Prix Thriller: Door Lock de Kwon Lee (Corée du Sud) + mention spéciale: Brother's Nest de Clayton Jacobson (Australie)
- Prix du 7e Parallèle: Werewolf by Adrian Panek (Allemagne) + mention spéciale: Cities of Last Things de Wi Ding Ho (Taïwan)
- Prix de la Critique: The Pool de Ping Lumprapleng (Thaïlande)

C'est donc Little Monsters de de Abe Forsythe qui s'est imposé comme le favori, le film représente une sorte de 'feel-good black comedy' avec des zombies dans un parc pour enfants et en vedette Lupita Nyong'o. L'histoire est aussi simple que drôle : Alexander England est un trentenaire qui se dispute avec sa fiancée. De nouveau seul il échoue sur le canapé de sa soeur qui a un petit garçon. Lui qui était plutôt irresponsable et sans travail est forcé de découvrir enfin le monde des adultes et des familles à travers son petit neveu de 5 ans qui a des allergies alimentaires. Mais surtout il rencontre sa jolie maîtresse d'école, incarnée par Lupita Nyong'o. La classe de maternelle organise une sortie dans un parc pour enfants avec des animaux ; il s'improvise accompagnateur, prêt à endurer le cauchemar d'une quinzaine de gamins, pour séduire l'institutrice. Le cauchemar sera tout autre : le parc se retrouve envahi par une centaine de zombies !  L'institutrice va s'efforcer le plus longtemps possible de faire croire au enfants que tout cela n'est qu'un jeu pour ne pas les traumatiser: mais en plus des zombies, il y a en plus des gros mots, du sang, des armes... Little Monsters est irrésistible en terme de d'humour (un peu façon Shaun of the dead) tout en respectant les codes du genre zombies (qui sont lents comme ceux de George Romero, en plus des gens dévorés...), ponctué de références pour les geeks (avec des jeux-vidéo, Dark Vador...), etdes chansons qui font partie de l'histoire (au ukélélé 'Shake it off' de Taylor Swift pour distraire les enfants des zombies qui essaient de rentrer dans leur abri, 'Sweet Caroline' de Neil Diamond en guise de déclaration d'amour), et bien sûr une possible romance avec des quiproquos. Bref, tous les ingrédients sont rassemblés pour un film très efficace, spectaculaire et drôle.

Le film compte avec la présence de la star Lupita Nyong'o qui avait reçu l'Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour Twelve Years a Slave et à l'affiche des gros succès Black Panther de Ryan Coogler et Us de Jordan Peele, à noter que ici c'est la première fois qu'elle est le personnage principal d'un film pour un rôle qui n'était pas prédestiné à une femme noire.

Little Monsters avait été d'abord découvert par le festival de Sundance fin janvier. Aux Etats-Unis la sortie est prévue pour une combinaison de salles de cinéma et d'une diffusion via la plateforme de streaming Hulu). Pour une sortie en France reste à croiser les doigts...