Cannes 2019: les courts métrages en compétition et la sélection Cinéfondation

Posté par MpM, le 19 avril 2019

Cette année, le comité de sélection du Festival de Cannes a reçu 4240 courts métrages pour la course à la Palme d'or et 2000 pour la Cinéfondation (la compétition des films d'école). Dans la dernière ligne droite, ils sont respectivement 11 et 17 à avoir obtenu leur ticket pour la Croisette. Des chiffres vertigineux, qui témoignent de l'énorme travail réalisé par les équipes de sélection.

Dans la compétition courts métrages, on note une augmentation du nombre de films sélectionnés (ils étaient seulement 8 en 2018 et 9 en 2011). Côté nationalité, on remarque deux entrées françaises : le documentaire Le Grand saut de Vanessa Dumont et Nicolas Davenel et le film d'animation L'Heure de l'ours d'Agnès Patron (qui avait coréalisé Chulyen, histoire de Corbeau avec Cerise Lopez en 2015) et deux coproductions avec la France : The Van de Erenik Beqiri (Albanie) et La distance entre nous et le ciel de Vasilis Kekatos, à qui l'on doit également Le silence des poissons mourants (Grèce). Les autres pays en lice sont l'Argentine (avec deux films), les États-Unis (avec une star derrière la caméra, Chloë Sevigny), la Finlande, Israël, la Suède et l'Ukraine.

De son côté, la Sélection Cinéfondation a choisi 14 fictions et 3 animations venues principalement de l’Europe Centrale et Orientale, et dont six écoles sont invitées pour la première fois (Hongrie, Slovaquie, République tchèque, Autriche, Pologne...). La France est présente avec deux films : Mano a mano de Louise Courvoisier (CinéFabrique) et Rosso : a true lie about a fisherman d'Antonio Messana (La Fémis).

La Palme d'or sera remise par le jury présidé par Claire Denis lors de la cérémonie de clôture du festival. Les trois Prix de la Cinéfondation seront remis (toujours par le jury de Claire Denis) lors d’une cérémonie précédant la projection des films primés le jeudi 23 mai.

Courts métrages

THE VAN de Erenik BEQIRI (Albanie, France)
ANNA de Dekel BERENSON (Ukraine, Royaume-Uni, Israël)
LE GRAND SAUT de Vanessa DUMONT et Nicolas DAVENEL (France)
LA DISTANCE ENTRE NOUS ET LE CIEL de Vasilis KEKATOS (Grèce, France)
ALL INCLUSIVE de Teemu NIKKI (Finlande)
WHO TALKS de Elin ÖVERGAARD (Suède)
L’HEURE DE L’OURS d'Agnès PATRON (France)
BUTTERFLIES de Yona ROZENKIER (Israël)
MONSTRE DIEU d'Agustina SAN MARTÍN (Argentine)
WHITE ECHO de Chloë SEVIGNY (Etats-Unis)
LA SIESTA de Federico Luis TACHELLA (Argentine)

Cinéfondation

AMBIENCE de Wisam AL JAFARI (Dar al-Kalima University College of Arts and Culture, Palestine)
MANO A MANO de Louise COURVOISIER (CinéFabrique, France)
ONE HUNDRED AND TWENTY-EIGHT THOUSAND de Ondrej ERBAN (FAMU, République Tchèque)
JEREMIAH de Kenya GILLESPIE (The University of Texas at Austin, États-Unis)
PURA VIDA de Martin GONDA (FTF VŠMU – Film and Television Faculty, Academy of Performing Arts, Slovaquie)
ADAM de Shoki LIN (Nanyang Technological University, Singapour)
NETEK de Yarden LIPSHITZ LOUZ (Sapir College, Israël)
SOLAR PLEXUS de David MCSHANE (NFTS, Royaume-Uni)
ROSSO : A True Lie About a Fisherman de Antonio MESSANA (La Fémis, France)
AS UP TO NOW de Katalin MOLDOVAI (Budapest Metropolitan University, Hongrie)
FAVOURITES de Martin MONK (Filmakademie Wien, Autriche)
ROADKILL de Leszek MOZGA (University of the Arts London, Royaume-Uni)
THE LITTLE SOUL de Barbara RUPIK (PWSFTviT, Pologne)
HIEU de Richard VAN (CalArts, États-Unis)
BAMBOE de Flo VAN DEUREN (RITCS, Belgique)
COMPLEX SUBJECT de Olesya YAKOVLEVA (St. Petersburg State University of Film and Television, Russie)
ALIEN de YEON Jegwang (Korea National University of Arts, Corée du Sud)

Les films de Guillaume Dustan enfin projetés

Posté par vincy, le 19 avril 2019

Du 29 mai au 30 juin, c'est une figure singulière qui va ressurgir au cinéma. Les films de Guillaume Dustan seront en effet montrés à la galerie Treize, aux cinémas du Centre Pompidou et au cinéma Luminor Hôtel de Ville. Tous ensemble, les 13 films (sur 17) forment une boucle de 12 heures.

Une œuvre oubliée qui revient dans son intégralité pour une rétrospective. Malgré la notoriété de Dustan, ses films n'ont jamais été diffusés de son vivant.

Mort il y a 14 ans, l'écrivain, Prix de Flore il y a 20 ans, et éditeur, est connu pour son œuvre littéraire, entre autofiction, autobiographie et littérature expérimentale. Virginie Despentes l'avait écrit il y a six ans: "Tu appelais ton autofiction de la pornofiction et on ne peut pas dire que tu exagérais. Mais je ne te prenais pas particulièrement au sérieux, comme auteur. Tu faisais partie des bouffons de ma génération, c'est tout. Depuis quelques années, je relis tes livres. C'est une surprise. Alors comme ça, c'est toi, le meilleur d'entre nous ? Et de loin. Tu as encapsulé les 90's. Cette France de la fin du siècle dernier, le Paris de la nuit, l'état d'esprit, les objets, les habitudes – ça remonte d'entre tes pages. Tout y est."

On sait moins qu'il a aussi été l'auteur d'une importante vidéographie. 17 films, réalisés entre 2000 et 2004, dont on trouve la liste dans son dernier livre, Premier essai (Flammarion, 2004).

"Mes films sont tournés selon le dogme warholien en DV avec une très jolie caméra Sony qui fait une image très étrange, sans générique, en son direct, sans montage. C’est filmé-monté" expliquait-il.

Des films d’appartements, des films d’amour, des films d’entretiens et des films de voyages qui prolongent ses livres de la période "autobiopornographique", publiés chez Balland, loin de l'éclat germanopratin (P.O.L pour ses premiers ouvrages, Flammarion pour les deux derniers)."Faire les courses, penser la vie occidentale, baiser, marcher dans la rue, s’habiller, téléphoner, écrire, recopier le carnet intime de sa grand-mère, ou des entretiens, ou des paroles de house, coller des articles écrits pour la presse, des CVs, des programmes politiques... " sont autant de réalités captées par Dustan, autant d'intensités vitales qui forgent un projet artistico-politique pas forcément "mainstream", qu'on qualifierait aujourd'hui, un peu par facilité, de queer ou d'underground (même s'il n'était pas marginalisé).

Du cinéma brut, numérique, sans ses artifices. Un moment de vérité, souvent court. Personne n'a voulu de ces films, car personne, sans doute, n'imaginait que ce regard aurait un jour de la valeur, que son auteur serait un jour parmi les icônes d'une époque. Du Palais de Tokyo à Canal +, cette œuvre n'était apparemment pas montrable.Le peuple qui manque distribuait quelques unes de ces créations visuelles.

Un an après la publication d'une biographie, Dustan Superstar de Raffaël Enault, l''artiste est de nouveau dans la lumière. Et avec lui un monde enseveli qui n'est pas vraiment mort grâce à la persévérance de quelques témoins toujours debout. Voici donc le bloc manquant de cette œuvre protéiforme, tranche d'une époque et d'une univers qui méritent d'être (re)découverts.

Filmographie
- Pop Life, 2000
- Songs in the key of moi, 2000
- Nous (love no end), 2000
- Enjoy (Back to Ibiza), 2001
- Pietà, 2001
- Home + Sorbelli, 2001
- HCD, 2001
- Barbette Réaumur, 2000
- Un film perdu, sans titre, 2000
- Porno, 2000
- Toits moi crevé, 2001
- Nous 2, 2002
- Squat, 2002
- Poubelle, 2002
- Nietzsche, 2002
- Autre chose, 2002
- Ratés, 2003
- montre † lèvres, 2004