Le cinéma d’animation épate la galerie

Posté par MpM, le 23 novembre 2018


Vue de la galerie Miyu, 18 passage du chantier

Après avoir prouvé qu'il n'était pas un genre mineur, et qu'il pouvait tout à fait s'adresser à un public spécifiquement adulte, le cinéma d'animation s'échappe désormais de la salle obscure pour s'exposer en pleine lumière dans une nouvelle galerie qui lui est entièrement dédiée, la galerie Miyu.

A l'origine, Miyu est une société de production et de distribution spécialisée dans le court métrage d'animation avec une ligne très axée sur le cinéma d'auteur (on lui doit entre autres Je sors acheter des cigarettes d'Osman Cerfon, prix Emile Reynaud 2018, et Nothing happens de Michelle et Uri Kranot, prix André Martin 2017).

Grâce à la persévérance de son fondateur Emmanuel-Alain Raynal, la société s'est donc également dotée depuis le 17 novembre d'une galerie consacrée à l'animation d'auteur, internationale et contemporaine, qui propose à la fois des expositions temporaires in situ, des expositions itinérantes "clefs en mains" (dont une consacrée à La jeune fille sans mains de Sébastien Laudenbach, qui montre notamment l'étendue de son travail préparatoire), des activités hors les murs (à la demande) et même une galerie en ligne !


Simone Massi, "Amal et olivier" (Samouni Road, Stefano Savona, Picofilms, Alter ego, Dugong films, 2018)

La galerie physique, située au 18 passage du Chantier dans le XIe arrondissement de Paris, accueille jusqu'au 30 janvier une exposition consacrée aux images réalisées par Simone Massi pour les séquences animées du long métrage de Stefano Savona, Samouni Road. Un travail remarquable qui met en valeur la technique particulière de l'artiste : partir d’une surface entièrement noire et faire apparaître la lumière en grattant la matière. Les visages sont d'une expressivité déroutante, avec des personnages qui semblent planter leur regard dans le nôtre. Tout est saisissant, presque envoûtant, dans ces images qui existent bien au-delà du contexte du film de Savona.

En ligne, on trouve des œuvres de treize artistes internationaux (le chiffre est appelé à augmenter au gré des envies et des rencontres) qui sont à la fois des auteurs confirmés comme Georges Schwizgebel, Sébastien Laudenbach ou Florence Miailhe et des créateurs plus émergents tels que Alice Saey ou Kevin Manach et Ugo Bienvenu. On y trouve également deux cinéastes majeurs dont Ecran Noir vous a déjà parlé : Boris Labbé et Vergine Keaton, avec des pépites qui promettent de prolonger le plaisir pris en regardant leurs films...


Florence Miailhe, "La Rixe" (Au premier dimanche d'août, Les Films de l'Arlequin, 2002), exposition "French kiss"

Trois expositions in situ sont prévues pour cette première saison, et plusieurs itinérantes devraient voir le jour dans les mois à venir. Sans compter les expositions hors les murs, dont la première a déjà eu lieu à Viborg, au Danemark, autour du thème "French kiss". C'est que la matière ne manque pas, tant le monde de l'animation fourmille de créativité et d'auteurs. Une occasion en or de rencontrer Cécile Noesser, la gérante et co-fondatrice de la galerie Miyu, afin de parler de ce lieu atypique et singulier, né à une époque charnière pour le cinéma d'animation.

Ecran Noir : Une galerie entièrement consacrée au cinéma d'animation, c'est inhabituel !

Cécile Noesser : Oui, on est les premiers en Europe ! Il y en a une autre qui existe à Tokyo, c'est la galerie du réalisateur japonais Koji Yamamura. Dans son temps libre, il a ouvert un petit espace ouvert au public,  en bas de chez lui, où il vend des œuvres d'artistes dans la même ligne que nous. Il y a une vraie parenté avec cette galerie qui s'appelle "Au praxinoscope", en français dans le texte, en hommage au cinéma des premiers temps. Et puis c'est à peu près tout.

Bien sûr, il y a la galerie Artludik, qui défend plutôt une ligne entertainment, avec un paysage qui va du jeu vidéo à la bande-dessinée en passant par l'animation, mais une galerie dédiée entièrement aux auteurs de films d'animation, finalement on est les seuls avec Koji Yamamura.

EN : Comment l'idée a-t-elle germé ?

CN : Il y a une matière graphique qui est impressionnante, inépuisable, et c'est une frustration trop grande, quand on connait l'animation, de ne pas avoir plus accès à ces œuvres qui, jusqu'à présent, étaient considérées uniquement comme des étapes de travail avant le produit final, c'est-à-dire le film. Or ce sont des œuvres à part entière ! Il y a des auteurs qui sont reconnus depuis très longtemps pour leur travail graphique. Par exemple Georges Schwizgebel et Florence Miailhe qui travaillent la peinture animée, sont exposés depuis très longtemps dans le monde entier. C'est une vraie reconnaissance de leur travail, mais très partielle. Et c'est aussi très rare.

Il y a donc un continent de création à montrer, valoriser, explorer. L'envie vient de là. Il y a une deuxième raison qui est dans la continuité, c'est l'idée qu'il y a des trésors de création notamment dans le court métrage et qu'ils restent assez méconnus, malgré un grand dynamisme dans les festivals et même dans les émissions de télévision comme Court-circuit sur Arte. Il y a une ébullition autour de ces films-là, mais qui reste dans un cercle de cinéphilie et d'amateurs d'animation. On aimerait bien que ce continent créatif explose à la vue du grand public et du cercle du monde de l'art en général. Qu'ils reconnaissent cette partie de la création comme faisant partie du monde des arts visuels à part égale avec l'illustration, l'art contemporain, la bande dessinée...

EN : C'est aussi une manière de réaffirmer l'importance de l'animation, souvent considérée comme un genre mineur, moins "noble" que les autres.

CN : L'animation continue à pâtir du ghetto jeunesse d'une part et du ghetto "télé" d'autre part, puisque quantitativement, le plus gros de la production animation, c'est le dessin animé pour la télé. Par contre, il y a une énorme créativité du côté du court métrage, qui est reconnue dans le monde entier, qui commence à poindre dans le long métrage à travers des chefs d'oeuvre comme La Tortue rouge et La jeune fille sans mains. Donc c'est vrai que la galerie, c'est aussi une forme de signal pour dire que l'animation est également de l'art et doit être reconnue comme tel. On espère que ce sera un outil pour aller vers cette idée.

D'ailleurs ce n'est pas un hasard si la galerie naît maintenant. L'animation pâtit toujours d'une image réductrice, mais c'est en train de changer. En un mois, je suis allée voir de l'animation au Louvre, à la Maison de la poésie pour une performance autour du film Le tigre de Tasmanie de Vergine Keaton et à la foire Asia now, dans le cadre de la FIAC, pour une table-ronde sur les liens entre animation chinoise et art contemporain... tous ces événements dans des institutions aussi prestigieuses, c'est totalement nouveau ! On sent qu'il y a une vraie envie. Qu'il y a un patrimoine à valoriser et des innovations à suivre. Donc je pense qu'on est vraiment dans une période propice !

EN : Quel public espérez-vous toucher ?

CN : On sent qu'il y a une énorme curiosité, une attente et une envie de la part du monde de l'animation en général, qui est une communauté très internationale, d'où la galerie en ligne aussi. Ca, c'est ce qu'on connaît. Le grand public, on le sait aussi, est toujours émerveillé de voir ce genre d’œuvres, de comprendre le lien entre les œuvres et les films. Ce qui est caché derrière les films d'animation, ça fascine totalement les spectateurs. Et puis le public que l'on a envie de séduire également, c'est le monde de l'art, tout simplement. Le public des Beaux-Arts, le monde des galeries, les gens qui ont une culture visuelle et qui vont découvrir tout ce continent créatif.

EN : Que peut-on s'attendre à voir dans la galerie ?

CN : C'est très varié. Comme il y a différentes techniques, les images prennent différentes formes : dessin, peinture, papiers découpés, gravure... Ensuite, il y a différentes étapes dans la création : il y a les images finies pour le film, mais aussi des story boards, des recherches, des œuvres qui précèdent la création du film... C'est le cas notamment pour l'exposition consacrée à Simone Massi, où nous exposons trois grands formats qui sont des recherches et qui ne figurent pas dans le film terminé. Mais aussi le travail personnel des artistes pour le monde de l'édition, des projets d'affiche, des tableaux... Ce sera justement l'occasion de montrer toute la richesse de cette création.

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Galerie Miyu
18 passage du Chantier
75012 Paris

Accessible sur rendez-vous du mardi au samedi.
01 43 44 53 76

Consulter également la Galerie en ligne

Six histoires de Murakami pour le premier film de Pierre Földes

Posté par redaction, le 22 novembre 2018

Un chat perdu, un crapaud géant volubile et un tsunami aident un attaché commercial sans ambition, sa femme frustrée et un comptable schizophrène à sauver Tokyo d’un tremblement de terre et retrouver un sens à leurs vies. C'est le pitch de Saules aveugles, femme endormie, premier film d'animation de Pierre Földes, qu'Arte France Cinéma a décidé de soutenir.

Le synopsis est en fait adapté d'un recueil de six nouvelles de l'écrivain japonais Haruki Murakami, paru en France en 2008. "Pour mener à bien ce nouveau projet de long métrage, il a su convaincre l’auteur japonais Haruki Murakami, très discret au cinéma, de le laisser librement reconstruire la narration de six nouvelles en une seule histoire inédite" explique Arte qui précise: "Le film questionne le spectateur, l’investit par un voyage graphique, mélangeant les codes de l’imaginaire, de la fable et de la réalité quotidienne, chers à Murakami."

Pierre Földes, réalisateur de courts métrages animés, est aussi musicien et peintre. Né aux USA de parents hongrois et britannique, ayant grandit à Paris, le pianiste a écrit de nombreuses musiques de films pour des pubs, des jeux vidéos et des productions audiovisuelles.

Saules aveugles, femme endormie sera en animation 2D. Le projet est en développement depuis 2014! Distribué par Gebeka, ce projet avait reçu le prix Eurimages au Coproductions Market de Berlin en 2016

Le premier héros de Walt Disney, porté disparu, réapparait … au Japon

Posté par vincy, le 22 novembre 2018

Au Japon, il n'y a pas qu'un patron millionnaire qui fait l'actualité. Il y a aussi Oswald le lapin chanceux.

Lycéen, à la sortie de la Seconde guerre mondiale, Yasushi Watanabe achète un dessin animé pour 500 Yens à l'époque. Une très petite somme. Ce rouleau est en fait un dessin animé dont tout le monde avait perdu la trace, produit par Walt Disney.

Bien plus tard, Yasushi Watanabe, aujourd'hui âgé de 84 ans, lit un livre sur l'histoire d'Oswald, lapin noir créé par Walt Disney et Ub Iwerks en 1927, dont les 27 dessins animés ont été diffusés par Universal, sous la houlette du producteur Charles Mintz. Il s'agit du premier héros d'une série des studios de Walt Disney.

Mais Charles Mintz, quand il constate le carton de la série, décide de rapatrier Oswald dans ses propres studios (Winkler) et prend les droits sur le personnage (qui devient un héros de Universal). Iwerks et Disney refusent de le suivre et créent une souris assez ressemblante au lapin, Mickey Mouse, qui vient de célébrer ses 90 ans il y a quatre jours. Mickey n'aurait peut-être jamais existé si Mintz n'avait pas été cupide...

Pour la petite histoire, il a fallu attendre près de 80 ans pour que le groupe Disney récupère les droits du lapin chanceux. Entre temps, Oswald a eu une vie intense jusqu'en 1938, avant de faire quelques apparitions dans les cartoons de Woody Woodpecker et de se faire complètement oublier (et doublé en notoriété par un autre lapin, Bugs Bunny, créé en 1940).

Mais revenons au Japon. Dans le livre que lit Yasushi Watanabe, Oswald the Lucky Rabbit: The Search for the Lost Disney Cartoons (publié l'an dernier et écrit par David Bossert), on y apprend que sept des premiers courts métrages animés d'Oswald sont a priori perdus. Watanabe est un chercheur, spécialisé dans l'histoire de l'animation. Il avait acheté le film à un vendeur de jouets d'Osaka. Le film s'intitulait Mickey Manga Spide. Autant dire qu'il ne voyait pas d'intérêt à ce vieux petit film jusqu'à la lecture du livre.

En fait ce vieux petit film s'appelle Neck ’n’ Neck. A l'origine, il dure 5 minutes. Là il n'en reste que deux minutes. Le film raconte l'histoire d'un policier chien qui pourchasse Oswald et sa petite amie à moto.

Le court a désormais migré aux archives Kobe Planet Film. Par ailleurs, un autre extrait en 35mm de 50 secondes a aussi été découvert au Toy Film Museum de Kyoto, précise le quotidien Asahi.

Le César des lycéens, une très bonne idée

Posté par vincy, le 21 novembre 2018

cesarSi on doutait de l'utilité d'un César du public, qui ira cette année aux Tuche 3 (sauf surprise), on ne peut que louer la nouvelle initiative de l'Académie des Arts et Techniques du Cinéma de créer un César des lycéens. Sur le modèle du trentenaire Goncourt des lycéens, ce César est le résultat d'une association entre l'Académie et le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse.

Selon le communiqué, ce nouveau César des Lycéens "sera attribué par un corps électoral de 2 000 élèves de terminale des lycées généraux, technologiques et professionnels choisis par le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse."

De manière pratique, "les 7 films nommés au César 2019 du Meilleur Film seront projetés aux classes sélectionnées entre le 28 janvier 2019 et le 22 février 2019. La période du vote des lycéens sera identique au vote du second tour des membres de l’Académie : il commencera le vendredi 1er février et se clôturera le vendredi 22 février 2019 à 16h, quelques heures avant l’ouverture de la 44e Cérémonie des César."

Mais il faudra attendre le 25 février pour connaître le résultat et le 13 mars pour que le lauréat reçoive son prix à la Sorbonne.

Le Goncourt des lycéens est révélé et remis 10 jours après le Goncourt, par exemple. Le Goncourt des lycéens est devenu un prix de référence, l'un des plus prescripteurs pour les ventes, et l'un des plus révélateurs de talents.

3 bonnes raisons de voir ou revoir Le Départ de Jerzy Skolimowski

Posté par wyzman, le 21 novembre 2018

A nouveau visible dans les salles obscures en version restaurée, Le Départ est un film qui mérite que l’on s’y attarde. Voici pourquoi.

  1. L’histoire est géniale. Le spectateur suit les péripéties de Marc, un garçon coiffeur de 19 ans. Fan de voitures et désireux de participer au départ d’un rallye qui a lieu dans deux jours, il fait de son mieux pour trouver une solution à son énorme problème : il n’a pas de voiture. Présenté au dernier Festival de Cannes côté Cannes Classics, Le Départ ravit par la quête à laquelle on assiste. Car ici, peu importe de savoir si Marc finira la course premier. Ce qui passionne c’est bien évidemment tous les efforts et stratagèmes qu’il met en place pendant deux jours pour se dénicher une voiture ou gagner l’argent qui lui permettra de s’en acheter une. En somme, Le Départ illustre parfaitement la phrase de Penelope Riley : « Le plus important, ce n’est pas la destination, mais les mésaventures et les souvenirs que l’on crée le long du chemin. »
  2. La jeunesse est célébrée. Film belge réalisé par un cinéaste polonais avec une équipe majoritairement française, Le Départ aurait pu finir sa course dans l’esprit de quelques cinéphiles l’ayant vu au moment de sortie, en 1967. Mais c’était sans compter sur la ténacité de l’éditeur Malavida qui a redonné toute sa superbe au film. Plus qu’associé à la Nouvelle vague française, Le Départ impressionne par la fougue de ses deux personnages principaux (Marc et Michèle) qui forment un duo explosif. Le premier est obsédé par son rallye, impulsif et arrogant quand la seconde a le sens du sacrifice et n’hésite pas à se mettre nue pour lui. A la fois opposés et complémentaires, les deux personnages semblent représenter deux aspects importants de la jeunesse : l’envie d’aller vite et de tout faire pour ceux que l’on aime.
  3. Jean-Pierre Léaud est magnifique. Figure majeure de la Nouvelle vague, l’acteur passé par Les Quatre Cents Coups, Pierrot le fou, Masculin féminin et Baisers volés ne lâche rien dans Le Départ. Son regard est magnétique, ses poses puériles et ses injonctions hilarantes. Agaçant et touchant à la fois, le personnage de Marc lui va comme un gant. Outre un coup de poing qui, lui, est resté dans les annales, Jean-Pierre Léaud nous offre tout au long du Départ de véritables fous rires. Entre un travestissement, un goût prononcé pour les dérapages contrôlés et une gouaille sans pareille, on comprend mieux comment l’acteur aujourd’hui âgé de 74 ans pouvait faire chavire les coeurs.

La réalisatrice de Rafiki passe à Hollywood

Posté par vincy, le 20 novembre 2018

Wanuri Kahiu, censurée en son pays, s'en va à Hollywood. La réalisatrice de Rafiki, premier film kényan sélectionné dans l'histoire du Festival de Cannes, a réussi à attirer la lumière sur elle avec ce récit lesbien amoureux et chaleureux, interdit de projection au Kenya malgré des financements publics. Le film ne représente pas le pays aux Oscars même si un tribunal de Nairobi avait autorisé le film à être projeté durant une semaine en vue de se qualifier.

Working Title et Universal l'ont choisie pour réaliser le film Covers, une romance qui se déroule dans le monde de la musique, à Los Angeles. Le scénario est signé par Flora Greeson. Avec deux agents aux Etats-Unis, Wanuri Kahiu, par ailleurs co-fondatrice de Afrobubblegum, est l'un des talents africains convoités par les studios.

Rafiki, sorti le 26 septembre en France, a été un énorme hit au Kenya. En une seule semaine d'exploitation, il est devenu la 2e plus grosse recette historique pour un film kényan. Il a séduit 6500 spectateurs dans son pays. Le film sortira aux Etats-Unis, au Japon mais aussi dans plusieurs pays africains.

Une sélection éclectique pour le 22e Festival cinéma Télérama

Posté par vincy, le 20 novembre 2018

Le 22e Festival cinéma Télérama se déroulera du 16 au 22 janvier 2019. Sur les 16 films retenus, on note la présence de 9 films sélectionnés à Cannes, deux premiers films, un seul film réalisé par une femme, 6 films réalisés par des cinéastes français, un film d'animation mais aucun documentaire.

Les films seront projetés dans 375 salles art et essai françaises, pour 3,50 € la séance.

Les 16 films de la sélection :
Phantom Thread de Paul Thomas Anderson
Burning de Lee Chang-dong
Cold War de Pawel Pawlikowski
Amanda de Mikhaël Hers
Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré
The Rider de Chloé Zhao
Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda
Leto de Kirill Serebrennikov
En liberté ! de Pierre Salvadori
Les frères Sisters de Jacques Audiard
La prière de Cédric Kahn
Nos batailles de Guillaume Senez
La mort de Staline d'Armando Iannucci
Une pluie sans fin de Dong Yue
Girl de Lukas Dhont
L'île aux chiens de Wes Anderson

Les Oscars d’honneur récompensent des proches de Spielberg, le compositeur Lalo Schifrin et l’actrice Cicely Tyson

Posté par vincy, le 19 novembre 2018

L'Académie des Oscars a remis ses statuettes d'honneur ce week-end lors des Governors Awards, assombris par les incendies meurtriers en Californie.

Le compositeur né en Argentine Lalo Schifrin, récompensé par 5 Grammy Awards, six fois nommé aux Oscars, a reçu son oscar des mains de Clint Eastwood. On lui doit évidemment le thème de Mission:Impossible (1967), l'un des plus connus dans le monde. Mais il a aussi composé les musiques de Luke la main froide, Le Kid de Cincinnati, Bullitt, Dirty Harry, Amityville, Rango, Rush Hour 2 (et 3)... Pour le petit écran, il a notamment écrit les thèmes de The Man from U.N.C.L.E., Mannix et Starsky & Hutch.

"La musique pour les films, c'est comme écrire une lettre. La musique pour la télévision, c'est comme écrire un télégramme..." expliquait-il.

L'actrice Cicely Tyson, bientôt 94 ans, nommée à l'Oscar  et au Golden Globe de la meilleure actrice pour Sounder de Marin Ritt en 1973, 3 fois primée aux Emmy Awards, et lauréate d'un Tony Award (meilleure performance dans une pièce de Broadway), est une des actrices africaines-américaines les plus respectées de la profession. C'est Quincy Jones qui lui a remis son Oscar. Cicely Tison a été mariée à Miles Davis. Si elle a préféré la scène et le petit écran (notamment dans House of Cards et Murder ces dernières années), on l'a vue au cinéma dans Airport 80, Beignets de tomates vertes, Madea grand-mère justicière, La couleur des sentiments ou Alex Cross.

Enfin, Marvin Levy est le premier publiciste à avoir été distingué hier soir par les Oscars. Ce RP a commencé son métier à la MGM avec Gigi et Ben Hur. Il a travaillé sur des films comme Taxi Driver et Kramer contre Kramer. Mais c'est avec Steven Spielberg, depuis 1977, qu'il est a passé le plus de temps, travaillant sur les films du réalisateur comme ceux d'Amblin, sa société de production.

Ce sont deux autres proches de Spielberg qui ont d'ailleurs reçu le prestigieux Irving G. Thalberg Memorial Award. Le couple de producteurs Frank Marshall (par ailleurs réalisateur) et Kathleen Kennedy (actuelle présidente de LucasFilm), ont produit notamment les Indiana Jones et Jurassic World, la franchise Retour vers le futur, et des films de David Fincher, M. Night Shyamalan, Clint Eastwood, Tony Gilroy, Paul Greengrass; Martin Scorsese... Autant dire qu'ils détiennent le record de recettes au box office d'Hollywood.

Musique de film : un livre explore le processus complexe de la création d’une bande originale

Posté par MpM, le 19 novembre 2018

Entre « tubes » survitaminés qui cachent la forêt de bandes originales moins clinquantes et idée reçue voulant qu’une musique de films réussie ne se remarque pas, pas toujours facile pour un.e compositeur.trice de voir son travail reconnu au cinéma, ou même remarqué. Depuis plus de dix ans, Benoit Basirico, fondateur du site cinezik.fr, œuvre pour redonner sa juste place à la musique de films et à ceux/celles qui la créent. Il met régulièrement en lumière le travail des compositeurs.trices et anime des conférences et des rencontres autour de la musique à l’écran.

Avec La musique de film, compositeurs et réalisateurs au travail (publié par Hémisphères éditions), il franchit une étape supplémentaire et propose un véritable manuel à destination des amateurs comme du grand public qui aborde la question de la musique de films par le prisme du processus complexe de la création d’une bande originale : comment s’élabore la relation entre le compositeur ou la compositrice et la ou le cinéaste ? Quel langage commun trouvent-ils ? Comment parvenir à mettre sa sensibilité créative au service de l’œuvre d’un autre ?

La grande richesse du livre, au-delà des nombreux thèmes qu’il aborde, et des informations pratiques qu’il distille, est de regorger de citations. L’auteur a en effet pioché dans plus de dix années d’entretiens avec des musicien.nes et des cinéastes pour enrichir son propos avec leurs points de vue et leurs expériences. Cela donne des anecdotes amusantes, étonnantes et parfois même édifiantes, comme lorsque Maurice Jarre raconte comment sa musique a été remplacée par celle de Jerry Goldsmith sur La rivière sauvage de Curtis Hanson parce que « le directeur du studio Universal a décrété ne pas aimer [sa] musique et vouloir quelqu'un d’autre ». Il était arrivé la même chose, en pire, à Alex North sur 2001 Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick : c’est seulement lors de la projection en avant-première à New York qu’il a appris le rejet pur et simple de sa partition…

Au fil des pages, on apprend également que « le mixeur français est l’ennemi du musicien » (Laurent Petitgirard, remonté contre les mixeurs qui font trop systématiquement passer les bruits du réel au premier plan, au détriment de sa musique), que « demander à un interprète d’écrire une musique de film, c’est aberrant (…) et en général totalement raté » (pour Philippe Sarde) ou encore que pour Vladimir Cosma « presque chaque film était une bagarre » car il refusait de faire une musique « simplement illustrative, banale ou attendue » mais cherchait au contraire toujours « une idée insolite qui pouvait choquer le réalisateur ».

Benoit Basirico rend ainsi palpable l’alchimie qui se crée (ou non) entre réalisateur.trice et compositeur.trice, et le nécessaire cheminement pour trouver la musique qui serve au mieux le film (quitte à la réduire à quelques notes, ou même l’enlever totalement). Il nous invite à prêter une attention accrue aux bandes-sons des films que nous aimons, à comprendre pourquoi certaines nous dérangent, et à ne pas prendre pour acquis, ou évidents, les choix qui président à la construction d'une bande-originale.

A la lecture de ce livre vivant et foisonnant, on a alors forcément envie de réécouter les musiques dont il est question, et bien sûr de revoir les films. Mais surtout, on attend avec impatience un incontournable tome 2 qui pourrait cette fois explorer plus frontalement certaines musiques et leurs interactions avec leurs films respectifs. Le tout accompagné d’un CD à écouter tout en lisant, histoire de prolonger l'expérience.

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La musique de film, compositeurs et réalisateurs au travail
Benoit Basirico
hémisphères éditions

L’écrivain et cinéaste Atiq Rahimi en tournage au Rwanda

Posté par vincy, le 18 novembre 2018

L'écrivain et réalisateur Atiq Rahimi est en tournage pour 7 semaines au Rwanda depuis le 22 octobre. Cinq ans après Syngué sabour. Pierre de patience, l'adaptation de son roman Prix Goncourt, il adapte le livre de Scholastique Mukasonga, Notre-Dame du Nil, Prix renaudot en 2012.

L'histoire, en partie autobiographique pour la romancière, se déroule au Rwanda en 1973. Dans le prestigieux institut catholique "Notre-Dame du Nil", perché sur une colline, des jeunes filles rwandaises étudient pour devenir l'élite du pays. En passe d'obtenir leur diplôme, elles partagent le même dortoir, les mêmes rêves, les mêmes problématiques d'adolescentes. Mais aux quatre coins du pays comme au sein de l'école grondent des antagonismes profonds, qui changeront à jamais le destin de ces jeunes filles et de tout le pays.

Le scénario a été coécrit par Atiq Rahimi et Ramata Sy (qui a coécrit le film Sibel, prix FIPRESCI à Locarno et prix du public et prix de la critique à Montpellier). Produit par Les films du Tambour et Chapter 2 (Dimitri Rassam), avec france 2 Cinéma, Swoon Productions et Belga productions, ce film sera distribué par Bac Films.

Amanda Mugabekazi, Albina Kirenga, Malaika Uwamahoro, Clariella Bizimana, Belinda Rubango et Pascal Greggory sont au générique de ce film.

Atiq Rahimi avait été récompensé à Cannes pour son premier long métrage, Terre et Cendres, en 2004. Syngué sabour a été récompensé à Abu Dhabi, Gijon, Hong Kong et Istanbul. Son actrice principale, Golshifteh Farahani avait été nommée aux Césars en tant que meilleur espoir féminin.