Les critiques de New York récompensent Roma, Ethan Hawke et Regina Hall

Posté par wyzman, le 29 novembre 2018

C’est aujourd’hui que le New York Film Critics Circle (NYFCC) dévoilait les noms des lauréats de 2018 sur Twitter.

Un palmarès qui en dit long

Comme le rappelle très justement IndieWire, le « cercle » (réservé à des critiques de quotidiens, hebdomadaires, magazines et presse en ligne depuis sa création en 1935) est un bel indicateur des personnalités et films que l’on retrouvera en février prochain aux Oscars. Au cours de cette décennie, ont été sacrés The Social Network, The Artist, Zero Dark Thirty, American Bluff, Boyhood, Carol, La La Land et Lady Bird. Côté acteurs et actrices, Timothée Chalamet, Casey Affleck, Saoirse Ronan et Isabelle Huppert sont les derniers lauréats.

Meilleur film : Roma

Meilleur réalisateur : Alfonso CuarónRoma

Meilleur acteur: Ethan HawkeFirst Reformed

Meilleure actrice : Regina HallSupport the Girls

Meilleure acteur dans un second rôle : Richard E. GrantCan You Ever Forgive Me?

Meilleure actrice dans un second rôle : Regina KingIf Beale Street Could Talk

Meilleur scénario : Paul SchraderFirst Reformed

Meilleure photographie : Alfonso Cuarón, Roma

Meilleur film en langue étrangère : Pawe? Pawlikowski, Cold War

Meilleur documentaire : Bing Liu, Minding the Gap

Meilleur film d’animation: Bob Persichetti, Peter Ramsey, Rodney Rothman, Spider-Man: Into the Spider-Verse

Meilleur premier film : Bo Burnham, Eighth Grade

Prix spéciaux : David Schwartz, Kino Classics Box Set “Pioneers: First Women Filmmakers”

Naomi Kawase: « j’ai pris une caméra pour savoir d’où je viens et qui je suis »

Posté par vincy, le 29 novembre 2018

Du 23 novembre 2018 au 6 janvier 2019, le Centre Pompidou programme une rétrospective de l'œuvre de Naomi Kawase, soit 45 films, courts, longs, fictions ou documentaires. Caméra d'or (Suzaku, 1997) et Grand prix du jury (La forêt de Mogari, 2007) à Cannes, la cinéaste japonaise est invitée dans le cadre de Japonismes 2018, mise en lumière des artistes japonais en France. Elle sort cette semaine son dernier long métrage Voyage à Yoshino, sélectionné à San Sebastian.

Pour l’occasion, Naomi Kawase a créé ses deux premières installations, et réalisé un autoportrait commandé pour la collection du Centre Pompidou, Où en êtes-vous ?. Les Quatre saisons à Nara de Kawase sont exposées  en accès libre au Forum -1, à côté d’une nouvelle installation du cinéaste espagnol Isaki Lacuesta et de la correspondance filmée qu’il a entretenue avec Naomi Kawase en 2008 et 2009.

Samedi 24 novembre, la cinéaste et productrice était l'invitée d'une Masterclasse, animée par Olivier Père.

Elle y a évidemment évoqué Nara, cette province près de Kyoto, dont elle ne cesse de filmer sa nature et ses paysages: "Je suis née à Nara. J'y vis encore. Il est très difficile d'avoir accès au cinéma. Il n'y avait pas beaucoup de salles quand j'étais jeune. Il n'y en a plus aujourd'hui." C'est aussi une région fortement spirituelle, avec un Shintoïsme omniprésent, ce qui a fortement influencé sa vision et sa façon de vivre. Elle avoue: "Tout ça a été accentué par Nara. il y a une forte spiritualité dans ma région. J'avais l'impression de vivre ce que les gens vivaient il y a 1000 ans." De même pour son esthétique et sa manière de filmer les paysages et la nature: "Je tourne mes films en fonction de mon instinct. Et mon instinct s'est construit avec Nara."

Naomi Kawase s'est laissée embarquer par le 7e art un peu par hasard: "Je voulais faire quelque chose qui laisse une trace. Je n'ai pas pu être architecte car je dessinai très mal. Alors j'ai pensé être cinéaste, car les films restent après nous." Progressivement, après quelques années de photographie et d'enseignement, elle découvre les vertus d'une caméra: "Dans mon cinéma, il y a autant la présence que l'absence. En me comparant aux autres, j'ai remarqué en effet qu'il me manquait des parents biologiques. Je n'avais pas de famille. C'est assez rare au Japon. C'est pour ça que j'ai pris une caméra: pour savoir d'où je viens et qui je suis."

Aussi fait-elle de son cinéma, un mélange de cinéma introspectif, de documentaire de témoignage  et de fiction métaphysique. "Avant Suzaku, mes courts métrages parlaient de moi-même de ma mère adoptive. J'ai découvert un rapport étrange entre le moi objectif et le moi introspectif, entre la réalité et la fiction. Je n'étais plus tout à fait sa fille et je me voyais la filmer. C'est là que j'ai compris que je pouvais passer à la fiction." Elle confie qu'à l'époque ses relations avec sa mère étaient difficiles et tendues:  "A travers la caméra, j'ai amélioré ma relation avec [elle]. J'ai naturellement peur des gens . Je me repliais sur moi-même. la caméra m'a permis d'améliorer ma relation avec les autres et de m'ouvrir au monde dans lequel je vis."

Femme cinéaste, Naomi Kawase assume sa singularité. "Il y a une pression sociale dans la vingtaine avec le mariage, les enfants. Il faut résister, ne pas avoir peur d'être traitée d'égoïste, ce qui nécessite d'avoir une grosse force mentale." Être une femme n'est pas forcément facile surtout dans un milieu d'hommes. Pourtant, elle fait de cette faiblesse une force: "Du fait que j'étais une femme, ça a aussi eu des avantages. J'étais la seule réalisatrice japonaise, alors mes films étaient vite et mieux repérés, y compris à l'étranger..."

"Il y a toujours un scénario, qui est même très solide. Je réécris et je les corrige souvent, et ils sont en fait très précis" rappelle-t-elle pour lutter contre des idées reçues.

"Plus que de la mise en scène, je reconstitue la vie" nuance la réalisatrice pour définir son style, expliquant que sa vie personnelle et son entourage s'invitaient dans son cinéma à l'instar de ce libraire d'occasion qui incarne le vieux sénile dans La forêt de Mogari. Elle s'est toujours inspirée des sentiments qu'elle traversait. Ainsi quand sa mère est décédée, son monde de Nara a disparu. elle est allée retrouver une partie de ses origines sur l'île d'Amami, ce qui a donné Still the Water, où la grand mère décède dans un rite presque chamanique: "Pendant le tournage et le montage, j'ai pleuré. J'ai eu besoin de transmettre un message: le monde est beau, au-delà des changements."

On constate une évolution dans son cinéma depuis ce film, une ouverture vers des films plus populaires. Naomi Kawase revendique l'idée de ne pas changer tant que cela: "J'ai envie de choisir des films en fonction des rencontres. Il faut qu'il y ait une part de réalisme", donne-t-elle comme seul critère.

Une affaire de famille et Burning couronnés aux Asia Pacific Screen Awards

Posté par vincy, le 29 novembre 2018

Deux films cannois ont été sacrés aux Asia Pacific Screen Awards (APSA). Une affaire de famille de Kore-eda Hirokazu, Palme d'or au festival de Cannes, a reçu le prix du meilleur film, tandis que Burning de Lee Chang-dong a été distingué d'un Grand prix du jury.

Le prix de la mise en scène a aussi couronné un film de la compétition cannoise en récompensant Nadine Labaki pour Capharnaüm, tout comme le prix de la meilleure actrice, décerné à Zhao Tao pour Les éternels.

Une affaire de famille était aussi nommé pour la réalisation et le scénario. Le film a reçu d'autres prix depuis son sacre cannois: meilleur film à Denver, prix du jury de l'International Cinephile Society, Meilleur film étranger au National Board of Review, Meilleur film étranger à Munich, prix du public à Oslo et Vancouver.

La cérémonie a eu lieu à Brisbane en Australie. Les APSA priment des films de pays aussi différents que l'Inde, la Turquie, l'Indonésie, ou l'Australie.

Tous les lauréats

Jeune création : les lauréats 2018 de la Fondation Gan pour le Cinéma

Posté par MpM, le 29 novembre 2018

©Régis d'Audeville

Depuis sa création en 1987, la Fondation Gan pour le Cinéma distingue chaque année des projets de longs métrages (premier et deuxième) auxquels elle apporte une aide financière de 53 000 euros (50 000 pour le producteur, 3000 pour le réalisateur).

Ont ainsi été accompagnés Raymond Depardon (La captive du désert), Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro (Delicatessen), Tran Ahn Hung (L'odeur de la papaye verte), Catherine Corsini (Les amoureux), Christine Carrière (Rosine), Bruno Dumont (La vie de Jésus) ou encore Meryem Benm’Barek pour Sofia, sélectionné et récompensé à Un certain regard à Cannes en 2018, et Jean-Bernard Marlin pour Shéhérazade, sélectionné à la Semaine de la Critique 2018.

La fondation s'enorgueillit aujourd'hui d'un beau palmarès, avec près de 5000 scénarios lus, 190 réalisateurs aidés (dont seulement un quart de réalisatrices), 90% de films tournés, et un tableau d'honneur qui cumule 35 César, 20 prix à Cannes et plus de 450 récompenses dans les festivals français et étrangers. Autant dire que les lauréats 2018, annoncés lors la traditionnelle Soirée des lauréats le lundi 26 novembre, viennent de rejoindre un club très privé placé sous les meilleurs auspices.

C'est le président du jury de l'Aide à la Création, Christophe Honoré (lauréat en 2000 pour 17 fois Cécile Cassard), qui a annoncé les 4 heureux élus, choisis parmi 114 scénarios.

- Guillaume Bonnier pour Tout le monde m'appelle Mike (premier long métrage), produit par Spectre Productions

Un film qui a séduit le jury par "sa force de conviction". Il raconte l'histoire d'une famille qui voyage sur un voilier. Au moment de traverser le golfe d’Aden, arpenté par des pirates somaliens, ils invitent Mike, un jeune homme dont ils ne savent rien, à venir avec eux. Au casting de ce que le réalisateur présente comme un western, Anaïd Demoustier, Damien Chapelle et Abderissaak Mohamed.

- Romain de Saint-Blanquat pour La Morsure (premier long métrage), produit par Easy tiger

Cette histoire d'une jeune fille qui fait le mur, persuadée qu'il ne lui reste plus qu'une nuit à vivre, a fait l'unanimité auprès du jury. "Ce que promet le scénario nous a emballés" a confié Christophe Honoré. Romain de Saint-Blanquat, qui s'était fait connaître avec son court métrage de fin d'études auto-produit Pin ups, développe en parallèle une série qu'il a coécrite, Carolus magnus.

- Rachel Lang pour Mon légionnaire (deuxième long métrage), produit par Chevaldeuxtrois

Un projet dont le jury a apprécié "la maturité", proposé par la réalisatrice de Baden baden, long métrage remarqué à Berlin en 2016. On y suit des légionnaires et leurs épouses, qui apprennent pour les uns à survivre en milieu hostile, et pour les autres à vivre avec l’absence et l'éloignement.

- Vincent Le Port pour Bruno Reidal (premier long métrage), produit par Capricci Production

L'histoire vraie d'une jeune séminariste qui a tué un enfant au début du XXe siècle, avant de se rendre à la police. Le film se base sur ses mémoires, qui contiennent des phrases comme : « Quoique je fasse, les scènes de meurtre sont pour moi pleines de charme… » "C'est probablement le film le plus imprudent des quatre" a souligné Christophe Honoré. Vincent Le Port avait reçu le prix Jean Vigo du court-métrage en 2016 pour Le Gouffre.

Enfin, le prix spécial, qui est remis par la Fondation elle-même, a été attribué au projet Le sommet des Dieux, premier long métrage d'animation en solo du réalisateur Patrick Imbert (qui avait co-réalisé Le grand méchant renard et autres contes et Ernest et Célestine), coproduit par Julianne Films et Folivari. Il s'agit de l'adaptation ambitieuse du manga du même nom de Jirô Taniguchi et Baku Yumemakura.

Autant de films que l'on suivra avec beaucoup de curiosité, mais en réfrénant un peu notre impatience, car les quatre lauréats en prise de vues réelles devraient tous être tourné courant 2019 (avec des sélections cannoises en 2020 à la clef ?) tandis que le long métrage d'animation est attendu pour 2021.