3 bonnes raisons d’aller voir Miracle à Santa-Anna de Spike Lee

Posté par wyzman, le 30 août 2018

Enfin disponible en salle, Miracle à Santa-Anna de Spike Lee vaut le détour. Une semaine après la sortie de BlackKklansman, le réalisateur prouve une fois de plus qu'il est l'un des meilleurs portraitistes que l'Amérique ait connus.

1. C'est un Spike Lee inédit. Tourné à l'automne 2007, Miracle à Santa-Anna n'est sorti qu'hier dans les cinémas français. La raison ? Un désaccord financier entre TF1, Spike Lee et la société de production italienne On My Own. En dépit de leur accord contractuel, TF1 aurait refusé de distribuer le film sur les marchés internationaux, affirmant que Spike Lee a réalisé une oeuvre qui n'était pas celle promise. Il aura fallu plusieurs années et le coup de poker de Splendor Films pour pouvoir enfin savourer cette pépite au cinéma.

2. L'histoire est géniale. De nos jours, aux Etats-Unis, un Noir américain à la veille de sa retraite abat un autre homme avec un pistolet allemand. Durant la fouille de son appartement, la police découvre la tête d'une statue italienne d'une très grande valeur, perdue à Florence durant la Seconde guerre mondiale. Enfermé dans un asile, l'homme en question finit par raconter à un journaliste l'histoire de cette tête ainsi que la sienne. Complexe et profonde, l'histoire de Miracle à Santa-Anna doit toute sa richesse à l'oeuvre dont elle est adaptée, le roman éponyme de James McBride.

3. Le casting est impressionnant. Film de guerre certes, Miracle à Santa-Anna raconte en outre le désespoir qui a gagné des milliers d'hommes lors de la Seconde guerre mondiale. Les historiens ne sont pas d'accord sur certains aspects du film (y avait-il vraiment des collaborateurs à Santa Anna, village de Toscane ?) et au moment de sa sortie américaine, le public a boudé le film car les films de guerre devenaient trop nombreux. Mais par chance, Spike Lee a fait appel à toute une brochette de stars pour porter son projet. De John Turturro, à Joseph Gordon-Levitt en passant par Kerry Washington, Derek Luke et Walton Goggins, tous semblent avoir un rôle à la mesure de leur talent !

Venise 2018 : les Oscars dans le viseur, Netflix sur le tapis rouge

Posté par kristofy, le 30 août 2018

Le Festival de Venise, alias la 75ª edizione della Mostra internazionale d'arte cinematografica, s'est ouvert avec comme rampe de lancement un film prestigieux en ouverture : First Man de Damien Chazelle (oscarisé pour la mise en scène de La la Land, qui ouvrait Venise il y a deux ans), venu pour cette première mondiale accompagné de Ryan Gosling, Claire Foy, Olivia Hamilton, et le scénariste Josh Singer (déjà oscarisé pour Spotlight).

La place de Venise sur le calendrier en septembre, en parallèle du Festival de Toronto et celui de Telluride, le confirme de plus en plus comme un "lanceur" pour la saison des prix. Certains studios dévoilent des productions oscarisables dans ce seul objectif, dédaignant de plus en plus le Festival de Cannes. L'année dernière il y avait eu ainsi La forme de l'eau de Guillermo del Torro (Lion d'or, et président du jury 2018), récompensé quelques mois plus tard par 4 Oscars dont ceux de meilleur film et du meilleur réalisateur, et Three Billboards: Les Panneaux de la vengeance, Oscar de la meilleure actrice et du meilleur second-rôle masculin. Et on remonte plus loin avec avant Premier contact, Jackie, Birdman, The Master, Black swan..

First Man de Damien Chazelle a été apprécié à la fois pour ces scènes d'actions spatiales et pour le drame humain et familial du héros. On se doute qu'il aura une nomination quelque part aux Oscars.

Mais c'est une tout autre question qui agite le Lido : Netflix impose une large présence au Festival de Venise avec 6 films (en compétition ou pas). Sous le label de la plateforme de streaming, persona non grata de la compétition cannoise, on verra donc notamment en compétition trois films Netflix: Roma de Alfonso Cuarón (son nouveau film sans aucune star depuis les 7 Oscars de Gravity), The Ballad of Buster Scruggs des frères Coen (série remontée en film), et 22 July de Paul Greengrass (à propos des attentats d'Oslo et d'Utoya de 2011).

On verra aussi The Other Side of the Wind , dernière oeuvre posthume de Orson Welles (dont le montage arrive 40 ans après sa mort) et le documentaire They'll love me when I'm dead de Morgan Neville (d'ailleurs oscarisé en 2014). Alberto Barbera, le responsable de la sélection de Venise, n'a d'ailleurs pris aucune position particulière à propos de ces films qui ne seront pas visible en salles : il s'agit d'observer le cinéma qui est dans une période de changements et qu'un Festival avait pour rôle de programmer pas des films, sans se préoccuper de leur distribution... "Je ne vois aucune raison d’exclure de la compétition du festival un film de Cuaron ou des frères Coen uniquement parce qu’il a été produit par Netflix" a-t-il déclaré. Venise bénéficie surtout d'un avantage sur Cannes: en Italie il n'y a aucune chronologie des médias contraignante, contrairement à la France. Evidemment, les organisations professionnelles ont critiqué cette prise de position.

Mais l'affaire va plus loin. Le film italien Sulla Mia Pelle d'Alession Cremonini, prévu pour faire l’ouverture de la section Horizon, sortira dans les salles italiennes le 12 septembre, en même temps que sa mise en ligne sur Netflix. Les distributeurs accusent le Festival de favoriser une major américaine au détriment des professionnels locaux, très fragiles.

Du côté Netflix, il y a aussi plusieurs titres encore à Toronto comme Hold the dark de Jeremy Saulnier.

Alors que Cannes avait statué (pas de Netflix en compétition) tout comme Steven Spielberg ("once you commit to a television format, you're a TV movie"), le débat va continuer. Un film Netflix pourrait gagner un Lion d'or à Venise ? peut-être un Oscar ? Cette année la campagne Netflix est en tout cas lancée... L'enjeu n'est pas simplement la reconnaissance par une statuette (et de ses divers bénéfices en dollars) : Netflix cherche à conforter sa position temporaire de leader du streaming, car Disney prépare son offre concurrente DisneyPlay (avec les films Disney, Pixar, la franchise Star Wars, les super-héros Marvel, et aussi tout le catalogue de la Fox racheté pour cela). Dans cette guerre à la captation d'abonnés il faut s'attacher des talents, comme Alfonso Cuarón, les frères Coen ou Paul Greengrass. D'autant que, hormis Okja, ses films n'ont pas encore tout a fait été convaincants, contrairement aux docus et aux séries.

Tout comme dans First Man de Damien Chazelle en ouverture avec Neil Armstrong envoyé sur la Lune : ce qui compte vraiment c'est d'être le premier à planter son drapeau.