Aretha Franklin: un biopic en préparation, un docu dans le maquis

Posté par vincy, le 28 août 2018

Tandis que les fans lui rendent un dernier hommage à Detroit depuis aujourd'hui, en attendant ses funérailles le 31 août, Aretha Franklin, décédée le 16 août dernier, pourrait enfin devenir une star de cinéma post-mortem. Si la Queen of Soul n'a joué que dans deux films (Les Blues Brothers et sa suite), elle avait accepté de son vivant l'idée d'un biopic.

Cela fait des années que le film sur sa vie est en développement. En 2000, Halle Berry était même pressentie pour le rôle, avant qu'on ne parle de la chanteuse et comédienne Audra McDonald (6 Tony Awards). La MGM a désormais les droits et Jennifer Hudson (Dreamgirls) a été choisie pour incarner la chanteuse dans sa jeunesse. Aretha Franklin aurait elle-même valider ce choix, voulant garder le contrôle total sur ce projet. Selon elle, le scénario racontait assez fidèlement sa vie, de manière chronologique, incluant des faits peu connus du public. La semaine précédent son décès, elle travaillait encore sur ce film, notamment avec les producteurs et l'actrice. Depuis 20 ans, Aretha Franklin évoquait ce projet, collaborant avec Taylor Hackford (Ray), cherchant un ton positif à son histoire. Elle rêvait d'un film populaire comme les biopics de Tina Turner, Ray Charles ou Johnny Cash. Mais il reste de nombreux obstacles. Il n'y a ni script, ni réalisateur et de nombreux droits, y compris musicaux, restent à négocier.

D'ici là, il y a un autre film sur Aretha qui pourrait ressurgir sur les écrans. Le documentaire Amazing Grace. Ce docu-concert date de 1972. Il a été sauvé et achevé en 2010. Mais la chanteuse a traîné le film en justice pour de sombres histoires de droits, l'empêchant ainsi d'être diffusé. Désormais, Amazing Grace est entre les mains des avocats, agents, managers, juges et autres intermédiaires. A l'origine, Sydney Pollack filme durant deux nuits dans une église de Watts (Los Angeles) une performance de la chanteuse. Cet enregistrement sonore et cinématographique aboutit à un disque (le plus gros succès historique dans la catégorie Gospel) et à un docu dont les rushs cumulent 20 heures de durée. Mais le montage s'avère impossible techniquement et la Warner décide d'abandonner le projet. Pollack revient alors à la fiction, et ne retournera plus aucun documentaire. Il n'abandonne pas pour autant: il se remet en contact avec Aretha dans les années 1990. C'est le producteur Alan Elliott qui décide au milieu des années 2000 de finir le travail en achetant les droits à la Warner et en recevant l'accord de Pollack, qui est en phase terminale (il meurt en 2008).

Ce qui n'était pas possible dans les années 1970 le devient avec le numérique: la synchronisation du son et de l'image est enfin possible à partir des rushs. Quand une bande annonce sort en 2010, la chanteuse lance une procédure pour empêcher la sortie du film, considérant qu'elle ne l'a pas validé. Acharnée, elle poursuit les festivals, comme Telluride, qui veulent le diffuser. Il est quand même présenté à Toronto en 2015. Lionsgate accepte de le distribuer. A ce moment là, Aretha Franklin est prête à signer le contrat (1 million de dollars). Mais elle ne le signe pas. Concord remplace Lionsgate, propose la même somme. Elle ne signe toujours rien.

De l'avis de tous, c'est un documentaire oscarisable. Qui attend toujours d'être montré. Ses ayant-droits auront peut-être moins de mal à empocher la somme.