3 raisons d’aller voir The Guilty

Posté par vincy, le 18 juillet 2018, dans Critiques, Films.

The Guilty, thriller danois de Gustav Möller, est l'histoire d'une femme kidnappée qui contacte la police. Mais la ligne est coupée. Le policier qui a reçu l'appel ne peut compter que sur ses intuitions, son imagination et le téléphone: chaque son peut avoir son importance pour sauver son interlocutrice.

De multiples récompenses. Prix de la critique au Festival de Beaune, prix du public et de la jeunesse à Rotterdam, prix du public à Sundance, ce film danois a déjà fait parler beaucoup de lui depuis janvier. Et si c'était le polar "sleeper" de l'été, ce succès inattendu qui survient chaque année à la même période? Il y a en effet tous les ingrédients pour captiver l'audience en 85 minutes chrono. Le film peut d'ailleurs faire penser à l'excellent Buried de Rodrigo Cortes. Un huis-clos (unité d'espace) anxiogène et suffocant. Mais, en filmant en temps réel (unité de temps), le cinéaste s'offre une deuxième contrainte, qui rappelle Victoria de Sébastien Schipper. Deux formes de cinéma qui donnent à une histoire banale son aspect fascinant.

Palpitant. Pas besoin de beaucoup d'effets pour nous faire palpiter. On ne peut pas dire que The Guilty soit un film d'esbrouffe. Il a cette épure et cette austérité toute scandinave. C'est le scénario, jusqu'au dénouement, qui produit la meilleure énergie à ce film immersif qui stimule notre propre imagination. Nous sommes le flic. Nous cherchons aussi à savoir ce que nous avons entendu, compris, deviné. Non exempt de sueurs froides et de suspens, le polar a un autre atout majeur, techniquement: le travail sur le son est d'une précision millimétrée. Au passage, le cinéaste rappelle que le cinéma est un art de l'illusion fondé sur des techniques accentuant au moins deux sens: la vue et l'ouïe.

Hors-champ. C'est peut-être là ce qu'il faut retenir du film. Le spectateur interagit avec l'histoire parce que l'essentiel du récit se déroule hors-champ, c'est-à-dire dans ce qu'on ne nous montre pas. Ainsi quand la victime appelle, on sent bien la frénésie qu'il y autour d'elle. Pourtant, nous ne voyons que le visage propret du policier dans son centre d'appel. Au contraire du son qui est analysé, décrypté, décodé, l'image est laissée à notre imaginaire. Un peu comme lorsqu'on nous lit une histoire. Chaque bruit a son importance et nous projette un monde nouveau. C'est maîtrisé, tendu, efficace. Sous son apparence manipulatrice, The Guilty est surtout psychologique, voire mentale. Pour le spectateur.

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