Universal met la main sur James Bond

Posté par redaction, le 25 mai 2018

daniel craig james bond 007 spectre

C'est un petit séisme à Hollywood. Sony a perdu les droits de distribution internationaux de James Bond au profit de Universal. Pour Sony, c'est une grosse perte. Les deux derniers films avec 007 sont deux de ses 15 plus grosses recettes. Skyfall avait rapporté 16% de ses recettes annuelles en Amérique du nord et Spectre avait généré 20% des recettes nord-américaines du studio l'année de sa sortie.

Si Sony n'est pas dépourvu en franchises (Jumanji, Spider-Man, Men in Black), il n'empêche que ça déstabilisera ses recettes à venir. Equalizer, Millenium, les reboots de Drôles de dames et de Men in Black, ... rien ne se compare à un James Bond, hormis Spider-Man. Rappelons quand même que Sony a récupéré le prochain film de Quentin Tarantino, au programme de l'été 2019.

Pour Universal, c'est en revanche un très beau coup. Le studio de Jurassic World, de Moi Moche et méchant et autres Minions, de Fast & Furious, et de Jason Bourne, c'est la garantie de compenser l'absence de super-héros à son catalogue. Le studio récupère aussi la distribution vidéo de la saga.

Le 25e James Bond, avec de nouveau Daniel Craig en espion de sa majesté, sera réalisé par Danny Boyle et écrit par John Hodge. Le tournage débutera le 3 décembre. MGM, qui continue de détenir les droits numériques et télévisuels de la franchise, a prévu la sortie du film en Amérique du nord le 8 novembre 2019 et Universal sortira le film dès le 25 octobre 2019 au Royaume Uni, et sans doute dans la foulée dans le reste de l'Europe.

Universal distribuera aussi le prochain film de Danny Boyle, une comédie signée Richard Curtis, avec Lily James, Ana de Armas, Kate McKinnon, Lamorne Morris, Joel Fry et Ed Sheeran. La sortie est prévue pour le 13 septembre 2019. Quelques semaines avant le James Bond.

Face à 007, il y aura quand même du lourd en salles: Wonder Woman 2 (fin octobre), Mort sur le Nil, la suite de la Reine des Neiges et une adaptation d'un Disney en prises de vues réelles, le dessin animé sur Sonic, un Marvel et sans doute le nouveau Terminator. On se doute que Universal, qui avait prévu la sortie d'une comédie produite par Will Packer décalera celle-ci.

James Bond a changé plusieurs fois de distributeur au cours de ses 55 ans d'existence: United Artist (1963-1989), MGM (1981-2002), Sony (2006-2015). Sous la bannière Sony, les recettes ont explosé avec, en quatre films, un box office total de 3,2 milliards de $ dans le monde.

Deneuve, Binoche, Hawke chez le palmé Kore-eda

Posté par vincy, le 24 mai 2018

Une Palme d'or et son effet. Hirokazu Kore-eda, palmé dimanche pour le très beau Une affaire de famille, suit la trace de ses confrères asiatiques qui veulent tourner avec des comédiens français et/ou en France. Son prochain film, qu'on n'imagine mal ne pas être au prochain Festival de Cannes, sera tourné en France en octobre prochain.

La vérité sur Catherine, titre provisoire, réunira Catherine Deneuve, Juliette Binoche, Ethan Hawke et Ludivine Sagnier. Deneuve et Binoche, malgré quelques cinéastes en commun dans leur filmographie (Téchiné, Carax, Rappeneau) n'ont jamais tourné ensemble. Sagnier a été la fille de Deneuve dans 8 femmes. Si Binoche est une habituée du cinéma asiatique (Naomi Kawase, Hou Hsiao-hsien, Nobuhiro Suwa), pour Deneuve c'est une première incursion chez un cinéaste venu d'Extrême-Orient.

De ce qu'a révélé The Film Stage, on comprend que le film suivra Catherine, icône de cinéma, mère de Juliette, et admirée par de nombreux hommes. Lorsqu'elle publie ses mémoires, sa fille et sa famille américaine reviennent dans la maison familiale.Un retour qui fait ressurgir les vérités cachées, les rancunes inavouées, les amours impossibles. La confrontation et les révélations sont violentes, sous le regard désabusé des hommes. Simultanément, Catherine tourne un film de science-fiction où elle incarne la fille âgée d’une mère éternellement jeune. Tout se mélange et oblige la mère et la fille à se retrouver.

Le film sera distribué par Le Pacte, comme Une affaire de famille, qui attend encore sa date de sortie, normalement vers l'automne.

Catherine Deneuve est attendue dans Mauvaises herbes de Kheiron, le 21 novembre, Claire Darling de Julie Bertuccelli, le 12 décembre, et L'adieu à la nuit d'André Téchiné en 2019. Juliette Binoche a quatre films prêts à sortir: High Life de Claire Denis, Vision de Naomi Kawase, E-Book d'Olivier Assayas et L'Art du compromis de Patrice Leconte. Les trois premiers devraient être sélectionnés à Locarno, Venise et / ou Toronto.

Cannes 2018 : Le palmarès des meilleures soirées

Posté par wyzman, le 23 mai 2018

Matthew OliverPeu de gens le savent mais lorsque l'équipe d'Ecran Noir n'enchaîne pas les projections au Festival de Cannes, elle adore flâner ici et là, dans quelques unes des soirées les plus tendances. Avec un simple badge ou un joli sourire, certaines fêtes sont d'ailleurs facilement accessibles. Pour rendre compte de la nuit cannoise en période de festival, nous vous proposons donc un petit retour sur sept soirées qu'il ne fallait pas manquer lors de l'édition qui vient de s'achever.

#7 La soirée de l'Institut français (résidence Widsor ADOSOM)

Cette année, l'Institut français n'a pas fait les choses à moitié. Devant cette résidence qui héberge l'Association pour l'administration des œuvres sociales d'outre-mer, nous avons pris beaucoup de plaisir. Alors oui, pour y parvenir, il était préférable d'être véhiculé (on pensera au Uber dès l'aller l'an prochain) mais le cadre en valait la peine tant le bâtiment Windsor est impressionnant. Une armada de barmans était là pour s'assurer que notre coupe de champagne soit toujours remplie et si vous aviez faim, petits fours et glaces étaient disponibles. (Non, la glace ça ne cale pas mais ça change quand même du champagne !)

#6 La soirée On n'est pas couchés (Villa Domergue)

Véritable coup d'envoi de notre festival de Cannes, cette première soirée était l'occasion de retrouver tout le gratin des communiquants et quelques journalistes branchés. On a adoré : le cadre (une villa avec vue imprenable sur Cannes), le service (des barmans aux petits soins), la nourriture (c'était petits fours pour tous) et la musique (Beyoncé, Michael Jackson, Martin Solveig). On a un peu moins aimé : le volume sonore qui nécessitait de tout répéter à ses interlocuteurs et le bar qui fermait à 2 heures du matin.

#5 La suite Sandra & Co

Installée au premier étage d'un immeuble avec vue sur la Croisette, cette suite était sans conteste le lieu privilégié de ceux qui voulaient rester discrets. Sponsorisé par une agence spécialisée en relations publiques, l'endroit semblait tout droit sorti d'un clip ou de l'esprit de Nicolas Winding Refn. Chaque pièce disposai ainsi d'un thème. Décorée grâce à d'excellents éléments de pop culture, la suite nous a presque fait perdre toute notion du temps entre deux gorgées de champagne. Le service était bon, les verres pleins et la musique peu forte. Bref, c'était l'endroit parfait pour se frotter à Maxime Dereymez ou signer un contrat de dernière minute tard le soir (ou très tôt le matin).

Matthew Oliver

#4 La plage Magnum

Nous avons découvert celle-ci de jour, lorsque la mannequin Bella Hadid et le styliste Alexander Wang donnaient une conférence de presse à l'occasion du lancement de leur nouvelle collection pour le glacier. La nuit, l'ambiance était radicalement différente. Les journalistes et cameramans avaient laissé place aux jet-setters, influenceurs et fils de venus partager un moment en compagnie de personnalités incontournables. Sur cette même plage, nous avons croisé des danseurs en strings, la Miss Univers Iris Mittenaere, le chanteur The Weeknd, la légende Naomi Campbell, la it girl Kendall Jenner ainsi que les équipes des films Climax, En liberté !, Joueurs et En guerre. L'endroit était d'ailleurs parfait pour admirer le feu d'artifice de Disney lancé après la projection de Solo : A Star Wars Story. Si vous souhaitiez voir du (beau) monde en dégustant d'excellents cocktails faits maison, il fallait passer aux soirées de la plage Magnum !

#3 Le bateau Arte (SensCritique & Konbini)

Une fois le festival de Cannes lancé, il fallait être fou pour refuser un invitation sur le bateau Arte. Personne n'a su nous dire s'il s'agissait d'un simple bateau ou d'un véritable yacht mais toujours est-il qu'il a parfaitement rempli sa fonction : nous faire rêver. De 22 heures à 2 heures du matin, nous pouvions nous rafraîchir tout en discutant cinéma avec d'autres connaisseurs. Pour accéder au bateau, il fallait bien évidemment être invité. Les refoulés criaient à l'injustice quand les admis savouraient leur petit bout de paradis, dans l'un des rares lieux loin d'être bondés la première semaine. Entre deux coupes de champagne ou deux remixes parfaitement pensés par le DJ, nous nous sommes même laissés tenter par les casques de réalité virtuelle mis à disposition. Bien évidemment, au-delà de six verres, cette activité était à éviter !

#2 La soirée des courts métrages (plage du Majestic)

On ne le dira jamais assez mais le Festival de Cannes sait organiser des soirées. Ici, et comme son nom l'indique, il était question de mettre le court-métrage à l'honneur. Arrivés en cours de soirée, nous ne sommes pas sûrs que cela fut le cas. Mais la piste de danse était pleine à craquer et les invités particulièrement souriants. Dernière soirée de notre aventure cannoise, cette fête fut l'occasion de croiser de nombreux distributeurs, programmateurs et producteurs sur le ponton, entre deux pronostics sur la future Palme d'or - qui n'est malheureusement pas allée à BlackKklansman. La musique était géniale et le champagne parfaitement assemblé. Néanmoins, les toilettes demeuraient l'endroit où tout se passait, où fluides corporels et substances illicites étaient échangés.

Matthew Oliver

#1 La soirée de clôture de la Semaine de la Critique (plage Nespresso)

Il suffisait d'être à cette soirée pour comprendre qu'elle mérite sa place de numéro un. Entre les burgers faits sur places, les innombrables petits fours et amuse-gueules et l'impressionnant stock de bouteilles, il y avait de quoi faire ce soir-là. Particulièrement ravi de croiser Zakaria Ben Ayed (Mon cher enfant) et Alex Lutz (Guy), nous avons failli passer à côté du set de Joachim Trier. Président du jury de la Semaine de la critique, il a démontré qu'il était le meilleur DJ de cette édition avant de se trémousser auprès des infatigables clubbeurs venus de la Capitale. De nombreux baisers et numéros de téléphone ont été échangés à cette soirée...

3 raisons d’aller voir « Manifesto » avec Cate Blanchett

Posté par vincy, le 23 mai 2018

Le concept: Manifesto rassemble aussi bien les manifestes futuriste, dadaïste et situationniste que les pensées d’artistes, d’architectes, de danseurs et de cinéastes tels que Sol LeWitt, Yvonne Rainer ou Jim Jarmusch. A travers 13 personnages dont une enseignante d’école primaire, une présentatrice de journal télévisé, une ouvrière, un clochard, une veuve, une chanteuse rock… Cate (Blanchett) scande ces manifestes composites pour mettre à l’épreuve le sens de ces textes historiques dans notre monde contemporain.

- Cate Blanchett formidable. Il y a peu de comédiennes capables d'incarner avec autant de conviction et de naturel treize personnages différents. Le maquillage, le costume, la coiffure aident avant tout à distinguer le milieu social de chacun. Mais le travail de l'actrice va bien au-delà: diction, accent, geste, ... Cate Blanchett peut tout jouer, du clochard errant dans une zone industrielle désaffectée, à la présentatrice télévisée rouquine et rigide, en passant par la mère de famille a priori conservatrice ou la prolo mangeant son sandwich en triant les déchets. La virtuosité de son jeu contribue énormément à la réussite du film, dont elle est l'unique fil conducteur. C'est aussi un plaisir de cinéphile de la voir se transformer ainsi. Hormis Kate Winslet, Nicole Kidman et Tilda Swinton, on voit mal quelle autre comédienne aurait pu endosser tant de personnages (et autant de textes complexes à clamer) avec tant d'aisance.

- Une mise en scène radicale. L'artiste et vidéaste Julian Rosefeldt réalise un premier film expérimental, sorte de "mash-up" de 53 manifestes artistiques. Sous la forme de courts-métrages érudits s'entrelaçant, la mise en scène met en exergue le texte à travers des séquences en apparence "banales" (une salle de trader, une répétition d'un ballet, un atelier de marionnettiste...). Cette "tranche de société", des bas fonds aux élites, use de codes cinématographiques rodés et familiers. Rosefeldt n'utilise que son actrice comme artifice et se concentre sur les textes dont les auteurs sont aussi variés que Guy Debord, Guillaume Appolinaire, André Breton, Louis Aragon, Paul Eluard, ... Un manifeste cinématographique parce qu'il n' a rien à dire, mais aussi parce que tout a été dit. Il suffit de le filmer à sa manière.

- Un manifeste brillant. La force de Manifesto est de nous plonger sous la forme de courts-métrages abordant le situationnisme, le futurisme, le surréalisme, l'architecture, le fluxus, le créationnisme, le minimalisme, ... Trois séquences retiennent particulièrement le dadaïsme, le pop art et le cinéma. Le Dadaïsme, discours d'une veuve très insolent est jouissif pour les oreilles et rappelle l'humour noir qui peut se dégager d'une critique absurde du monde (mais est-ce si absurde?). Le long monologue, très "Sarah Kane" dans son élan à bout de souffle, de Claes Oldenburg, "Je suis pour un art", autour d'un déjeuner familial, comme une prière avant le repas, passionne par sa franchise et son irrévérence. Enfin, le cinéma, enseigné à une classe d'enfants, est porté par un ludisme enjoué pour expliquer le dogme, Godard, Herzog, Jarmusch... La création n'a rien d'original, c'est la sincérité et l'authenticité de son auteur qui en fait une œuvre. Assurément, le regard singulier et l'appropriation par Rosefeldt et Blanchett de ces manifestes font de Manifesto un film "original", et pédagogique.

Cannes 2018 : les meilleures phrases entendues pendant le Festival

Posté par wyzman, le 22 mai 2018

Comme l'an dernier, nous avons profité des 12 jours de festival pour arpenter les rues de Cannes. Pendant 12 jours, nous avons donc patienté dans les immenses files d'attentes, discuté dans les salles de projection bondées et les conférences de presse et écumé les soirées endiablées. Marquée par la présidence de Cate Blanchett, la place faite aux femmes et les films tièdes, cette 71e édition du plus grand festival de cinéma international a également été l'occasion pour nous de rencontrer de superbes spécimens. Du passant hargneux au jet-setter blasé des clubs en passant par le critique de cinéma aguerri, tous ces personnages ont contribué à faire durer notre plaisir cannois.

Pour vous, nous avons donc sélectionné les meilleures pépites que nous avons eu la chance d'entendre au cours ces 12 jours absolument fabuleux, passés au soleil ou sous la pluie... Comme c'était déjà le cas en 2017 et pour ne heurter la sensibilité d'aucun, ces citations resteront anonymes.

“Non mais la soirée Konbini on est obligés d’y passer : y’aura tous mes copains.”
“C’est qui The Weeknd ?”
“T’es vraiment un amour malgré tous tes défauts...”
“Non mais sois pas gentil avec moi, tu sais pas à quel point je m’attache. Après je me fais des films, c’est une cata !”
“J'ai peur que passer un an après 120 battements par minute ça les empêche de gagner quoi que ce soit.”
“J'ai vu 4 films ! C'est bon, mon Cannes est fait.”
“Cannes sous la pluie ça sert vraiment à rien !”
“Mais genre en Belgique vous mangez vraiment des frites tous les jours au goûter ?”
“Tu veux pas m’sucer ? Juste un truc rapide, ça nous engage à rien hein !”
“Mais on va pas partir maintenant, ils passent Beyoncé.”
“Quand on t’a laissé aller seul au Vertigo l’an dernier, t’as été pas mal importuné n’est-ce pas ? (...) Tu vois, je leur avais dit et ils ont dit que je faisais ma mère poule !”
“Si je bois encore une goutte de Mouton Cadet je vais vomir.”
“Si je tombe du yacht tu viendras me récupérer ?”
“Les costumes sans chaussette c’est tellement chic. Enfin, vous êtes tellement chic !”
“C'est tellement loin du Palais qu'on est sûrs de croiser que les braves à cette soirée.”
“Mais la plage Magnum c’est la plage des glaces ? Genre on te propose que des glaces ?”
“La mixologie !? C'est que là il te sert pas un cocktail, le verre c’est un chef d’œuvre !”
“Y a de belles images mais c’est bavard !”
“Y a que mon mari pour te faire rentrer 8 personnes dans une soirée avec seulement 3 cartons d'invitation.”
“Arrête de dire 'blondasse' ça fait beauf !”
“Ils sont trop drôles au festival, ils te passent tous les chanteurs d'il y a 5 ans : Lykke Li, Robin Thicke, Kesha...”
“Mon dieu mais qu’est-ce qu’il ronfle... Ça doit être horrible pour lui au quotidien. Enfin, comment tu veux garder un mec dans ces conditions ?”
“En revanche pour le Ceylan de 3 heures, faut pas qu'on s'endorme en même temps.”
“Mais est-ce que les danseurs à la plage Magnum ils viennent se frotter un peu à toi ?”
En liberté ! aurait mérité d'être en compétition en sélection officielle.”
“Leur gin tonic est vraiment dégueu. On sent pas le tonic et on sait pas si c'est vraiment du gin...”
“Faut vraiment que les gens arrêtent de penser que le court métrage c'est forcément un tremplin pour le long !”
“Au moins ici c'est pas comme à la villa Domergue où y'avait plus de champagne à 2 heures.”
“Je crois que le feu d'artifice c'était pour compenser la qualité du scénario du Solo.”
“Si jamais y a de la coke qui traine, tu m’empêches d’en prendre ! Tu sais pas à quel point j’ai envie de baiser quand je suis coké donc tu m’empêches hein !”
“Je n'imaginais pas la fin de ce festival autrement que par une nuit blanche et un train à 7h30.”
“Ce qui se passe à Cannes reste à Cannes !”

Cannes 2018: 10 choses à retenir d’un Festival pas comme les autres

Posté par vincy, le 21 mai 2018


Moins de monde et pourtant...

Aucune projection pour la presse n'affichait complet, pas même celle de Solo, A Star Wars Story. Aux projections officielles auxquelles nous avons assisté, y compris sur des films-événements, il restait pas mal de fauteuils vides. Des hôteliers se plaignaient du nombre de chambres pas occupées. Trois semaines avant le début du Festival, des dizaines d'appartement étaient encore disponibles. Hormis quelques soirs dans quelques restaurants, il était facile de trouver une table en soirée. Bref, on a eu l'impression qu'il y avait moins de monde, malgré deux jours fériés.

Et pourtant, le nombre d'accrédités a augmenté au marché comme au Festival. Beaucoup, cependant, restait moins longtemps (une partie notable des journalistes n'était plus là dès le deuxième mercredi). L'ajout de projections pour la presse a été une excellente idée, permettant à tous de voir tous les films. L'accès à Lumière, même en projection officielle, a été sous-exploitée, question d'habitudes pas encore prises. Il y avait moins de foule, mais il y avait aussi moins de temps perdu pour chacun.

Trop d'abus et pourtant...

Une des raisons à cette fréquentation perçue comme moins importante reste le coût d'un séjour cannois. De Gilles Jacob aux journaux professionnels américains, tous s'accordent à dire que la poule aux œufs d'or de l'hôtellerie est en train de se suicider: inflation des prix quand toutes les entreprises (des médias aux producteurs) contrôlent de plus en plus leurs budgets (quand elles ne licencient pas), réservation obligatoire sur la quinzaine dans certains hôtels, tarif de location exponentiel pour des petits appartements pas vraiment luxueux, un billet d'avion à 300€ minimum, un billet de train qui augmente chaque année... tous profitent de Cannes. Et à force, beaucoup se résignent à ne pas venir, ou quelques jours seulement, ou en faisant des sacrifices. Les supermarchés font ainsi le plein tandis que les restaurants font grise mine. Mais que dire quand un cocktail qui vaut 10-12€ dans une métropole européenne est facturé 16€ à Cannes? Ou trois déjeuners (avec un seul verre de vin et un café par personne) au Californie, en face du Palais, totalisent un montant astronomique de 190€ (sans que la nourriture et les portions soit exceptionnelles). Même à Paris, personne n'ose.

Et pourtant, on revient chaque année. Et tout le monde se débrouille pour faire Cannes. Pour l'instant. S'il est urgent que l'industrie touristique cannoise prenne conscience de ses excès néfastes pour eux-mêmes, on peut au moins se féliciter de voir que dans les soirées, l'alcool coule toujours à flot. Même si ça ne nourrit pas son festivalier.

Pas assez de stars et pourtant...

Oui le tapis rouge manquait peut-être de glamour, hormis le jury. Or, même si on est indifférent à ce défilé haute couture, le red carpet est un élément essentiel de Cannes (comparé aux autres festivals). Cela permet d'élargir le public d'intéressés. De faire de Cannes un événement "people" et populaire. Il est vital pour le Festival d'équilibrer la présence entre "stars" du moment, icônes du 7e art et vedettes du cinéma.

Et pourtant, on a au moins éviter les abus des années passées (télé réalité, sport, mode) où ce n'était plus le cinéma qui était sous les projecteurs. Et rappelons que les vraies stars restent quand même les films sélectionnés. Mais pour qu'un acteur russe ou qu'une jeune cinéaste française inconnus brillent il est vital que la montée des marches fasse l'événement, avec des personnalités que tout le monde reconnaît. L'impression de s'inviter à une grande réception demeure importante. Cette année, ce n'était pas les Oscars.

Trop de sécurité et pourtant...

Il était difficile de circuler sur la Croisette. Le préfet avait encerclé la Croisette de barrières du Majestic au casino. Autrement dit, impossible à cause des barrières, de traverser le boulevard sur 500 mètres. Une perte de temps considérable pour le festivalier. Mais surtout une grosse angoisse en cas de mouvement de foule: finir en compote écrasée sur ces barrières blanches.

Et pourtant il n'y a eu aucune alerte, aucune panique. Surtout, de l'accueil à la sécurité, le personnel était aimable, conciliant (les règles sur les objets tolérés en salles étaient claires) et l'entrée dans le Palais facilité et fluide. Une organisation en nette amélioration.

Pas assez d'éclats et pourtant...

Il n'y a pas eu d'emballements sur un ou deux films. Tout juste quelques coups de cœur, poussées d'adrénaline. Mais rien qui enthousiaste ou qui fasse débat. Chacun avec ses chouchous. On le sait depuis des années: les débats cinéphiliques se raréfient. Pire, on ne voyait plus les festivaliers lire les quotidiens print divers et variés dans Lumière avant la projection du matin.

Et pourtant, on parle toujours de cinéma le matin, le midi, le soir. On croise un ami, un confrère? On parle de films. On échange les impressions. On nuance le propos ou on accentue la qualité ou la médiocrité de l'œuvre. Il n'y avait pas de sensations cette année, mais il y avait ce sentiment que le cinéma était toujours important. Le reste du monde n'existe toujours pas dans la bulle cannoise.

Des fêtes moins fun et pourtant...

Cela fait longtemps que l'extravagance des fêtes cannoises a disparu. Ce qui distingue Cannes des autres festivals c'est justement la fête. Or celles-ci sont de plus en plus banales. Entre la Villa Schweppes qui a les allures d'une boîte de nuit élitiste, queue comprise, et les fêtes sur la plage, qui passent toutes la même musique, on a du mal à distinguer les soirées selon si elles sont celles d'un film, d'une sélection ou d'un distributeur. Les listes d'invités n'étant pas mises à jour : on y retrouve toujours les mêmes professionnels, se mélangeant peu entre français et étrangers.

Et pourtant, cette année, il était assez facile de rentrer un peu partout, l'alcool coulait à flots, et peu d'incidents ont été notés. Trop sages les festivaliers?

Pas de Netflix et pourtant...

L'absence de Netflix et dans une moindre mesure le désintérêt des plateformes de streaming pour les films cannois était palpable. On peut blâmer les exploitants français, qui pèse au conseil d'administration de Cannes. On peut regretter que le Festival ait une position rigide à l'encontre de ces nouveaux modes de diffusion. On peut souligner la contradiction du Festival de projeter un film de HBO, et d'avoir dans le passé diffusé des films produits pour le petit écran (Elephant, Ma vie avec Liberace, Le P'tit Quinquin, La chambre bleue...). Il est certain qu'en se coupant de ces nouveaux producteurs sous prétexte que leurs films ne sortent pas en salles, alors que les plus grands auteurs (Cuaron, Scoresese, etc...) n'ont pas d'autres choix pour financer leurs projets, le Festival passe à côté d'une mutation des usages. Pire, on sait que les films d'auteurs cannois, berlinois, vénitiens ont de moins en moins de publics en salles. Face à cette tendance, il devient vital de trouver ceux qui leur donneront une exposition nécessaire pour qu'ils puissent continuer d'exister.

Et pourtant, nombreux sont les films vus à Cannes qui trouveront, selon nous, leur public en salles. Cannes n'est plus un refuge pour des films pointus ou radicaux (il y en a même de moins en moins). De Capharnaüm (qui s'est arraché à prix d'or au marché) à En liberté, de Girl à BlacKkKlansman, de Climax à Cold War, le public sera au rendez-vous. Et nombreux sont les films qui seront aux César ou aux Oscars l'an prochain.

Un agenda perturbant et pourtant...

L'une des raisons du manque d'emballement et d'une impression d'un Festival atone est sans aucun doute le changement de calendrier des projections. Il y avait une distorsion de concurrence entre ceux qui avaient pu voir le film avant la projection presse (à Paris, Los Angeles ou tout simplement en projection officielle) et les autres. Cela a créé un effet secondaire plutôt attendu: l'absence de buzz sur les films. Ce fameux bruit qui parcourait la Croisette tout au long de la journée et qui donnait de l'élan à la montée des marches d'un film. Mais aussi cela donnait des billes aux vendeurs au marché du film pour faire de la surenchère sur les droits de distribution.

Et pourtant, qui en a vraiment souffert au quotidien, dans son travail? Après tout il était assez facile d'aller voir le film en projection officielle (si on connaissait la méthode) et hormis les films qui sortent simultanément (il y a là une vraie réflexion à faire), aucune critique n'est réellement attendue par le public. A l'époque où la vitesse dicte nos vies, prendre son temps pour écrire une critique n'est pas plus mal. Sauf à vouloir faire la course aux clics sur un film égyptien ou colombien. L'important est plutôt de partager un coup de cœur, qui ne s'étiole pas au bout de 24 heures.

Un gros renouvellement et pourtant...

C'était l'année où il y avait peu d'abonnés à la Croisette. Pas de Mike Leigh, aucun Nanni Moretti, nul Xavier Dolan, zéro Pedro Almodovar. Le grand chambardement permettait à de nombreux cinéastes de faire leur entrée en compétition ou même en sélection officielle. Le spectre était large entre cinéastes confirmés voire vétérans, mais rares à Cannes, et nouveaux talents surexposés mais parfois audacieux, passés par les sélections parallèles ou d'autres festivals. De multiples premiers ou deuxièmes films ont été soutenus et applaudis. On reconnaît aussi que les films les plus risqués étaient peut-être surestimés mais hormis un ou deux films, avaient leur place sur les marches de Lumière ou Debussy.

Et pourtant, en regardant le palmarès, le jury de Cate Blanchett a choisi des vétérans: Kore-eda, Lee, Pawlikowski, Godard, Panahi, ... Rohrawacher et Garrone sont des habitués des palmarès cannois. Nadine Labacki ne fait que confirmer sa côte avec son troisième film. Bref, c'est un palmarès étonnement senior qui a été délivré. Les Gonzales, Husson, Robert Mitchell, Hamaguchi n'ont pas su, pas pu lutter. D'autant, qu'à bien y regarder, le jury a fait un choix plutôt consensuel, préférant un Cold War grand public à la maestria d'un Serebrennikov, le récit mystico-allégorique d'un Heureux comme Lazzaro à l'histoire plus subtile et intense d'un Lee Chang-dong.

Des histoires d'amour et pourtant...

Du love partout. C'était l'une des grandes tendances des films cannois. L'amour hétéro, homo, parental, filial, fraternel. Toutes les composantes de l'amour étaient représentées. Trahisons, infidélités, passions, amitiés. Les cinéastes restent de grands romantiques.

Et pourtant côté sexe, cette année, Cannes était plutôt frigide. C'est finalement le cinéma gay et lesbien qui s'en sort le mieux, c'est-à-dire qu'il a été moins pudique que les autres. Quelques culs, quelques corps à poil, peu de pénis. Mais pour le reste on reste sur notre faim. Tout le monde a gardé son pantalon, on a caché les seins qu'on ne saurait voir. L'amour était verbal, gestuel, mais pas plus. Rien de torride. Il y avait bien quelques paires s'accouplant. Mais la plupart du temps, les histoires étaient platoniques, pour ne pas dire asexuées. Montrer l'amour sans montrer le désir, c'est un peu comme filmer la guerre sans filmer la mort. Et justement, la tendance c'était plutôt la petite mort. A la main, en solitaire. Triste époque.

Cannes 2018: changement d’ère, exploitation, colères, disparitions et amours

Posté par vincy, le 20 mai 2018

On oublie le palmarès, qui reste comme tous les ans un tri sélectif et subjectif (plus ou moins en phase avec la critique). Penchons-nous plutôt sur ce qu'on voulu nous montrer du monde les 21 cinéastes sélectionnés, du Japon à l'Egypte, des Etats-Unis à la Pologne, en passant par l'Italie, le Liban ou la Russie.

Changement d'ère
Plusieurs films se déroulaient à un moment clé de l'histoire de leur pays ou constatait que nous étions à ce moment de basculement. Dans le premier cas, Leto montre l'occidentalisation de la Russie au début des années 80, Cold War suit la montée d'un communisme dur après la guerre, Les éternels observe les mutations de la Chine en moins de vingt ans, Heureux comme Lazzaro passe d'une société rurale à un monde urbain, BlacKkKlansman est un pamphlet politique qui décrypte l'émergence de l'extrême droite et la cristallisation du racisme aux Etats-Unis, 40 ans avant l'arrivée d'Obama puis de Trump, En guerre plaque sa caméra sur un mouvement politique et syndical désarmé face au libéralisme triomphant, et Le poirier sauvage dévoile par petites touches une Turquie où la religion et le business prennent plus d'importance que l'éducation et la culture.

Exploitation
Sans doute que la thématique majeure de cette compétition fut le réveil de la lutte des classes. Une lutte inégale tant les puissants semblent dominants. Exploités, marginaux, chômeurs, esclaves, sans abris: tous les mis à l'écart étaient les "héros" de ces histoires diverses, révélant un monde de plus en plus injuste et inégal. Dans Everybody Knows, les rancœurs et les envies conduisent au kidnapping d'une jeune fille et révèlent des situations personnelles où l'argent et le statut social crispent les relations humaines . Dans Yomeddine, lépreux et orphelins sont ghettoïsés loin des villes. Dans Les éternels, on préfère basculer du côté de la mafia que d'être envoyé à l'autre bout de la Chine pour cause de fermeture de mines de charbon. Dans Trois visages, les habitants du nord-ouest de l'Iran sont ignorés par le pouvoir, et subissent coupures d'eau et d'électricité. Dans Heureux comme Lazzaro, les paysans sont les esclaves d'une aristocrate, qui leur refuse l'éducation, puis, une fois "affranchis" deviennent des clochards égarés dans une grande ville. Dans Une affaire de famille, un groupe compose une famille qui survit dans un taudis, loin des richesses du pays. Dans En guerre, des salariés d'une usine, qui ont sacrifié leurs acquis sociaux, doivent se battre ou se résigner pour sauver leur emploi, variable d'ajustement trop chère pour une multinationale allemande. Dans Burning, la jeunesse sud-coréenne est condamnée aux petits jobs et à l'endettement. Dans Dogman, le petit commerçant est manipulé et exploité par une brute épaisse qui terrorise le quartier. Dans Capharnaüm, immigrés, gamins, miséreux n'existent pas dans le système, qui tolère tout juste ces "parasites". Dans Ayka, la jeune femme est sans papiers et sans boulot, capable de tout accepter pour pouvoir rembourser une dette dans un pays sans pitié pour les exclus.

Colères
Quand il n'y a pas une forme de résignation ou de soumission, tout cela se traduit par la rage, la colère, la guerre. Elle peut-être musicale (Leto), lacrymale (Everybody Knows), criminelle (Les éternels), sanglante et revancharde (Les filles du soleil), humaine (Yomeddine), rhétorique et politique (BlacKkKlansman), sociale, médiatique et violente (En guerre), passionnelle (Burning), judiciaire (Capharnaüm), misanthrope et critique (Le poirier sauvage), bouillonnante et égoïste (Ayka) ou purement abstraite (Le livre d'image).

Disparitions et évasions
Mais le plus surprenant dans cette compétition est ailleurs: le nombre de disparitions et d'évasions. Asghar Farhadi fait disparaître la fille de Pénelope Cruz (kidnapping) dans Everybody Knows. Il est aussi question d'une enlèvement d'une gamine (maltraitée par sa mère) dans Une affaire de famille de Kore-eda Hirokazu. Et Jafar Panahi prend comme point de départ à Trois visages la disparition d'une jeune fille, peut-être suicidée, ou pas. Lee Chang-dong fait de la disparition de son héroïne dans Burning le moteur de son histoire. De même David Robert Mitchell fait disparaître une jolie voisine attachante, qui va entraîner Andrew Garfield dans une drôle d'enquête dans Under the Silver Lake. Dans Asako de Ryusuke Jamaguchi, la jeune fille ne se remet pas de la mystérieuse disparition de son grand amour, avant de rencontrer un jeune homme qui semble en être le sosie. Le personnage de Zhao Tao recherche aussi son grand amour, aux abonnés absents, après une longue peine de prison, dans Les éternels. Dans Les filles du soleil, la combattante incarnée par Golshifteh Farahani s'évade de ses oppresseurs et cherche son fils enlevé par Daesch. Un lépreux et un orphelin quittent leurs refuges, comme s'il signait une grande évasion, pour s'embarquer dans une grande traversée dans Yomeddine. Pawel Pawlikowski complique la liaison amoureuse entre un musicien et sa chanteuse quand le premier passe à l'Ouest. Quant à Ayka, elle s'évade de l'hôpital, abandonnant son bébé tout juste né. Sinon le jeune Zain dans Capharnaüm fuit le foyer familial quand sa sœur est "vendue" pour un mariage arrangé. Il disparaît aux yeux de ses parents. Enfin, Alice Rohrwacher fait disparaître temporairement son éternel Lazzaro pour bondir de vingt ans dans le temps.

Amours
Comme on le voit, plusieurs films tournent autour du thème indémodable de l'amour. Petit passage en revue des relations amoureuses, qui parfois finissent mal.
- Everybody Knows: une femme, son époux, son ex et son actuelle compagne. Jalousie et désirs font mauvais ménage.
- Leto: une femme amoureuse de son époux, éprise de son rival musical. Dommage, elle fait le mauvais choix.
- Plaire, aimer et courir vite: un homme, dont la fin de vie approche amoureux d'un autre homme, qui a toute la vie devant lui. Mais on se dit qu'un seul des deux était vraiment raide dingue vu la fin. Sinon il y a quelques plans cul et quelques plans de cul.
- Cold War: une passion amoureuse entre un musicien et une chanteuse. L'un part (à l'Ouest), l'autre pas. Et la passion reste.
- Les éternels: une femme et le chef de la mafia locale, dont la relation va être interrompue par une peine de prison. Forcément, il ne l'a pas attendue. Mais elle ne s'avoue pas vaincue.
- Les filles du soleil: deux veuves qui n'ont plus que leur enfant. Du coup elles en parlent souvent.
- Une affaire de famille: tout est amour dans cette famille "composée".
- Asako: une jeune fille amoureuse de son fantasme de jeunesse puis d'un homme qui en a tous les atours.
- BlacKkKlansman: un jeune flic qui cherche à s'intégrer dans une société WASP et une étudiante révolutionnaire et idéaliste.
- Under the Silver Lake: un voisin qui passe son temps à observer les blondes de son voisinage. Il se branle, baise une ex, et finalement va finir avec l'une des deux, même si ce n'était pas son premier choix. Affreusement pas #metoo.
- Burning: un aspirant écrivain et un richissime écrivain se "disputent" l'intérêt d'une jeune femme triste et belle. Le premier se masturbe en pensant à elle. Le second paraît platoniquement psychopathe.
- Dogman: un toiletteur pour chiens qui n'a que sa fille et ses animaux comme source d'affection. Ça ne l'empêche pas de prendre la décision la plus conne du festival.
- Capharnaüm: incontestablement Zaïn, enfant de 12 ans, aime beaucoup sa sœur et adore Yonas, bébé d'un an. Sinon, c'est plutôt une histoire de détestation.
- Un couteau dans le cœur: Une grande histoire sur sa fin entre une productrice et sa monteuse et une autre inassouvie, achevée tragiquement il y a plus de 15 ans. Les deux conduisent la productrice et le survivant à la folie. Tout ça n'empêche pas un certain érotisme et de jolies fesses.
- Le poirier sauvage: ici c'est un amour amer filial qui occupe toute l'histoire. Le fils étant trop plouc et trop fauché pour avoir une fiancée.

Et les absents...
Pour conclure, si certains regrettaient l'absence de stars (alors que fondamentalement, Cannes n'est pas qu'un tapis rouge avec des marches, rappelons-le), ce qui frappait c'était l'absence des talents en compétition à Cannes. Kirill Serebrennikov et Jafar Panahi, qui n'avaient pas le droit de sortir de leur pays. Les comédiens de Yomeddine, a priori bloqués dans le leur. Andrew Garfield, occupé à Broadway. Et bien sûr Jean-Luc Godard, qui a quand même réussi à être présent en conférence de presse grâce à Facetime.
Heureusement, Terry Gilliam, contre qui tout a été fait pour qu'il ne puisse pas venir, était bien présent, et debout, pour la clôture du Festival.

Cannes 2018: Kore-eda et Spike Lee sacrés par le jury de Cate Blanchett

Posté par vincy, le 19 mai 2018

Le 71e Festival de Cannes s'achève ce samedi avec son palmarès dont voici les lauréats. Il est forcément différent du notre (lire notre palmarès). Mais on y retrouve quelques films communs pour notre plus grand plaisir... Il y a des évidences (le prix d'interprétation féminine par exemple et dans une certaine mesure le prix du jury), des facilités un peu contestables (prix de la mise en scène, prix d'interprétation masculine), un drôle de partage (prix du scénario), une audace salutaire (une Palme d'or spéciale).

Mais on ne peut que se féliciter le jury pour le grand doublé Spike Lee (Grand prix du jury) / Kore-eda Hirokazu (Palme d'or), deux de nos films favoris à Cannes. C'est la cinquième Palme d'or japonaise (et la première depuis 1997).

Notons que la Caméra d'or a été décernée à Girl, déjà lauréat d'un prix d'interprétation par le jury Un certain regard, du prix Fipresci Un certain regard et de la Queer Palm. Un carré d'as.

Compétition

Palme d'or: Une affaire de famille de Kore-eda Hirokazu
Palme d'or spéciale: Jean-Luc Godard (Le livre d'image)
Grand prix du jury: BlacKkKlansman de Spike Lee
Mise en scène: Pawel Pawlikowski pour Cold War
Interprétation féminine: Samal Yeslyamova (Ayka)
Interprétation masculine: Marcello Fonte (Dogman)
Scénario: Alice Rohrwacher (Heureux comme Lazzaro) et Jafar Panahi & Nader Saeivar (Trois visages)
Prix du jury: Capharnaüm de Nadine Labacki

Court métrage
Palme d'or du court métrage: Toutes ces créatures de Charles William
Mention spéciale Court métrage: On the border de Wei Shujun

Caméra d'or (meilleur premier film toutes sélections confondues)
Girl de Lukas Dhont, "qui a su allier une immense délicatesse et une puissance."

Cannes 2018: les trois lauréats de la Critique internationale

Posté par vincy, le 19 mai 2018

La FIPRESCI a rendu son verdict. Trois films cannois ont été récompensés cet après-midi, à quelques heures du palmarès officiel.

Burning de Lee Chang-Dong a reçu le prix pour la compétition, le jury saluant "Un film visuellement époustouflant et un commentaire émotionnellement complexe sur la société contemporaine."

Déjà primé au palmarès d'Un certain regard et lauréat de la Queer Palm, Girl de Lukas Dhont a remporté le prix pour la section Un certain regard, "pour son intégrité audacieuse dans la lutte contre les problèmes de genre tout en affichant un équilibre incroyable de la part d'un primo-réalisateur qui décrit le rapport délicat et touchant dans une relation père-fille magnifiquement dépeint par les deux acteurs."

Enfin, pour le prix sacrant un film issu des sélections parallèles, c'est la semaine de la critique qui est récompensée avec Egy nap (One Day) de Zsofia Szilàgyi. "Le travail précis de la caméra et la mise en scène puissante traduisent l'intensité et la tension extraordinaires d'une situation tout à fait ordinaire par le sentiment, l'humour et le drame. Un début remarquablement confiant" explique le jury.

Cannes 2018 : Girl de Lukas Dhont décroche la Queer Palm

Posté par wyzman, le 19 mai 2018

"C'est une évidence !" Voilà ce que l'on a pu entendre de manière très distincte hier soir, lors de l'annonce du gagnant de la Queer Palm 2018. Pour cette neuvième édition, les organisateurs avaient décidé de déménager leur traditionnelle soirée sur le rooftop du Five Seas Hotel. Un choix couillu !

Mais s'il y en a qui avait de quoi sourire, c'était bien Lukas Dhont, le réalisateur de Girl. Le Belge a en effet remporté la Queer Palm avec son premier long métrage qui traite de la transition d'un jeune danseur vers le sexe féminin. Brillamment pensé autour d'une double quête, ce film présenté à Un Certain Regard était reparti quelques heures plus tôt avec un prix d'interprétation pour Victor Polster, l'acteur principal. Du côté des courts métrages, le prix Queer Palm Hornet est revenu à The Orphan de la réalisatrice brésilienne Carolina Markowicz.

Pour rappel, Girl fait suite à 120 battements par minute (2017), Les Vies de Thérèse (2016), Carol (2015) et Pride (2014). Le film de Lukas Dhont avait pour principaux adversaires Carmen et Lola d'Arantxa Echevarria, Cassandro the Exotico de Marie Losier, Un couteau dans le cœur de Yann Gonzalez, Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré et Rafiki de Wanuri Kahiu.