« Les ailes du silence » pour Jacques Higelin (1940-2018)

Posté par vincy, le 6 avril 2018

jacques higelin jappeloup daniel auteuil

Le chanteur, compositeur et poète Jacques Higelin est mort ce 6 avril des suites d'une longue maladie. Il avait 77 printemps. "C’était un artiste absolu, dont le talent se déclinait à l’infini : auteur, compositeur, interprète, comédien, écrivain, Jacques Higelin était un poète merveilleux qui avait conquis le cœur des mélomanes comme des cinéphiles" explique Frédérique Bredin, présidente du CNC. "Son univers lyrique et flamboyant, sa sensibilité à fleur de peau, son caractère généreux et passionné nous manqueront terriblement" ajoute-t-elle en guise d'hommage.

Né le 18 octobre 1940, Jacques Higelin a d'abord commencé sa carrière comme comédien. A 19 ans il tourne dans Nathalie, agent secret d'Henri Decoin et La Verte Moisson de François Villiers. Ses rôles sont secondaires. Durant les sixties, on le croise quand même dans Bébert et l'Omnibus d'Yves Robert, Concerto mécanique pour la folie ou la folle mécamorphose de Julien Duvivier, Les Saintes chéries : Ève au volant de Jean Becker, Par un beau matin d'été de Jacques Deray, Sept jours ailleurs de Marin Karmitz et Erotissimo de Gérard Pirès.

Alors que sa carrière musicale s'envole, mélange de pop et de rock, de chanson à textes et de prestations scéniques virevoltantes, il tourne moins. On le repère malgré tout dans Elle court, elle court la banlieue de Gérard Pirès, L'An 01 de Jacques Doillon, Alain Resnais et Jean Rouch, Un autre homme, une autre chance de Claude Lelouch, Contre l'oubli de Chantal Akerman et René Allio, Un homme à la mer de Jacques Doillon, À mort la mort ! de Romain Goupil, qui tournera en 2008 un documetaire sur le chanteur, Higelin en chemin. Il prête sa voix au beau film d'animation de Jacques-Rémy Girered, La Prophétie des Grenouilles, réalise avec Lyonel Kouro un court métrage Le rêve. Et finalement apparaît dans un succès populaire en 2013, son ultime film, avant que la maladie ne l'éloigne de la lumière, Jappeloup de Christian Duguay.

Il a aussi écrit la musique du film La bande du Rex de Jean-Henri Meunier (1980). En 2013, dans son (avant-dernier) album Beau Repaire, figure un duo avec Sandrine Bonnaire, "Duo d'anges heureux".

Père du chanteur Arthur H, du comédien et réalisateur Kên Higelin et de la chanteuse et comédienne Izïa Higelin, inspiré par le jazz, Boris Vian, Charles Trenet et Léo Ferré, ses chansons ont traversé les décennies. Il n'était pas un faiseur de tubes (hormis peut-être "Champagne", "Poil dans la main", et "Tombé du ciel") mais remplissait les salles, les petites comme les grandes. Incontestablement, c'était l'un des artistes les plus créatifs du paysage musical français, alliant les contraires, de Didier Lockwood à Brigitte Fontaine, de Téléphone à Youssou n'dour, de Bernard Lavilliers à Jeanne Cherhal.

Pour la 3e fois, Star Wars débarque à Cannes

Posté par vincy, le 6 avril 2018

16 ans après la projection de Star Wars : L’Attaque des clones et 13 ans après celle de Star Wars : La Revanche des Sith, le Festival de Cannes accueille de nouveau la saga de la Guerre des étoiles avec l'arrivée hors compétition et en Sélection officielle de Solo, A Star Wars Story.

Réalisé par Ron Howard (son Da Vinci Code était déjà passé sur la Croisette), qui a remplacé Phil Lord et Chris Miller au pied levé, le film se consacre aux jeunes années de Han Solo, accompagné de son fidèle Chewbacca, de l’escroc Lando Calrissian, du Faucon Millenium et de quelques droïdes…

Ce deuxième spin-off de la saga, après Rogue One en 2016, sera dévoilé dans le Grand Théâtre Lumière.

Alden Ehrenreich incarne Han Solo. Il est entouré de Woody Harrelson, Emilia Clarke, Donald Glover, Thandie Newton, Phoebe Waller-Bridge, Joonas Suotamo et Paul Bettany.

Le film sortira en France le 23 mai, deux jours avant sa sortie aux États-Unis.

Isao Takahata (1935-2018) a rejoint le tombeau des lucioles

Posté par MpM, le 6 avril 2018


C'est peut-être le réalisateur qui nous a fait le plus pleurer, avec son bouleversant Tombeau des lucioles, l'histoire de deux orphelins livrés à eux-même dans le Japon de le fin de la deuxième guerre mondiale. Isao Takahata, grand maître de l'animation japonaise, est mort ce jeudi 5 avril à l'âge de 82 ans, laissant derrière lui dix longs métrages et plusieurs séries télévisées. L'une de ses particularités, qui était devenue sa grande force, est qu'il ne dessinait pas ses films, et en confiait l'animation à ses collaborateurs, ce qui lui permettait une totale liberté de ton, d'univers et de techniques.

Ce grand amateur de littérature française, qu'il avait étudiée à l'Université de Tokyo, vouait une passion particulière à Jacques Prévert, dont il admirait notamment le travail de scénariste. C'est d'ailleurs en découvrant La Bergère et le Ramoneur de Paul Grimault, écrit par le poète, qu'il décide de s'engager dans la voie du cinéma d'animation. En 1959, il rejoint la Tôei, un jeune studio japonais qui a alors l'ambition de concurrencer Disney.

Il co-réalise son premier long métrage en 1968 avec Hayao Miyazaki  : Horus, prince du soleil, une épopée médiévale et allégorique qui ne reçoit pas le succès escompté. Le studio se concentre alors sur les séries télévisées, et Takahata et Miyazaki travaillent notamment ensemble à Heidi, Marco et Anne, la maison aux pignons verts, ce qui ne les empêche pas de réaliser Panda petit panda pour un autre studio en 1972. Le film, destiné aux plus petits, raconte avec humour et douceur la rencontre de Mimiko, une petite fille très énergique, avec une famille de pandas qu'elle accueille chez elle.

Isao Takahata réalise ensuite Kié la petite peste (1981) et Goshu le violoncelliste (1982). En 1985, il fonde avec Hayao Miyazaki le studio Ghibli, qui deviendra une référence mondiale du cinéma d'animation. Son premier film réalisé au sein de Ghibli en 1988 sera aussi son plus gros succès : Le tombeau des lucioles, adaptation d'une nouvelle semi-autobiographique écrite en 1967 par Akiyuki Nosaka, est salué dans le monde entier. Ses choix esthétiques réalistes et sa poésie déchirante en font un classique universel.

Suivront Souvenirs goutte à goutte (1991), Pompoko (1994) qui reçoit le Cristal du meilleur long métrage à Annecy, et Mes voisins les Yamada (1999). Ce dernier ne rencontre pas son public, Takahata se met alors en retrait du studio, jusqu'à son dernier film, Le conte de la princesse Kaguya, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en 2014.

Inspirée d’un conte populaire datant du Xe siècle, considérée comme l'un des textes fondateurs de la littérature japonaise, cette jolie fable distille beaucoup de moments tendres et joyeux, dans une nature à la pureté originelle. Cette joie espiègle correspondant à l'enfance est troublée par la nécessité, pour l'héroïne, de se conformer à ce que son père, et la société, attendent d'une jeune fille de bonne condition. Le film se transforme alors en une célébration des beautés de la vie terrestre, avec une pointe de nostalgie qui donne à l'époque l'impression que Takahata signe une oeuvre-testament.

Son cinéma sensible, qui questionne la relation ambivalente de l'homme avec la nature, souligne le temps qui passe et observe les interactions au sein de la famille, possède une petite musique intérieure inimitable qui nous manquera.