Berlin 2018: Touch Me Not d’Adina Pintilie, Ours d’or et meilleur premier film

Posté par vincy, le 24 février 2018

touche me not

Le palmarès officiel de la 68e Berlinale fait la part belle aux réalisatrices: Ours d'or (et meilleur premier film toutes sections confondues) pour Adina Pintilie, Grand prix du jury pour Malgorzata Szumowska, Ours d'or du court métrage pour Ines Moldavsky, le Prix du meilleur documentaire pour Ruth Beckermann.

En déjouant les pronostics, le jury a réservé pas mal de surprises, s'assurant de créer des déceptions (notamment pour Dovlatov, qui repart avec un maigre prix, ou Utøya 22. juli (U – July 22) et In den Gangen, oubliés. Mais il colle aussi à des films déjà distingués par d'autres prix berlinois comme Las Herederas, Prix Alfred Bauer et Prix d'interprétation féminine, qui avait gagné les faveurs de la Fipresci.

Le cinéma européen, et surtout d'Europe de l'Est, et le cinéma latino-américain squattent le palmarès qui a snobé quasiment toute la sélection hollywoodienne. On notera quand même que Wes Anderson repart avec un prix de la mise en scène avec son film d'animation L'île aux chiens. Un film animé couronné par ce prestigieux prix est assez exceptionnel en soi.

Enfin, c'est un jeune acteur français, qui a quand même dix ans de carrière derrière lui, qui a raflé l'Ours d'argent dans sa catégorie pour La prière de Cédric Kahn, seul film français récompensé à Berlin cette année.

Nos pronostics et favoris dans la course à l’Ours d’or
Retour sur la compétition
Tous les prix parallèles de la 68e Berlinale
Les actualités et les films de la 68e Berlinale

Ours d'or: Touch Me Not de Adina Pintilie

Ours d'argent - Grand prix: Twarz (Mug) de Malgorzata Szumowska

Ours d'agent - Prix Alfred Bauer (Nouvelles perspectives): Las herederas de Marcelo Martinessi

Ours d'argent - meilleur réalisateur: Wes Anderson pour L'île aux chiens

Ours d'argent - meilleure actrice: Ana Brun pour Las herederas de Marcelo Martinessi

Ours d'argent - meilleur acteur: Anthony Bajon pour La prière de Cédric Kahn

Ours d'argent - meilleur scénario: Manuel Alcalá & Alonso Ruizpalacios pour Museo

Ours d'argent - contribution artistique: Elena Okopnaya pour les costumes de Dovlatov d’Alexey German Jr

Ours d'or du meilleur court métrage: The Men Behind the Wall d'Ines Moldavsky

Ours d'argent - Prix du jury (court métrage): Imfura de Samuel Ishimwe

Prix du court métrage Audi: Solar Walk de Reka Bucsi

GWFF Best First Feature Award (Premier film toutes sections confondues): Touch Me Not de Adina Pintilie
Mention spéciale: An Elephant Sitting Still de Hu Bo

Glashütte Original – Documentary Award (Documentaire toutes sections confondues): Waldheims Walzer de Ruth Beckermann
Mention spéciale: Ex Pajé (Ex Shaman) de Luiz Bolognesi

Berlin 2018 : nos pronostics et favoris dans la course à l’Ours d’or

Posté par MpM, le 24 février 2018

Voilà, les 18 films de la compétition ont été montrés et vus, le jury de Tom Tykwer s’est réuni pour délibérer, et on connaîtra ce soir le film qui succédera à Corps et âme de Ildiko Enyedi au Panthéon des Ours d’or. En attendant, on n’a pas pu résister au plaisir de quelques pronostics.

Ours d’or / Ours d’argent du meilleur film


Les voies des jurys sont impénétrables, mais on aimerait voir récompensés des films qui allient un message fort à une certaine virtuosité formelle. On pense évidemment à Dovlatov d’Alexey German Jr, à la mise en scène aérienne et brillante, qui fait l’éloge de l’art et de la liberté d’expression, mais aussi à L’île aux chiens de Wes Anderson, film d’aventures drôle et engagé, qui tient un discours intelligent sur la responsabilité politique et le refus de l’intolérance ou de la ségrégation. Et puis un seul film d'animation a remporté un Ours d'or en 67 éditions : Le voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki... en 2002. Il est temps d'écrire un 2e chapitre de cette histoire-là.

Si le jury a choisi d’être radical, il peut également aller vers les 4h du nouveau film de Lav Diaz (Season of the devil), œuvre hypnotique certes longue et rébarbative mais à la portée symbolique, politique et même cinématographique indéniable.

Ours d’argent du meilleur réalisateur


Là encore, Dovlatov semble le candidat idéal, tant Alexey German Jr excelle à rendre vivantes et captivantes les scènes de soirées et de conversations passionnées dans le Leningrad artistique de la fin des années 70. Sa caméra en apesanteur donne l’impression au spectateur d’évoluer lui-même au milieu des personnages.

On a également été séduit par les fulgurances formelles de The real estate de Axel Petersén et Mans Mansson, qui font baigner l’intrigue au départ peu engageante (une sombre histoire d’immeuble mal géré) dans une atmosphère de cauchemar halluciné. Les gros plans sur le visage de l’héroïne, les teintes blafardes, la musique dense qui insuffle sa propre tonalité au récit en font ce que l’on a vu de plus singulier et de plus cinématographiquement inventif en compétition cette année. Bien sûr, cela en fait aussi le prétendant idéal pour le fameux prix Alfred Bauer destiné à un film "qui ouvre de nouvelles perspectives".

Utoya 22. Juli d'Erik Poppe, pour le côté performance, a également ses chances. Quoi que l’on pense du film sur le fond, difficile de ne pas reconnaître la prouesse de cet unique plan séquence de 72 minutes qui garde le spectateur sous une tension quasi insoutenable. Le récompenser est cela dit à double tranchant : valider l’impressionnant dispositif narratif utilisé par Erik Poppe, mais aussi valoriser ce que certains lui reprochent justement : la mise en scène de l’horreur.

Plus classiques, mais tout aussi efficaces, Gus van Sant (T'inquiète pas, il n'ira pas loin à pied) et Emily Atef (Trois jours à Quiberon) mériteraient eux aussi un prix de mise en scène. Le premier propose un film assez découpé qui met parfaitement en valeur le destin hors normes de son personnage tandis que la seconde  excelle dans la mise en scène des relations du quatuor formé par Romy Schneider, son amie, le journaliste et le photographe.

Et même si l’on n’aime guère le film, Mein Bruder heißt Robert und ist ein Idiot de Philip Gröning fait par moments preuve d’un naturalisme lumineux qui aurait de quoi subjuguer un jury réceptif à ce type de cinéma.

Ours d’argent du meilleur scénario


Pig de Mani Haghighi serait le candidat idéal pour ce prix qui récompenserait parfaitement l’esprit du film et sa volonté de tourner en dérision le si rigide régime iranien, tout en reconnaissant ses faiblesses formelles et sa dérive vers la série Z grotesque dans une deuxième partie plus faible.

Plus classiquement, tous les films cités pour l'Ours d'or peuvent également prétendre à un prix de scénario, avec une petite préférence pour L'île aux chiens de Wes Anderson, dont l'écriture sophistiquée et ultra complexe transcende la simplicité de l'intrigue.

Prix d’interprétation


Sans hésiter, nous remettrions le prix de la meilleure actrice à Marie Baümer pour Trois jours à Quiberon d'Emily Atef. L’actrice est non seulement très juste dans l’exubérance comme dans le désespoir, mais elle parvient en plus à s’oublier totalement derrière le rôle de Romy Schneider. Si dans le premier quart d’heure du film, on voit encore la comédienne interprétant un rôle, très vite il n’y a plus que Romy, irradiant de cette indescriptible grâce, de cette énergie et de cette sincérité qui bouleversent tout ceux qui la rencontrent.

Mais il y a une forte concurrence pour le prix d'interprétation féminine, en raison d'une édition riche une fois encore en beaux rôles féminins. On penserait donc assez logiquement à Ana Brun, l'interprète principale de Las herederas de Marcelo Martinessi, qui tient parfaitement sa partition de femme mûre retrouvant peu à peu un sens à sa vie, à Léonore Ekstrand qui est sans cesse sur le fil dans The real estate, ainsi qu'à Andrea Berntzen littéralement omniprésente dans Utoya 22. Juli qu'elle porte quasiment à elle toute seule. Sans son impeccable performance, le film s'écroulerait, et c'est là encore typiquement le genre de rôle récompensé dans les festivals.

Enfin, s’il va vers la facilité, le jury peut aussi récompenser Isabelle Huppert, très bien dans Eva de Benoit Jacquot, ou offrir un double prix d’interprétation aux deux mères (la naturelle et l’adoptive, c'est-à-dire respectivement Alba Rohrwacher et Valeria Golino) du très basique Mia figlia de Laura Bispuri.


Côté acteurs, évidemment Joaquin Phœnix semble un choix évident tant il est parfait (et méconnaissable) en John Callahan chez Gus van Sant. Mais Joaquin est toujours parfait, et ne peut pas pour autant rafler tous les prix d’interprétation masculine de la planète. On pencherait alors pour le comédien de Dovlatov (Milan Maric). Le jeune acteur de La prière de Cédric Kahn (Anthony Bajon) est aussi un bon candidat.

Et pourquoi ne pas récompenser le casting complet de Lav Diaz ou, plus audacieux, celui de L’île aux chiens ?  Les palmarès doivent aussi servir à ça, distinguer des performances singulières et ne pas toujours aller vers l'évidence...

Berlin 2018: tous les prix parallèles de la 68e Berlinale

Posté par vincy, le 24 février 2018

FIPRESCI (critique internationale)

Compétition
Meilleur film: Las herederas (The Heiresses) de Marcelo Martinessi

Panorama
Meilleur film: River’s Edge de Isao Yukisada

Forum
Meilleur film: An Elephant Sitting Still de Hu Bo

Prix des lecteurs du Berliner Morgenpost

Meilleur film: Dovlatov d'Alexey German Jr

Prix des lecteurs du Tagesspiegel

Meilleur film: L'empire de la perfection (In the Realm of Perfection) de Julien Faraut

Guild Film Prize

Meilleur film: In den Gängen de Thomas Stuber

CICAE Art Cinema Award

Panorama
Meilleur film: Tinta Bruta (Hard Paint) de Marco Reolon et Filipe Matzembacher

Forum
Meilleur film: Teatro de guerra (Theatre of War) de Lola Arias

Jury œcuménique

Compétition
Meilleur film: In den Gängen de Thomas Stuber
Mention spéciale: Utøya 22. juli (U – July 22) d'Erik Poppe

Panorama
Meilleur film: Styx de Wolfgang Fischer

Forum
Meilleur film: Teatro de guerra (Theatre of War) de Lola Arias

Label Europa Cinéma

Meilleur film: Styx de Wolfgang Fischer

Section Panorama

Prix du public (fiction): Profile de Timur Bekmambetov
2e place: Styx de Wolfgang Fischer ; 3e place: L‘Animale de Katharina Mueckstein
Prix du public (documentaire): The Silence of Others d'Almudena Carracedo et Robert Bahar
2e place: Partisan de Lutz Pehnert, Matthias Ehlert et Adama Ulrich ; 3e place: O processo de Maria Augusta Ramos

Teddy Awards

Meilleur film: Tinta Bruta (Hard Paint) de Marco Reolon et Filipe Matzembacher
Meilleur documentaire: Bixa Travesty (Tranny Fag) de Claudia Priscilla et Kiko Goifam
Meilleur court métrage: Three Centimetres (Generation) de Lara Zeidan
Prix du jury: Obscuro Barocco d'Evangelia Kranioti
Prix Nouveau Talent: Retablo d'Alvaro Delgado-Aparicio
Prix des lecteurs (Mannschaft Magazin): Las Herederas (The Heiresses) de Marcelo Martinessi

Caligary Film Prize

Meilleur film: La casa lobo (The Wolf House) de Cristóbal León and Joaquín Cociña

Peace Film Prize

Meilleur film: The Silence of Others d'Almudena Carracedo and Robert Bahar

Heiner Carow Prize

Meilleur film: Styx de Wolfgang Fischer

Section Generation 14Plus

Jury jeunes
Ours de cristal du meilleur film: Fortuna de Germinal Roaux
Mention spéciale: Retablo d'Alvaro Delgado-Aparicio
Ours de cristal du meilleur court métrage: Kiem Holijanda de Sarah Veltmeyer
Mention spéciale: Je fais où tu me dis (Dressed for Pleasure) de Marie de Maricourt

Jury international
Grand prix du jury: Fortuna de Germinal Roaux
Mention spéciale: Dressage de Pooya Badkoobeh
Prix spécial du jury pour un court métrage: Juck d'Olivia Kastebring, Julia Gumpert et Ulrika Bandeira
Mention spéciale: Na zdrowie! (Bless You!) de Paulina Ziolkowska

Section Generation KPlus

Jury enfants
Ours de cristal du meilleur film: Les rois mongols (Cross My Heart) de Luc Picard
Mention spéciale: Supa Modo de Likarion Wainaina
Ours de cristal du meilleur court métrage: A Field Guide to Being a 12-Year-Old-Girlde Tilda Cobham-Hervey
Mention spéciale: Snijeg za Vodu (Snow for Water) de Christopher Villiers

Jury international
Grand prix du jury: Sekala Niskala (The Seen and Unseen) de Kamila Andini
Mention spéciale: Allons enfants (Cléo & Paul) de Stéphane Demoustier
Prix spécial du jury pour un court métrage: Jaalgedi (A Curious Girl) de Rajesh Prasad Khatri
Mention spéciale: ena d’aragoste (Lobster Dinner) de Gregorio Franchetti

Section Perspektive Deutsches Kino

Meilleur film: Überall wo wir sind (Everywhere We Are) de Veronika Kaserer
Kompagnon Fellowships: When a Farm Goes Aflame, the Flakes Fly Home to Bear the Tale de Jide Tom Akinleminu ; Blutsauger de Julian Radlmaier

Berlinale Co-Production Market

Eurimages Co-Production Development Award: The War Has Ended de Hagar Ben Asher
VFF Talent Highlight Award: Tropical Memories de Shipei Wen
ARTE International Prize: The War Has Ended de Hagar Ben Asher

Guillaume Canet prépare la suite des « Petits mouchoirs »

Posté par vincy, le 24 février 2018

Guillaume Canet en parle depuis la sortie de Rock n'Roll il y a un an. C'est l'actrice Valérie Bonneton qui a confirmé l'information sur Europe 1 mercredi: Les petits mouchoirs auront une suite, au titre très Pialat, Nous finirons ensemble. Dès le lendemain, Guillaume Canet a confirmé les nformations en postant sur Instagram une photo du scénario, coécrit avec Rodolphe Lauga.

Le tournage devrait débuter au printemps et réunira une grande partie du casting du premier film. La sortie est prévue pour 2019.

Les petits mouchoirs, qui flirtait avec les films de bande des années 1970, rassemblait François Cluzet, Marion Cotillard, Benoît Magimel, Gilles Lellouche, Valérie Bonneton, Pascale Arbillot, Laurent Lafitte, Louise Monot et Anne Marivin. Le film racontait un été pas comme les autres pour un groupe d'amis, habitué à passer les vacances au Cap Ferret chez Max et Véro. Mais l'un des leurs, Ludo (Jean Dujardin) est victime d'un grave accident de la route et se trouve entre la vie et la mort. Malgré ça, ils décident de partir en vacances. Bref "quand un ami est dans la merde, mieux vaut rester à ses côtés plutôt que de partir en vacances !" écrivait-on à l'époque, avertissant que ce mélodrame était "un film beaucoup moins choral que lacrymal".

Sorti en 2010, Les Petits Mouchoirs, avait attiré 5 500 000 spectateurs dans les salles françaises. Le film avait été deux fois nommé aux César dans les catégories du meilleur second-rôle (pour Gilles Lellouche et Valérie Bonneton).