« La mort de Staline » à Angoulême mais pas en Russie

Posté par vincy, le 25 janvier 2018

Ce soir à 20h au festival international de la bande dessinée d'Angoulême, La mort de Staline, déjà présenté Dinard fin septembre, sera projeté en présence de l'auteur de la bande dessinée éponyme, Fabien Nury. Le film, coproduction française qui sera distribué par Gaumont fin mars en dans l'Hexagone, est réalisé par Armando Ianucci (In the Loop), avec un casting quatre étoiles anglo-saxon.

Pendant ce temps-là, on ne badine pas avec un mythe en Russie. Le ministère russe de la Culture a en effet annulé mardi la sortie prévue cette fin de semaine, de la comédie franco-britannique: "La licence de distribution du film La Mort de Staline a été retirée", a indiqué à l'AFP une porte-parole du département du cinéma du ministère.

Ce qui est surprenant c'est que ce sont aussi des cinéastes, en plus de députés et hommes politiques russes, qui avaient appelé le ministre de la Culture Vladimir Medinski à interdire sa distribution. Ils considèrent que la comédie porte atteinte "à des symboles nationaux russes". Une susceptibilité mal placée ou un humour incompris...?

On ne badine pas avec Staline

A une semaine des commémorations du 75e anniversaire de la victoire soviétique dans la bataille de Stalingrad contre l'Allemagne nazie, la date était provocatrice, peut-être. Dans ce film, où la succession de Staline est vue comme une farce burlesque et les grands hommes d'Etat de l'époque comme des pantins assoiffés de pouvoir, lâches, complotistes et se menaçant les uns et les autres, le régime soviétique d'il y a 65 ans n'est pas forcément vu sous son plus beau jour.

Mais la mémoire nationale russe n'est pas un sujet de plaisanterie. Et on en a envoyé au goulag pour moins que ça.

La mort de Staline a reçu deux nominations aux Bafta (scénario et musique), les Oscars britanniques, 13 nominations aux British Independent Film Awards (et en a gagné 4: casting, second-role masculin, maquillage, décors), et le Prix de la critique internationale au Festival de Turin.

Edito: Gold Stream

Posté par redaction, le 25 janvier 2018

Les chiffres sont tombés: 7 nominations aux Oscars et 111 millions d'abonnés pour Netflix. La plateforme n'en finit pas de s'envoler. Le dernier trimestre a été porté par le carton de Bright, un film avec Will Smith à 90M$ exclusivement diffusé à ses abonnés, et les succès de The Crown, Mindhunter, Black Mirror et Stranger Things côté séries. Netflix a ainsi encaissé un profit de 186M$ au dernier trimestre. Et a annoncé un gros investissement dans les créations originales pour l'année qui vient, y compris sur des marchés locaux comme l'Allemagne. Au total, c'est pas loin de 8 milliards de dollars qui seront dépensés. A Sundance, c'est déjà l'un des acteurs les plus présents au marché du film cette semaine. Et sa dernière acquisition n'est rien d'autre que Rodolphe Belmer, ancien patron de Canal +, qui rendre au conseil d'administration du groupe pour développer le marché européen. Seul bémol, le chèque de 39M$ qu'il a fallu payer à Kevin Spacey pour l'abandon de sa présence dans House of Cards et le développement du biopic Gore.

La guerre est désormais du côté des contenus mais surtout de leur diffusion. La SVàD excite tout le monde. Turner et Warner Bros vont lancer FilmStruck, un service SVOD déjà disponible aux Etats-Unis et qui va s'exporter, d'abord au Royaume-Uni. Le groupe Disney prévoit de lancer son propre service en 2019, avec un catalogue qui pourrait gigantesque si le rachat de la Fox est autorisé, en plus de prendre la majorité des parts dans Hulu.

De leurs côtés, MoviePass (1,5 million d'abonnés en fichier) s'invite dans le business à Sundance en lançant MoviePass Ventures, afin d'acquérir des films. Le service de cartes de fidélité tout juste lancé trouble le jeu pour pouvoir devenir distributeur. Première acquisition avec The Orchard, American Animals, pour 3M$, réalisé par Bart Layton. Quel va être le rôle de ce nouvel entrant? Vraisemblablement, fournir ses fichiers d'abonnés au distributeur pour des campagnes marketing ciblées, en plus de tarifs réduits sur le film: de quoi faire monter les recettes pour un premier week-end.

Amazon change de stratégie. Le studio s'était construit en défendant un cinéma d'auteur (Manchester by the Sea, The Lost City of Z). Il veut désormais miser sur des films à 50 millions de $. Amazon veut des contenus qui élargissent son audience pour persuader ses "spectateurs" qui sont aussi des consommateurs de rejoindre on programme Prime. Pour la série Le Seigneur des anneaux, Amazon investit 250M$.

On en est là: les Américains envahissent l'espace et chamboulent les règles. Pendant ce temps, en Europe on se débat avec la chronologie des médias, Wild Bunch et Canal + vont très mal, France Télévisions réfléchit à un Netflix européen (aux allures d'usine à gaz), projet d'ailleurs abandonné par Canal +, et les Français se gavent de séries (plutôt américaines du coup, parfois britanniques) sur des plateformes numériques (toutes américaines).

La France veut devenir une superpuissance culturelle, avec une "soft power" qui réussit bien aux Etats-Unis et au Japon, et veut que la francophonie devienne le deuxième territoire linguistique du monde: c'est mal parti avec un tel retard. On connaîtra bientôt mieux le jargon de la Maison blanche et des prisons américaines que l'argot et les coutumes de l'Hexagone.