MK2 dans une ancienne brasserie à Strasbourg

Posté par vincy, le 27 novembre 2017

Le maire de Schiltigheim, Jean-Marie Kutner (UDI), dans la banlieue nord de Strasbourg, a confirmé en fin de semaine dernière que le groupe MK2 allait implanter un multiplexe de 8 salles dans sa ville.

Le cinéma occupera l'ancienne malterie Fischer. la ville, connue aussi pour ses Caddie ®, est surnommée la cité des Brasseurs. La Brasserie Fischer, fondée à Strasbourg en 1821 et installée à Schiltigheim en 1854 avait été rachetée par Heineken en 1996 avant de fermer définitivement en 2009. Pour réhabiliter ses bâtiments du patrimoine industriel, la mairie veut les reconvertir en commerces, restaurants, école et cinéma, tout en préservant la cheminée et les façades historiques.

Pour l'instant le site est à l'abandon: il n'est pas desservi par le tramway et seulement par deux lignes de bus. MK2 va ainsi s'installer pour la première fois en Province. Le groupe a en projet de remplacer UGC sur les Champs-Elysées à Paris et a fait de nombreuses acquisitions en Espagne. Le projet marseillais a été abandonné.

Strasbourg est la 8e métropole en Province pour la fréquentation en salles. UGC Ciné Cité y règne en maître avec plus de la moitié des tickets vendus.

Tran Anh Hung se lance dans la cuisine française

Posté par vincy, le 27 novembre 2017

Le cinéaste franco-vietnamien Tran Anh Hung a révélé au Festival de Singapour les détails de son prochain film. Dodin-Buffant sera une plongée dans la cuisine française.

Il adaptera le roman de Marcel Rouff, La vie et la passion de Dodin-Bouffant, gourmet, plusieurs fois réédité depuis 1924 et adapté en BD par Mathieu Burniat (La passion de Dodin-Bouffant). Le personnage de Dodin-Bouffant est fictif mais s'inspire de la vie de Brillat-Savarin, célèbre gastronome et auteur culinaire (Physiologie du goût) du XVIIIe et XIXe siècles.

Dodin-Bouffant est un vieux magistrat à la retraite, raffiné et délicat, qui a un appétit d'ogre et qui, du fond du Jura, consacre sa vie à son amour de la cuisine. Il règne sur la table des princes et sait qu'un pot-au-feu peut élever les âmes. Las, un jour meurt Eugénie Chatagne, sa fidèle cuisinière, capable de comprendre, suivre et prévenir les désirs du maître. Il commence à chercher la perle des fourneaux qui sera digne de lui succéder et de lui satisfaire son palais...

Tran Anh Hung termine actuellement le scénario et va partir en quête de financements. Son dernier film, Eternité, sorti en 2016, avait été un échec public (130000 entrées en France) et critique. Dans les années 1990, le réalisateur a remporté la Caméra d'or à Cannes pour L'odeur de la papaye verte et le Lion d'or à Venise pour Cyclo.

Roland Emmerich produit une version fantasy de La flute enchantée de Mozart

Posté par vincy, le 26 novembre 2017

On n'attendait certainement pas Roland Emmerich dans ce projet. Le cinéaste qui nous a habitué aux films catastrophes spectaculaires (du genre on détruit tout: Independence Day, Godzilla, Le jour d'après, 2012) va coproduire une adaptation "contemporaine" de l'opéra de Wolfgang Amadeus Mozart, La flute enchantée.

Le réalisateur, Florian Sigl (photo), plus connu pour ses pubs de voitures allemandes, se lance dans son premier long avec une version moderne de l'histoire, écrite par Andrew Lowery. Un ado autrichien de 15 ans, Tim Walker, est envoyé à Londres dans une école de musique réputée où il découvre un passage secret et oublié menant au royaume du fameux opéra de Mozart. Le scénario mélangerait ainsi sorciers, fantasy et musical.

Le film est prévu pour être en deux ou trois parties. La première histoire est prévue dans les salles pour Noël 2018.

Il y a déjà eu quelques films adaptés de cet opéra: en 1975 par Ingmar Bergman et en 2006 par Kenneth Branagh, notamment.

La flute enchantée est le dernier opéra de Mozart, créé en 1791. Un prince courageux d'un pays lointain, une princesses légèrement suicidaire kidnappée, un serpent géant, une Reine de la Nuit, un grand prêtre, des sociétés secrètes, des rites maçonniques et une flûte de pan de l'oiseleur-bouffon de l'opéra se croisent dans ce conte à la fois féérique et dramatique, connu notamment pour son "air de la Reine de la Nuit".

Ridley Scott a 10 jours et 10 millions de $ pour effacer Kevin Spacey

Posté par vincy, le 25 novembre 2017

Tout l'argent du monde (All the Money in the World) a repris son tournage. Enfin, plutôt, il l'a recommencé. Puisque le studio et le réalisateur Ridley Scott ont décidé d'effacer Kevin Spacey du film suite aux accusations d'agressions sexuelles qui ont mis hors-circuit l'acteur, toutes ses scènes vont être retournées.

Depuis lundi, le cinéaste a entrepris une course contre la montre jamais vue dans l'histoire du cinéma, de mémoire. Entre Londres et Rome, Christopher Plummer va reprendre le rôle de J. Paul Getty, avec face à lui les acteurs du film, Mark Wahlberg et Michelle Williams en tête, qui pensaient en avoir bien terminé. Le film avait été tourné entre juin et juillet dernier.

Car dans cette histoire, le plus acrobatique est ailleurs: le studio Sony Pictures a décidé de conserver la date de sortie du film, calée pour le 22 décembre aux Etats-Unis et le 27 décembre en France (par Metropolitan).

Le film devait être présenté en avant-première au Festival American Film Institute. Mais le 8 novembre, à cause du scandale qui a éclaboussé Kevin Spacey, le studio et le réalisateur ont convenu de l'effacer du film et de refaire ses scènes. Le timing est serré: les prises de vue doivent prendre 8 jours. Pour un coût estimé à 10 millions de $.

Ridley Scott aura alors quelques jours pour les intégrer au film et pouvoir le présenter à temps à la presse en vue. Déjà, il semble hors-course pour pouvoir être projeté devant les critiques de New York et de Los Angeles avant leur palmarès annuel. S'il veut concourir aux Golden Globes, il doit être présenté avant le 4 décembre. Au pire, il sera sélectionnable pour les Oscars.

Christopher Plummer, 87 ans, n'a jamais tourné avec Ridley Scott en plus de 60 ans de carrière. Il a reçu un Oscar du meilleur second-rôle pour Beginners en 2010 et une nomination dans cette même catégorie pour Tolstoï, le dernier automne en 2009. La star masculine de La mélodie du bonheur, l'un des plus gros succès de l'histoire du 7e art, a été dirigée par Sidney Lumet, Anthony Mann, Blake Edwards, Peter Yates, John Boorman, Spike Lee, Terry Gilliam, Atom Egoyan, Michael Mann, Oliver Stone, David Fincher ou encore Terrence Malick.

Albi 2017 : rencontre avec Antony Cordier pour Gaspard va au mariage

Posté par MpM, le 24 novembre 2017

En compétition au Festival d'Albi, Gaspard va au mariage d'Antony Cordier est un mélange de comédie romantique et de film de famille qui réunit à l'écran Félix Moati, Christa Théret, Laetitia Dosch, Guillaume Gouix, Marina  Foïs et Johan Heldenbergh. A l'occasion du remariage de son père, Gaspard retourne dans sa famille qu'il n'a pas vue depuis longtemps, et qui gère un zoo. En chemin, il croise Laura, une jeune femme un peu paumée à qui il propose de jouer le rôle de sa petite amie.

Si les motifs ne sont pas très neufs, Antony Cordier les transcende pour proposer une comédie sans cesse surprenante qui évite la caricature pour aller vers une fantaisie pleine de saveur. Les situations sont cocasses, les répliques décalées et le scénario soigné, tandis que la structure en chapitres fait que l'on s'intéresse également à tous les personnages. Il se joue finalement dans ce mélange de conte et de règlements de comptes quelque chose à rapprocher de la fin de l'enfance et de la nécessité d'avancer avec sa vie, quitte à s'éloigner de sa famille. Une conclusion douce amère qui tranche avec l'énorme énergie du récit et de la mise en scène.

En attendant de découvrir le film en salles le 31 janvier prochain, nous avons rencontré Antony Cordier après la projection du film à un public albigeois particulièrement réceptif.

Ecran Noir : Comment est né le film ?

Antony Cordier : La genèse du projet est un peu compliquée. C'est vraiment une constellation de choses. Mais ça s'est fixé à partir du moment où on a eu l'idée, avec ma coscénariste, que cette histoire pourrait se passer dans un zoo. Ca m'a reconnecté avec un livre que je lisais quand j'étais enfant, qui racontait la vie du créateur du zoo de la Palmyre qui s'appelait Claude Caillé. C'était un homme très drôle, totalement autodidacte, pas du tout un intello, qui allait chasser des animaux en Afrique pour les ramener en France et les montrer dans des écoles.

Du coup, ce personnage que j'avais rencontré quand j'ai visité le zoo, parce qu'il était là pour accueillir les visiteurs, a servi d'inspiration pour le personnage de Max qui est joué par Johan Heldenbergh. Et de là est découlé toute la fratrie parce que dans le livre il y avait des photos de ses enfants, on les voyait vivre au milieu des fauves, des loutres, des serpents... On s'est très vite dit qu'il y avait là un univers qui n'avait pas été si souvent traité au cinéma et qui nous permettait d'aborder la famille, la folie de la famille, sous un angle un peu différent. Et du fait du contexte, cette folie allait être mieux acceptée. Comme on est dans un zoo, on peut dire : "on dirait qu'une fille se prend pour un ours", et comme c'est son environnement naturel, on se dit que ça pourrait arriver.

EN : Le "décor" du zoo vous a libéré, en quelque sorte...

AC : On cherche toujours à faire des scènes qui soient un peu marrantes pour le spectateur, et tous les contextes ne le permettent pas forcément. Parfois, on est amené à situer les histoires dans un contexte plus naturaliste. Et là en fait, le zoo, c'est drôle. Les animaux sont drôles. Prenez le tapir, on n'a pas l'impression qu'il existe en tant que tel, c'est comme un collage. C'est surréaliste. Donc le film doit profiter de ça. Par exemple, avec mon chef op', je le poussais à éclairer les scènes comme il l'avait jamais fait. De dire : "tiens, quand on descend dans le vivarium, et si le couloir était violet ? Si y'avait des néons et quand on arrive, la lumière est violette ? Et quand on remonte c'est orange ?" Ce qu'on ne fait pas habituellement, pour rester dans un cadre réaliste acceptable, et là, le fait d'être dans un zoo permet à tout le monde de monter un peu le curseur de l'expressivité.

EN : Et comment on se confronte au thème assez classique du "film de famille" ?

AC : J'aime beaucoup les films de famille, les familles dysfonctionnelles. Ca n'a pas toujours bonne presse d'ailleurs. Il y a beaucoup de films que j'adore : Margot va au mariage (auquel le titre Gaspard va au mariage rend un peu hommage), Elisabethtown de Cameron Crowe. Il y a tout un corpus qu'on a utisé à l'écriture et qui me parlait. Le fait de se confronter, c'était un plaisir. On se disait : ah ! Enfin on va faire un film sur nos familles, sur toutes les conversations qu'on a pu avoir elle et moi depuis dix ans, du genre "ma famille est insupportable, ils pensent que je suis comme ça, ils m'assignent une place et en fait je suis un peu ailleurs..." Tout ça, on pouvait le réinvestir dans le film. Pour nous, le film, c'est ça aussi. Nourri de choses personnelles. Chaque personnage essaye de se débattre avec la place qu'on lui assigne. On dit de Coline que c'est la dingue de la famille : il y a toujours un dingue dans les familles, là, c'est elle. Virgile, c'est le gestionnaire, alors qu'il ne l'est probablement pas. Il a autant de poésie que les autres sauf qu'elle est un peu mise sous l'éteignoir, et lui se débat aussi avec ça. On voit qu'il bout un peu.

EN : Le film fait pas mal de références au conte de fées, et notamment à Peau d'âne...

AC : C'est une des sources d'inspiration pour le personnage de Coline. On peut ne pas y penser quand on la voit. La blondeur de Deneuve, la côté sylphide, et la peau de bête. En plus ce personnage a la logique de Peau d'âne qui essaye d'échapper à son père en se transformant en souillon et en âne. C'est la même chose pour Colline qui essaye échapper au désir pour son frère en devenant un ours qui pue. Elle essaye de devenir le moins désirable possible.

EN : L'autre référence du film, finalement, c'est aussi la comédie romantique !

AC : Oui, complètement. C'est ce plaisir-là que l'on donne au spectateur face à la comédie romantique, de dire "on ne s'aime pas, donc on peut dormir ensemble", et le spectateur se marre parce qu'il voit bien où on va, il a tous les codes. Il y a une forme de jubilation qui est assez plaisante.

Hercule Poirot embarque sur le Nil

Posté par vincy, le 24 novembre 2017

Le crime de l'Orient-Express (Lire notre critique) à peine sorti sur les écrans (en France, ce sera pour le 13 décembre), la Fox confirme que le détective belge d'Agatha Christie Hercule (sans s) Poirot reprendra du service. C'était attendu, et pour une fois on se réjouira d'une suite. D'une part, le film a déjà rapporté 160M$ au box office mondial, soit trois fois son budget, faisant un joli carton en Chine, au Royaume Uni et en Australie. D'autre part, le polar de Kenneth Branagh se termine sur un Poirot appelé en urgence du côté du Nil pour résoudre un meurtre crapuleux d'une jeune épouse, aussi belle que riche.

Mort sur le Nil sera ainsi, logiquement, le prochain film que vient de confirmer la 20th Century Fox. Le livre d'Agatha Christie a été publié en 1937, trois ans après Le Crime de l'Orient-Express. C'est l'une des 33 aventures du détective Poirot. Il a déjà été adapté au cinéma. Si Albert Finney incarnait Poirot dans Le crime de l'Orient-Express de Sidney Lumet en 1974, c'est Peter Ustinov qui a repris le rôle quatre ans plus tard, pour Mort sur le Nil, réalisé par John Guillermin, avec Bette Davis, Mia Farrow, Maggie Smith, Angela Lansbury, George Kennedy, Jane Birkin, Jack Warden et David Niven. Ustinov a d'ailleurs endosser le costume du détective deux autres fois, dans Meurtre au soleil en 1982 et dans Rendez-vous avec la mort en 1988.

La Fox tiendrait peut-être là une nouvelle franchise. Le studio a engagé le scénariste du Crime de l'Orient-Express, Michael Green, et a commencé à négocier avec Kenneth Branagh pour qu'il reprenne son personnage et la réalisation.

Mort sur le Nil tourne autour du meurtre de Linnet Ridgeway. Cette héritière tombe amoureuse de Simon Doyle, le fiancé de sa meilleure amie, Jacqueline de Bellefort. Elle l'épouse et les jeunes mariés partent en voyage de noces, poursuivis par la jeune femme délaissée jusqu'en Égypte, où ils séjournent dans un hôtel où se trouve également Hercule Poirot. Le détective, les jeunes mariés et leur harceleuse, ainsi que divers clients de l'hôtel seembarquent tous pour une croisière à bord du vapeur S.S. Karnak, où Linnet se fait assassiner.

Albi 2017 : Puzzle et Kapitalistis remportent la compétition de courts métrages

Posté par MpM, le 23 novembre 2017

Très belle idée de la part du Festival d'Albi que de proposer un programme de courts métrages sélectionnés par des collégiens ! Après un appel à films et une présélection rigoureuse parmi les deux cents titres reçus, cinq classes de la région ont ainsi pu s'essayer aux joies de la programmation en choisissant huit films qui ont ensuite été soumis au vote du public.

C'est Kapitalistis de Pablo Munoz-Gomez qui a été plébiscité par les spectateurs tandis que le Prix des Jeunes est allée à Puzzle de Rémy Rondeau. Le premier est une fable sociale ironique dans laquelle un travailleur immigré pauvre tente de gagner plus d'argent pour offrir à son fils le sac à la mode dont il a tellement envie pour Noël. Si le propos est juste et tristement actuel (absurdité du système, injustice sociale, violence symbolique envers les familles modestes), le traitement manque parfois de légèreté et enfonce quelques portes ouvertes sous le prétexte de faire rire.

Le second est un film de genre minimaliste qui utilise les codes du cinéma fantastique pour raconter la détresse d'un vieil homme qui se sent seul depuis la mort de sa femme. Les effets de suspense, particulièrement réussis (notamment l'idée du puzzle qui vire au cauchemar), parviennent à créer une ambiance anxiogène avec très peu de moyens. On aime se laisser prendre par la tension finale, malgré une fin explicative qui souligne inutilement ce que la mise en scène suffisait à suggérer.

Mais au-delà du palmarès (toujours forcément subjectif), cette sélection est l'occasion de se pencher sur le(s) type(s) de cinéma qui plaisent à un jeune public. On notera par exemple que l'animation était particulièrement bien représentée dans la sélection, de même que les films narratifs.

Les sujets étaient eux variés, de la guerre 14-18 réinventée (Poilus de Guillaume Auberval, Léa Dozoul, Simon Gomez) à un déjeuner familial qui tourne mal (Sirocco de Romain Garcia, Kevin Tarpinian, Thomas Lopez-Massy), de l'immigration illégale entre le Mexique et les Etats-Unis (Ojala de Marie-Stéphane Cattaneo) à un règlement de comptes entre ados (La convention de Genève de Benoit Martin), en passant par des oeuvres plus visuelles comme une fête de grenouilles dans une villa abandonnée (Garden party de Florian Babikian, Vincent Bayou et Victor Clair) ou l'aperçu d'un instant où le temps s'arrête (Blink de Manon Ghys, Victoria Léger, Nathan Rémy et William Steiner).

Parmi ces différentes propositions, et outre les films primés, deux courts métrages ont plus particulièrement retenu notre attention : La convention de Genève de Benoit Martin, une comédie très finement dialoguée qui oppose deux bandes rivales à la sortie du lycée, entre confrontation musclée et recherche de diplomatie (après une très belle carrière en festivals, il est maintenant présélectionné pour les César) et Poilus de Guillaume Auberval, Léa Dozoul et Simon Gomez, qui nous emmène dans les tranchées pendant la première guerre mondiale.

Si les poilus du titre sont devenus des lapins, ils n'en partagent pas moins avec leurs homologues humains toutes les horreurs de la guerre : la peur, le froid, l'injustice, et bien sûr le danger permanent. En seulement quelques scènes bouleversantes, il dépeint le quotidien terrifiant des soldats pris au piège des tranchées, et rappelle en filigrane, par le symbole des animaux transformés en soldat, l'universalité et l'actualité de la formule chère à Prévert : "quelle connerie, la guerre".

Edito: Smoking, no smoking

Posté par redaction, le 23 novembre 2017

Dans Battle of the Sexes, qui sort cette semaine, la championne Billie Jean King (Emma Stone), va pouvoir créer la future puissante Women Tennis Association (qui gère le circuit féminin) grâce à l'appui d'un sponsor : Virginia Slims (qui a longtemps parrainé des tournois aux Etats-Unis). Les joueuses devaient s'afficher avec un paquet de cigarettes de la marque, avec une cigarette à la main, et même à la bouche. "Vous allez devoir fumer pendant douze mois!" exige l'associée de la joueuse qui s'occupe du "business" de cette nouvelle WTA.

Bien sûr, on peut y voir une ironie tant le tabac et le sport sont incompatibles. D'ailleurs les joueuses ne fument pas. Elles doivent simuler. On peut aussi y voir un symbole de l'époque, le début des années 1970, où la clope était un symbole de la consommation de masse de l'après guerre, comme la voiture.

Il aurait été bizarre de passer cet épisode sous silence dans un film qui retrace l'émancipation des joueuses de tennis de l'époque, et qui ont pu le faire grâce à l'appui d'un fabricant de cigarettes.

Pourtant, une polémique politique récente a ravivé le débat de la présence de la cigarette à l'écran. Montrer un personnage en train de fumer dans une fiction serait une forme de propagande, pardon de publicité, incitant à inhaler de la nicotine. Le gouvernement français cherche tous les moyens pour lutter contre le tabagisme. La ministre de la Santé, Agnès Buzin, réfléchirait ainsi à des mesures autour de la représentation de la cigarette dans les films français (ce qui ne résout rien pour les autres, vus par les deux tiers de spectateurs, by the way).

Dans le cadre de l’examen du budget de la sécurité sociale, une sénatrice socialiste (si si, il en existe encore) Nadine Grelet-Certenais a interpellé la semaine dernière la ministre sur "les incitations culturelles à fumer": le cinéma, selon elle, "valorise la pratique" et la banalise auprès des plus jeunes. "La Ligue contre le cancer démontre dans une étude que 70% des nouveaux films français mettent à l’image au moins une fois une personne en train de fumer" explique-t-elle. La cigarette devient aussi subversive qu'un joint...

Et la ministre qui va dans son sens: "Je ne comprends pas l’importance de la cigarette dans le cinéma français." Pour elle, l'augmentation du paquet de cigarette ne suffit pas: il faut un plan qui comprenne le marketing social, les réseaux sociaux, et la "dénormalisation" de l’image du tabac dans la société. Déjà il y a deux ans l'ancienne ministre Michèle Delaunay avait suggéré d'étendre l'interdiction de la promotion du tabac aux films français. C'est donc dans l'air (empoisonné) du temps.

A quand l'alcool? Non, parce qu'on sait aussi les dégâts que causent l'alcool. Mais on sait aussi à quel point le verre de vin est culturellement ancré dans la société française, d'une part, et à quel point le vin, le cognac ou le champagne sont de grosses puissances dans l'économie du pays, d'autre part. Mais passons.

«Ne joue pas. Si tu es en train de fumer une cigarette, fume-la. Ne fais pas semblant de la fumer» - James Dean

Revenons au poison de la tige. On rappellera que la pipe de Tati avait ridiculement disparu pour l'affiche d'une exposition à la Cinémathèque, que l'affiche avec la cigarette de Coco Chanel (Audrey Tautou) avait été censurée. La lutte anti-Tabac et le cinéma, c'est une histoire de censure avant tout. Que va-t-on faire des vieux films restaurés avec Gabin, Belmondo, Moreau, tous clopes au bec? Devra-t-on bannir toutes les images de Gainsbourg, Dutronc ou Deneuve, exhalant des volutes pour le besoin de photos de magazines ? Et que peut-on faire face à un film d'époque où tout le monde fumait comme des pompiers? Enfin, si, déjà, dans les scénarios les auteurs font de moins en moins fumer leurs personnages, on ne peut pas empêcher un cinéaste de créer son plan, sa scène comme il le veut. On touche quand même à la liberté de création.

Frédéric Goldsmith, délégué général de l'Union des producteurs de cinéma (UPC), rappelait cette semaine: "C'est une réalité, beaucoup de gens fument", ajoutant que la lutte contre le tabagisme "ne peut pas passer par une atteinte à la liberté de création". Serge Toubiana, patron d'Unifrance, enfonçait le mégot: "Si on en vient à (...) légiférer sur le fait de fumer ou pas sur des écrans de cinéma, c'est qu'on a échoué sur tout le reste. Le cinéma est un art, un plaisir, un divertissement, pas un outil de propagande pour la cigarette."

Mardi, la ministre a fait demi-tour sur Twitter: la polémique s'enflammait. "Je n'ai jamais envisagé ni évoqué l'interdict(ion) de la cigarette au cinéma ni dans aucune autre œuvre artistique. La liberté de création doit être garantie." Le mensonge ce n'est pas de la propagande? Mais il est bien que la ministre ait conscience que sa potentielle mesure n'est pas possible si on veut justement respecter la liberté de création et si on veut représenter la société telle qu'elle ou telle qu'elle était.

"C'est pas pour dire, mais la première cigarette de la journée, c'est la meilleure. Ah oui, ça vous remet la bouche en forme." - Gérard Depardieu dans Les Valseuses

Car, ne soyons pas hypocrite comme un Lucky Luke qui a troqué sa "roulée" pour un brin d'herbe, dans ce cas il faut interdire beaucoup d'autres choses au cinéma: outre l'alcool, qu'on a déjà mentionné, tout ce qui est illégal ou immoral ne pourrait pas être filmé (les sujets ne manquent pas). Mais dans ce cas, à quoi servirait le cinéma qui doit, comme tous les arts nous confronter à l'inexplicable comme disait Carl Dreyer, à la face obscure de la société et aux noirceurs de l'humain? Godard disait qu'avec " le cinéma on parle de tout, on arrive à tout.” Alors on arrête de boire? de fumer un bédot? On interdit de diffusion La Gifle (violence sur mineur), Quelques heures de printemps (euthanasie), A bout de souffle (harcèlement sexuel), Le souffle au cœur (inceste), et à peu près tous les films avec une voiture à essence ou diesel (pollution)? Que dire des thrillers avec meurtres ou braquages, surtout quand le "vilain" s'en sort?

On voit bien que la politique déraisonne. Laissons les auteurs filmer le monde comme ils l'entendent, avec les images qu'ils ont dans la tête. La cigarette est un élément représentatif d'un mode de vie, d'une affirmation de soi. Certes dangereux pour la santé. Mais pas illégal ni condamnable. Ce n'est pas juste l'accessoire glamour qu'on utilise après avoir fait l'amour. Comme l'écrivait l'auteur Colum McCann: “Si mauvaises que soient les cigarettes pour la santé, elles offrent une occasion de contact humain sans équivalent !

Une rétrospective Christian Petzold aux Cinémas du Centre Pompidou

Posté par vincy, le 23 novembre 2017

Du 23 novembre au 14 janvier prochain, les Cinémas du Centre Pompidou organisent une rétrospective du cinéaste allemand Christian Petzold. Alors que l'Allemagne traverse l'une de ses plus graves crises politiques depuis la fin de la seconde guerre mondiale, il est particulièrement pertinent de voir ou revoir les films de ce cinéaste du présent qui a tant su filmer l'Allemagne contemporaine, en lui donnant un visage: celui de la sublime Nina Hoss, égérie indissociable de son cinéma.

Regarder l'Allemagne. Connu en France pour ses deux derniers films, Barbara et Phoenix, il est l'un des réalisateurs allemands à avoir émerger après la réunification. Son premier long date de 1995 (Pilotes). 14 films plus tard, collaborant pour tous ses scénarios avec le documentariste et essayiste de cinéma Harun Farocki, disparu en 2014 et laissant le réalisateur orphelin, Christian Petzold cherche une nouvelle voix. Depuis Phoenix, il n'a réalisé que deux épisodes pour une série policière (qui seront diffusés le 28 novembre et le 12 décembre au Goethe Institut). Mais il revient sur les plateaux de tournage cette année avec Transit, qui porte bien son nom. Un film de transition ou même de renaissance, tourné loin de son pays, à Marseille, sans Harun et sans Nina. Transit, avec Paula Beer (Frantz) et Franz Rogowski (Victoria), devrait sortir l'année prochaine dans les salles.

Le cinéma de Petzold, plutôt dramatique, a d'abord été un cinéma d'observation: capitalisme, terrorisme, consumérisme, ... il aime filmer les codes et les règles de gens réunis par un même objectif, que ce soit l'extrême gauche (Contrôle d'identité), les financiers (Yella, Dangereuses rencontres), la voiture comme symbole existentiel (Wolfsburg). Ce regard social sur une Allemagne où la culture de l'argent l'emporte souvent sur les relations humaines n'est pas absent de ses deux films qui l'ont fait connaître en France. Barbara et Phoenix sont pourtant différents car ils portent en eux une dimension romanesque dans un cadre historique et fictif.  Il y a toujours ce lien entre les deux Allemagnes, celle d'avant et celle d'après, celle de l'Est et celle de l'Ouest. Mais peut-être que le vrai fil conducteur de son œuvre est ailleurs: ses personnages aspirent souvent à changer de vie, à trouver une certaine liberté dans un monde qui les oppresse le plus souvent.

Les cinémas du Centre Pompidou présenteront Dangereuses rencontres, film inédit de 2001, en ouverture de cette rétrospective, qui est accompagnée d'une exposition sur Harun Farocki. Christian Petzold fera une masterclass dimanche après midi (qui sera diffusée en direct sur YouTube). 8 films seront présentés avec le réalisateur du 24 au 27 novembre, dont Barbara le vendredi soir.

Et il ne faudra surtout pas manquer la séance de Phoenix le mercredi 29 novembre, où il sera accompagné de Nina Hoss.

Le Festival de Cannes modifie son agenda

Posté par vincy, le 22 novembre 2017

"Après l’édition-anniversaire de 2017, le Festival ouvre une nouvelle période de son histoire, déclare le Président du festival de Cannes Pierre Lescure. Nous entendons renouveler le plus possible nos principes d’organisation, tout en continuant à interroger le cinéma de notre époque et à accompagner ses bouleversements."

Ainsi, le 71e Festival de Cannes commencera ... un mardi! La cérémonie d'ouverture aura lieu le mardi 8 mai tandis que celle de clôture se déroulera un samedi, le 19 mai. "Il commencera un jour plus tôt mais aura une durée identique aux années précédentes" précise bien le Festival dans son communiqué daté du 22 novembre.

Cannes veut rééquilibrer les deux semaines de la manifestation, qui cette année doit gérer un mardi férié (le 8 mai) et un jeudi férié (celui de l'ascension, le 10 mai). Sans oublier le lundi de Pentecôte qui a lieu le 21 mai!

Pour le festival, "commencer le mardi permettra d’ajouter une soirée de gala avant le premier week-end du Festival et d’organiser des avant-premières du film d’ouverture dans toute la France" et "avancer l’annonce du Palmarès d’une journée, en la plaçant le samedi soir, accroîtra son prestige tout en donnant au film de clôture une meilleure exposition."

D'autres annonces devraient avoir lieu. Notamment la réorganisation des projections presse qui pourraient être simultanées avec les séances officielles, afin que les films en compétition ne soient plus attaqués avant la montée des marches.