Dinard 2017 : retour sur la compétition courts métrages

Posté par MpM, le 2 octobre 2017, dans Courts métrages, Dinard, Festivals, Personnalités, célébrités, stars.

Pour la 2e année consécutive, le Festival de Dinard proposait une compétition de courts métrages constituée de douze films datant des deux dernières années. Le jury présidé par Phil Davis et composé de la productrice française Manon Ardisson, la journaliste française Stéphanie Chermont et l’acteur britannique Michael Smiley, a décerné deux récompenses : une mention à The party de Andrea Harkin (drame sur le conflit irlandais mettant en scène des règlements de comptes sanglants entre une milice protestante et des adolescents catholiques) et le Grand Prix à We love Moses de Dionne Edwards (drame intime autour de l'homosexualité raconté à la première personne par une jeune adolescente). Le public, lui, à plébiscité The driving seat de Phil Lowe, comédie sur un couple d'âge mûr qui tente de pimenter sa vie sexuelle en faisant l'amour dans sa voiture.

Leurs choix vont dans le sens de la sélection elle-même, qui privilégiait majoritairement une forme de cinéma classique, narratif et consensuel, donnant du court métrage une vision assez balisée et traditionnelle : histoire courte reposant sur une idée ou un sujet, tenant souvent uniquement par ses dialogues, et ménageant une forme de chute finale. Face à ces propositions, le jury est allé dans la direction la plus logique, privilégiant un cinéma de bonne facture, pas franchement subtil, mais au sujet facilement identifiable et à l'impact émotionnel indéniable sur le spectateur.

Le reste de la sélection proposait notamment un court métrage maladroit sur les expulsions locatives à Londres (The nest de Jamie Jones), une comédie sympathique sur le sexisme bon teint de la première moitié du XXe siècle (Domestic policy d'Alicia MacDonald), un drame complaisant sur le veuvage et la difficulté de faire la paix avec son passé (Edith de Christian Cooke), une blague programmatique sur le décalage entre le discours d'experts et leur comportement (Bad advice de Matthew Lee) ou encore une allégorie un peu simpliste autour de la parentalité (Homegrown de Quentin Haberham). Des œuvres inégales qui ne brillent pas plus par leurs qualités cinématographiques que par leur finesse d'écriture.

On peut malgré tout distinguer Ghosted de Neville Pierce, sorte de comédie romantique hantée dans laquelle une jeune veuve (Alice Lowe) est importunée par le spectre de son mari (infidèle, en plus) lors de chacun de ses rendez-vous amoureux. Les dialogues loufoques et la construction assez rythmée font oublier l'aspect légèrement répétitif des situations, et surtout font pardonner une fin que l'on voit venir de loin.

Se détachent également deux films singuliers qui apportent à la sélection une autre forme de cinéma : White riot : London de Rubika Shah est un documentaire sur les affrontements liés aux questions d'immigration et de racisme qui ébranlèrent la Grande Bretagne à la fin des années 70. Avec des images d'archives et des témoignages actuels, il retrace la naissance d'un mouvement punk réuni autour du fanzine Temporary Hoarding qui relayait les informations tues par les autres médias, et dresse le parallèle avec la société actuelle.

Le principal reproche que l'on puisse faire au film est d'être trop court, ce qui tombe bien, car la réalisatrice a décidé de traiter le même sujet dans son premier long métrage.

Dans une veine plus expérimentale, mais tout aussi passionnante, Dear Marianne de Mark Jenkin est une succession de cartes postales en super 8 enregistrées par un voyageur originaire de Cornouailles qui cherche des points communs entre sa terre natale et les comtés irlandais de Wexford, Waterford et Cork qu'il traverse. Très simple et assez hypnotique, le film a à la fois une grande puissance d'évocation et une tonalité éminemment poétique. Quelque chose entre la magie de la découverte et la nostalgie des lieux de son enfance.

Et si tout cela reste forcément très subjectif, c'est sans hésiter le film que l'on retiendra de cette sélection en demi-teinte, dont on voit bien qu'elle se cherche encore,  essayant pour le moment de privilégier la pédagogie (amener le grand public au court métrage) au détriment d'une certaine audace de programmation.

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