Venise 2017 : John Woo revient au polar avec Manhunt

Posté par kristofy, le 9 septembre 2017, dans Avant-premières, Festivals, Films, Personnalités, célébrités, stars, Venise.

Le maestro du polar Hongkongais John Woo est de retour avec Manhunt présenté en première mondiale à Venise. D’ailleurs le montage a été terminé juste un peu avant le festival. Est-ce que John Woo va nous éblouir de nouveau avec sa maestria de gunfights et de cascades ? Pour les scènes d’action, on se retrouve en terrain connu. Cette chasse à l’homme nous renvoie aux standards du genre plusieurs dizaines d’années en arrière. L’ensemble est plaisant, mais pas époustouflant.

On adore justement John Woo pour son sens de l’esbroufe des années 80 à Hong-Kong (Les Larmes d'un héros, Le Syndicat du crime, The killer, Une balle dans la tête…) qu’il a su régénérer ensuite aux Etats-Unis (Broken Arrow, Volte-face, Mission impossible 2…) avant de retourner en Chine pour des films d’époque en costumes (Les Trois Royaumes, Le Règne des assassins, Crossing…). Le souhait de beaucoup était de revoir John Woo aux commandes d’un polar comme il en faisait avant (un projet de remake de The Killer est dans l’air), ce vœu est exaucé maintenant avec Manhunt. On aurait aimé qu'il soit satisfaisant.

Un avocat d’une grande firme pharmaceutique est accusé à tort d’un crime qu’il n’a pas commis, il est poursuivi à la fois par des tueurs et par un flic. Il va devoir évité d’être tué, protéger une femme qui veut se venger, convaincre le flic qu’il est innocent, et bien entendu contrer les projets de… (tadaaa : une grande firme pharmaceutique). Le scénario de ce genre de polar est connu d’avance (c’est toujours l’ex-employeur). C’est d’ailleurs un remake du Manhunt japonais de 1976 avec l’acteur Ken Takakura, auquel John Woo rend ainsi hommage : "la première fois que je l’ai vu dans des films ça m’a marqué, c’était des histoires de gangsters ou d’évasion de prison. Il avait beaucoup de charisme. Je me suis inspiré de son image pour la personnage de Chow Yun-fat dans Le syndicat du crime et The killer, avec par exemple un long manteau."

La séquence d’introduction où le héros croise par hasard deux tueuses nous met dans l’ambiance avec une fusillade en règle. De plus c’est la première fois chez John Woo que les ‘méchants’ sont des 'méchantes'. Ensuite le scénario est conduit de façon à faire se suivre les scènes d’action attendues : course dans le métro, poursuite en scooter de mer, assaillants sur des motos lors d’un mariage, fusillade dans une maison où le héros est menotté au flic, combat rapproché dans un laboratoire, et bien entendu, OUI!, un envol de colombes ! C'est sa signature.

On y pend certes plaisir mais les autres scènes qui font progresser l’histoire sont laborieuses. Les faiblesses de Manhunt sont d’abord liées à son mode de fabrication, tout se passe au Japon mais c’est une co-production avec un casting panasiatique : l’actrice Qi Wei est chinoise, Ha Ji-won est coréenne, Okammoto Tao est japonaise (auparavant vue dans des films de super-héros américains), Angeles Woo, la fille du réalisateur est aussi présente. Dans les deux rôles principaux masculins le flic est le japonais Masaharu Fukuyama (vu dans les films de Hirokazu Kore-eda mais peu crédible ici, il est surtout un chanteur populaire dans son pays), et le héros fugitif est le chinois Zhang Hanyu (déjà héros pour Tsui Hark et Dante Lam). Cette variété de talents (pour que le film soit le plus exportable possible) est une belle réunion, mais l’ensemble est très inégal ou mal dirigé (avec des moments presque parodiques). Surtout, dans certaines situations, les dialogues sont en japonais ou en mandarin et dans d’autres en anglais sans aucune logique (et les répliques anglaises sont risibles), ce qui provoque des rires involontaires.

John Woo est de retour avec une carte de visite de ce qu’il sait bien faire, espérons que cela lui permettra de nous offrir ensuite un film d’un tout autre calibre.

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