Anémone met fin à sa carrière

Posté par vincy, le 13 août 2017

Elle était sur scène en juillet à Avignon. La comédienne Anémone, qui fut l'une des actrices les plus populaires dans les années 1980, a annoncé qu'elle mettait fin à sa carrière, près de 50 ans après l'avoir commencée.

A 67 ans, Anne Bourguignon avoue ne plus supporter l'aspect mercantile de sa profession. Engagée, entière, franche même, écolo avant l'heure, cela fait déjà longtemps qu'elle vit à l'écart de Paris. Mais ça ne l'empêchait pas de "s'amuser" avec des plus ou moins grands rôles dans des films comme Le Petit Nicolas de Laurent Tirard, Pauline et François de Renaud Fély, Jacky au royaume des filles de Riad Sattouf (en jouissive Générale), Le Grimoire d'Arkandias de Julien Simonet et Alexandre Castagnetti ou Rosalie Blum de Julien Rappeneau. Toujours un peu borderline, fantasques ou fantaisistes, ses personnages prolongeaient l'image que le public projettait sur elle: la dame un peu folle-dingue qu'on aimait bien.

Car, au fil des ans, et malgré la raréfaction des grands rôles depuis plus de 20 ans, Anémone est restée populaire et appréciée. Alors que la parole est aujourd'hui lissée pour ne froisser personne, elle continuait à "ouvrir sa gueule" comme au bon vieux temps, ce qui n'a pas du lui faciliter les choses pour convaincre des producteurs.

Dans un entretien à Culturebox, l'actrice ne mâche pas ses mots (ses maux?): "Autrefois il n’y avait pas la pub, il n’y avait pas les promos et ça se passait bien. J’arrête à cause de ça : moi j’ai choisi actrice comme métier, pas marchande".

Des farces, des nanars et des auteurs réputés

César de la meilleure actrice pour Le Grand Chemin en 1988, qui avait séduit 3,2 millions de spectateurs en salles, Anémone reste à jamais l'incroyable Thérèse dans Le père Noël est une ordure (1,6 millions de spectateurs, mais un succès jamais démenti lors des rediffusions TV), où elle incarne une vieille fille bienveillante qui n'a d'yeux que pour son collègue Pierre (à qui elle ne jette jamais la pierre). Outre un bon lot de navets (bio), Anémone a connu de nombreux succès avec des comédies parfois potaches: Viens chez moi, j'habite chez une copine et Ma femme s'appelle reviens de Patrice Leconte, Le Quart d'heure américain et Le Mariage du siècle de Philippe Galland, Sans peur et sans reproche de Gérard Jugnot, ou encore Pour 100 briques t'as plus rien... d'Édouard Molinaro. Mais elle a aussi participé à de nombreux films d'auteurs comme Les Baisers de secours de Philippe Garrel, Le Rêve du singe fou de Fernando Trueba, La Belle histoire de Claude Lelouch, Le petit prince a dit de Christine Pascal, Aux petits bonheurs de Michel Deville, Pas très catholique et Enfants de salaud de Tonie Marshall ou Lautrec de Roger Planchon.

Un vaste panel qui nous conduit à croire que le cinéma français n'a pas su investir sur une comédienne aussi "versatile". A moins que l'actrice n'ait pas voulu être apprivoisée par le cinéma français.

A Paris sur scène cet automne

"Les nœuds au mouchoir" de et avec Denis Cherer sera donc sa dernière pièce. Jouée en off à Avignon, elle sera cet automne au Palais des Glaces à Paris.
Deux frères fâchés que tout oppose s'évitent soigneusement depuis longtemps. Daniel est banquier, pressé, marié et infidèle ; Jean est artiste, rêveur, divorcé et fauché. Une erreur d'emploi du temps les fait se retrouver face à face, le même soir, chez leur mère Augustine, qui commence sérieusement à perdre la boule (l'Alzheimer la guette). Jean est aux petits soins pour elle, Daniel, lui, veut la placer en maison de retraite. Chacun vide son sac, mais l'inquiétude qu'ils nourrissent l'un et l'autre pour leur mère les conduit à reléguer au second plan leur dérisoire règlement de comptes.