Cannes 2017 : trois questions à Geremy Jasper pour Patti cake$

Posté par MpM, le 30 mai 2017

Présenté en clôture de la Quinzaine des Réalisateurs, après avoir fait sensation à Sundance en janvier 2017, Patti cake$ est le feel good movie par excellence, servi par un quatuor de personnages ultra attachants et un style visuel riche et varié. On se laisse entraîner avec bonheur dans ce mélange de récit d'apprentissage et de conte moderne qui voit l’ascension d'une jeune femme du New Jersey rêvant de devenir une star du hip-hop. Si le scénario ne brille pas spécialement par son originalité, l'actrice Danielle MacDonald insuffle suffisamment de force et de singularité à son extraordinaire personnage qu'il suffit très largement à faire oublier les facilités et maladresses.

C'est en toute décontraction, sur la plage de la Quinzaine des Réalisateurs, à la fin de la 70e édition du festival de Cannes, que nous avons rencontré Geremy Jasper, l'heureux réalisateur du film, dont c'est le premier long métrage. L'occasion de parler de la naissance de Patti et du long travail d'écriture et de recherches esthétiques qui a présidé au film.

Comment est né le film ? Quelle est la toute première idée que vous ayez eue ?

La première idée, c’est le personnage. Patti. Juste l’idée de Patti. Il y a des années, je vivais chez mes parents dans le New Jersey. Je me sentais un peu pris au piège. Je voulais être musicien. J’étais avec un ami qui travaillait dans une pharmacie, et on écoutait la meilleure radio spécialisée dans le hip-hop de la région. Je lui ai dit « la prochaine grande star hip-hop sera une fille blanche du New Jersey. Une Tony Soprano dure et sexy. ». Il s’est moqué de moi. D’une certaine manière, j’ai commencé à documenter ce personnage dans un petit coin de mon cerveau. Des années plus tard, j’avais commencé à faire des films, je me demandais quel serait mon premier long métrage, je me débattais, je n’arrivais pas à connecter les idées que j’avais, j’avais le sentiment qu’elles ne venaient pas du bon endroit. Et puis tout à coup, Patti est sortie de mon cerveau, et je me suis dit : « tu vas faire ce film sur cette fille. Tu n’as jamais lu de scénario, tu ne sais même pas trop à quoi ça ressemble, tu ne connais pas la syntaxe et le vocabulaire… mais tu vas écrire l’histoire de cette fille. » Alors j’ai passé les 4 années suivantes à apprendre comment faire. Ce fut un très long voyage.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile, finalement ?

Je pense que le plus dur, ça a été d’écrire le scénario. C’est ce qui a pris le plus de temps. Ca fait partie du processus. On passe beaucoup de temps à écrire, seul. On finit par devenir un peu dingue… Je pense que j’ai écrit au moins dix brouillons. Ca changeait tout le temps… j’ajoutais des trucs… C’était comme une aventure quasi psychédélique ! Vous savez, j’ai travaillé sur des clips. Là, on se concentre sur le style, sur le rendu visuel, on essaye de rendre les choses bigger than life… et le film, ça allait être exactement le contraire !

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur vos choix esthétiques ?

J’aime des styles très différents qui peuvent se combiner. Pour moi c’était important que le film n’ait pas qu’un style visuel. D’un côté vous avez cet aspect de clip coloré et surréaliste pour les scènes fantasmées. C’est bigger than life, en technicolor. Et puis la réalité était dans un style plus documentaire. Quand on fait connaissance avec Patti en tant que personnage, j’avais peur que le public reste en retrait et la juge, parce que c’est un personnage tellement haut en couleurs ! Mais en la suivant partout, en restant fixé sur elle comme si on faisait un documentaire sur sa vie, on est vraiment dans le film avec elle, dans sa vie quotidienne compliquée, on la ressent, on l’ accompagne dans son parcours. Il y a donc deux styles qui cohabitent. Et on a essayé d’expérimenter visuellement dans chaque scène. De se dépasser. Et au montage, ça a été plutôt long de réussir à faire cohabiter tous ces petits morceaux. De ce fait le film est assez fragmenté, composé de ces différents styles.

Retrouvez l'intégralité de l'interview dans la partie magazine de notre site

15 phrases entendues au Festival de Cannes 2017

Posté par wyzman, le 30 mai 2017

Pendant 12 jours, nous avons arpenté les rues de Cannes. Pendant 12 jours, nous avons avons suivi avec autant d'attention que vous les différentes projections et les multiples polémiques. De l'affaire Netflix au choc You Were Never Really Here en passant par le téton de Monica Bellucci et la claque 120 battements par minute, nous avons vécu un magnifique 70e festival de Cannes. Surpris par la Palme d'or , nous avons décidé de faire durer le plaisir pendant quelques minutes supplémentaires.

Pour vous, nous avons donc listé les meilleures pépites que nous avons entendues pendant ces 12 jours absolument fabuleux, passés au soleil. Dans les files d'attente, en soirées ou avec des passants sur la Croisette, cette 70e édition nous aura marqués. Par souci d'équité (et surtout pour ne causer de problème à personne), ces citations resteront anonymes.

“Je mettrais bien mon gros Cannes dans ton petit Paris.”

“Wonderstruck jeudi, Okja hier, 120 battements par minute aujourd'hui... Tu peux être sûr qu'Almodóvar est déjà en PLS !”

— Eh c'est Alex Lusse.

— Tu veux dire Alex Lutz ?

— Ouais c'est pareil…

“C'est une honte ! Ils alignent les dollars pour faire des films et se font siffler ici pour une histoire de sortie.”

“Ce qui est indécent à Cannes c'est le prix des loyers.”

— Alors, Wonderstruck ?

— C'était abominable...

— L'écoute pas, il a vraiment de la merde dans les yeux !

“Moi j'ai jamais vu un badge Presse faire entrer qui que ce soit en soirée.”

“Les Français sont facilement désagréables. Alors à Cannes, avec deux rails, l'Enfer c'est clairement vous.”

— Je t'offre une coupe ?

— Non, ça ira.

— Une bière ?

— Non, non.

— Un plan ?

— Non.

— Bon bah si j'ai pas compris que tu veux rien venant de moi...

“Vous les Français, dès que vous êtes face à une starlette vous dites "You look amazing !" Faut apprendre d'autres phrases hein…”

“Nous on est venus du Nord juste pour Twin Peaks parce que les films ici y sont trop longs.”

— Tu veux qu'on continue ?

— Continuer quoi ?

— Mais donc tu veux qu'on continue ?

— Mais continuer quoi ?

— Bah ce que tu veux qu'on continue !

“Comme j'ai une rhinite, mon médecin m'a dit de venir me ressourcer dans notre résidence secondaire, ici. Mais du coup on perd 3800 boules. Je te dis pas à quel point c'est douloureux pour nous.”

“C'est une mannequin intelligente. Enfin... son équipe est composée de gens intelligents.”

"Sérieux, ils ont fait des économies cette année avec toutes ces stars qui sont dans plusieurs films.