Cannes 2017: Makala, Gabriel et Ava récompensés à la Semaine de la Critique

Posté par vincy, le 25 mai 2017

La 56e Semaine de la Critique a été la première des sections cannoises à tirer le rideau. Le jury présidé par le cinéaste Kleber Mendonça Filho ont décerné trois prix:

Grand Prix Nespresso: Makala d'Emmanuel Gras
Prix Révélation France 4: Gabriel e a Montanha de Fellipe Gamarano Barbosa
Prix Découverte Leica Cine du court métrage: Los Desheredados de Laura Ferrés

Les partenaires de la Semaine de la Critique ont aussi récompensé deux longs métrages et un court:
Prix Fondation Gan à la Diffusion: Gabriel e a Montanha de Fellipe Gamarano Barbosa
Prix SACD: Ava de Léa Mysius
Prix Canal+ du court métrage: Najpiekniejsze Fajerwerki Ever d'Aleksandra Terpinska

Makala est le premier long métrage d'Emmanuel Gras, qui a déjà réalisé plusieurs courts et documentaire. Le film se déroule au Congo, où un jeune villageois espère offrir un avenir meilleur à sa famille. Il a comme ressources ses bras, la brousse environnante et une volonté tenace. Parti sur des routes dangereuses et épuisantes pour vendre le fruit de son travail, il découvrira la valeur de son effort et le prix de ses rêves.

Deux fois récompensé ce soir, le film brésilien Gabriel e a Montanha est le deuxième long métrage de Fellipe Gamarano Barbosa, trois ans après Casa Grande. Il suit Gabriel Buchmann, qui décide de partir un an faire le tour du monde avant d'intégrer une prestigieuse université américaine. Après dix mois de voyage et d'immersion au cœur de nombreux pays, son idéalisme en bandoulière, il rejoint le Kenya, bien décidé à découvrir le continent africain. Jusqu'à gravir le Mont Mulanje au Malawi, sa dernière destination.

Cannes 2017: Les deux lauréats du Trophée Chopard

Posté par vincy, le 25 mai 2017

Anya Taylor-Joy et George MacKay ont reçu, des mains de Charlize Theron, les Trophées Chopard 2017, qui récompense chaque année au Festival de Cannes, la nouvelle garde du cinéma international.

Cette année, après délibération du jury composé de l'actrice Salma Hayek, des réalisateurs Lori McCreary et Garth Davis, de Caroline Scheufele, co-présidente de la maison de joaillerie, et du journaliste Steven Gaydos, les choix de sont portés sur une actrice américaine et un acteur britannique.

Anya Taylor-Joy, 21 ans, a été remarquée dans le récent succès de M. Night Shyamalan, Split. Elle vient de tourner Marrowbone, thriller horrifique de Sergio G. Sánchez. Elle devrait incarner Magik dans X-Men: The New Mutants et est annoncée au générique du crossover Split/Oncassable, Glass. Enfin, Kristin Scott Thomas l'a enrôlée pour son premier film en tant que réalisatrice, The Sea Change.

George MacKay, 25 ans, a été l'une des révélations de Captain Fantastic aux côtés de Viggo Mortensen, présenté l'an dernier à Un certain regard, après avoir brillé à la Quinzaine des réalisateurs en 2014 dans Pride. Il sera lui aussi au générique de Marrowbone. Son agenda est chargé: il tourne actuellement Ophelia de Claire McCarthy, où il incarne Hamlet. Trois autres de ses films sont en post-productions: Where Hands Touch, Ghost Stories et le musical Been So Long.

Cannes en livres: « Vadim, le plaisir sans remords », fantasme glamour d’une époque

Posté par vincy, le 25 mai 2017

Le pitch: Il s'agit d'un portrait du cinéaste français Roger Vadim, mondain et playboy, artiste d'une époque révolue où l'on croise Brigitte Bardot et Jane Fonda.

Le style: Clément Ghys n'a pas voulu faire une biographie. Il préfère fantasmer sur une période qu'il n'a pas vécue, glamour et élégante, tout en mettant en lumière les zones d'ombre de la vie et la carrière de Roger Vadim. Personnalité nonchalante et Casanova insatiable, ce Vadim est "sensationnel", avide de corps, de femmes, de désirs, comme l'écrit le jeune journaliste. C'est un récit littéraire, pointilliste et pas exhaustif, psychologique plus qu'hagiographique. Ponctué d'apparitions, l'histoire de cet homme est comme un miroir d'une masculinité disparue, et le parfait reflet d'un mirage où tant d'étoiles se sont perdues.

La remarque: Clément Ghys était critique à Libération avant de prendre la direction des pages culturelles du magazine M Le Monde. C'est son premier roman. Notons que son éditeur a aussi publié Parlez-moi encore de lui, de Lisa Vignoli, autre trentenaire qui se penche sous forme littéraire sur le destin d'un homme de cinéma complexe, Jean-Michel Gravier, et d'une période qu'elle n'a pas connue, les années 80.

Vadim, le plaisir sans remords, de Clément Ghys. Paru chez Stock le 3 mai.

Cannes 2017: 80 cinéastes interpellent l’Europe

Posté par vincy, le 25 mai 2017

Plus de 80 cinéastes ont interpellé la Commission européenne et le Parlement européen, dans le cadre de la réforme du droit d'auteur et de la révision de la Directive services de médias audiovisuels Ce texte, qui reprend la plupart des appels rédigés ces dernières années, a été remis en début de semaine au Festival de Cannes, lors d'un déjeuner avec les représentants européens, présents sur la Croisette pour le European Film Forum.

"Citoyens et cinéastes européens, nous vivons au cœur d’une Europe qui porte un bel espoir quand elle est fidèle aux valeurs de tolérance, d’ouverture et de diversité et qu’elle se défend des visées nationalistes, obscurantistes et frileuses qui la traversent. Parce qu’il est le reflet de ces valeurs positives, nous avons la conviction que le cinéma européen peut et doit participer à la conduite d’une politique culturelle européenne ambitieuse et renouvelée. Loin de n’être qu’un bassin d’emplois, l’addition de territoires ou la juxtaposition de marchés et de consommateurs, la culture européenne porte également ces identités plurielles et un mode d’expression libre et démocratique" expliquent-ils en préambule.

Ils réclament le renforcement de la dotation budgétaire et l'extension du champ d'actions du programme Média. Pour eux, le financement et le développement des films européens doit être notre priorité, mais ils exigent aussi le "maintien de la territorialité des droits" car cette territorialité  "structure et garantit le haut niveau de financement des œuvres en Europe, en particulier pour les cinématographies les plus fragiles et les coproductions européennes. Ce principe doit être sanctuarisé pour garantir l’exclusivité des droits et les fondements du financement de la création. C’est cette territorialité qui permet aux spectateurs d’accéder à des œuvres diverses et financées à travers l'Europe. Rêver au marché unique européen peut être séduisant mais, en l’état, un tel projet irait à l’encontre du fondement de la diversité et de l’exception culturelle."

Les auteurs sont au centre du courrier, les cinéastes rappelant que les auteurs doivent "pouvoir vivre de leur art (...) afin qu’ils puissent continuer à créer." "À tous les cinéastes, l’Union européenne doit assurer, sur tout son territoire, le même niveau de protection et reconnaitre un droit inaliénable à rémunération lorsque leurs œuvres sont exploitées sur des plateformes en ligne. Elle doit aussi encourager la transparence et la rémunération proportionnelle des auteurs au succès du film."

Visant Google, Amazon, Facebook, Apple, Netflix & co, ils demandent que l’Europe fixe "une ambition et assurer les conditions d’un jeu concurrentiel plus juste et durable entre tous ceux qui diffusent nos œuvres. Elle doit également assurer le principe d’une équité fiscale, et rapidement mettre en œuvre des engagements de financement et de diffusion vis-à-vis de la création européenne, sans possibilité de contournement. Elle doit, enfin, garantir une meilleure adéquation entre le lieu d’imposition et le lieu de diffusion des œuvres, comme c’est déjà le cas pour la TVA. L’Europe n’est pas un nouveau Far West, sans foi ni lois : elle doit veiller à appliquer les mêmes règles à l’ensemble des diffuseurs, plateformes, sites de partage ou réseaux sociaux."

Enfin, les cinéastes constatent que le piratage perdure et que l'offre légale "peine à attirer les spectateurs". Aussi veulent-ils que l'Europe valorise "une meilleure exposition des œuvres sur tous les supports." "Le développement d’outils de référencement des films légalement accessibles doit être accéléré, autant que doivent être encouragées les coopérations entre États membres ou des actions collectives concertées" selon eux, notamment en leur assurant "une large exposition dans les salles de cinéma, sur les chaînes de télévision, leurs déclinaisons numériques, et sur tous les services à la demande, est une priorité. Il s’agit aussi de répondre aux nouvelles attentes des spectateurs."

"Les professionnels devront faire des efforts en ce sens pour renforcer la disponibilité des films. Les institutions européennes devront, elles aussi, garantir une présence et une promotion minimales des œuvres européennes sur les services à la demande, tisser un lien vertueux entre numérique et création, sans faire table rase de la diversité culturelle" concluent-ils, "afin de repenser et reconstruire une politique culturelle exigeante et ambitieuse, adaptée au numérique, à son économie et ses usages, qui valorise les œuvres et mette les créateurs au cœur de son action."

La liste des premiers signataires
Fatih Akin (Allemagne), Robert Alberdingk Thijm (Pays-Bas), Alejandro Amenábar (Espagne), Christophe Andréi (France), Montxo Armendáriz (Espagne), Lucas Belvaux (Belgique) Pablo Berger (Espagne), Julie Bertuccelli (France), Iciar Bollain (Espagne), John Boorman (Royaume-Uni), Fred Breinersdorfer (Allemagne), Miroslava Brezovska (Slovaquie), Peter Carpentier (Allemagne), Marianna Cengel Solcanska (Slovaquie), Dan Clifton (Royaume-Uni), Fernando Colomo (Espagne), Stijn Coninx (Belgique), Catherine Corsini (France), José Luis Cuerda (Espagne), Jean-Pierre Dardenne (Belgique), Luc Dardenne (Belgique), Dante Desarthe (France), Leonardo Di Costanzo (Italie), Fabrice Du Welz (Belgique), Klemen Dvornik (Slovénie), Benedikt Erlingsson (Islande), Stephen Frears (Royaume-Uni), Matteo Garrone (Italie), Costa Gavras (France), Jochen Greve (Allemagne), Michael Haneke (Autriche), Michel Hazanavicius (France), Miguel Hermoso (Espagne), Hrvoje Hirar (Croatie), Agnieszka Holland (Pologne), Dariusz Jablonski (Pologne), Agnès Jaoui (France), Joachim Lafosse (Belgique), Éric Lartigau (France), Claude Lelouch (France), Marek Leszak (Slovaquie), Zuzana Liová (Slovaquie), Daniele Luchetti (Italie), Miloslav Luther (Slovaquie), Ole Christian Madsen (Danemark), Ursula Meier (France-Suisse), Roger Michell (Royaume-Uni), Radu Mihaileanu (France), Catalin Mitulescu (Roumanie), Cristian Mungiu (Roumanie), Olivier Nakache (France), Annette K. Olesen (Danemark), Ruben Östlund (Suède), Sir Alan Parker (Royaume-Uni), Pawel Pawlikowski (Royaume-Uni - Pologne), Sverre Pedersen (Norvège), Adela Peeva (Bulgarie), Nicolas Philibert (France), Ventura Pons (Espagne), Marián Puobiš (Slovaquie), Corneliu Porumboiu (Roumanie), Elina Psykou (Grèce), Di Redmond (Royaume-Uni), Michaël R. Roskam (Belgique), Lone Scherfig (Danemark), Volker Schlöndorff (Allemagne), Céline Sciamma (France), Maurizio Sciarra (Italie), Jerzy Skolimowski (Pologne), Marko Skop (Slovaquie), Paolo Sorrentino (Italie), Birgitte Staermose (Danemark), Hugh Stoddart (Royaume-Uni), Charles Sturridge (Royaume-Uni), Ondrej Sulaj (Slovaquie), Bertrand Tavernier (France), Éric Tolédano (France), Dusan Trancik (Slovaquie), Joachim Trier (Norvège), Fernando Trueba (Espagne), Felix Van Groeningen (Belgique), Wim Wenders (Allemagne), Susanna White (Royaume-Uni).

Cannes 2017 : nos retrouvailles avec David Lynch

Posté par MpM, le 25 mai 2017

On était prêt à aller beaucoup plus loin que Cannes pour retrouver David Lynch derrière une caméra, et accessoirement découvrir la 3e saison (attendue près de 25 ans) de Twin Peaks. Et finalement c'est bien sur la Croisette qu'aura lieu l'avant-première des deux premiers épisodes de la nouvelle série, juste avant sa diffusion sur Showtime et Canal Plus.

Le réalisateur américain, qui n'a plus tourné pour le cinéma depuis 2006 (Inland Empire), à l'exception de quelques courts métrages et d'un documentaire sur la méditation transcendantale, est un ancien habitué du Festival, avec lequel il a tissé une relation bien particulière.

C'est en 1990 qu'il fait sa première apparition à Cannes, certes identifié comme un réalisateur singulier et presque expérimental (Eraserhead), mais également auréolé d'une nomination aux Oscars et de plusieurs prix pour Elephant man et Blue velvet. Le relatif échec de l'adaptation du Dune de Frank Herbert en 1984 est déjà oublié.

Sailor et Lula est donc sélectionné en compétition et, pour un "coup d'essai", c'est un coup de maître avec Palme d'or à la clef, décernée par le jury de Bernardo Bertolucci. Il faut reconnaître qu'il y a dans le 5e long métrage de Lynch tous les éléments constitutifs de son cinéma si singulier: une atmosphère étrange, des personnages venimeux et troubles, une sensualité exacerbée, des références au film de genre comme au Magicien d'Oz... et une réappropriation toute personnelle de l'ensemble.

Au même moment, Lynch triomphe sur le petit écran avec la série Twin Peaks créée avec Mark Frost, et qui révolutionne durablement le genre. Pendant deux saisons, les spectateurs se rongent les sangs en suivant cette enquête policière pour le moins atypique dans la ville imaginaire et trouble de Twin Peaks. Savoir qui a tué Laura Palmer ne calme nullement les fans qui réclament une suite. Ils auront droit à un prequel, le long métrage Twin Peaks, Fire walks with me (1992), justement sélectionné à Cannes en 1992. Mais une 3e saison de la série culte semble compromise.

David Lynch fait à nouveau le voyage à Cannes avec Une histoire vraie en 1999, un road-movie tendre et léger en tondeuse en gazon qui tranche avec toute son oeuvre, puis le somptueux et trouble Mulholland drive en 2001, qui constitue sa dernière sélection en compétition.

Cette année-là, il remporte un Prix de la mise en scène (ex-aequo avec les frères Coen pour The Barber) qui ressemble à un lot de consolation. Le jury mené par Liv Ullman lui a (injustement) préféré le drame familial La chambre du fils de Nanni Moretti. C'est pourtant le polar inquiétant et mystérieux de Lynch qui a marqué les esprits. Pendant des mois, les esprits s'échauffent pour tenter de percer à jour les passages les plus cryptés du film.

L'année suivante, il préside le jury cannois et décerne la Palme au Pianiste de Roman Polanski. Dès lors, il se fait plus rare sur la Croisette comme ailleurs. On le retrouve dans le documentaire Films de minuit : de la marge au courant principal de Stuart Samuels (en séance de minuit en 2005) puis dans le film collectif Chacun son cinéma en 2007, dont il réalise un segment à l'occasion du 60e Festival. Il aura donc fallu attendre dix ans pour le retrouver sur le tapis rouge cannois, comme un retour aux sources.

Au fond, David Lynch aurait-il eu une telle aura sans Cannes ? Dans quelle mesure la Palme d'or de 1990 a-t-elle contribué à son succès ? C'est évidemment difficile à dire, mais on a l'intuition que les deux parties ont trouvé leur intérêt dans cette relation. Lynch en recevant une consécration par ses pairs, élevant son cinéma hybride au rang de cinéma d'auteur noble, le Festival en montrant sa capacité à faire une place à une nouvelle vague de réalisateurs plus audacieux et singuliers (Soderbergh, les Coen, Tarantino...).

C'est encore le cas cette année puisque Cannes s'offre le buzz lié au retour de la série culte, tout en surfant sur l'intérêt exponentiel et non démenti pour ce genre fictionnel depuis maintenant plus de dix ans. A l'heure où certains s'offusquent de retrouver Netflix en compétition, la présence cannoise de la série Twin Peaks parait, elle, complètement légitime. L'annonce n'a même pas vraiment surpris tant il était évident pour tout le monde que Cannes ne pouvait pas passer à côté de ce grand retour lynchien.

Alors, à quoi faut-il s'attendre ? Le mystère plane évidemment autant autour de ce nouveau Twin Peaks qu'à l'intérieur de la ville elle-même. David Lynch lui-même n'en dit pas grand chose : "certaines choses ont changé, d'autre restent identiques". On sait malgré tout qu'il s'agit bien d'une suite, réalisée par le cinéaste himself, et qu'elle est censée se passer effectivement 25 ans après les événements originaux. Le casting impressionnant compte notamment Kyle MacLachlan qui reprend son rôle de Dale Cooper, mais aussi des stars comme Naomi Watts, Monica Bellucci ou Tim Roth.

Vu le twist d'envergure sur lequel s'achevait le dernier épisode, on peut s'attendre à peu près à tout. Et c'est pour ça que l'on est aussi impatient de ces retrouvailles cannoises. D'autant qu'elles pourraient bien être les dernières sur la Croisette, Lynch ayant avoué au Sydney morning telegraph qu'il ne reviendrait probablement jamais au long métrage.

Cannes 2017 : Qui sont les frères Safdie ?

Posté par kristofy, le 25 mai 2017

Cette année dans la compétition officielle du côté des américains, il y a les nouveaux films de Todd Haynes, Sofia Coppola, Noah Baumbach, et celui des frères Safdie avec Robert Pattinson et Jennifer Jason Leigh dans une histoire de braquage. Qui sont ces cinéastes indépendants dont la carrière va prendre une nouvelle dimension ?

Les frères Joshua et Benny Safdie (ou Josh et Ben, c’est selon) sont quasiment nés à Cannes, plus précisément à La Quinzaine des Réalisateurs avec la sélection en 2008 de leurs premiers long-métrages The Pleasure of Being Robbed (réalisé par Josh Safdie) puis en 2009 de Lenny and the kids (réalisé par les deux frères et Prix John-Cassavetes aux Independent Spirit Awards), mais aussi avec le court-métrage The Acquaintances of a Lonely John (réalisé par Benny Safdie) en 2008.

Les deux frères - qui ont grandi à New-York - et quelques amis s’étaient déjà regroupés pour travailler ensemble sur plusieurs courts un peu dans l’esprit de la tendance du mumblecore (petit budget et grande énergie collective) en s'aidant de leur structure Red Bucket Films. Il en a découlé ces films qui ont trouvé un distributeur en salles et reçu de bonnes critiques. Ces deux longs et cinq courts ont d’ailleurs été regroupés dans un coffret de trois DVD (édité par Blaq Out) que l’on vous recommande.

Il faut attendre 2016 pour la sortie de leur 3ème long-métrage Mad love in New York (Heaven Knows What) inspiré de la vraie vie d’une jeune femme qu’ils avaient rencontré: une SDF en sevrage de drogue, devenue l’actrice de son rôle. Le film remporte le Grand prix au Festival de Tokyo et le prix des salles art et essai au Festival de Venise.

Ils varient les sujets, fidèle à leur envie de liberté totale, mais cherchent toujours un angle décalé à des récits a priori classique, avec des personnages marginaux ou singuliers, que ce soit un kleptomane, un lycéen joueur de basket ou un père mentalement psychologiquement malade.

Leur nouveau film Good Time ressemble à un grand écart : après s’être inspiré de leur famille (père, compagne…) et de faits réels, les frères Safdie se tournent vers de la pure fiction avec une histoire de braquage qui tourne mal. Toutefois, en toile de fond, on retrouve leur ville de New-York, dont ils ont une vision assez sombre (une partie du film est tourné dans une vraie prison). La présence de Robert Pattinson et Jennifer Jason Leigh donnent bien entendu une toute autre dimension au film, ce qui explique d’ailleurs leur promotion sur le tapis rouge de la compétition cannoise.

Pour autant les frères Josh et Benny Safdie ne sont pas pour autant ‘vendus’ à faire un film de commande d’un studio. Ils continuent d'écrire, réaliser et produire en famille. C’est bien entendu trop tôt pour spéculer, mais Good Time pourrait être l'une des surprises de ce 70e Festival.