Daily Cannes: des enfants, pas de snap, du langage des signes et Michelle

Posté par cynthia, le 18 mai 2017

Comme chaque jour petit tour d'horizon cannois avec la conférence de presse du jour, le focus célébrité et le tweet qui fallait voir.

En ce 18 mai c'est une spéciale Wonderstruck de Todd Haynes. Au vu du standing ovation de fin de séance, ce film sur l'enfance et la surdité n'a pas fini de faire parler de lui. Décrit comme une douce rêverie, Todd Haynes a plongé le spectateur dans un songe sonore puissant et prenant, selon certains avis, ou a ennuyé selon d'autres.

La Conférence de presse du jour: Wonderstruck de Todd Haynes.

La conférence s'est déroulée en plusieurs langues, dont celle des signes, grâce à la toute jeune actrice Millicent Simmonds, malentendante. La beauté du moment a été la réponse en anglais et signée de son camarade le jeune Jaden Michael (qui incarne l'ami du jeune héros Ben) afin que la jeune fille comprenne: on a adoré. Autre love moment, lorsque nous avons aperçu Brian Selznick, le scénariste et écrivain de Wonderstruck e( de Hugo Cabret): classe et sexy, il a prouvé en quelques battements de cils que l'on peut être fondu d'écriture et être un sex appeal sur pattes (il n'y a qu'à nous voir, nous à écran noir, on est tous sexy et accro à l'écriture).

Adapté de son propre bouquin, Wonderstuck a été directement proposé à Todd Haynes qui n'a pas hésité à faire fonctionner son âme d'enfant car "tout à avoir avec l'imagination, la complexité des enfants...on a tout à apprendre des enfants!"
Oui le réalisateur de Carol a précisé que Wonderstruck était bien un hymne à nos jolis morveux qui méritent d'être observés et côtoyés plus souvent, comme aime le dire également l'actrice Michelle Williams: "J'aime travailler avec les enfants et pour les enfants."
Le jeune héros (à croquer) Jaden Michael confie qu'il ne fait pas partie de la génération actuelle, celle des fondues de snapchat ("je n'ai pas Snapchat"), des écrans et autres machines briseuses d'imagination: "plus jeune, je jouais avec des boîtes de conserve vides, j'espère que ce film va donner envie aux enfants de jouer avec des boîtes de conserve vides ou des Lego plutôt que faire des choses trop compliquées et sophistiquées" (petit clin d’œil à la génération 2.0).

Le film est produit par Amazon, et qui dit plateforme internet, dit Netflix, torchon brûlant du moment. Forcément la polémique est tombée et la réponse du réalisateur a fusé: "Amazon n'a rien à voir avec ce débat. Ils cherchent à donner des nouvelles opportunités aux réalisateurs de films d'art et d'essai, ce sont des gens qui aiment vraiment le cinéma. Après c'est toujours mieux de voir quelque chose sur grand écran et nous nous orientons dans cette direction."

Du coup, je lance un appel personnel à Netflix. Oh plateforme tentatrice et diffuseur de séries merveilleuses et de films grandioses, ne déconnez pas et sortez vos films en salles!

Focus du jour : Michelle Williams

Ex-blondinette de Dawson, interprète de Marilyn Monroe (rien que ça), nommée aux Oscars et j'en passe, Michelle Williams a honoré la croisette de ses douces mirettes et gambettes, alors qu'elle n'a qu'un rôle furtif dans le film de Haynes.
Ce n'est pas la première fois que la belle monte les marches, puisque, déjà, en 2010, elle était aux côtés de Ryan Gosling pour Blue Valentine de Derek Cianfrance. Et si Michelle Williams n'est pas une grande habituée du Palais, il n'empêche que nous n'avions d'yeux que pour elle lors de la présentation de Wonderstruck. Quelque chose nous dit qu'elle reviendra...peut-être dans le jury comme Jessica Chastain?

Le tweet du jour

Ce tweet nous le devons à mon confrère Wyzman, qui a entendu la chose la plus what the fuck qui soit!

Comme quoi au festival il faut savoir garder les yeux mais surtout les oreilles grandes ouvertes!

Cannes en Séries : Quand HBO emporte la Palme d’or!

Posté par wyzman, le 18 mai 2017

Alors que Netflix provoque une sérieuse polémique à Cannes et que David Lynch et Jane Campion présentent leur dernière série en date, voici en cinq films la preuve que Cannes a toujours été ouvert aux productions du petit écran.

Distribué par HBO Films et largement inspiré du court métrage éponyme d'Alan Clarke, Elephant demeure aujourd'hui encore l'un des meilleurs films de Gus Van Sant. Présenté en compétition lors du festival de Cannes 2003, son dixième long-métrage était reparti avec la Palme d'or et le Prix de la mise en scène. Un sacré palmarès pour un film qui revient sur le drame de Columbine.

Souvenez-vous, en avril 1999, le Colorado était à la Une des journaux après qu'une fusillade a éclaté dans un  lycée, causant la mort de douze élèves et professeur et qui était l'oeuvre de deux adolescents. Ces derniers s'étaient suicidés juste après. Si au départ Elephant devait faire un carton sur le petit écran en étant diffusé comme n'importe quel téléfilm de la chaîne qui produit Game of Thrones, Westworld et Big Little Lies, c'est finalement en salles qu'il connut un véritable succès. HBO ne le diffusera d'ailleurs sur petit écran que bien plus tard. Car avant cela, cette pépite du cinéma indépendant devra se contenter d'une sortie dans 6 salles américaines. Mais produit pour 3 millions de dollars, le film en rapporta 10 - dont 8,7 à l'international ! En France, il avait attiré près de 750000 spectateurs.

Producteur depuis 1983, HBO Films a accouché de Maria, pleine de grâce de Joshua Marston, Idlewild Gangsters Club de Bryan Barber et Sex and the City 2 de Michael Patrick King. Malheureusement, le miracle Elephant ne s'est pas reproduit depuis. Les projets Generation Kill et The Pacific ont directement été annoncés comme des mini-séries et Ma vie avec Liberace, pourtant présenté en compétition officielle en 2013, n'a disposé que d'une diffusion à la télévision aux Etats-Unis, car il était perçu comme "trop gay" pour trouver son public en salles…

Mais pour Gus Van Sant, ce passage par le petit écran avec Elephant fut une bénédiction. Après cela, ont suivi pas moins de cinq sélections au festival de Cannes (Last Days, Mala Noche, Paranoid Park, Restless, Nos souvenirs), une nomination aux Oscars (Harvey Milk) et une place au panthéon des réalisateurs de séries. En 2011, il réalise ainsi le pilote de la série Boss pour Starz et cette année, il a  fait le bonheur de la chaîne ABC en acceptant de diriger les deux premiers épisodes de la série LGBTQ When We Rise.

Cannes 2017 : des soirées, des master class, des concerts… et des projections

Posté par wyzman, le 18 mai 2017

La 70e édition du festival de Cannes vient seulement de débuter que l'on ne sait déjà plus où donner de la tête. Entre la robe de Monica Bellucci hier soir et la déception Wonderstruck de ce matin, il ne fallait pas manquer la Welcome Party de cette nuit. Et si vous n'y étiez pas, soyez sereins. Les soirées, ce n'est pas ce qui manque à Cannes !

Dès mardi prochain, une soirée-anniversaire célébrera les 70 ans du plus grand festival de cinéma au monde, présidée par Isabelle Huppert herself. Tout cela aura lieu au Grand Théâtre Lumière et il se murmure que nous y croiserons pas mal de lauréats de la Palme d'or.

Comme à l'accoutumée, le Cinéma de la Plage propose à 21h30 des projections destinées à tous, ainsi que deux concerts de musique : -M- le dimanche 21 mai et Tony Gatlif et sa troupe de Rebetiko le jeudi 25 mai.

Côté master classe outre les très attendus Jane Campion (mardi 23 mai) et David Lynch (jeudi 25), il ne faudra surtout pas manquer Clint Eastwood (samedi 20), Alejandro G. Inarritu et Alfonso Cuaron (mercredi 24). Mais ce n'est pas tout ! Dès ce soir, à 20 heures, Robin Wright présente son court-métrage The Dark of Night en ouverture de Cannes Classics (salle Bunuel) et Kristen Stewart la suivra le samedi 20 mai avec Come Swim.

Enfin, nous vous rappelons que, édition anniversaire oblige, les organisateurs du festival ont étendu l'accès aux films en Sélection officielle grâce à différentes projections : 8h30 à la Salle Debussy, 12h à la Salle du Soixantième et 20h et 22h à l'Olympia !

Cannes 2017 – les lieux du festival : bienvenue sur le tapis rouge !

Posté par MpM, le 18 mai 2017

Première étape de notre visite guidée cannoise, le tapis rouge qui attire tous les regards et voit défiler les hauts talons et semelles ultra-chics des plus grandes stars de la planète. Qui aurait cru que déambuler sur ce morceau de moquette écarlate (oui, on casse le mythe) deviendrait le symbole du glamour absolu ?

La bonne nouvelle, c'est que si Nicole, Marion et Monica s'y attardent pour le plus grand plaisir des photographes, le commun des mortels a le droit d'y faire un passage (rapide et dans l'anonymat) à chaque séance au Grand Palais. Frisson garanti la première fois, même si la montée est finalement plutôt rapide et sans enjeu. Au bout de quelques fois évidemment le plaisir s'émousse, et on ne pense plus qu'à une seule chose : en avoir fini au plus vite avec le tapis pour aller s'installer tranquillement devant le film.

En contrebas des marches, vissés à leurs escabeaux et autres tabourets, les chasseurs d'autographes, de photos ou autres rencontres fugaces avec les étoiles du cinéma, regardent d'un œil goguenard ces montées non réglementaires. Ils ont dû en voir, de grands moments de solitude dans l'indifférence absolue des spectateurs et des photographes... Et on ne parle pas des chutes ! Vous avez déjà essayé, vous, de faire un selfie en talons de 12cm, en équilibre instable entre deux marches, à contre-courant d'une marée humaine se précipitant au pas de course dans la salle pour avoir la meilleure place possible ?

Cannes fiction: on ira à La Bocca…

Posté par vincy, le 18 mai 2017

Depuis que le Festival de Cannes et né, tout se passe sur la Croisette, globalement de la pointe du Palm Beach à l'est au Suquet à l'ouest. Mais depuis les années 2000, Cannes n'était plus vraiment aux normes. Il a fallu moderniser le "vieux" Bunker, et y ajouter une salle éphémère dite du Soixantième. Et quand bien même, le Palais n'arrive pas à satisfaire une forte croissance des professionnels venus voir la sélection officielle. Le vieux cinéma Star de la rue d'Antibes a fermé ses portes. L'Olympia, Les Arcades (qui accueillent des films du marché) tout comme la grande salle dans les sous-sols du Marriott (pour la Quinzaine) vieillissent terriblement. La Semaine de la Critique est à l'étroit au Miramar.

Heureusement, depuis 2019, avec un peu de retard, Cannes s'est enfin doté d'un multiplexe digne de ce nom. L'Acid, la Quinzaine et la Semaine y ont migré. L'Olympia a été refait à neuf, repris par un exploitant art et essai. La salle du Miramar est désormais dédiée à toutes les présentations de futurs films des différents labos, fabriques et ateliers du Festival. La salle de la Quinzaine, refaite à neuf, sert désormais aux projections aux projections pour la presse de la sélection officielle, facilitant l'agenda des journalistes avec plusieurs projos à horaires différents pour tous les films.

Boccacabana

Le multiplexe cinématographique avec ses douze salles et ses 2 426 fauteuils fait le bonheur des festivaliers et du public. Sa belle architecture signée Rudy Ricciotti (le Mucem de Marseille), sa backstage zone qui présente « l’envers du décor » d’un film en projection, ses deux restaurants séduisent.

A "Boccacabana", le nouveau quartier de Cannes, entre un aéroport qui accueille désormais les compagnies low-cost directement de Paris et sans passer par Nice, une université flambant neuve et une offre d'hébergement améliorée, le nouveau pouls du Festival bat vivement. Désormais, le Palais est la vigie orientale d'un festival qui s'est tourné vers l'Ouest. Et à l'Ouest, tout le monde sait, tout est nouveau.

On regrette évidemment que l'ancien maire n'ait pas réhabilité le vieux tramway du début du XXe siècle, qui permette de longer toute la côte méditerranéenne de Golfe-Juan à La Bocca. Mais avec des vélos en libre-service sur un parcours protégé et un système de navettes électriques démarrant du Martinez toutes les dix minutes, le festivalier se sent presque en vacances. C'est toujours moins long et moins fatiguant que de prendre le métro à Berlin ou moins handicapant que de dépendre des vaporettos à Venise.

Cannes 2017 : une cérémonie d’ouverture avec Trump dans le viseur

Posté par kristofy, le 18 mai 2017

« Sur l'écran noir de mes nuits blanches, moi je me fais du cinéma... » Benjamin Biolay et Louane ont chanté la célèbre chanson de Claude Nougaro et de Michel Legrand, accompagnés de la danseuse Blanca Li. Quand on entend 'Ecran Noir' ça nous plaît beaucoup car suit après la promesse que l'écran va s'illuminer d'images projetées...

C'est la maîtresse de cérémonie Monica Bellucci (la deuxième fois dans ce rôle) qui a ensuite éclairer de sa présence la scène avec une robe aux transparences audacieuses (l'alerte tétons n'était pas loin). Un discours dont la politesse a aussi permis d'être un peu féministe et politique : « Ici toutes les voix peuvent être écoutées, l'identité du cinéma n'a ni sexe ni drapeau ni frontière ».

Et comme pour lui donner raison, Asghar Farhadi, qui a déclaré le festival ouvert aux côtés de Lily-Rose Depp, qui avait boycotté les Oscars suite au bannissement de musulmans de certains pays aux Etats-Unis, a rappelé que Cannes reste "une place où les gens dialoguent entre eux avec enthousiasme à propos de cinéma et partagent de mémorables moments.". Sa présence même était une pique à l'Amérique de Trump.

Après la présentation des différents membres du jury présidé par Pedro Almodovar ("Je promets d'être subjectif, passionné et souple" a-t-il promis), on a eu le droit à un petit numéro de danse inspiré de ses films, avec en bonus Monica Bellucci embrassant Alex Lutz, remake moins glam que le baiser fougueux entre Laurent Laffite et Catherine Deneuve l'an dernier.

La petite blague avec une erreur d'enveloppe (so hiver 2017 et pas gentil pour les Oscars) était inutile et ringarde. Mais bon passons. Les cérémonies ne sont pas un savoir-faire très français.

Mais c'est un film très français, Les Fantômes d’Ismaël d'Arnaud Desplechin, qui a fait l'ouverture

«Bonne lumière à tous ! »

Cannes 70 : la Playlist de la 70e édition

Posté par kristofy, le 18 mai 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, Jour J. C'est pour parti 10 jours de compétition, de films, de stars et de bonheur cinéphile à l'état pur !!! Merci d'avoir suivi le dossier et rendez-vous dans dix ans pour Cannes 80 ! Ou peut-être avant, qui sait ?

Et pour retrouver la totalité de la série, c'est toujours par .

L’année dernière le film Toni Erdman a fait l'événement sur la croisette. Vous souvenez-vous de la belle chanson de Whitney Houston qu'on y entend ? En 2015, dans Au-delà des montagnes de Jia Zhangke, vous souvenez quel tube planétaire résonne par deux fois ?

Quelques chansons sont (re)devenues populaires en apparaissant dans des films ayant gagné la Palme d’or : le joyeux I follow rivers de Lykke Li dans La vie d’Adèle, la protestation de Rockin in the free world de Neil Young dans Fahrenheit 9/11, le mélancolique By this river de Brian Eno dans La chambre du fils, le dansant You never can tell de Chuck Berry dans Pulp Fiction, la folie de The End de The Doors dans Apocalypse Now ; sans oublier des chansons qui sont nées presque dans le seul but d’être dans une séquence cinéma comme celles de Bjork dans Dancer in the dark ou Katyna Raniera dans La dolce vita, Nicole Croisille et Pierre Barouh dans Un homme et une femme de Lelouch... Soit une belle variété de styles ! D’ailleurs, les films en compétition officielle nous ont souvent enchantés avec du rock, du folk, du rap, du funk, du jazz, de l’électro, des bluettes romantiques ou même des mélodies bien guimauve.

Les chansons pop/rock au sens large sont les reines des bandes originales de films : David Bowie est dans la seconde guerre mondiale des Inglorious Basterds de Tarantino, les Pixies dans Southland Tales de Richard Kelly , The Strokes chez Marie-Antoinette de Sofia Coppola, U2 dans Si loin si proche! de Wim Wenders, Leonard Cohen dans Exotica de Atom Egoyan ; et pour d’autres générations The Lovin’ Spoonful dans Big boy de Francis Ford Coppola (en 1967), Dean Martin dans L.A. Confidential, Elton John dans Breaking the waves, Elvis Presley dans Mystery Train de Jim Jarmusch, Dead Kennedys dans Las Vegas Parano, Joy Division dans 24 Hour party people, Cat Power dans My Blueberry Nights, Blondie dans La nuit nous appartient… sans oublier les formidables chansons finales de La part des anges de Ken Loach avec I’m gonna be (500 miles) de The Proclaimers ou de Tournée de Mathieu Amalric avec Have love will travel de The Sonics.

Toutefois le rap/hip-hop et le funk a su aussi se faire entendre en sélection officielle devant les smokings et les belles robes : E-40 avec Choices(yup) a ambiancé l’année dernière American honey de Andrea Arnold, Public Ennemy revendique son Fight the power dans Do the right thing de Spike Lee alors que c'est Stevie Wonder dans son Jungle Fever, on danse aussi sur du Archie Bell & The Drells dans Go-Go tales de Abel Ferrara et du Keedz dans Polisse de Maïwenn.

La chanson française à texte, elle, s’écoute avec Guy Béart dans L’eau vive (en 1958), Romy Schneider dans Les choses de la vie de Claude Sautet (1970), Noir Désir sur la musique de Yann Tiersen dans Nos vies heureuses de Jacques Maillot (1999), Michel Delpech dans Quand j’étais chanteur de Xavier Giannoli (2006) ; et même en dehors de nos frontières avec Françoise Hardy dans Moonrise Kingdon de Wes Anderson ou Kavinsky au début de Drive de Nicolas Winding Refn ; le Canadien Xavier Dolan a également réussi à caler du Céline Dion (avec des paroles de Jean-Jacques Goldman) dans Mommy

Bien entendu, on s’est encore laissé bercer par des airs plus exotiques comme ceux de Lim Giong dans Millenium Mambo, Zhou Xuan dans In the mood for love, par les Brésiliens Agostinho dos Santos dans Orfeu Negro de Marcel Camus (1959) ou Chico Buarque dans Bye Bye Brasil de Carlos Diegues (1980), de la Grecque Melina Mercouri dans Jamais le dimanche de Jules Dassin (1960)…

Pour clore notre grand dossier "Cannes 70" et vous accompagner tout au long de cette nouvelle édition (et au-delà), EcranNoir.fr et Critique-Film vous ont concocté une playlist de 70 chansons entendues pendant les 69 premiers festivals, avec autant de tubes atemporels à siffloter que de bijoux oubliés à fredonner, 70 chansons qui figurent aux génériques de films en compétition officielle depuis 1946 jusqu’à 2016 ! On vous invite à l’écouter dans le train ou dans une file d’attente, à la jouer lors d’un cocktail ou d’un blind-test, à la partager avec vos amis de Facebook ou Twitter… et bien sûr à danser dessus !

Playlist concoctée par Kristofy pour Ecran Noir et Pascal Le Duff de Critique-Film, avec la complicité de MpM

La liste des titres

2016    Toni Erdman / Maren Ade    Whitney Houston    The Greatest Love of All
2016    American honey / Andrea Arnold    E-40    Choices (Yup)
2015    Au-delà des montagnes / Jia Zhangke    Pet Shop Boys    Go West
2014    Mommy / Xavier Dolan    Céline Dion    On Ne Change Pas
2013    La Vie d'Adèle / Abdellatif Kechiche    Lykke Li    I Follow Rivers
2012    Moonrise Kingdom / Wes Anderson    Françoise Hardy    Le temps de l'amour
2012    La Part des anges / Ken Loach    The Proclaimers    I'm gonna be (500 miles)
2011    Drive / Nicolas Winding Refn    Kavinsky    Nightcall
2011    Polisse / Maïwenn    Keedz    Stand on the word
2010    Tournée / Mathieu Amalric    The Sonics    Have Love Will Travel
2009    Inglourious Basterds / Quentin Tarantino    David Bowie    Cat People (Putting Out The Fire)
2008    Go Go Tales / Abel Ferrara    Archie Bell & The Drells    Tighten up
2007    La nuit nous appartient / James Gray    Blondie    Heart of glass
2007    Boulevard de la mort / Quentin Tarantino    April March    Chick Habit
2007    My Blueberry Nights / Wong Kar-wai    Cat Power    The Greatest
2006    Marie-Antoinette / Sofia Coppola    The Strokes    What Ever Happened ?
2006    Southland Tales / Richard Kelly    Pixies    Wave of Mutilation [UK Surf]
2006    Quand j'étais chanteur / Xavier Giannoli    Michel Delpech    Quand j'étais chanteur
2005    Broken Flowers / Jim Jarmusch    Holly Golightly    Tell Me Now So I Know
2004    Fahrenheit 9/11 / Michael Moore    Neil Young    Rockin' in the free world
2003    The Brown Bunny / Vincent Gallo    Jackson C. Frank    Milk And Honey
2002    24 Hour Party People / Michael Winterbottom    Joy Division    Love Will Tear Us Apart
2002    Punch-Drunk Love / Paul Thomas Anderson    Shelley Duvall    He Needs Me
2001    Millenium Mambo / Hou Hsiao-hsien    Lim Giong    A pure person
2001    Shrek / Andrew Adamson & Vicky Jenson    Eels    My Beloved Monster
2001    Mulholland Drive / David Lynch    Linda Scott    I've Told Every Little Star
2001    La Chambre du fils / Nanni Moretti    Brian Eno    By This River
2000    O'Brother / Joel et Ethan Coen    Dan Tyminski    I Am a Man of Constant Sorrow
2000    In the Mood for Love / Wong Kar-wai    Zhou Xuan    Hua Yang De Nian Hua
2000    Dancer in the Dark / Lars von Trier    Bjork    Cvalda
1999    Nos vies heureuses / Jacques Maillot    Noir Desir & Yann Tiersen     A ton étoile
1998    Las Vegas Parano / Terry Gilliam    Dead Kennedys    Viva Las Vegas
1997    L.A. Confidential / Curtis Hanson    Dean Martin    Powder Your Face with Sunshine
1996    Breaking the Waves / Lars von Trier    Elton John    Goodbye Yellow Brick Road
1994    Pulp Fiction / Quentin Tarantino    Chuck Berry    You never can tell
1994    Exotica / Atom Egoyan    Leonard Cohen    Everybody Knows
1993    Si loin, si proche ! / Wim Wenders    U2    Stay
1992    Twin Peaks / David Lynch    Julee Cruise    Questions In A World Of Blue
1991    Jungle Fever / Spike Lee    Stevie Wonder    Jungle Fever
1989    Do the ringht thing / Spike Lee    Public Ennemy    Fight the power
1989    Mystery Train / Jim Jarmusch    Elvis Presley    Mystery Train
1985    After Hours / Martin Scorsese     Peggy Lee    Is That All There Is ?
1982    Smithereens / Susan Seidelman    The Feelies    Loveless Love
1980    Que le spectacle commence / Bob Fosse    George Benson    On Broadway
1980    Bye Bye Brasil / Carlos Diegues    Chico Buarque    Bye Bye Brasil
1979    Apocalypse Now / Francis Ford Coppola    The doors    The End
1977    Car Wash / Michael Schultz    Rose Royce    Car Wash
1971    Sacco and Vanzetti / Giuliano Montaldo    Joan Baez    here's to you
1970    MASH / Robert Altman    The Mash    Suicide is painless
1970    Les Choses de la vie / Claude Sautet    Romy Schneider    la chanson d'helene
1969    Easy Rider / Dennis Hopper    Steppenwolf    Born to be wild
1967    Big Boy / Francis Ford Coppola    The Lovin' Spoonful    You're a Big Boy Now
1966    Un homme et une femme / Claude Lelouch    Nicole Croisille et Pierre Barouh    Un homme et une femme
1966    Alfie / Lewis Gilbert    Cilla Black    Alfie
1966    Des oiseaux, petits et gros / Pasolini    Ennio Morricone et Domenico Modugno    Uccellacci E Uccellini (Titoli Di Testa)
1966    L'armée brancaleone / Mario Monicelli    Carlo Rustichelli (compositeur)    Brancaleone's March
1962    L'éclipse / Michelangelo Antonioni    Mina    L'eclisse Twist
1961    Aimez vous Brahms / Anatole Litvak    Diahann Carroll    Say No More, It's Goodbye
1960    La Dolce Vita / Federico Fellini    Katyna Raniera    lLa Dolce Vita
1960    Jamais le dimanche / Jules Dassin    Melina Mercouri    Les enfants du pirée
1959    Orfeu Negro / Marcel Camus    Agostinho dos Santos    A Felicidate
1958    L'eau vive / François Villiers    Guy Béart    L'eau vive
1956    L'Homme qui en savait trop / Alfred Hitchcock    Doris Day    Que sera sera
1956    Une femme en enfer / Daniel Mann    Susan Hayward    When the Red, Red Robin Comes Bob, Bob, Bobbin' Along
1955    Carmen Jones / Otto Preminger    Pearl Bailey    Beat out dat rhythm on a drum
1952    Un Américain in Paris / Vincente Minnelli    Gene Kelly    I Got Rhythm
1947    Le roman d'Al Jolson / Alfred E. Green    Al Jolson    Toot, Toot, Tootsie (Goo' Bye!)
1947    Dumbo / Walt Disney    Cliff Edwards, Jim Carmichael    When I See an Elephant Fly
1946    Gilda / Charles Vidor    Anita Ellis    Put the Blame on Mame
1946    Rhapsodie en bleu / Irving Rapper    Hazel Scott    The Man I Love

Cannes 2017: Nos retrouvailles avec Jeanne Balibar

Posté par vincy, le 18 mai 2017

Jeanne Balibar, ex-compagne de Mathieu Amalric, sera l'actrice devant incarner la chanteuse Barbara dans un biopic fictif, sous le regard de Mathieu Amalric. La comédienne ouvre Un certain regard, ce qui procure un certain plaisir. On avait cru Jeanne oubliée par le cinéma français. A Cannes, elle était du premier Desplechin en compétition, Comment je me suis disputé..., en 1996. Mais c'est en 2001, avec Va savoir, chez Jacques Rivette, toujours en compet, qu'elle a brillé, qu'elle nous a emballés, qu'elle tourbillonnait dans une fugue parisienne légère et théâtrale. Elle passe à Un certain regard l'année suivante avec 17 fois Cécile Cassard de Christophe Honoré et revient en 2004 en compétition grâce à Olivier Assayas dans Clean. Deux seconds-rôles. Elle est bien réapparue hors compétition par la suite, en voix de dessin animée ou "figurante" d'un gros casting international. Mais plus de quoi marquer les esprits.

C'est regrettable, car, avec sa silhouette de girafe, son timbre de voix envoûtant, son regard de biche, elle nous ensorcelait. Sa singularité dans le cinéma français la rendait séduisante et attachante. Aujourd'hui, Jeanne Balibar a 49 ans. Les hommes ont passé. Les fils ont grandi. Les combats sont toujours d'actualité pour cette femme engagée. Elle a eu ses galères.

Elle a débuté il y a 24 ans à la Comédie-Française et a joué dès ses débuts dans la cour d'honneur du Festival d'Avignon. Elle y fut Elvire. Quatre ans plus tard, elle quitte sa pension théâtrale pour se consacrer au cinéma, qui la sollicite de plus en plus. Le Desplechin l'a mise sur orbite. Elle devient l'une des égéries du nouveau cinéma français de la fin des années 1990. Elle tourne avec Laurence Ferreira Barbosa, Bruno Podalydès, Olivier Assayas, Benoît Jacquot, Jeanne Labrune, Raoul Ruiz, Guillaume Nicloux, et bien entendu Mathieu Amalric, qui en fait la muse de ses premiers films. On la voit aussi dans les téléfilms Balzac et Les Rois Maudits de Josée Dayan, Code 46 de Michael Winterbottom, Sagan de Diane Kurys (qui lui vaut sa quatrième nomination aux César), La Fille de Monaco d'Anne Fontaine et Le Bal des actrices de Maïwenn. Elle n'a jamais cessé de tourner. Mais elle était moins visible. Acceptant un rôle même mineur ou ne rencontrant pas le film majeur. Depuis près de dix ans, elle est même assez rare. Ses fidèles l'ont vue récemment dans la série télévisée Tunnel de Dominik Moll.

C'était au théâtre que cette intermittente savourait son travail. Molière, Duras, Genet, Corneille, Shakespeare, Tchekhov ou Claudel à ses débuts. Elle s'aventure ensuite chez Offenbach, Lem (une adaptation de Solaris), Olivier Py lui remettant le Soulier de satin à l'Odéon, Dumas en dame aux camélias, Handke à Avignon ou Dostoïevski à Berlin.

Et puis la cigale a chanté aussi, même quand l'hiver est venu. Deux albums au début des années 2000 et des chansons dans diverses compilations, en plus d'un duo avec un autre de ses ex, Philippe Katerine, intitulé "J'aime tes fesses".

Fiancée éternelle de pirates et flibustiers des arts et des lettres, Jeanne Balibar avait même essayé la co-réalisation avec Par exemple, Electre (mention spéciale au Jean-Vigo en 2012), film expérimental mettant en abime le processus de création théâtral et audiiovisuel.

Elle n'a pas été oisive, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais cela fait longtemps que Jeanne Balibar n'était pas au centre de l'intention. Ce qu'elle sera en ce jeudi 18 mai avec l'ouverture d'Un certain regard, où elle simulera une comédienne devant incarner la mythique Barbara. "Dis, quand reviendras-tu, Dis, au moins le sais-tu, Que tout le temps qui passe, Ne se rattrape guère, Que tout le temps perdu, Ne se rattrape plus."

Cannes 2017: Qui est Esther Garrel ?

Posté par cynthia, le 18 mai 2017

Dans la famille Garrel, je voudrais la fille... Être "une fille de" au sein d'une famille de cinéma ne facilite pas forcément la tâche. Ce n'est pas parce que l'on tombe dans la marmite du septième art que tout est facile, la preuve avec la jolie Esther Garrel, en vedette du film de son père L'amant du jour, présenté cette année à la Quinzaine des réalisateurs.

Petite-fille de Maurice Garrel, fille du réalisateur Philippe Garrel et de la comédienne Brigitte Sy, sœur de l'acteur Louis Garrel, Esther est la digne descendante d'une longue lignée d'artistes du grand et petit écran. N'allez pas croire que la douce brunette a fait ça par facilité: au contraire elle a dû se battre pour s'imposer dans le métier: "C'est à la fois tellement génial au quotidien et tellement dur à porter. À un moment donné, j'étais obsédée par ça!" confiait-elle à un magazine français.

L'actrice de 26 ans a tracé sa route seule avec ce poids sur les épaules. Même si ses premiers pas furent derrière la caméra de son père, c'est en solitaire qu'elle crève l'écran en 2011 dans L'Apollonide: Souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello, en compétition à Cannes, en 2011. Cela fait déjà plus de dix ans qu'elle tourne. Pour son père, dans un court de son frère mais aussi avec des petits rôles dans La belle personne de Christophe Honoré, qu'elle a obtenu grâce au directeur de casting Richard Rousseau qui l'a contactée sur Myspace, Un chat un chat de Sophie Fillières, un téléfilm de Marion Vernoux (Rien dans les poches) et un court de Valeria Golino.

Une envie de s'affranchir

C'est d'ailleurs à partir de 2011 que tout s'enchaîne. Cette année là, on la croise aussi à Cannes pour17 filles de Delphine Coulin et Muriel Coulin ("C'est la première fois que je me suis sentie aussi à l'aise sur un plateau") et l'année suivante, à la Quinzaine, dans Camille redouble de Noémie Lvovsky. Elle y revient avec La Jalousie, signé de son père, puis en compétition avec Marguerite et Julien de Valérie Donzelli. Elle tourne aussi pour sa mère (L'Astragale), Romain Goupil (Les Jours venus). Esther, entre quelques courts métrages (dont Après Suzanne, en compétition à Cannes l'an dernier et nommé aux César cette année), fait confiance aux cinéastes de demain comme Caroline Deruas (L'indomptée, sorti en février), Luca Guadagnino (dans le film italo-américain Call Me By Your Name, présenté à Sundance et Berlin cet hiver) ou Nathan Silver (dans le film indé américain Thirst Street, qui vient d'être projeté à Tribeca).

A petits pas, elle se construit son propre itinéraire, fait de curiosités et d'audaces, sans frontières et s'éloignant progressivement de l'envahissant patronyme. Dans Clap Mag, elle avouait à propos de sa filiation : "En fait, je ne sais pas vraiment en quoi ça m'a aidé. Je pense que ça m'a plutôt pas mal desservi."

C'est d'ailleurs, peut-être, sans doute, pour cela que son plus beau personnage est celui de Jeunesse, de Justine Malle, une autre fille de, celle du cinéaste Louis Malle. Dans une interview, elle expliquait: "Dès la première lecture de ce scénario, tout m'est apparu fluide et évident. J'aimais la manière qu'avait Justine de parler d'une première expérience amoureuse au cœur d'un drame. Et je me suis vite trouvé beaucoup de points communs avec mon personnage. Comme elle, j'ai un grand frère et une petite sœur, un père cinéaste. Comme elle, je connais ce désir de se sortir de cet atavisme familial."