Cannes 70 : les habitués de la croisette

Posté par cannes70, le 13 avril 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-35 Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .


Depuis sa création, le festival de Cannes compte son lot d’habitués, ces réalisateurs prestigieux assurés d’obtenir une place en compétition dans le plus grand festival de cinéma du monde. Une situation confortable qui ne garantit pas pour autant l’accession au Graal Suprême, la Palme d’Or, que Ettore Scola ou Carlos Saura ont convoité maintes fois, en vain.

Tous les cinéastes rêvent de voir leur film envahir l’écran du Théâtre Lumière mais très peu ont eu ce privilège. Une évidence ou une injustice ? Lorsque l’on regarde attentivement la liste des cinéastes qui ont leur rond de serviette cannois, force est d’admettre qu’elle est très loin de faire pâle figure : Michelangelo Antonioni, Ingmar Bergman, Federico Fellini ou Andrei Tarkovski pour ceux « qui ne sont plus disponibles », Clint Eatwood, Michael Haneke, Lars Von Trier, Nuri Bilge Ceylan, Ken Loach, les frères Coen ou Nanni Moretti pour les réalisateurs toujours en activité.

Ignorer les réalisateurs les plus importants de leur temps serait une absurdité et les responsables du festival l’ont bien compris (un peu trop d’ailleurs). Certains ont été primés dès leurs premiers pas en compétition (les frères Coen avec Barton Fink, Steven Soderbergh et son Sexe, Mensonge et Vidéo) tandis que d’autres ont longtemps attendu la consécration (Michael Haneke et ses deux Palmes successives, Le Ruban Blanc et Amour). Et ceux qui n’ont jamais décroché la Palme ont plus d’une fois présenté l’une de leur œuvre majeure, que ce soit Clint Eastwood (Mystic River), Carlos Saura (Cria Cuervos), James Gray (La nuit nous appartient) ou Pedro Almodovar et sa très venimeuse Piel Que Habito.

Si la fidélité aux cinéastes est le plus souvent sauvegardée, quelques malheureux ont soudain subi l’opprobre dont ils ne se sont pas remis. Le cas le plus manifeste étant le réalisateur danois Bille August, deux fois lauréat de la Palme d’Or (pour Pelle le Conquérant et Les Meilleures Intentions) qui n’a plus foulé le tapis rouge depuis vingt-cinq ans.

Mais cette fidélité se transforme parfois en aveuglement et met à mal la fameuse politique des auteurs qui veut nous faire croire qu’un grand cinéaste ne créé que des chefs d’œuvre. Aussi immenses qu’ils furent, Hitchcock, Chaplin et Welles ont connu, le temps d’un film, un sérieux coup de mou. Sous le prétexte d’obtenir le label Festival de Cannes, pour quelle raison avouable les membres du club n’auraient pas droit eux aussi à un moment de faiblesse ? Leur présence sur la Croisette n’en est alors que plus cruelle et le retour de bâton peut s’avérer très violent. On se souvient encore des sifflets et des ricanements accompagnant la projection de Nos Souvenirs de Gus Van Sant (lauréat d’une Palme d’Or pour Elephant), indigne d’une sélection. Ou de la lente décomposition artistique de Wim Wenders, présent régulièrement en compétition en souvenir d’une Palme (Paris, Texas) déjà bien lointaine.

De ces grands noms, le festival a besoin. Sans eux, le prestige de la manifestation prendrait un sérieux coup dans l’aile. Mais Cannes ne peut pas se contenter de suivre obstinément toujours les mêmes, et doit battre en brèche l’idée reçue consistant à proclamer qu’ils font les meilleurs films. Un argument hautement contestable utilisé paresseusement afin de pas se risquer à proposer des auteurs neufs qui ne croulent pas encore sous les honneurs ronflants.

Et puis il faut bien avouer que cette obsession des "habitués" qui ont la "carte" finit par conduire à des aberrations. Souvenons-nous de l'affaire Arnaud Desplechin en 2015 : son film Trois souvenirs de ma jeunesse n'est pas retenu en compétition mais a les honneurs de la Quinzaine, dont il fait l'ouverture. Scandale, selon certains, qui prétendent qu'il s'agit là de son meilleur film, et donc d'une grave "faute" de la part du Festival. Les mêmes râlent sur la présence de cinéastes non "habitués" (dont les films sont jugés mauvais avant même d'être vus). Et on peut supposer sans tellement de mauvaise foi que cette année-là, la sélection de Desplechin en compétition, si elle avait eu lieu, n'aurait pas manqué d'être raillée (par les mêmes ou par d'autres) sur l'air de "toujours les mêmes". Thierry Frémaux doit alors prendre modèle sur Schrödinger et son chat, en tentant l'expérience de cinéastes qui sont en même temps sélectionnés et  laissés de côté. On invite tous les râleurs à se plier à l'exercice.

Quoi qu'il en soit, un grand cinéaste, s’il n’est plus à la hauteur, s'il n'apporte rien de nouveau à son propre travail, ou tout simplement s'il a été trop vu, doit céder sa place, même provisoirement. Car Cannes est censé refléter le meilleur du cinéma mondial. De temps à autre, des réalisateurs font une entrée fracassante, à l’instar d’un Lazslo Némès avec Le Fils de Saul ou de Maren Ade et son jubilatoire Toni Erdmann, salués et appréciés de manière générale. Enfin un peu de nouveauté, se dit-on alors avec une certaine satisfaction. Jusqu'à ce qu'ils deviennent eux-aussi des habitués... ?!

Antoine Jullien de Mon Cinématographe et de l'émission Flashback sur Séance radio

PS : Notons cette année que les vœux de notre rédacteur invité Antoine Jullien, écrits juste avant l'annonce de la sélection 2017, ont été comme exaucés. Certes 14 des 18 cinéastes invités ont déjà concouru pour la Palme d'or, Michael Haneke l'a même reçu deux fois pour ses deux derniers films et d'autres ont été primés directement ou pour leurs interprètes (Fatih Akin, Michel Hazanavicius, Todd Haynes, Andrey Zvyagintsev).

Pourtant, on peut noter que plusieurs ne sont en lice que pour la deuxième fois (Sofia Coppola, Yorgos Lanthimos, Lynne Ramsay...) ou la troisième (François Ozon, Jacques Doillon en 1979 et 1984, Andrey Zvyagintsev, Sergey Loznitsa, Kornél Mundruczó...) sans avoir cette étiquette d'habitués de "premier plan" portée par Haneke, Hong Sangsoo et Naomi Kawase cette année.

Pour être complets pour certains d'entre eux, il faudrait citer l'intégralité de leur parcours cannois. Bong Joon-ho est passé par la Quinzaine des Réalisateurs, tout comme les frères Safdie, Kornel Mandruczo a vu tous ses films présentés sur la Croisette, recevant par exemple le prix Un Certain Regard pour White God... Reste néanmoins que la sélection 2017 est l'une des prometteuses sur le papier depuis des lustres et devrait surprendre jusqu'aux festivaliers les plus basés. On le souhaite en tout cas. On le sent...

Pascal Le Duff (critique-film.fr) et Marie-Pauline Mollaret (Ecran Noir)

Cannes 2017: les films d’Un certain regard

Posté par vincy, le 13 avril 2017

Ouverture
Barbara de Mathieu Amalric

La novia del desierto (La fiancée du désert)
de Cecilia Atan et Valeria Pivato (premier film)
Tesnota (Etroitesse) de Kantemir Balagov (premier film)
Aala Kaf Ifrit (La belle et la meute) de Kaouther Ben Hania
L'atelier de Laurent Cantet
Fortunata (Lucky) de Sergio Castellitto
Las hijas de abril (Les filles d'avril) de Michel Franco
Western de Valeska Grisebach
Posoki (Directions) de Stephan Komandarev
Out de Gyorgy Kristof (premier film)
Sanpo Suru Shinryakusha (Before we vanish) de Kiyoshi Kurosawa
En attendant les hirondelles de Karim Moussaoui (premier film)
Lerd (Dregs) de Mohammad Rasoulof
Jeune femme de Léonor Serraille (premier film)
Wind River de Taylor Sheridan (premier film)
Après la guerre d'Annarita Zambrano (premier film)

les films en compétition
les films hors-compétition et en séances spéciales

Cannes 2017: les films hors-compétition et en séances spéciales

Posté par vincy, le 13 avril 2017

Hors-compétition
Ouverture du festival: Les fantômes d'Ismael d'Arnaud Desplechin
Mugen Non Junin (Blade of the Immortal) de Takashi Miike
How to Talk to Girls at Parties de John Cameron Mitchell
Visages, Villages de Agnès Varda et JR

Séances spéciales
An inconvenient sequel (Une suite qui dérange) de Bonni Cohen et Jon Shenk
12 jours de Raymond Depardon
They de Anahita Ghazvinizadeh (premier film)
Claire's Camera de Hong Sangsoo
Promised Land d'Eugene Jarecki
Napalm de Claude Lanzmann
Demons in Paradise de Jude Ratman (premier film)
Sea Sorrow (Une mer de larmes) de Vanessa Redgrave

Séances de minuit
Ak-Nyeo (The Villainess) de Jung Buyng-Gil
Bulhandang (The Merciless) de Byun Sung-Hyun
Prayer before Dawn de Jean-Stéphane Sauvaire

Autres films

Réalité virtuelle
Carne y Arena d'Alejandro G. Inarritu

Evénements 70e anniversaire
Top of the Lake, deuxième saison de Jane Campion (série TV)
Twin Peaks, deux épisodes, de David Lynch (série TV)
24 Frames d'Abbas Kiarostami (film posthume)
Come swim de Kristen Stewart (court métrage)

les films en compétition
les films à Un certain regard

Cannes 2017: les films en compétition

Posté par vincy, le 13 avril 2017


Il y aura sûrement des ajouts ("des retouches"). A un mois et quelques jours du lancement du 70e festival de Cannes, la sélection officielle dévoilée par Thierry Frémaux, qui célèbre sa dixième programmation cette année, n'est certainement pas complète. Pour l'instant, les cinémas africains, latino-américains et proche-orientaux sont relativement absents. Aucun film chinois, indien, espagnol. Pas d'animation non plus.

Mais le menu est alléchant, entre fidèles de la Croisette, nouveaux-venus, films de genre et œuvres engagées, premiers films (9, soit deux de plus) et films de femmes (12, soit trois de plus), éclectisme géographique (29 pays, soit deux de plus). Des 1930 longs visionnés (inflation toujours forte), il ne reste donc que cette cinquantaine de films, entre grands noms du 7e art et jeunes pousses attisant la curiosité, sans oublier l'ouverture vers la réalité virtuelle et deux séries TV signées par deux palmés. La compétition présente des films qui durent de 1h31 à 2h22. Pas de quoi effaroucher le cinéphile.

Les stars seront aussi présentes (même si Pitt, Damon et Clooney ne sont pour l'instant pas au programme comme on pouvait s'y attendre). Nicole Kidman, Marion Cotillard, Julianne Moore, Isabelle Huppert, Elle Fanning, Tilda Swinton, Joaquin Phoenix, Diane Kurger, Ben Stiller, Vincent Lindon, Adèle Haenel, Robert Pattinson monteront les marches.

Thierry Frémaux s'est fait finalement politique en espérant que le cinéma était une promesse de vivre ensemble, et que le festival préférait un futur désirable à un regard nostalgique sur le passé. Insoumis aux influences, en marche vers l'avenir, le 7e art sera célébré du 17 au 28 mai, sous la présidence de Pedro Almodovar.

Aus dem Nichts (In the Fade) de Fatih Akin
The Meyerowitz Stories de Noah Baumbach
Okja de Bong Joon-ho
120 battements par minute de Robin Campillo
The Beguiled (Les proies) de Sofia Coppola
Rodin de Jacques Doillon
Happy End de Michael Haneke
Wonderstruck de Todd Haynes
Le redoutable de Michel Hazanavicius
Geu-hu (The Day After) de Hong Sangsoo
Hikari (Vers la lumière) de Naomi Kawase
The Killing of a sacred deer (Mise à mort du cerf sacré) de Yorgos Lanthimos
A Gentle creature de Sergei Loznitsa
Jupiter's moon de Kornel Mandruczo
L'amant double de François Ozon
You were never really here de Lynne Ramsey
Good time de Benny et Josh Safdie
Nelyubov (Loveless) d'Andrey Zvyagintsev

Les films à Un certain regard
Les films hors-compétition et en séances spéciales