Edito : Prendre de la distance

Posté par MpM, le 9 février 2017, dans Berlin, Festivals, Films, Vesoul.

Alors que l'actualité française ressemble de plus en plus à une série laissée en roues libres, multipliant les rebondissements jusqu'à l'absurde, on tourne cette semaine nos regards vers l'Est, histoire de se souvenir que le reste du monde continue à tourner (plus ou moins rond).

Première étape de notre périple, l'Asie, ou plutôt la ville de Vesoul qui est, durant une semaine, la capitale des cinémas d'Asie grâce à son formidable Festival dont c'est déjà la 23e édition. Au programme, les meilleurs films contemporains du continent et plusieurs rétrospectives permettant de percevoir le monde par un autre prisme, qu'il s'agisse des goûts et des saveurs du Japon ou des enjeux plus globaux de la ruralité.

Comme toujours, Vesoul fait aussi la part belle aux réalisatrices et aux femmes en général. Ce sont ainsi la cinéaste iranienne Rakhshan Bani-Etemad (également présidente du jury) et la star sri lankaise Swarna Mallavarachchi qui ont cette année été distinguées par un Cyclo d'or d'honneur. Parmi les thèmes abordés par les films sélectionnés, on retrouvera par ailleurs la question cruciale de l'avortement en Iran, de la polygamie en Indonésie, des esclaves sexuelles de Daesh en Irak ou encore de la peine de mort au Japon. Une fenêtre ouverte sur l'Asie qui, par ricochets, nous rappelle qu'il reste partout bien des combats à mener.

En parallèle, la rédaction d'Ecran Noir se décentralise à Berlin où le monde entier sera là aussi au rendez-vous. Après avoir récompensé en 2016 le documentaire de Gianfranco Rosi Fuocoammare qui traitait du drame des migrants échouant sur l'île de Lampedusa, la Berlinale devrait logiquement réaffirmer sa position de festival politique et engagé. Dès l'annonce de la sélection, son directeur Dieter Kosslick a en effet déclaré que "rarement le programme de la Berlinale n'aura autant résumé en images la situation politique actuelle", plaçant cette 67e édition sous le signe du "courage" et de la "confiance". On s'attend notamment à entendre parler (en mal) de l'administration Trump, et à voir des films qui explorent le passé pour mieux décortiquer le présent.

Même Django d'Étienne Comar, le film d'ouverture, peut être vu dans cette optique. Car derrière ce biopic plutôt classique qui raconte la fuite de Django Reinhardt hors de Paris occupé par les nazis, il est évidemment question de persécution, d'intolérance et de survie face à l'horreur. Des thèmes qui, malheureusement, ne semblent pas vouloir se démoder.

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