Edito: Jamais contents

Posté par redaction, le 12 janvier 2017, dans Médias.

C'est le propre de la critique paraît-il de toujours râler sur les films: pas assez ci, pas assez ça, c'était quand même mieux avant, non mais là franchement c'est pas possible, souviens toi en 69!, etc... Alors on fait taire les critiques. La radio (publique surtout), la presse écrite et le web laisse encore de la place aux autres films que les très gros canons anglo-saxons (et ses stars si people) et les productions françaises à 5 millions d'euros et plus (et ses acteurs si populaires). En revanche pour la télévision, c'est une autre histoire. Il y a bien Ça balance à paris sur Paris Première (chaîne qui cumule à 0,5% d'audience), Le cercle sur Canal plus et puis c'est à peu près tout. Le petit écran qui aime tant les vedettes du grand pour ses séries et téléfilms, pour ses plateaux télé et ses cérémonies à la gloire du 7e art, laisse de moins en moins de place au cinéma.

Le cinéma est partout à la télévision: en soirée, sur à peu près toutes les chaînes, il attire des millions de téléspectateurs. Aucun talk show ne refuse une star hollywoodienne ou un comédien français réputé. Les JT du week-end se bagarrent pour avoir la tête d'affiche du gros film de la semaine (le réalisateur doit vraiment s'appeler Spielberg pour que ça les intéresse). Cela reste sexy, glam, attractif. La promo bat ainsi son plein autour de quelques films. Parfois jusqu'à l'overdose quand les acteurs/actrices font le tour des émissions. On pourrait donc croire que le cinéma est bien traité dans le poste.

Et bien non. Hors Canal Plus, chaîne dont le cinéma est inscrit dans l'ADN, quelles émissions sont dédiées au cinéma? Le nouveau "Mardi cinéma" de Ruquier sur France 2? Le concept est raté. l'audience manque. C'est plutôt la réunion des acteurs dont les bons films sortaient en VHS. Un truc vintage où il n'est question que d'un certain type de cinéma, dit populaire. Sur France 3, on parle des films de manière décalée avec Le Pitch cinéma. Certes, le programme est un peu plus varié, mais pas sûr que ça donne envie d'y aller. Ça s'arrête là. Pour cause de traduction (qui ne gêne pas quand il s'agit d'accueillir Madonna, Tom Hanks ou Novak Djokovic) ou par peur de faire fuir les téléspectateurs faute de vedettes identifiées, on promeut rarement les films asiatiques, européens, latino-américains etc... Même les films indépendants américains ou les petits budgets français sont globalement snobés par les programmes les plus forts en audience.

Avec sa force de frappe indépassable, la télévision gagnerait à prendre quelques risques, à défendre des films de tous genres et de tous horizons. Au lieu de cela, elle incite le téléspectateur à aller voir l'un des deux ou trois films dont tout le monde parle, accentuant le phénomène de concentration. Si bien que le spectateur lambda, pas particulièrement cinéphile, mais qui aime bien regarder les César ou vivre par procuration le festival de Cannes, se retrouve déboussolé quand il regarde ces événements, ne connaissant pas la moitié des films ou des talents qui y sont attachés. La télévision lui avait donné envie de voir Les Tuche 2, Radin! ou Camping 3 et le voici face à Une vie, Divines ou La mort de Louis XIV. Imaginez le choc.

Le plus ironique dans l'histoire est ailleurs: les journalistes qui travaillent dans ces chaînes aiment bien les films d'auteurs et ne sont pas de grands fans des blockbusters et farces frenchys. Le critique peut encore râler, cette fois-ci contre les choix éditoriaux de ses supérieurs.

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