Pavel Lounguine prépare deux films

Posté par vincy, le 1 janvier 2017

Le cinéaste russe Pavel Lounguine développe actuellement deux projets. Cinq ans après Dirizhyor (The Conductor), inédit en France, et alors qu'il vient de présenter le thriller Queen of Spades (d'après un roman d'Alexandre Pouchkine) dans différents festivals cet automne, il prépare l'adaptation d'Esaü, le roman de l'écrivain israélien Meir Shalev (Le baiser d'Esaü, 1991).
Le roman est une chronique familiale vue à travers les yeux d'Esaü, l'un des jumeaux de la troisième génération d'une famille russe installée en Israël. Les frères jumeaux sont séparés par la vie. L'un s'en va migrer aux Etats-Unis. L'autre cherche à le retrouver. Pour le cinéaste, le livre évoque la question de l'identité juive. Au Festival de Marrakech, il a expliqué qu'il s'agit de savoir si on peut être Juif en vivant hors d'Israël et si on devient plus israélien que Juif quand on vit en Israël.

Plus ambitieux au niveau du budget, l'autre projet tourne autour d'un goulag soviétique à l'époque de Staline. Lounguine veut comprendre comment un peuple vivait dans ces camps de concentration et comment des innocents, gardiens comme prisonniers, ont pu subir un tel sort, supporté une telle souffrance. Le cinéaste travaille actuellement sur le scénario en lisant des récits véritables de victimes et des autobiographies diverses.

Le film que j’attends le plus en 2017 : The Other Side of Hope d’Aki Kaurismäki

Posté par vincy, le 1 janvier 2017

Six ans. Le temps n'a jamais été aussi long entre deux films du cinéaste finlandais Aki Kaurismäki. Déjà il avait fallu attendre cinq ans entre Les lumières du Faubourg et son dernier film Le Havre. The Other Side of Hope sera révélé au Festival de Berlin en février. Ce sera l'occasion de célébrer les cent ans du cinéma finlandais.

L'impatience de découvrir son nouveau film est un mélange de désir et d'appréhension. Il n'y a rien de pire que la déception après avoir autant attendu. Kaurismäki est l'un des grands cinéastes européens de ces quatre dernières décennies. Il y a dix ans le Festival de Locarno lui a consacré une rétrospective où toute son œuvre - ses longs comme ses courts et moyens métrages ou ses clips vidéo - était révélée, et ce fut une révélation. Punk et rock, humaniste et mélancolique, optimiste et délirant, ses films prenaient toute leur cohérence et trouvaient leur point d'équilibre entre rires et larmes, liberté et maîtrise.

Il y a peu de réalisateurs dont on peut deviner le nom rien qu'au style artistique, à la mise en scène, aux personnages. Il fait partie de ce club. A l'instar d'un Almodovar ou d'un Sorrentino, il a son esthétique propre (et singulière). A la manière d'un Loach ou d'un Jarmusch, ses anti-héros suscitent une empathie immédiate. Entre épure et naïveté, il dessine le portrait d'une société brutale avec les faibles et d'un monde où la marginalité est peut-être la seule voie possible pour rester libre. Pour, Kaurismäki, la solidarité est une valeur, au dessus de celles imposées par un dogmatisme moralisateur. En ces temps cyniques où le petit commentaire et l'insulte font figure de langage, cette élégance n'est pas mineure.

Le titre de son nouveau film, L'autre face de l'espoir pourrait-on traduire, démontre qu'il garde son cap. Tourné au début de l'automne 2016, à Helsinki, le récit suit un VRP finlandais qui croise un réfugié syrien. C'est le deuxième volet de sa trilogie sur les ports, après Le Havre, où là aussi il était question d'immigration. Je n'imagine aucun pathos et j'espère un regard sensible sur ce sujet délicat, tout en retrouvant son humour pince-sans-rire. L'espoir de voir de bons films en 2017 motive plus que jamais à être curieux. Cela n'empêche pas d'être fidèle, loyal et enthousiaste pour les cinéastes qu'on aime depuis longtemps.