Poitiers Film Festival 2016 : retour sur la compétition internationale

Posté par MpM, le 8 décembre 2016, dans Courts métrages, Festivals.

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La 39e édition du Poitiers film festival s’est traditionnellement achevée par la proclamation du palmarès. Mais comme toujours en festival, la liste des quelques films récompensés ne suffit pas à rendre hommage au très bon niveau de la compétition. Retour sur douze autres courts métrages sélectionnés qui ont attiré notre attention (par ordre alphabétique).

Ayaldama de Dias Kulmakov (Kazakhstan)
On reconnaît d’emblée les qualités cinématographiques des films venus des ex-pays soviétiques, comme le Kazakhstan ou l’Ukraine : des plans larges savamment composés, des éclairages intérieurs de toute beauté, une mise en scène ample et épurée. Même s’il y a comme ici quelques maladresses et autres affectations (notamment des ralentis appuyés sur les personnages et la tentation d’aller vers une imagerie de carte postale), le film parvient à créer une ambiance plutôt riche et envoûtante.

Entre la tierra de Sofía Quirós Ubeda (Argentine)
Du pur cinéma de sensations qui nous embarque avec l’héroïne, une femme solitaire vivant en harmonie avec la nature. Lorsque surgit une jeune fille (fantôme ? double ? réminiscence du passé ?), quelque chose se joue qui la transformera à jamais. On est happé par la beauté des plans et l’épure de la narration au service d’une réflexion métaphysique sur l’existence.

Fais le mort de William Laboury (France)
Un sujet générationnel, filmé de manière quasi documentaire et construit comme un thriller, qui mêle habilement harcèlement, pouvoir des réseaux sociaux et réflexion technologique. Sa force d’évocation et l’intelligence de son dénouement lui ont valu le Prix canal + lors du dernier festival de Clermont Ferrand. A noter que le réalisateur William Laboury avait un autre film en compétition à Clermont, Hotaru, récompensé par le prix spécial du jury. Indéniablement un nom à retenir.

Hausarrest de Matthias Sahli (Suisse)
Une dystopie absurde et trash dans laquelle un homme assigné à résidence subit, impuissant, le comportement de plus en plus autoritaire de son bracelet électronique. L’utilisation de larges plans fixes accentuent l’importance du hors champ qui permet d’aller assez loin à la fois dans l’horreur et l’humour noir.

I made you, I kill you de Alexandru Petru Badelita (France)
Un film autobiographique introspectif qui raconte l’enfance difficile du narrateur, mise en perspective avec l’enfance de ses parents. L’utilisation de collages et l’animation de vieilles photographies donnent chair et corps à ce passé familial douloureux.

Julian de Julia Furer (Suisse)
Un documentaire attachant sur Julian, facteur de clavecins qui vit depuis douze ans dans un vieil entrepôt. En plus de dresser un portrait subtil du personnage, entre mystère et émotion, la réalisatrice s’attache à ce qui fait l’identité particulière de Julian, le travail manuel du bois, filmé longuement dans des plans attentifs et presque sensuels.

Meral, Kizim de Süheyla Schwenk (Allemagne)
Un huis clos entre rires et larmes autour du lit dans lequel est cloué Meral, une jeune fille devenue récemment tétraplégique. Avec beaucoup de pudeur et de simplicité, mais aussi de l’humour et de la légèreté, la réalisatrice observe les relations pleines de tendresse de l’héroïne avec sa jeune sœur et sa mère. Sans complaisance ni caricature, un récit très ténu qui sonne constamment juste.

Minou de Laura Feraud, Laura Joy Jourdan, Margaux Lanusse-Cazalé, Mathilde Marion, Agathe Trebosc, Laura Trouche (France)
Le héros de cet étonnant film d’animation 3D est un matou gris plutôt grassouillet qui prend un plaisir sadique à pourchasser le cafard ayant élu domicile chez lui. D’un réalisme certain, mais aussi d’une certaine cruauté, le film au titre si ironique propose une réjouissante alternative aux mignons petits chatons qui envahissent le web.

The noise of licking de Nadja Andrasev (Hongrie)
Encore une histoire de chat. Celui-ci, voyeur assumé, aime observer sa voisine, surtout lorsqu’elle est en petite tenue au milieu de ses plantes aux manières étranges. Un univers personnel, servi par un trait très dépouillé qui mêle décors à peine esquissés, teintes grisâtres et luxuriance ultra-colorée de la végétation.

Tombés du nid de Loïc Espuche (France)
Dialogues ciselés et ton intelligemment décalé pour cette histoire de deux adolescents qui viennent en aide à des cannetons. Jouant avec le cliché du "jeune de banlieue" (du langage fleuri aux préoccupations triviales), qu’il retourne à son avantage, le film s’autorise un contrepoint plus tendre, voire une petite dose de "mignonnerie". Charmant.

Tsunami de Sofie Nørgaard Kampmark (Danemark)
Poétique et délicate, une évocation sensible du travail de deuil et de reconstruction qui suivent une tragédie. Le choix de teintes pastel presque fondues entre et la délicatesse de l’animation rendent l’émotion possible sans la souligner.

Whatever the weather de Remo Scherrer (Suisse)
Un documentaire animé qui revient sur l’enfance de la narratrice, confrontée à l’alcoolisme de sa mère. Le ballet auquel le noir et le blanc semblent se livrer à l’écran figure les combats intérieurs du personnage, et l’ambivalence de son récit. L’impressionnant travail graphique permet d’offrir au film une grande force d’évocation tout en maintenant les images à un niveau d’abstraction symbolique qui évite le voyeurisme ou le mélodrame.

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