L’Arras Film festival fait le plein d’avant-premières et de découvertes européennes pour sa 17e édition

Posté par MpM, le 17 octobre 2016

Pour sa 17e édition, l'Arras Film Festival revient avec une ambition claire : proposer des films qui "sont là pour nous aider à mieux comprendre le monde, nourrir notre réflexion, mais aussi nous distraire et nous amuser".

Comme le soulignent Nadia Paschetto et Eric Miot, directrice et délégué général de la manifestation, l'objectif est "plus que jamais" de "défendre un cinéma narratif, avec une dimension humaine qui est prioritaire pour nous".

Pour ce faire, le festival propose cette année encore un savant équilibre entre avant-premières populaires, focus sur les cinémas d'Europe centrale et orientale, découvertes européennes et regard sur le cinéma du monde.

Sans oublier deux rétrospectives thématiques : "la guerre d'Espagne" et "Les films d'évasion", une programmation spéciale "jeune public", plusieurs ciné-concerts et des journées professionnelles, les Arras days, qui accompagnent des réalisateurs et producteurs dans leurs projets de long métrage.

Côté avant-premières, on a déjà repéré Carole Matthieu de Louis-Julien Petit, avec Isabelle Adjani et Corinne Masiero, Louise en hiver de Jean-François Laguionie, La confession de Nicolas Boukhrief avec Romain Duris et Marine Vacht, La fille de Brest d'Emmanuelle Bercot, Ouvert la nuit d'Edouard Baer  ou encore Paris pieds nus de Dominique Abel et Fiona Gordon.

Sont également attendus des films découverts à Cannes, de Loving de Jeff Nichols à Patterson de Jim Jarmusch, en passant par Baccalauréat de Cristian Mungiu, Le client d'Asghar Farhadi ou encore Fais de beaux rêves de Marco Bellocchio, ainsi que l'une des grosses surprises de Berlin, Hedi de Mohammed Ben Attia.

Mais comme chaque année, c'est bien sûr la compétition européenne qui sera l'un des principaux temps forts du festival avec neuf longs métrages inédits venus de Géorgie, Norvège, Bulgarie, République tchèque, Hongrie, Allemagne, Croatie, Slovénie et des Pays-Bas. C'est le réalisateur Jean-Pierre Améris, grand habitué d'Arras, qui présidera le jury chargé de décerner l'Atlas d'or.

Enfin, Stéphane Brizé, invité d'honneur de cette 17e édition, viendra à la rencontre du public à l'occasion d'une rétrospective de ses films et de la présentation de son nouveau long métrage, Une vie. Il animera par ailleurs une "leçon de cinéma" sur sa carrière et sa méthode de travail.

Avec 114 films sélectionnés, dont 90% sont européens et plus de la moitié sont des inédits ou des avant-premières, l'Arras Film Festival réaffirme donc sa volonté d'être le rendez-vous incontournable de l'automne pour les cinéphiles et professionnels de la région, et bien au-delà. En 2015, cela lui avait permis d'enregistrer plus de 42000 entrées, soit 4000 de plus que l'année précédente. Au vu de la programmation, en forme de promesse cinéphile, aucune raison pour que le succès ne soit pas une nouvelle fois au rendez-vous.

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17e Arras Film Festival
Du 4 au 13 novembre 2016
Site de la manifestation

Un multiplexe Pathé en Tunisie en 2018

Posté par vincy, le 17 octobre 2016

Les Cinémas Gaumont Pathé traversent la Méditerranée. Associés avec le producteur Wassim Béji, Pathé ouvrira son premier cinéma en Tunisie au second semestre 2018. Composé de 8 salles, il sera situé dans le plus grand centre commercial de Tunis, Tunis City, dans le cadre de l’extension du complexe (photo). "Il s’agira de la première ouverture d’un multiplexe en Tunisie" précise le communiqué. Pathé ajoute qu'il y a "d’autres projets d’implantation (...) également à l’étude dans ce pays."

Les Cinémas Gaumont Pathé sont le premier circuit de salles de cinémas en France, aux Pays Bas et en Suisse. Ils sont également présents en Belgique.Au total le réseau exploite 110 cinémas, 1 051 écrans et attire 64,5 millions d’entrées. Wassim Béji est producteur de cinéma via sa société WY Productions, créée en 2004. Il a produit une dizaine de films dont Yves Saint-Laurent, de Jalil Lespert, et le prochain film de Roman Polanski, D’après une histoire vraie, adaptation du roman de Delphine de Vigan, en tournage cet automne.

C'est le troisième réseau français qui investit sur le continent africain. Il y a quelques mois, Vivendi inaugurait sa première salle à Yaoundé au Cameroun. Megarama exploite déjà 4 multiplexes au Maroc (Casablanca, Marrakech, Fès, Tanger), et prévoit d'en ouvrir deux autres (Agadir, Rabat).

Alors que son cinéma renaît, la Tunisie manque de salles. La centaine d'écrans dans les années 1970 s'est réduite comme peau de chagrin. Récemment, le CinéVog ou le CinéMadart ont été relancés. Mais la fréquentation n'a jamais vraiment chuté, dépassant constamment le million de spectateurs annuels.

Adjani se lance dans la course aux César

Posté par vincy, le 17 octobre 2016

Ce n'est pas étonnant. On le pressentait déjà en juillet. Carole Matthieu, téléfilm prévu pour Arte et présenté au festival du Film francophone d’Angoulême et au festival de la Fiction TV de La Rochelle, sortira en salles. Arte le diffusera le 18 novembre tandis que le film sera visible au cinéma le 7 décembre (chez Paradis films).

C'est la même stratégie que pour La journée de la jupe, dont le carton d'audience historique sur Arte, avait conduit à une sortie au cinéma. En mars 2009, le téléfilm avait séduit 2,5 millions de téléspectateurs (près de 10% d'audience) avant d'attirer 150000 spectateurs dans les salles. Mais cette sortie cinéma avait surtout permis à Isabelle Adjani de pouvoir concourir aux César et de gagner son cinquième trophée de la meilleure actrice.

Et c'est bien l'objectif. Au Film français, Olivier Wotling, directeur de l’unité Fiction chez Arte, a précisé qu'“Isabelle Adjani a fait part à la production de son souhait de voir Carole Matthieu sortir en salle, pour être présente au rendez-vous des César." Arte n'était pas opposé à ce dispositif "à condition que cette arrivée en salle soit faite dans le respect de nos contrats, c’est-à-dire sans modifier notre dispositif d’exploitation tel que prévu." Arte, cependant, s'exonère de sa responsabilité concernant la distribution en salles puisque la chaîne rappelle que "pour que ce type d’œuvre sorte en salle, il faut suivre une procédure d’agrément au CNC." La demande n’a pas été encore effectuée selon la chaîne TV ou n'a pas encore reçu l'agrément favorable.

Un sixième César?

Rappelons qu'en 2009, La Journée de la jupe avait provoqué une grosse polémique, bousculant la chronologie des médias. Le téléfilm avait d'abord été présenté sur la chaîne qui avait prévu deux pré-diffusions. Or la seconde diffusion a été supprimée ainsi que tous les moyens de diffusion ordinairement utilisés par la chaîne sur le web. La chaine, en concertation avec les producteurs et exploitants de salle, avait décidé de différer ces rediffusions pour que le film puisse rencontrer son public au cinéma. La stratégie n'avait pas été convaincante mais Adjani a réussi, l'année suivante, son OPA sur les César en battant les trois excellentes Dominique Blanc (L'Autre), Sandrine Kiberlain (Mademoiselle Chambon) et Kristin Scott-Thomas (Partir).

Cette année, le match opposera Adjani à l'autre Isabelle (Huppert dans Elle). La bataille s'annonce "poids lourds" avec les possibles nominations de Marion Cotillard (Mal de pierres), Adèle Haenel (Les Ogres ou La fille inconnue), Sandrine Kiberlain (Quand on a 17 ans), Virginie Efira (Victoria) ou encore Marina Foïs (Irréprochable).

Festival Lumière: Toujours surprenante, Catherine Deneuve dédie son prix « à tous les agriculteurs de France »

Posté par Morgane, le 17 octobre 2016

catherine deneuve prix lumiere 2016 © ecran noir / morgane postaire

Déjà sept jours passés au Festival Lumière et on se retrouve vendredi soir pour la traditionnelle soirée de Remise du Prix qui a lieu, comme chaque année, à l'amphithéâtre de la Cité Internationale. Arrivent alors pour le photo call Gustave Kervern, Pierre Lescure, Ludivine Sagnier, Gilbert Melki, Julie Depardieu, Jean-Paul Rouve, Park Chan-wook, Jerry Schatzberg, Eric Lartigau, Michel Hazanavicius, Marisa Paredes, Vincent Lindon, Roman Polanski, Bertrand Tavernier, Rod Paradot, Benoit Magimel, Emmanuelle Bercot, Quentin Tarantino, Lambert Wilson, Chiara Mastroianni et bien d'autres encore. Puis sous un tonnerre d'applaudissements et le crépitement des flashs, Catherine Deneuve fait son entrée sur la célèbre musique des Parapluies de Cherbourg.

Tout le monde s'installe, la grande dame (elle déteste qu'on l'appelle comme ça) de la soirée aux côtés de sa fille Chiara et de Roman Polanski, pas loin de Vincent Lindon et juste derrière Tarantino et Lambert Wilson. Bien entourée elle peut se laisser aller, alors qu'on le sait: Catherine D n'a jamais été très à l'aise avec les hommages.

catherine deneuve thierry fremauxThierry Frémaux monte sur scène pour "remettre un prix mais surtout célébrer quelqu'un que nous aimons!" Remerciements aux partenaires, aux cinéastes, acteurs et actrices venus de loin. A l'AFP plus tôt dans la semaine, le chef d'orchestre du festival avait expliqué ce que Deneuve avait apporté au cinéma: "Elle a montré que la liberté ne doit jamais se négocier. Sa liberté personnelle et artistique est immense. Sans jamais user du moindre artifice médiatique, elle est parvenue à affirmer une personnalité et une conduite, pour une carrière en tous points exemplaire. Elle a réinventé la condition de femme et redéfini les codes liés au star-system."

Les hommages et les cadeaux s'enchaînent. Thierry Frémaux lit un texte d'Arnaud Desplechin (Conte de Noël), retenu par le tournage de son prochain film. La plus internationale des lyonnaise Nathalie Dessay qui dit "quand j'étais petite je voulais faire Catherine Deneuve comme métier et ce soir j'en ai l'occasion" avant d'entonner une chanson des Parapluies de Cherbourg. Lambert Wilson, son partenaire dans Palais Royal!, s'empare également le micro pour chanter et se déhancher sur deux chansons des Demoiselles de Rochefort. Quentin Tarantino prend également la parole et se souvient. Il se souvient de Cannes 1994 lorsqu'il a reçu la Palme d'Or pour Pulp Fiction et que Catherine Deneuve était vice-présidente du jury. Bertrand Tavernier lui rend également un très bel hommage érudit et plein de poésie. Un haïku.

"Elle est le cinéma"

Mais la déclaration d'amour la plus émouvante est venue de la bouche et des yeux de Vincent Lindon qu'elle vient. Dans cette lettre, les mots sont magiques et quelques-uns nous restent en mémoire... "elle est toujours en mouvement. Elle incarne le cinéma, elle est le cinéma... On a toujours l'impression que vous sortez d'un film pour sauter dans un autre. Vous sortez des Parapluies de Cherbourg pour prendre le Dernier Métro et les stations défilent, Belle de Jour... et le conducteur de la rame est Jacques Demy... Gérard Depardieu a dit que Catherine Deneuve était l'homme qu'il aurait aimé être." Et ce voisin de la Place Saint-Sulpice où elle habite se rappelle: "Elle parle à toute allure comme s'il fallait se débarrasser au plus vite (...) les autres ont l'air un peu figé à côté, enfin pas tous, pas Gérard, pas Marcello", ajoutant, "Mademoiselle Deneuve vous êtes un peu plus qu'une femme (...) vous êtes tellement touchante, tellement originale, tellement rassurante."

Il évoque également l'amour de Catherine Deneuve pour l'horticulture car "rentrer à Paris sans une petite plante ça ne s'appelle pas voyager." Catherine Deneuve c'est "mettre de la vie partout, même là où il n'y en a pas... Votre vie passe avant le cinéma et c'est pour ça qu'au cinéma vous passez avant tout le monde."

"C'est assez bouleversant"

Sur scène Roman Polanski la serre dans ses bras avec un simple "Je t'aime" (plus de 50 ans nous sépare de leur film Répulsion) avant de lui remettre le 8ème Prix Lumière. Catherine Deneuve, quant à elle, est "ravie d'être ici" mais on sent qu'elle ne veut pas s'éterniser dans "cette situation exceptionnelle". "C'est assez bouleversant pour moi d'être ici ce soir, je vous remercie de m'avoir choisie, car après tout c'est un peu arbitraire de choisir une actrice." Et de finir ainsi: "dans tous les films que j'ai choisi de montrer à Lyon, il y a un film de Raymond Depardon qui s'appelle Profils paysans et je dédie ce soir ce prix que j'ai reçu à tous les agriculteurs de France." Iconoclaste, as usual. C'est sans doute le secret de sa longévité (60 ans depuis son premier film): une audace et une curiosité inégalées.

Quant au mot de la fin, c'est Tarantino qui le prononce, "Vive le Cinéma et vive la Catherine Deneuve!".