Edito: Clash investigation

Posté par redaction, le 15 septembre 2016, dans Cannes, Films.

Lorsqu'on voit Clash, présenté à Un certain regard en mai dernier, on peut se dire que le même film est possible un peu partout. Rappelons que les flics égyptiens mettent arbitrairement des citoyens que tout opposent dans le même bus, où ils sont enfermés. La tension est maximale: personne n'est d'accord, tout le monde s'insulte ou se méprise. Et ils vont vivre une journée entière dans ce véhicule. La situation serait transposable en France, au Royaume Uni, en Turquie, aux Etats-Unis, au Brésil. Le monde semble dérailler vers une folie passionnelle. On a beau tous êtres "frères" et "sœurs", c'est comme si la guerre était déclarée au moindre mot de travers.

Dans ce contexte tendu et violent, destructeur et déshumanisé, on en vient à aspirer à un peu de zen. Comme le dit le Dalaï-Lama, il faudrait un peu plus de bonnes nouvelles. Et c'est vrai que l'état d'esprit est plutôt au "feel-good". Le drame, le sordide, le sombre et finalement les forces obscures ne sont pas très tendance. On peut s'émerveiller sur l'album endeuillé de Nick Cave, il n'est pas certain qu'on ait le désir d'écouter ça pour se remonter le moral. On se dit que les mélopées pop de La Femme, la folie des poèmes de Brigitte Fontaine ou les chansons mélancoliques et romantiques de Marvin Jouno feront mieux l'affaire. Il y a déjà eu tellement de décès cette année, tellement de tristes nouvelles. Pas besoin de finir chez le psy ou addict aux anti anxiolytiques.

Positivons

Il faut apprendre à voir le verre à moitié plein. Il pleut? Souvenez-vous du baiser de Hugh Grant et Andy MacDowell dans Quatre mariages et un enterrement, sous des trombes d'eau? Vous n'avez pas de 4G ou de Wifi dans le métro? C'est quand même mieux que d'être Seul au monde comme Tom Hanks. Vous êtes célibataire et vous n'avez pas de sex-friends? C'est toujours mieux que de finir mal accompagné(e) ou mal baisé(e), de finir avec un pot de glace ultra-calorique ou de se branler dans un sac de pâtes chaudes.

C'est là où on rejoint Victoria. Elle fume, elle boit, elle drague et elle cause. Elle vit pleinement. Elle assume tout: son âge, son corps, son époque, ses névroses. Victoria, c'est la "rom-com" moderne, loin du sexisme habituel où les femmes sont rabaissées au rêve de prince charmant qui les sauve de l'ennui. C'est là aussi où on peut s'emballer, malgré ses défauts, ses outrances, son point de vue un peu caricatural, pour Michael Moore qui nous montre à quel point l'Europe est supérieure aux Etats-Unis. Là aussi le Dalaï Lama en a rajouté en disant que nous devions pas cédés au pessimisme, que nous ne sommes pas dans une région en guerre ou particulièrement pauvre (même si la pauvreté existe). C'est enfin là que des films comme Toni Erdmann, Aquarius, Ma vie de courgette nous séduisent. Les personnages ne se laissent pas abattre malgré ce qui leur tombe dessus. Ils retrouvent le sourire, la hargne, l'envie d'avoir envie comme chantait l'autre.

Alors oui, on peut ne pas être d'accord avec son voisin, on peut connaître mille maux et quelques drames, mais il n'est pas surprenant de voir le public aller voir des films qui lui font du bien. Ce n'est pas remboursé par la sécurité sociale mais ça vaut toutes les pilules.

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