Nymphomaniac et Salafistes: la justice donne raison aux plaignants (et tort au ministère)

Posté par vincy, le 15 juillet 2016, dans Actualité, société, Business, Films.

Après Baise-moi, la Vie d'Adèle et Love, l'association proche des milieux catholiquess traditionnalistes Promouvoir a encore réussi à censurer un film. Suite à une plainte déposée par l'association en 2014, le juge des référés du tribunal administratif de Paris avait à l'époque révoqué le visa d'exploitation en France de la version longue de Nymphomaniac vol. 1, alors interdit aux moins de 12 ans. Un deuxième visa avait été accordé en mars 2015 avec une interdiction aux spectateurs de moins de 16 ans (lire aussi notre actualité du 4 février). Or celui-ci vient d'être à nouveau annulé par la cour administrative d'appel de Paris, selon l'AFP, car jugée "insuffisante". La ministre de la Culture et de la Communication, Audrey Azoulay, devrait réexaminer l'interdiction pour accorder un nouveau visa, , autorisation administrative nécessaire à toute exploitation dans les salles. L'objectif de Promouvoir est de le classer comme film pornographique. Cette décision de la cour administrative d'appel de Paris, rendue publique mardi, a en effet été prise à la suite d'une action engagée par deux associations dont Promouvoir.

Parallèlement, dans une toute autre histoire, le Tribunal administratif de Paris  a rendu son jugement et vient d’annuler totalement toute décision d’interdiction du film Salafistes qu’avait prise le 27 janvier la ministre de la Culture de l'époque, Fleur Pellerin, et déclare cette mesure "entachée d’illégalité". En février, la justice avait suspendu la décision de Fleur Pellerin d’interdire le film de François Margolin et Iémine Ould M Salem qui voulait que le documentaire soit interdit aux moins de 18 ans (lire aussi notre article du 18 février.

Dans son jugement, le tribunal affirme qu'"Un tel film documentaire, qui comporte des scènes de résistance ou de dissidence, permet au public, du fait même de sa conception d’ensemble et du réalisme de certaines scènes, de réfléchir et de prendre le recul nécessaire face à la violence des images ou des propos qui ont pu y être présentés". Ajoutant: "Contrairement à ce que soutient la ministre de la Culture et de la Communication, ledit documentaire ne peut être regardé comme véhiculant une propagande en faveur de l’intégrisme religieux ou incitant, même indirectement, des adolescents à s’identifier à des mouvements prônant l’action terroriste, pour les seuls motifs que sa narration laisserait une place trop importante à des personnes se réclamant du 'salafisme' et justifiant le terrorisme et qu’il serait dépourvu d’un commentaire rejetant explicitement les allégations de ces mêmes personnes."

La décision du ministère n'avait aucun précédent à l’encontre d’un film documentaire depuis la Guerre d’Algérie. La société de production espère désormais  que cette décision de justice "permettra de retrouver l’apaisement avec les partenaires du film et que France 3, qui l'a coproduit, le diffusera prochainement, à une heure de grande écoute, comme l’a fait récemment la Télévision Tunisienne, suivi d’un débat qui permettra aux uns et aux autres de s’exprimer sur ces questions essentielles pour l’avenir de notre pays : celle du salafisme et celle du terrorisme".

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