Le dernier film des frères Dardenne raccourci de sept minutes

Posté par vincy, le 28 juin 2016

La fille inconnue ouvrira le 31e Festival international du film francophone de Namur qui se déroulera du 30 septembre au 6 octobre. Le film des frères Dardenne, en compétition au dernier Festival de Cannes, est la 11e production belge a recevoir cet honneur depuis 2004.

Le festival annonce cependant que le film sera présenté dans "une nouvelle version", a priori raccourcie de "sept minutes" selon Le Film français.

Les frères Dardenne font partie des grands habitués du FIFF. Après tout leur ville de Liège est à moins de trois quart d'heure de voiture de Namur. En 1988, ils y présentaient déjà leur court métrage Il court…il court le monde. Ils sont de retour à Namur en 1992 avec leur long métrage Je pense à vous qui récolte le Prix du Public. En 1996, La Promesse remporte le Bayard d’Or du meilleur film, le Bayard d’Or du meilleur comédien pour Olivier Gourmet et le Prix du Public. Et quatre ans plus tard, à l’occasion des 15 ans du FIFF, le film remporte le Bayard des Bayards.

En 2002, le festival présente Le Fils. L’année suivante, les frères Dardenne reviennent à Namur en tant que producteurs de trois films : Stormy Weather de la regrettée Solveig Anspach, Le Soleil assassiné de Abdelkrim Bahloul et Le Monde vivant d’Eugène Green. Lors des 30 ans du FIFF, le documentaire que leur consacrent Luc Jabon et Alain Marcoen, L’âge de raison, le cinéma des frères Dardenne, est présenté à Namur, ainsi que leur précédent film Deux jours, une nuit.

Namur prévoit un programme chargé de 150 films venus de 80 pays ou provinces francophones. Exceptionnellement, la manifestation "se clôturera exceptionnellement le jeudi 6 octobre au lieu du "traditionnel" vendredi, en raison de la grève nationale annoncée le 7 octobre prochain."

Les ressorties de l’été 2016 (1) : on the road again avec Macadam à deux voies de Monte Hellman

Posté par MpM, le 28 juin 2016

Macadam à deux voies

L'été est la période idéale pour faire une pause dans les nouveautés qui affluent sans fin chaque semaine et renouer avec de grands classiques, films cultes ou chefs d’œuvres oubliés, qui ressortent avec bonheur sur grand écran à cette époque de l'année.

Cette semaine, c'est un film maudit, devenu culte, qui ouvre le bal : Macadam à deux voies (Two-lane Blacktop) de Monte Hellman, sorti en 1971, et devenu au fil des années l'un des symboles de la contre-culture américaine. Ce vrai-faux road-movie, qui s'inspire beaucoup des expériences de la Nouvelle Vague, est une oeuvre énigmatique et déroutante dont on ne peut pas vraiment dire qu'elle cherche à flatter le spectateur.

Pendant 1h30, on suit deux conducteurs mutiques (The driver et The mechanic) dont toute l'attention semble focalisée sur leur Chevrolet 1955, une voiture qu'ils ont entièrement customisée pour écumer la route 66 en quête de courses à gagner. Ils prennent en stop une jeune fille (The girl) puis croisent la route d'un autre conducteur, au volant d'une Pontiac jaune rutilante (GTO). Tous quatre se lancent dans une course que l'on ne peut pas vraiment qualifier d'effrénée, mais plutôt d'hallucinatoire, ponctuée de pauses dans des stations services et des dinners typiques. La jeune fille passe d'une voiture à l'autre, le GTO noie ses interlocuteurs sous une flopée d'histoires dont seul le spectateur sait qu'elles sont à chaque fois différentes, le conducteur et le mécano n'ouvrent la bouche que pour parler moteur et réglages, cadences et courses à gagner.

Choc sensoriel hypnotique

C'est à peu près tout pour l'action, qui se dilue assez vite dans l'irrésistible fuite en avant où s'oublient les personnages. Rien d'autre ne compte que le mouvement, l'ailleurs à venir, la vitesse à tenir, et cette sensation impalpable de liberté qui souffle sur tout le récit. On est sidéré par la vacuité revendiquée du film qui refuse tout message ou quête de sens pour s'abîmer dans un choc sensoriel hypnotique révélateur de l'incommunicabilité et du désœuvrement de l'époque, ainsi que de l'irréconciliable conflit générationnel. Pas très étonnant que Macadam à deux voies, énorme échec public à la genèse plus que compliquée, ait séduit des réalisateurs comme Quentin Tarantino ou Gus van Sant, bouleversés par son aridité contemplative à la limite de l'absurdité, qui laisse toute sa place à la recherche cinématographique exigeante du réalisateur.

On le revoit aujourd'hui avec d'autant plus d'émotions qu'il est le seul film du célèbre musicien folk rock James Taylor (Sweet baby james, Mud slide slim, Carolina in my mind) et du cofondateur des Beach Boys, Dennis Wilson, flanqués de Warren Oates (acteur fétiche de Sam Peckinpah) et de la jeune mannequin Laurie Bird. Tous les quatre sont à la limite de la désincarnation, silhouettes privées de noms, d'histoires ou ne serait-ce que d'épaisseur, comme des figurants réduits aux quelques traits de caractère de leur archétype, faire-valoir terribles d'un film qui les dévore quasiment au sens propre.

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Macadam à deux voies de Monte Hellman

Sortie le 29 juin en version numérique restaurée
Distribué par Ciné Sorbonne

Salut l’ami! Bud Spencer (1929-2016) est mort

Posté par vincy, le 28 juin 2016

Il était le double de Terrence Hill. Le Hardy de Laurel des Western spaghetti. L'acteur italien Bud Spencer est décédé hier à Rome à l'âge de 86 ans, selon sa famille.

Carlo Pedersoli pour l'état civil était né à Naples le 31 octobre 1929. Avec Terence Hill, il avait tourné 18 films de 1959 à 1994, des western spaghetti ou des films policiers tous burlesques ou comiques. Il faisait rire les enfants, les ados. Ses baffes faisaient des bruits synthétisés accentués. Leur duo a longtemps, inégalement certes, attiré les foules en salles. Premier gros succès de la pair, On l'appelle Trinita en 1971 a atteint les 2,6 millions d"entrées, suivis de Cul et chemise en 1979 a séduit 2,2 millions de spectateurs en France, Salut l'ami, adieu le trésor en 1981 a frôlé 1,9 million d'entrées, Quand faut y aller, faut y aller dépasse en 1983 et Attention les dégâts en 1984 ont drainé 1,3 millions de fans. Mais leur plus gros hit reste On continue à l'appeler Trinita en 1972 avec plus de 3 millions de français dans les salles.

Avec son physique et sa bonhomie à la Obélix, la barbe en plus, il excellait dans les grosses beignes et l'humour potache. De Rome à Rio de Janeiro, il passe une jeunesse tranquille, brillant étudiant et excellent nageur. Ses qualités athlétiques vont lui permettre d'entrer à Cinecittà pour figurer dans des péplums comme Quo Vadis. Jusqu'en 1957, il tourne sous son vrai nom (Un héros de notre temps de Mario Monicelli, L'Adieu aux armes de Charles Vidor). Puis il se consacre à sa carrière sportive.

Sportif olympique

Après avoir été demi-finaliste du 100 mètres nage libre aux JO de Helsinki et ceux de Melbourne, et un septième titre de champion d'Italie - il est le premier Italien à descendre sous la minute dans un 100 m nage libre - , il abandonne définitivement la natation et retourne en Amérique du Sud pour fonder une famille avec la fille d'un producteur de cinéma.

A 38 ans, il tourne son premier western, Dieu pardonne, moi pas, de Giuseppe Colizzi, avec un certain Mario Girotti, dit Terrence Hill. Il trouve son pseudo, mélange d'un nom de bière et d'un hommage à Spencer Tracy. Il frappe les méchants durement mais il a un coeur gros comme ça.

Pourtant, il n'aura pas tourné que ce genre de films. Dans sa quarantaine de films, il est souvent inspecteur, shériff, sergent et même génie d'Aladin. Il est tête d'affiche de ses propres comédies, de gros cartons en Italie, signées Michele Lupo ou Steno. En guise de requiem cinématographique, on l'a vu en vieux capitaine dans En chantant derrière les paravents d'Ermanno Olmi, en 2004.

Il avait aussi essayé de se faire élire comme conseiller régional en 2006 sur la liste du parti de Silvio Berlusconi. Depuis quelques années, il écrivait ses Mémoires, dont les deux premiers tomes sont parus en Italie en 2010 puis 2014.