Cannes 2016: Femmes (agressées), actes de résistance, IPhones complices, de l’ultra-moderne solitude, du cul et du rire

Posté par vincy, le 25 mai 2016

Si on ne prend que la compétition cannoise, les cinéastes ont livré cette année une drôle de vision du monde, assurément féminine et engagée. Ce 69e Festival de Cannes fut celui du "clito" affirmé.

Des femmes
Elles sont illuminées (Ma Loute), hystériques (Sieranevada, Juste la fin du monde, American Honey), manipulatrices et lesbiennes (Mademoiselle), vulnérables et combattantes (Moi, Daniel Blake, Ma'Rosa), dominantes et fragiles (Toni Erdmann, Elle), libres (Loving, Paterson, Elle), mal dans leur peaux et même dépressives (Mal de pierres, Mademoiselle, Toni Erdmann, Julieta, Juste la fin du monde, The Last Face, The Neon Demon, Personal Shopper, Baccalauréat, Le client), résistantes (Aquarius), artistes (Julieta, Aquarius, Mademoiselle, The Neon Demon, Paterson), troublées et un peu paumées (Elle, La fille inconnue, Mal de pierres). Une chose est sûre, elles sont toutes amoureuses: seniors, bisexuels, amant de passage, violeur, wasp quand elle est noire, basque quand elle est madrilène, patronne, fantôme, salaud, samaritain, ... Mais une chose est certaine, il y a des femmes agressées de toute part cette année: Ma Loute, Baccalauréat, Elle, Le client, The Neon Demon, la fille inconnue. Attaquées ou violées, assassinées ou kidnappées, la femme a reçu de sacré coups.

De la résistance
D'une manière ou d'une autre, il y a eu beaucoup de rébellion. Dans Sieranevada, les intellos essaient de convaincre les complotistes. Dans Moi, Daniel Blake, vainement, les pauvres combattent un système social et économique absurde. Dans Toni Erdmann, le père cherche à faire rire sa fille pour qu'elle prenne son métier plus à la légère. Dans Loving, le couple se bat contre des lois racistes et inhumaines. Dans beaucoup de films, les personnages cherchent à vaincre une dépression. Dans Aquarius, l'héroïne fait la guerre à un promoteur immobilier (et au passage à l'élite brésilienne). Dans La fille inconnue, la jeune médecin essaie de se racheter une bonne conscience en cherchant "l'assassin" d'une jeune réfugiée. Dans Paterson, le conducteur de bus s'évade de sa routine en écrivant des poèmes. Dans Baccalauréat, la fille veut rester intègre dans un système corrompu. Dans Juste la fin du monde, le fils prodigue tente de survivre à une journée en famille. Dans The Neon Demon, la jeune top model doit se protéger des mauvaises intentions de ses rivales. Dans The Last Face, deux humanitaires veulent sauver l'Afrique (alors qu'ils ne sauvent pas leur couple). Dans Elle, la femme violée, bafouée, rejette tous préjugés et toute solution convenue pour vivre librement.

Des IPhones complices
L'intermittent du spectacle le plus sollicité cette année était l'IPhone. Outre, les scènes devenues communes d'un personnage téléphonant avec son mobile (Rester vertival, Sieranevada, Toni Erdmann...), il y a des films où il est devenu central. Dans Personal Shopper, c'est même un acteur à part entière qui dialogue par sms avec Kristen Stewart. Dans La fille inconnue, Adèle Haenel n'a pas de copain, puisque son meilleur compagnon c'est siri et sa voix soumise. Dans Ma'Rosa, c'est un objet de transaction. Dans Elle, on ne supporte pas que sa batterie soit vidée. Il y a une exception: Adam Driver dans Paterson, qui refuse d'en avoir un.

De l'ultra-moderne solitude
A la campagne ou dans les villes portuaires (Rester vertical), à l'étranger (Toni Erdmann) ou chez soi (Aquarius), la solitude est prégnante dans de nombreux films. Un veuf (Moi, Daniel Blake) ou un homme marié mais malheureux (Sieranevada), époux (Paterson) ou épouse (Mal de pierres), séparée de sa fille (Julieta) ou de sa famille (Loving), pleurant son frère disparu (Personal shopper) ou regrettant le départ de son stagiaire (La fille inconnue), être seul n'est pas facile. Face à soi-même la plupart du temps (Elle, Baccalauréat, Le client, etc...), les personnages sont finalement dans l'incommunicabilité la plus totale à l'instar du quintet désaccordé de Juste la fin du monde. La mondialisation est en arrière plan souvent, tout comme le libéralisme sauvage. Les systèmes de production et l'absence de respect de l'individu, écrasés, sont au coeur ou en marge de Rester vertical, Moi, Daniel Blake, Toni Erdmann, Loving, Aquarius, La fille inconnue, Baccalauréat, The Last Face et bien entendu de The Neon Demon...

De la résistanceDu cul
On a vu l'origine du monde et des seins, des phallus en érection et des langues. Mention spéciale à Rester vertical: un cunilingus, un missionnaire, une sodomie homosexuelle (en guise d'euthanasie), une bite en érection sous le jogg. Dans Ma Loute c'est juste subversif: un pauvre ch'ti anthropophage qui tombe amoureux d'un garçon qui se préfère en fille (jusqu'au moment où il tâte les couilles). Dans Mademoiselle, le sexe est lesbien et torride. le cuni d'ailleurs déclenche la passion après des préliminaires très sensuels. L'érotisme, ici, est surtout oral, en racontant des contes pornographiques. Dans Toni Erdmann, il y a une scène naturiste cocasse mais il y a surtout une masturbation masculine avec éjaculation dans un petit four, avalé par sa partenaire voyeuse. Dans Ma de pierres, l'étreinte est classique. Dans American Honey, ils sont assez exhibs (fesses, queues, seins) et les deux protagonistes principaux baisent dès qu'ils peuvent, à même l'herbe. Au passage, on nous cache pas grand chose même si on connaissait déjà l'anatomie de Shia LaBoeuf. Sinon la branlette d'un mec se fait plus pudique. Dans Julieta, la baise se pratique dans le train, et avec fougue. Dans Personal Shopper, la Kristen se masturbe en se déguisant avec les fringues de sa boss. Dans Aquarius, il y a une scène de partouze, sans floutage, et un gigolo qui expose son matos face caméra avant de niquer sa cliente un peu plus âgée. Dans The Neon Demon, il ne se passe pas grand chose, sauf si on considère la dévoration comme un acte sexuel. Dans Elle, enfin, on ne voit pas grand chose, mais on devine tout.

Et sinon... on a souvent vu la mer. Côté Bretagne dans Rester vertical, côté Pas de calais dans Ma Loute, côté méditerranée dans Mal de Pierres. Elle a toujours son importance. Elle est aussi mortelle dans Julieta et vitale dans Aquarius. On a vu deux médecins - La fille inconnue et Baccalauréat - se prendre pour des Sherlock Holmes. Beaucoup d'appartements ou de maisons et peu de grands espaces. Le foyer était même un personnage central de certains films (Sierranevada, Mademoiselle, Paterson, Loving, Aquarius, Juste la fin du monde, Le client...).

Les métiers étaient variés: scénariste, médecins, visiteur médical, bibliothécaire, industriel, menuisier au chômage, servante, arnaqueur, lectrice, consultante, professeurs, maçons, VRP, conducteur de bus, pâtissière intermittente, shoppeuse, journaliste à la retraite, commerçante et trafiquante, dramaturge, mannequin, patronne de start-up, comédien...

Et puis il y a du rire. Beaucoup d'humour et de dérision ont allégé de longs films. Décalé ou noir, second de gré ou burlesque, les cinéastes ont réussi, souvent, à nous muscler les zygomatiques. Mention spéciale au film de Jim Jarmusch, qui s'offre le chien psychopathe le plus comique du cinéma et l'intrusion d'un Japonais dans l'épilogue dont une expression toute nippone devient un running-gag. Il y a quelques exceptions: on ne rigole vraiment pas dans Mal de pierres, American Honey, Moi, Daniel Blake, Loving, Personal Shopper, Baccalauréat, Juste la fin du monde, Le client ou The Neon Demon. Ou on rit franchement, involontairement avec The Last Face qui offre une série de répliques cultes malgré lui.

Bien sûr, il n'y a pas que la compétition, et les films des autres sélections ont aussi ces points communs. La femme est à l'honneur de Victoria et de Divines. On se dévore aussi bien dans Ma Loute, The Transfiguration, Grave que dans The Neon Demon (attention aux végétariens: l'homme est une viande comme les autres, parfois un peu plus indigeste). Le foyer est aussi le décor central de L'économie du couple ou de Parc, The Transfiguration et Périclès le noir. Le huis-clos a inspiré de nombreux films, à commencer par Clash et Apprentice. Les familles élargies et recomposées sont des objets très bien identifiés et source de drames et jalousies, de passions et d'incompréhensions (Juste la fin du monde, Baccalauréat, Elle, Sierranevada, Le cancre, Harmonium, Divines, American Honey, Rester vertical, Moi, Daniel Blake, Au delà des montagnes et des collines, Toni Erdmann, La tortue rouge, Loving, Ma vie de courgette etc...)

Mais s'il fallait aussi garder un thème, ce serait celui du temps. Les 8 jours de Paterson. L'après midi de Sierranevada. La journée de Juste la fin du monde. La nuit blanche de Ma'Rosa. La semaine d'Aquarius. Et aussi les manipulations du temps: les décennies de Julieta, les vacances de Ma Loute, la semaine à Bucarest de Toni Erdmann, la virée sans fin de American Honey, le combat sans fin, sur dix ans et quelques de Loving, les jours qui passent dans La fille inconnue, le compte-à-rebours de quelques jours de Baccalauréat, les années qui roulent de Mal de Pierres. Le temps se tord, se distord, mais la durée fut soit courte soit très longue. Soit très bien définie, soit assez floue. C'est un prétexte au récit où le temps sert de cadre strict ou accompagne une vie.

Cannes c'était finalement 12 jours pile-poil et quelques films qui marquent nos esprits.

Une rétrospective en hommage à Ronit Elkabetz

Posté par vincy, le 24 mai 2016

Du 25 au 31 mai, le Cinéma L'Arlequin (Paris 6e) organise une rétrospective-hommage à l'actrice et réalisatrice israélienne, Ronit Elkabetz, disparue le 19 avril dernier.

Au programme, les films qu'elle a réalisé avec Schlomi Elkabetz (Prendre femme, en présence de Gilbert Melki et Simon Abkarian, Les sept jours et Le procès de Viviane Amsalem) mais évidemment, aussi, les films dans lesquels elle imposait sa présence charismatique et sa voix à nulle autre pareil: Edut, Les mains libres, en présence de Brigitte Sy, Alila, en présence de Amos Gitai, Zion et ses frères, Origine contrôlée, Mariage tardif, Invisible, Le prédestiné, en présence de Dani Wachsmann, Sion, en présence de Joseph Dadoune, Sh'Chur, Eddie King, Cendres et sang, en présence de Fanny Ardant, La cicatrice, Tête de turc, en présence de Pascal Elbé, Mon trésor et Jaffa, en présence de Keren Yedaya, La fille du RER, et Mabul.

A cette liste s'ajoute La visite de la fanfare, de Eran Kolirin, qui viendra accompagner la projection. Son dernier film, Au de la des montagnes et des collines, a été présenté à Cannes dans la section Un certain regard. Il avait, lors de l'avant-première cannoise, dédié la projection à Ronit Elkabetz. Le film lui est aussi dédié, avec une dédicace en début de générique de fin.

Cannes 2016 : Cannes Soundtrack Awards pour Cliff Martinez et Bruno Dumont

Posté par MpM, le 23 mai 2016

soundtrack

Si l'on récompense à Cannes les meilleurs acteurs, les plus grands scénaristes et même la prestation canine la plus convaincante, la musique, elle, était jusqu'à peu injustement exclue de ces multiples palmarès. Heureusement, depuis 2012, le prix Cannes Soundtrack décerné par un jury indépendant de journalistes internationaux permet de mettre en valeur le travail primordial des compositeurs et superviseurs musicaux qui font bien plus qu'habiller un film, mais lui apportent une dimension supplémentaire permettant d'exprimer d'une autre manière les émotions et la tonalité voulues.

Après Lim Gion pour The assassin de Hou Hsiao-Hsien, c'est donc Cliff Martinez (qui avait déjà collaboré avec Nicolas Winding Refn pour Only God forgives et Drive) qui a été récompensé cette année pour la musique très expressive de The neon Demon de Nicolas Winding Refn. Tantôt lancinante et ultra-rythmée, hallucinée et délicate, elle donne au film une identité sonore forte, entre étrangeté contenue et cauchemar anxiogène. L'apport de Martinez est d'ailleurs évidente dans l'esthétique choc du film et dans la recherche formelle quasi abstraite du réalisateur danois. A noter que la bande-originale du film sera éditée à partir du 3 juin prochain.

En parallèle, le jury a décidé de distinguer Bruno Dumont pour son utilisation d'un morceau préexistant de Guillaume Lekeu, Barberine : Prélude au 2e acte, dans Ma Loute. Cette musique orchestrale fait office de thème principal décliné tout au long du film, auquel elle apporte un lyrisme étonnant, en contraste permanent avec le ton à la fois potache et fantasmagorique de cette comédie souvent outrancière.

Palmarès Cannes Soundtrack 2016

"Coup de Cœur" de la Meilleure Musique de Film Originale
Cliff Martinez pour The Neon Demon de Nicolas Winding Refn

Award de la Meilleure Musique Synchronisée
Bruno Dumont pour Ma Loute

Cannes 2016: Ken Loach reçoit sa deuxième Palme d’or

Posté par vincy, le 22 mai 2016


Cette année, il y avait deux sortes de films en compétition au 69e Festival de Cannes: ceux qui observaient le monde, sans oublier de nous faire sourire ou de nous séduire, et ceux qui plombaient le moral avec une vision dépressive ou hystérique des rapports humains. Clairement, le jury a choisi la seconde catégorie, oubliant les amples, beaux ou audacieux Aquarius, Toni Erdmann, Elle ou encore Rester vertical.

Non cette année, le jury a aimé le drame social le plus sombre, les émotions manipulées, des scénarios très classiques et souvent balisés. On se félicitera de prix de la mise en scène pour Assayas (pas de jaloux dans son couple puisque Mia Hansen Love a remporté le prix équivalent à Berlin en février dernier). Deux prix pour Farhadi c'est aussi un film en moins de récompensé. Une deuxième Palme pour Ken Loach, grand monsieur et grand cinéaste, n'est pas honteuse mais son film est mineur et bien moins subtil que la dénonciation de la mondialisation dans Toni Erdmann ou la consécration de la résistance dans Aquarius.

Alors voilà, on vous aimait bien membres du jury. Votre délibération a été passionnelle, très très longue. Mais on préférera notre palmarès, car ce sont ces films qui nous resteront en mémoire, plus que les vôtres, à quelques variantes près.

Palme d'or: Moi, Daniel Blake de Ken Loach (Royaume Uni)

Grand prix du jury: Juste la fin du monde de Xavier Dolan (Canada)
Mise en scène: Cristian Mungiu (Baccalauréat, Roumanie) et Olivier Assayas (Personal Shopper, France)
Interprétation masculine: Shahab Hosseini dans Le client (Iran)
Interprétation féminine: Jaclyn Jose dans Ma'Rosa (Philippines)
Scénario: Asghar Farhadi pour Le client (Iran)
Prix du jury: American Honey d'Andrea Arnold

Palme d'or du court métrage: Timecode de Juanjo Gimenez (Espagne)
Mention spéciale Court métrage: A moça que dançou com o diabo de Joao Paulo Miranda Maria (Brésil)

Caméra d'or: Divines d'Houda Benyamina - Quinzaine des réalisateurs (France)

Cannes 2016: Notre palmarès idéal et celui de nos cauchemars

Posté par vincy, le 22 mai 2016

Imaginons un anti-palmarès cannois. Ceux qu'on ne veut pas voir dans certaines catégories. Voilà ce que cela donnerait après une 69e édition sans grand favori évident et dont de nombreux films ont particulièrement divisé.

Anti-palmarès

Imaginons maintenant que nous soyons au jury. Comme nous avons aimé plusieurs films, ce sont ceux-là que nous aimerions voir au Palmarès ce soir. Et cette année, il y a une certaine unanimité de notre côté.

Palmarès de MpM

Palmarès de Vincy

[20 ans de festival] Cannes 2016 : 2014-2015 – Désaccords hiérarchiques

Posté par vincy, le 22 mai 2016

Les deux dernières années, nous avons manifesté notre désaccord profond avec les choix du jury. Ce ne sera ni la première ni la dernière fois, mais généralement, ça s'alterne. L'enchaînement nous contrarie.

En 2014, Mommy de Xavier Dolan, Mr Turner de Mike Leigh, Les nouveaux sauvages de Damián Szifron, Timbuktu d'Abderrahmane Sissako et surtout Still the Water de Naomi Kawase restent parmi nos grands ou beaux souvenirs de spectateurs. Et pourtant, nous n'avons pas toujours défendu le cinéma de Kawase, mais là elle nous avait mis à terre, et en pleurs. Ignorée par le jury. Alors, certes, Mr. Turner et Mommy ont été au palmarès mais, pour le reste, on a vite compris que le jury de Jane Campion était adepte de films froids et grandiloquents à l'instar de cette tragédie shakespearienne boursoufflée (Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan) ou de cette fable naturaliste sans émotion (Les Merveilles d'Alice Rohrwacher).

C'est tout le problème que l'on vit à Cannes. Quels films défendre? Un cinéma pas forcément facile à aborder au nom du droit à exister ou un cinéma d'auteur qui peut devenir aussi populaire.

C'est souvent sur ce déséquilibre que nos avis divergent. Même si parfois, le formalisme pure, l'innovation de la narration (Oncle Boonmee par exemple) nous séduisent.

L'an dernier, cependant, nous n'avons pas mieux compris les choix du jury des frères Coen. Dheepan, sérieusement, Palme d'or, ça nous a fait presque rire. Le plus mauvais film de Jacques Audiard supplante Carol et son émotion tendue, Le fils de Saul (certes Grand prix) et son audace formelle (en plus de son sujet saisissant), The Assassin (certes prix de la mise en scène), plus beau film de la décennie, Au-delà des montagnes, qui en dit davantage sur notre monde que le parcours nihiliste du personnage de chez Audiard, The Lobster, portrait jouissif d'une société qui impose sa manière de vie avec des raisonnements binaires...

Il est trop tôt pour savoir ce qu'on retiendra réellement de ces deux éditions. Mais, au-delà des désaccord avec le jury, on sait qu'il y a peu de désaccords avec la sélection. Depuis 20 ans, on constate qu'à la fin de chaque année, parmi nos dix, quinze films préférés, une grande partie était à Cannes. Et c'est pour cela qu'on y revient chaque mois de mai. En mai, on voit ce qui nous plaît.

Cannes 2016: La Queer Palm pour « Les vies de Thérèse »

Posté par vincy, le 22 mai 2016

Le jury de la Queer Palm, présidé par les réalisateurs Oliver Ducastel et Jacques Martineau, entourés de la réalisatrice Emilie Brisavoine, du directeur du festival MixBrasil Joao Federici, et journaliste Marie Sauvion, a décerné la 6e Queer Palm à un documentaire, Les vies de Thérèse, réalisé par Sébastien Lifschitz (césarisé pour Les invisibles), présenté à la Quinzaine des réalisateurs. Les prix ont été décernés samedi soir au Silencio de Cannes, avant que la fête se prolonge avec Miss Coca au Vertigo.

Pour consacrer une année où "les films du festival ont offert une grande diversité de personnages féminins, forts, indépendants, différents, résistants", en évoquant "le désir féminin, si longtemps nié et réprimé", le jury a donc opté pour une oeuvre se concentrant sur "une femme et ses combats, mêlant vie privée et engagement politique, balayant les époques, questionnant la sexualité, bousculant les rôles que la société nous impose." Les vies de Thérèse raconte en effet les multiples facettes de l'existence Thérèse Clerc, décédée le 16 février 2016, une "femme qui a su, en traçant son propre chemin, nous ouvrir la voie, nous rappelant sans cesse combien notre désir et notre sexualité peuvent et doivent nourrir notre combat pour une société plus juste."

La Queer Palm du court-métrage a de son côté été attribuée à Gabber lover d'Anna Cazenave-Cambet, un film de coming out "où l'on apprend à faire face à son désir, à lui donner enfin libre court. Gabber lover est un film dont nous ne doutons qu'il apportera un message libérateur aux jeunes spectateurs."

Le jury a tenu à rappeler que la 69e édition du festival a "beaucoup montré de cunnilingus et le jury de la Queer Palm à l'unanimité tient à saluer les réalisatrices et réalisateurs qui ainsi contribuent à la promotion d'une pratique sexuelle nettement plus agréable à regarder que les rapides et franchement machistes coïts auxquels la sexualité des personnages de cinéma s'est longtemps cantonnée. Les beaux personnages féminins du festival nous ont rappelé qu'il fallait toujours faire face et souvent affronter les autres, la société et soi-même pour se construire et façonner autant que faire se peut notre propre destin."

Cannes 2016: les 10 phrases à retenir

Posté par cynthia, le 22 mai 2016

Cannes et sa Croisette ce n'est pas que le glamour, les strass et les films mais c'est aussi les célébrités et leur franc parlé. Ne dit-on pas que les paroles s'envole et les écrits restent? Que nenni les cinéphiles! À Cannes toute parole est éternelle et si vous avez fait les sourds d'oreilles, voici le top 10 des phrases à retenir...

10) Elle de Paul Verhoeven

Anne Consigny citant Virginie Efira: "Ah mais moi Isabelle [Huppert] elle peut me demander ce qu'elle veut!" (Qui a dit qu'il n'y a que le bleu qui est une couleur chaude? Le rouge aussi...)

9) The Last Face de Sean Penn

Sean Penn : "Je pense que ce film avait tous les ingrédients nécessaires…"  (La confiance en soi...voilà la clef du succès!)

8) Mal de Pierres de Nicole Garcia

Marion Cotillard: "J'ai mis deux mois avant de dire Oui [à Nicole Garcia]. J'avais pas envie de dire Non mais j'avais pas envie de lui dire Oui." (Ou Marion Cotillard l'indécise... si vous avez prévu de l'inviter en soirée, la prévenir deux mois à l'avance...).

7) Café Society de Woody Allen

Woody Allen: "Pourquoi je ne suis jamais en compétition? Parce que je ne crois pas à la compétition dans le domaine artistique!" (C'est vrai Woody les Oscars, les Golden Globes, tout ça on s'en fiche...).

6) The Nice Guys de Shane Black

Ryan Gosling: "Je suis Batman et [en regardant Russell Crowe] il est Robin!"

5) Personal Shopper d'Olivier Assayas

Kristen Stewart: "Ce serait plus facile pour moi de vous écrire un mail pour expliquer ce que je suis en train de vous dire!" (On te comprend Kristen, les conférences de presse sont souvent effrayantes! Trop de monde, trop de question!)

4) Money Monster de Jodie Foster

Jodie Foster: "Le choix du casting est la chose la plus importante pour un film!" (Au vu du casting de ton film on peut te dire Jodie que tu as fait du bon travail!)

3) Paterson de Jim Jarmusch

Golshifteh Farahani: "Je disais à chaque fois à Jim [Jarmusch] mais pourquoi tu m'as choisie? Il y a des milliers d'actrices formidables..." (Ah magnifique et talentueuse Golshifteh! Toi, tu as fais l'école de la vie *private joke*)

2) Ma loute de Bruno Dumont

Fabrice Luchini et sa voix haut perchée: "Il [Bruno Dumont] m'a même demandé d'être heureux face à l'apéritif... JE HAIS les apéritifs! Moi ça me fout le bourdon les apéros! Je déteste les apéritifs car ça déplace le moment du dîner! Moi j'aime bien dîner direct!!" (Fabrice va au McDo tu manges "direct"!)

1) The Nice Guys de Shane Black

Ryan Gosling, Russell Crowe et Joel Silver à propos des questions légèrement idiotes de certains journalistes:

Russell Crowe: - "Nous ne sommes pas vraiment des policiers!

Ryan Gosling: - Vous êtes au courant que c'est un film?

Joel Silver: - Je crois que la Police est différente dans ce pays!"

Cannes 2016: Un film finlandais remporte le Grand Prix Un Certain Regard

Posté par vincy, le 21 mai 2016

La diversité du palmarès ne cache pas aussi une étonnante année mineure pour la section Un Certain Regard. Le jury présidé par Marthe Keller, a réparti les prix entre différents films radicalement différents, provenant d'Amérique, d'Europe et d'Asie. L'animation n'est pas oubliée. On peut regretter quelques oublis, des films qui, nous, nous ont plus marqués.

Le Grand prix est revenu à un cinéaste finlandais, qui concoure aussi à la Caméra d'or puisqu'il s'agit de son premier long métrage (en noir et blanc). L'action de The happiest day in the Life of Olli Mäki, se déroule durant l'été 1962, quand Olli Mäki prétend au titre de champion du monde poids plume de boxe.  De la campagne finlandaise aux lumières d’Helsinki, on lui prédit un avenir radieux. Pour cela, il ne lui reste plus qu’à perdre du poids et à se concentrer. Mais il y a un problème - Olli est tombé amoureux de Raija. Le film est distribué en France par Les films du Losange.

Grand prix Un Certain Regard : The happiest day in The Life of Olli Mäki de Juho Kuosmanen

Prix du jury : Harmonium de Koji Fukada

Prix du meilleur réalisateur : Matt Ross pour Captain Fantastic

Prix du meilleur scénario : Voir du pays de Delphine et Muriel Coulin

Prix spécial Un Certain Regard : le film d'animation La tortue rouge de Michael Dudok de Wit

Cannes 2016: Cinema Novo remporte le Prix de L’Oeil d’or du meilleur documentaire

Posté par vincy, le 21 mai 2016

Le 2e prix de l'Œil d’or, qui récompense le meilleur documentaire toutes sélections confondues, a été décerné à Cinema Novo du brésilien Eryk Rocha. Présenté à Cannes Classics, ce film-essai explore poétiquement le mouvement le plus important de l'Amérique latine au cinéma, à travers les pensées de ses principaux auteurs: Nelson Pereira dos Santos, Glauber Rocha, Leon Hirszman, Joaquim Pedro de Andrade, Ruy Guerra, Walter Lima Jr., Paulo César Saraceni, entre autres. L'an dernier, c'était un film chilien, Allende, mi abuelo Allende (Au-delà d'Allende, mon grand-père), qui avait remporté le prix. 17 documentaires étaient sélectionnés cette année.

L'Œil d’or a aussi décerné une mention spéciale à The Cinema Travelers (Inde), de Shirley Abraham et Amit Madheshiya, et également présenté à Cannes Classic. Une fois par an, les cinémas itinérants apportent la magie des films jusque dans les villages reculés de l’Inde. Sept décennies plus tard, tandis que leurs camions et leurs projecteurs tombent en ruine et que les bobines de films se font rare, leur public a été détourné par une technologie numérique enjôleuse. Filmé sur cinq années, Les Cinémas voyageurs accompagnent un exploitant astucieux, un forain bienfaisant et un réparateur de projecteurs non-conformiste, qui portent un magnifique fardeau – continuer de faire marcher les derniers cinémas itinérants au monde.

L’Œil d’or - Le Prix du documentaire a été créé en 2015 par la Scam avec la complicité du Festival de Cannes et en partenariat avec l’Ina.