[20 ans de festival] Cannes 2016 : 2009 – 2012 – Michael Haneke couvert d’or

Posté par MpM, le 18 mai 2016, dans Cannes, Festivals, Films, Personnalités, célébrités, stars.

A trois année d’intervalle, ce sont deux Palmes d’or que s’offre le cinéaste autrichien Michael Haneke, déjà Grand prix en 2001 avec La pianiste et prix de la Mise en scène en 2005 avec Caché. Curieusement, pourtant, ces deux récompenses prestigieuses n’ont au vu des deux éditions pas du tout le même sens.

En 2009, Le ruban blanc fait un peu l’effet du film compromis qui met le jury d’accord face à une sélection pas enthousiasmante. Non pas qu’il soit raté, c’est au contraire une œuvre glaçante montrant un monde en décomposition sur le point d’imploser avec l’arrivée de la première guerre mondiale, et terreau fertile de l’avènement du nazisme. Mais sa froideur esthétique, son absence de concession scénaristique, et même son sujet n’en font pas d’emblée le favori de la compétition.

Face à lui, Jacques Audiard propose avec Un prophète un autre style d’esthétisme, avec au fond la même froideur de ton. Le film a ses défenseurs (le cinéaste lui-même semble ne s’être toujours pas remis de ne pas avoir eu la Palme cette année-là, comme si elle lui était due…), mais ne parvient pas à s’imposer avec évidence. Il repartira quand même avec le Grand Prix.

De toute façon, c’est l’année des déceptions : Alain Resnais nous perd avec ses Herbes folles trop abstraites, Quentin Tarantino (Inglorious basterds) est un cran en dessous de ce que l’on attendait, Lars von Trier (Antichrist) bascule dans le ridicule en voulant se lancer dans une énième expérience radicale, Park Chan-wook trébuche dans le grand guignol boursoufflé avec son film de vampire christique (Thirst)…

Ce sont finalement deux comédies qui sauvent cette 62e édition de la routine : Looking for Eric, la merveilleuse fable sociale de Ken Loach, avec un Eric Cantona formidable en coach personnel azimuté, et Taking Woodstock d’Ang Lee, feel good movie coloré, libre et joyeux sur une époque où tout semblait possible. Mais comme il est de tradition à Cannes, la comédie est un "genre mineur" qui ne mérite pas d’être récompensé.

En 2012, l’enthousiasme est revenu, avec des films potentiellement populaires, des œuvres audacieuses marquantes et des histoires singulières, loin de tout formatage. Amour de Michael Haneke fait très vite figure de favori, proposant un regard universel et lumineux sur la vie. Le cinéma plutôt froid du réalisateur se teinte d’une sensibilité nouvelle et attachante, et son duo d’acteurs emporte tout. Nouvelle Palme presque évidente, donc, face à des concurrents qui avaient pourtant mis la barre très haut.

Cette 65e édition cannoise aligne en effet les films forts et les propositions esthétiques audacieuses : La chasse de Thomas Vinterberg, Holy motors de Denis Lavant, Moonrise kingdom de Wes Anderson, Dans la brume de Sergei Loznitsa, Mud de Jeff Nichols, Cogan, la mort en douce d’Andrew Dominik, La part des anges de Ken Loach, Sur la route de Walter Salles… Le tout en une dizaine de jours. Qui dit mieux ? Cette année-là, le jury cannois aurait presque pu palmer la moitié des films en compétition. S’il a choisi Michael Haneke, ce n’était cette fois ni par compromis, ni pour saluer sa carrière. Mais bien parce qu’il était le meilleur à ses yeux.

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