[20 ans de festival] Cannes 2016 : 2004 – le polar coréen à coups de marteau

Posté par MpM, le 14 mai 2016, dans Cannes, Festivals, Films.

Si on ne devait retenir qu’une image de ce festival 2004, c’est probablement celle d’un Coréen hirsute et en colère brandissant un marteau, prêt à briser les dents de son adversaire, qui nous viendrait à l’esprit. Jusque-là connu principalement des amateurs de cinéma asiatique, Park Chan-Wook fait une entrée fracassante dans le panthéon cannois avec son inégalé Old boy, et révèle à la face de festivaliers plutôt médusés la force de son cinéma élégant, violent et tourmenté. Du pain béni pour Quentin Tarantino, président du jury, qui rêve (tout comme nous) de couronner d’or ce polar terrible et traumatique.

Mais il n’est pas seul à décider, et ce sera finalement l’un des autres chocs de la compétition (quoi que dans un genre totalement différent), Fahrenheit 9/11 de Michael Moore, qui repartira avec la Palme. Dans ce documentaire à charge, le trublion du cinéma américain vilipende l’Amérique de Bush dont il démonte un à un tous les travers. C’est à la fois édifiant et foisonnant, révoltant et angoissant. A quelques mois d’une nouvelle élection présidentielle aux Etats-Unis, le choix du jury est évidemment éminemment politique, produit secret de l’urgence de la situation et de la pression de l’actualité.

Mais cette Palme intervient de toute façon dans une édition en demi-teinte, entre l’inachevé 2046 (Wong kar-wai) qui empêche la magie d’agir, l’assez mélo Nobody knows (Hirokazu Kore-Eda) qui fait pleurer sur le tapis rouge, le très mélo Clean (Olivier Assayas) qui en fait des tonnes tandis que le trop sage Comme une image (Agnès Jaoui) laisse le festivalier sur sa faim.

Heureusement, on vibre devant Innocence de Mamoru Oshii, l’un des choix les plus audacieux de la période, esthétiquement comme philosophiquement, et on rit toujours devant Shrek 2 qui n’en finit plus de se moquer d’Hollywood. Les deux films sont également boudés par le jury comme c’est presque toujours le cas pour l’animation. Pas assez sérieux, peut-être ? On ne le sait pas encore, mais c’est pourtant la fin d’une époque plutôt faste pour ce style cinématographique qui ne reviendra en course pour la Palme d'or qu’en 2007 (Persépolis) et 2008 (Valse avec Bashir), avant d’être reléguée hors compétition depuis lors.

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