[L'instant Glam'] Cannes 2016 – Jour 4: des poils, du glam et du swagg

Posté par cynthia, le 14 mai 2016

Oyé oyé cinéphiles, le soleil joue à cache-cache avec les nuages tout comme la poitrine de Paz Vega avec sa robe, les températures sont élevées au point qu'on a eu pitié pour la chose poilue sur le tapis rouge... bref ce n'est qu'un jour de plus sur la Croisette... et c'est le quatrième!

Oui il y a eu un truc poilu (un cousin à Chewbacca je pense) et en forme de phallus qui a déboulé sur les marches... Non il ne s'agit pas de la cérémonie de la B*** d'or mais bien du festival de Cannes. Le truc poilu est un personnage du film Allemand Toni Erdmann. Et dire que l'on refuse les ballerines et les baskets (mais pas Julia Roberts pieds nus, notons le) mais qu'on accepte les poils sur les marches...! D'ailleurs, toute l'équipe du film était présente: Trystan Putter et son sourire plus blanc que blanc (Colgate et Freedent quand tu nous tiens), Sandra Huller que vous devez connaître si vous êtes célibataire ou une ménagère de plus de 50 ans et que vous passez vos après-midi devant les téléfilms Allemands de M6, Maren Ade qui était en tuxedo sexy, Peter Simonischek (qui, dans le film, porte ce fameux masque bulgare phallique et poilu) qui est ultra connu par les ménagères de plus de 50 ans aussi et enfin Ingrid Bisu qui portait un champ de roses sur elle.

Sur le red carpet, Mélanie Thierry (encore) est arrivée décoiffée, au naturel (sans maquillage en somme) et avec une robe blanche couverte de capsules de fleur. Si la robe pouvait aller, je n'ai pas compris cette envie d'être décoiffée. Quand je pense que je passe 2h à dompter mes cheveux avant d'aller travailler et qu'elle débarque cheveux en bordel à Cannes, je me dis Bloody Fucking Hell je vais faire la même chose en juin à la rédac' moi!!

Mais après tout n'est-ce pas ça d'être une star? Se permettre tout car nous sommes talentueux, beaux et célèbres...et si on réfléchissait comme les stars?

Conseils pour avoir du swagg au bureau à la méthode cannoise:
- Assumez vos cheveux: qu'ils soient raides, bouclés ou foutus soyez fière de votre crinière et montrez-la aux yeux du monde tel un Oscar à la face de Leonardo Dicaprio! Oh non il a eu son Oscar...arf...blague ratée!

- Osez les nibards à l'air: l'été arrive alors on laisse tomber l'écharpe et on laisse respirer les boobs!

- Vous n'avez pas d'argent? Osez le rideau: qui a dit qu'il fallait porter du Dior? Il faut prétendre en porter c'est tout *clin d’œil* !

- Faites la gueule ou souriez: vous ne pouvez pas être entre les deux...soit vous faite la tronche comme Mélanie Thierry hier, soit vous montrez toutes vos dents comme Julia Roberts.

Mais une chose est sûre soyez sûre de vous et marchez la tête haute même sur les escalators en panne de Châtelet Les Halles.

Revenons à nos moutons... En ce quatrième jour de festival, côté Américain, l'équipe du Bon Gros Géant de Steven Spielberg a illuminé les marches. Mark Rylance (tout juste oscarisé) était vêtu tel un prêtre baba cool aux côtés d'un Steven Spielberg plus classe que jamais. Pourtant le plus gros swagg de ce jour cannois nous le devons à la jolie et toute mimi Ruby Barnhill, héroïne du nouveau Spielberg. Toute souriante dans sa robe verte claire, elle a montré que le style n'avait pas d'âge et que bien au contraire les enfants en ont souvent plus que les adultes.

[69, année érotique] Cannes 2016: L’empire des sens en 1976

Posté par vincy, le 14 mai 2016

L'Empire des sens ou La corrida de l'amour de Nagisa Oshima est assurément un film culte. Pourtant sa sortie en 1976 a été mouvementée. Au Japon, le film fit littéralement scandale. La censure a ainsi flouté les parties génitales visibles et coupé des scènes entières, comme l'héroïne mutile son maître. Le réalisateur a même été poursuivi en justice (il fut relaxé des années plus tard). Sans la coproduction française, L'Empire des sens aurait certainement été maudit.

A l'étranger, ce ne fut pas simple non plus. Le coproducteur français possédait un négatif qui permit au film d'être présenté dans les festivals, et consacré assez vite comme le premier film "pornographique" réalisé par un grand cinéaste. Porno, L'Empire des sens? C'est comme ça que les festivaliers de Berlin, qui eurent la primeur en Occident, le qualifièrent, même si un an demi après la justice allemande accepta la diffusion dans les salles, sans censure. Trois mois après Berlin, il arrivait sur la Croisette, à la Quinzaine des réalisateurs, où le triomphe fut total. Les festivaliers se précipitaient par curiosité, odeur du soufre, voyeurisme.

L'emprise des sens avait fait son oeuvre. Un sexe masculin au coeur d'une histoire de désir et d'amour absolue, un huis-clos sado-maso où le plaisir, la jouissance se mélange au morbide et à la violence. Bien sûr, avant le film d'Oshima, John Waters avait déjà filmé une pipe entre deux mecs dans Pink Flamingos et Paul Verhoeven n'avait pas hésité à pointer sa caméra sur des scènes explicites dans Turkish Délices. Mais Oshima va plus loin, notamment avec cette fellation, jusqu'à éjaculation, entre autres. Bien avant les pipes du Diable au corps, de Romance, d'O Fantasma, de Ken Park ou de The Brown Bunny. Et cette séquence où Eiko Matsuda s'enfile un oeuf dans le vagin (Catherine Breillat avait fait pire l'année précédente avec Une vraie jeune fille, où il s'agissait d'un ver de terre)...

Mais c'est évidemment la seule scène non simulée qui marque les esprits: la mutilation du pénis, don ultime et abandon total (et fatal). Inspiré d'une histoire vraie, cette spirale érotique où strangulation et émasculation se combineront pour un dernier orgasme n'a jamais eu d'équivalent, même si l'oeuvre a ouvert les portes du possible aux réalisateurs. Oshima a osé.

Cannes 2016 – Télex du Marché: Joann Sfar, Andrew Haigh, Abbas Kiarostami et un carré

Posté par vincy, le 14 mai 2016

- Joann Sfar revient à l'animation cinq ans après la sortie du Chat du rabbin. Une fois de plus il va adapter une de ses bandes dessinées, Petit Vampire (qui date du siècle dernier). Studiocanal et Autochenille Production l'accompagneront pour son 4e long métrage. La BD, publiée chez Delcourt, a été déclinée en 7 albums et une série pour la télévision.

- Andrew Haigh (45 ans), va tourner cet été aux Etats-Unis Lean on Pete. Il s'agit de l'adaptation d'un des romans de Willy Vlautin, Cheyenne en automne, qui raconte les aventures et les errances de Charley Thompson, un adolescent, et de son cheval Lean on Pete, à travers trois Etats de l'Ouest américain : l'Oregon, l'Idaho et le Wyoming, visitant ainsi une Amérique des oubliés et des paumés.

- Quatre ans après Like Someone in Love (en compétition à Cannes), Abbas Kiarostami donne enfin de ses nouvelles. Le producteur Charles Gillibert a annoncé le projet du cinéaste iranien, 24 Frames , sans en dévoiler l'intrigue. Cela fait trois ans que Kiarostami réalise ce film qui voulait faire un film de 24 heures et dont 24 Frames compiler certains moments.

- Elisabeth Moss quitte l'univers des Mad Men et rejoint Claes Bang (la série TV nordique Bron) pour le nouveau film du réalisateur de Snow Therapy (et membre du jury Un certain regard cette année), Ruben Ostlund. The Square s'intéressera à un ambitieux directeur de musée qui veut exposer une installation de forme carré qui doit révolutionner le monde de l'art. l s'agit à la fois d'une critique de la société du spectacle et de l'hypocrisie des médias. Le tournage débutera en juin entre Stokholm, Gotenburg et Berlin.

Cannes 2016: le palmarès des prix France Culture

Posté par vincy, le 14 mai 2016

Les prix France Culture ont été dévoilés sur la terrasse d'Unifrance en fin de matinée.

Le documentariste Frederick Wiseman a reçu le Prix Consécration pour l'ensemble de son oeuvre. Il succède ainsi à Abderrahmane Sissako. Cannes Classics lui rend hommage cette année avec une projection de Hospital.

Le prix Cinéma des étudiants a récompensé Alexander Nanau pour Toto et ses sœurs. Ce prix est remis à un nouveau talent dont un des films a été soutenu par France Culture durant l’année écoulée. Il était en compétition avec Janis d’Amy J. Berg, Une jeunesse allemande de Jean-Gabriel Périot, Je suis le peuple d’Anna Roussillon et Les ogres de Léa Fehner.

La radio publique a innové avec deux nouveaux prix dans le cadre des International Students Awards. Les étudiants étrangers en écoles de cinéma ont voté pour Deniz Gamze Ergüven (Mustang pour le long métrage) et Maïmouna Doucouré (Maman(s) pour le court métrage).

[20 ans de festival] Cannes 2016 : 2004 – le polar coréen à coups de marteau

Posté par MpM, le 14 mai 2016

Si on ne devait retenir qu’une image de ce festival 2004, c’est probablement celle d’un Coréen hirsute et en colère brandissant un marteau, prêt à briser les dents de son adversaire, qui nous viendrait à l’esprit. Jusque-là connu principalement des amateurs de cinéma asiatique, Park Chan-Wook fait une entrée fracassante dans le panthéon cannois avec son inégalé Old boy, et révèle à la face de festivaliers plutôt médusés la force de son cinéma élégant, violent et tourmenté. Du pain béni pour Quentin Tarantino, président du jury, qui rêve (tout comme nous) de couronner d’or ce polar terrible et traumatique.

Mais il n’est pas seul à décider, et ce sera finalement l’un des autres chocs de la compétition (quoi que dans un genre totalement différent), Fahrenheit 9/11 de Michael Moore, qui repartira avec la Palme. Dans ce documentaire à charge, le trublion du cinéma américain vilipende l’Amérique de Bush dont il démonte un à un tous les travers. C’est à la fois édifiant et foisonnant, révoltant et angoissant. A quelques mois d’une nouvelle élection présidentielle aux Etats-Unis, le choix du jury est évidemment éminemment politique, produit secret de l’urgence de la situation et de la pression de l’actualité.

Mais cette Palme intervient de toute façon dans une édition en demi-teinte, entre l’inachevé 2046 (Wong kar-wai) qui empêche la magie d’agir, l’assez mélo Nobody knows (Hirokazu Kore-Eda) qui fait pleurer sur le tapis rouge, le très mélo Clean (Olivier Assayas) qui en fait des tonnes tandis que le trop sage Comme une image (Agnès Jaoui) laisse le festivalier sur sa faim.

Heureusement, on vibre devant Innocence de Mamoru Oshii, l’un des choix les plus audacieux de la période, esthétiquement comme philosophiquement, et on rit toujours devant Shrek 2 qui n’en finit plus de se moquer d’Hollywood. Les deux films sont également boudés par le jury comme c’est presque toujours le cas pour l’animation. Pas assez sérieux, peut-être ? On ne le sait pas encore, mais c’est pourtant la fin d’une époque plutôt faste pour ce style cinématographique qui ne reviendra en course pour la Palme d'or qu’en 2007 (Persépolis) et 2008 (Valse avec Bashir), avant d’être reléguée hors compétition depuis lors.

Cannes 2016 : Qui est Jung-woo Ha?

Posté par kristofy, le 14 mai 2016

Jung-woo Ha est la figure de l'arnaqueur-manipulateur dans le très attendu nouveau film de Park Chan-wook The Handmaiden (Mademoiselle), en compétition au Festival de Cannes, son nom semble plutôt inconnu mais son visage plutôt familier… Jung Woo-ha est déjà venu au Festival de Cannes. En 2008 dans The Chaser c’était lui le serial-killer impassible et effrayant !

Contrairement à d’autres acteurs coréens populaires (Choi Min-sik, Song Kang-ho, Lee Byung-hun…) qui sont immédiatement reconnaissables, Jung-woo Ha lui se glisse dans ses différents rôles avec une apparence physique souvent différente. Il passe la moitié du film dans The Chaser à se dissimuler avec une casquette et des lunettes. Deux ans plus tard, il retrouve le même réalisateur pour son film suivant The Murderer (aussi à Cannes en 2011) où on le découvre cheveux coupés bien plus courts et avec une petite moustache. En 2012 il est un chef de gang mafieux dans Nameless gangster et il se révèle plus athlétique en 2013 dans le polar The Agent de Ryu Seung-wan. Le point commun de ces films d’action est qu’on y voit à chaque fois l'acteur courir, poursuivis par d’autres dont il va porter ensuite des marques de coups et de sang sur son visage.

Jung-woo Ha est aussi un homme dont le charme trouble se dévoile dans plusieurs drames : en 2006 et 2007 il était la vedette de Time puis de Souffle de Kim Ki-duk, et en 2009 à l’affiche de Les femmes de mes amis de Hong Sang-soo. Il a donc déjà tourné avec la plupart des réalisateurs coréens les plus respecté, et son nom est devenu assez solide pour promouvoir un film dont il serait seul la vedette. Par exemple The Terror live (disponible en dvd édité par Elephant films) où il incarne une journaliste piégé par une oreillette qui menace d’exploser s'il ne parvient pas à faire venir le président en direct à l’antenne…  Le jeu n’est d’ailleurs plus le seul intérêt deJung-woo Haa : en 2013 il a écrit le scénario d’une comédie (divers personnages dans un avion qui menace de s’écraser) qu’il a d’ailleurs lui-même réalisé, Fasten your seatbelt.

Accrochons donc nos ceintures pour découvrir l’association entre Jung-woo Ha, cet acteur qui aime se métamorphoser, et Park Chan-wook qui manipule les faux-semblants.

Cannes 2016 : Qui est Maren Ade ?

Posté par MpM, le 14 mai 2016

En France, on la connaît mal, et sa sélection en compétition officielle du 69e festival de Cannes a pu surprendre. Pourtant, Maren Ade, réalisatrice, scénariste et productrice allemande qui s’apprête à souffler sa 40e bougie, est loin d’être une nouvelle venue dans le paysage cinématographique européen et même mondial. Der Wald vor Lauter Bäumen, son premier long métrage, qui est également son film de fin d’études à l’école de cinéma de Münich, l’a en effet révélée dès 2005 grâce à une moisson de prix glanés en festivals, de Sundance (Prix spécial du jury) à Valence (meilleur film) en passant par IndieLisboa (Grand prix) et Buenos Aires (meilleure actrice pour Eva Löbau).

En parallèle, la jeune femme poursuit dans la production, sa première passion. Avec Komplizen film, la société qu’elle a créée en 2000 avec Janine Jackowski et Jonas Dornbach, elle produit en 2006 Hotel Very Welcome de Sonja Heiss, dont elle avait déjà produit Karma Cowboy en 2002. Elle ne cessera plus de travailler en alternance sur ses projets et sur ceux des autres, donnant rapidement l’impression d’être au cœur d’une sorte de « nouvelle vague » allemande saluée par les médias.

En 2009, la réalisatrice présente son deuxième long métrage, Alle Anderen (Everyone else) à la Berlinale où il reçoit un accueil triomphal. Le jury présidé par Tilda Swinton lui décerne le Grand prix tandis que son actrice principale, Birgit Minichmayr, reçoit l’Ours d’argent de la meilleure actrice. Un doublé qui confirme l’intérêt des professionnels pour le cinéma volontairement naturaliste et générationnel de Maren Ade, dans lequel la question des rapports de force entre les deux sexes et le difficile équilibre dans le couple se pose parfois avec maladresse, mais toujours avec acuité.

Il faudra malgré tout attendre sept ans pour que la cinéaste retourne derrière la caméra. Entre deux, elle travaille à plusieurs reprises avec le réalisateur portugais Miguel Gomes dont elle coproduit Tabou, Redemption et Les mille et une nuits. Elle accompagne également Schlafkrankheit (La maladie du sommeil) de son compagnon Ulrich Köhler et le très sensible Tanta agua des Urugayennes Ana Guevara et Leticia Jorge.

Toni Erdmann, son troisième long métrage en tant que réalisatrice, lui ouvre donc directement les portes de la compétition cannoise avec l’histoire a priori décalée d’un père cherchant à renouer avec sa fille qu’il accuse d’avoir perdu le sens de l’humour…En tant qu’outsider au milieu des habitués du tapis rouge, le film devrait apporter un peu de renouveau sur la Croisette, et, qui sait, créer une belle surprise. En contrepartie, Maren Ade prend le risque de déchaîner les haters de service, qui lui reprocheront secrètement de prendre la place d’un réalisateur (mâle) plus installé. Raison de plus pour être impatient de juger sur pièce.