Oscars 2016 : Entre blancheur, oubli et hypocrisie

Posté par wyzman, le 17 janvier 2016

Jeudi dernier, l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences a dévoilé la liste des nommés aux prochains Oscars. Bien évidemment, les 12 nominations de The Revenant et le sacre à venir de Leonardo DiCaprio n'ont échappé à personne. Néanmoins, et très vite, la Toile n'a pas manqué de relever l'absence flagrante d'acteurs de couleur parmi les 20 nommés aux prix d'interprétation. Plus encore, ou plus grave si vous préférez, cette année les catégories Meilleur documentaire et Meilleur scénario original ont également été touchées par cet "oubli" des votants. Si l'on s'attarde sur l'histoire des Oscars, on constate très rapidement que ce type d'oubli (ne pas nommer des professionnels de l'industrie du cinéma de couleur) n'est pas nouveau. Mais après le tollé rencontré l'année dernière avec le hashtag #OscarsSoWhite, nous pouvions espérer que les choses allaient rentrer dans l'ordre.

Pour expliquer l'absence d'acteurs, de réalisateurs ou de scénaristes de couleur parmi les nommés, nous pourrions dire qu'aucun n'a fourni de travail suffisamment intéressant pour mériter une nomination. Mais ce serait faux. Si vous lisez Ecran Noir ou si vous êtes simplement cinéphile, il ne vous a pas échappé que cette année, certains acteurs de couleur ont livré des performances remarquables. A l'instar de The Wrap (qui a listé pas moins de 14 acteurs oscarisables), nous pensons à Idris Elba (Beasts of No Nation), Mya Taylor (Tangerine), Will Smith (Concussion), Oscar Isaac (Ex Machina), Jason Mitchell (Straight Outta Compton) et bien évidemment Michael B. Jordan (Creed). Alors comment se fait-il qu'aucun d'entre eux ne soit nommé ? Et comment peut-on penser à nommer Sylvester Stallone pour Creed et pas celui qui porte tout le film ?

93% des votants aux Oscars sont blancs

Premier élément de réponse : Hollywood est l'incarnation même de l'hypocrisie. Récemment, nous évoquions son sexisme apparent (11% de femmes scénaristes, sérieusement ?) Comme le dit si bien Spike Lee : "Nous pourrions remporter un Oscar maintenant ou plus tard, mais un Oscar ne va pas fondamentalement changer comment Hollywood fait du fric. Je ne parle pas des stars hollywoodiennes. Je parle des cadres. Nous ne sommes pas dans la pièce." Et le réalisateur de Inside Man voit juste : rares sont les personnes de couleur qui ont du poids à Hollywood, qui prennent les décisions qui importent, qui sont prêtes à investir dans des projets "orientés" vers les gens de couleur, hormis quels comédies "ciblées" pour la communauté afro-américaine, où la mixité n'est jamais flagrante. Les Oscars ne sont ainsi que la résultante de la "blanchitude" de la chaîne de valeur. En décembre 2013, le Los Angeles Times portait un constat effarant : sur les 6028 votants, 93% d'entre eux étaient blancs, 76% étaient des hommes et la moyenne d'âge était de 63 ans. Oui, oui, 63 ans ! Voilà sans doute pourquoi 6 des 8 films nommés pour l'Oscar du Meilleur film cette année sont portés par des hommes d'origine caucasienne.

Deuxième élément de réponse : la diversité se trouve du côté de la série télé. Après l'annonce des nominations, Fusion n'a pas tardé à lister tous les acteurs de séries qui comptent aujourd'hui. De Viola Davis (How to Get Away with Murder) à Taraji P. Henson (Empire) en passant par Gina Rodriguez (Jane the Virgin), Aziz Ansari (Master of None) et Constance Wu (Fresh Off The Boat). Bref, et comme le précisait Viola Davis lors de son discours aux derniers Emmy Awards (elle était la première afro-américaine à recevoir ce prix!), il est impossible pour des acteurs de couleur de remporter des prix lorsque les rôles intéressants n'existent pas. Mais vous conviendrez que depuis Grey's Anatomy, la télévision américaine n'a eu de cesse de se colorer efficacement, lentement et sûrement. Merci Shonda Rhimes !

Troisième élément de réponse : les critiques n'atteignent pas la télévision. La 88ème cérémonie sera retransmise sur ABC le 28 février prochain et les patrons de la chaîne n'ont pas choisi n'importe quel hôte : l'acteur noir Chris Rock. Comique apprécié, rentable (Tout le monde déteste Chris, Madagascar, Empire) et pragmatique, il ne fait aucun doute que les blagues à caractère racial iront bon train ce soir-là. Après Diana Ross (1974), Richard Pryor (1977, 1983) et Whoopi Goldberg (1993, 1995, 1998, 2001), Chris Rock n'est que la quatrième personnalité de couleur à se faire le présentateur de cette cérémonie. Et bien qu'il l'ait déjà fait en 2005, il est important de préciser que Chris Rock suit Ellen DeGeneres (2014) et Neil Patrick Harris (2015), deux acteurs ouvertement homosexuels et donc membres de ce que l'on appelle encore une "minorité".

Quatrième élément de réponse : les grands rôles au cinéma sont souvent des clichés. Précisons qu'ici il est question de rôles destinés à des acteurs de couleur. A Hollywood, les rôles destinés aux acteurs non-Caucasiens sont de trois types : criminel, comique ou figure historique. Et ils sont le plus souvent l'œuvre de scénaristes blancs. Voilà pourquoi le dernier black à remporter l'Oscar du meilleur acteur était Forest Whitaker pour Le Dernier Roi d'Ecosse (2006). Du côté des femmes, c'est la violence (psychologique ou physique) subie par leur personnage qui détermine leur oscarisation. Et les nominations passées d'Angela Bassett (Tina - 1993), Halle Berry (A l'ombre de la haine - 2001), Gabourey Sidibe (Precious - 2009), Viola Davis et Octavia Spencer (La Couleur des sentiments - 2011) et Lupita Nyong'o (12 Years a Slave - 2013) en sont la preuve ! Que ce soit pour le box office ou les Oscars, les minorités subissent la Loi hollywoodienne (à savoir fédérer le plus grand nombre). Or, les studios ont su fabriquer des stars "blacks" bankables et respectables dans les années 90 (Denzel Washington, Morgan Freeman, Will Smith, Samuel L. Jackson) mais en ont été incapables depuis quinze ans. Il y a de grands acteurs, de grandes actrices, mais apparemment, personne ne les voit. Et pire, personne ne peut penser qu'un James Bond soit noir, malgré les rumeurs / fantasmes autour de cette hypothèse, ou que la couleur de peau ne change rien à un personnage principal d'un drame oscarisable.

Quand séries et diffuseurs font leur show !

Posté par wyzman, le 17 janvier 2016

Cette semaine avait lieu le tout premier Showeb Séries. Organisé par Le Film Français et  Newcast, c'était l'occasion de découvrir en avant-première la line-up de différents distributeurs, producteurs et chaînes de télévision tels que OCS, Studio+, 13ème Rue, Syfy, Arte ou encore TF1. Et pour cette première édition, chacun à leur manière, ils ont mis le paquet.

D'entrée de jeu, OCS en a mis plein les yeux à l'assemblée via des teasers et quelques bandes annonces des séries produites et/ou prochainement diffusées sur le bouquet. Très orienté cinéma et séries télévisées, ce dernier n'a pas lésiné sur les images (pas forcément inédites) de ses hits tels que Game of Thrones ou The Walking Dead. Tout cela avant d'évoquer ses nouvelles acquisitions : Ash vs Evil Dead (produite par Sam Raimi), Blunt Talk (avec Patrick Stewart), Kingdom (avec Nick Jonas) et Mozart In the Jungle (Golden Globe de la Meilleure série comique), avec Gael Garcia Bernal.

Mais il ne fait aucun doute que la nouveauté la plus attendue sera Vinyl. Produite et diffusée par HBO aux Etats-Unis, le show est le nouveau bébé de Terence Winter (Les Sopranos), Martin Scorsese (Le Loup de Wall Sreet) et Mick Jagger. La série raconte les péripéties d'un label musical dans le New York des années 1970. La première saison compte 10 épisodes et Martin Scorsese devrait en réaliser quelques uns (dont le pilote). La série sera lancée le dimanche 14 février sur HBO et visible le lendemain sur OCS.

Du côté des séries françaises, le diffuseur n'est pas à la traîne puisque les séries Les Grands et Irresponsable ont été produites via son label OCS Signature. La première est co-écrite par Benjamin Parent (Ceci n'est pas un film de cow-boys) tandis que la seconde est l'œuvre de Frédéric Rosset. Et il va sans dire qu'après avoir vu les premières images, on ne peut qu'être impatient. De son côté, Studio+ ce n'est pas fait prier au moment de dévoiler les 3 premiers épisodes de sa digital série Brutal. Tournée en 18 jours à Bangkok, la série raconte les combats ultra violents de David Belle (Banlieue 13 : Ultimatum).

Niveau nouveautés, 13ème Rue et Syfy n'ont pas à se plaindre. La première chaîne diffusera la série Dig à partir du 31 janvier. Signée du créateur de Hatufim et Homeland, Dig s'intéresse aux mystérieuses fouilles archéologiques qui ont lieu à Jérusalem. A son bord, Anne Heche (Arthur Newman) et Jason Isaacs (Fury). Sur Syfy, il est possible de retrouver l'unique saison de Heroes Reborn depuis le 5 janvier tandis que The Shannara Chronicles a débuté cette semaine. Cette dernière est adaptée des romans de Terry Brooks et s'avère être un mix réussi entre Le Seigneur des Anneaux (pour les elfes et les nains), Game of Thrones (pour les personnages tués sans remord) et Hunger Games (pour l'héroïne en devenir et le casting rempli de beaux gosses).

Impossible de ne pas évoquer les pépites d'Arte. Le 21 janvier, Wolf Hall fera son apparition sur la chaîne franco-allemande. Sacrée meilleure mini-série aux derniers Golden Globes, elle raconte les péripéties de Thomas Cromwell à la cour d'Henri VIII. Et diffusée le 11 février, Trepalium raconte comment la société fait face à une population composée à 80% de chômeurs !

Enfin, TF1 a pu fanfaronner au moment de dévoiler sa programmation de 2016. Parmi les séries de retour, on trouve sans surprise : Arrow, The Blacklist, Esprits Criminels, The Flash, Gotham, Grey's Anatomy The Originals et The Vampire Diaries. Et question nouveautés, le plein est largement fait  avec Blindspot (avec Jaimie Alexander), Contaiment (de Julie Plec), Legends of Tomorrow (avec Wentworth Miller), Lucifer (avec Tom Ellis), The Player (avec Wesley Snipes) et Supergirl (avec Calista Flockhart) qui rythmeront nos soirées !