Oscars 2016: The Revenant et Mad Max: Fury Road font la course en tête

Posté par vincy, le 14 janvier 2016

Avec 12 nominations aux Oscars, The Revenant est le grand favori de la course aux statuettes de cette année. Un an après son sacre pour Birdman, Alejandro G. Inarritu repart comme grand favori pour un doublé exceptionnel dans l'histoire des Oscars. Face à lui, le concurrent inattendu: un blockbuster de genre, Mad Max:Fury Road qui cumule 10 nominations (en soi un exploit pour ce genre de films). Seul gros regret, l'absence de Charlize Theron parmi les meilleures actrices... Cela permet à la 20th Century Fox de dominer la liste des nominations (26 dont 6 partagées avec Disney - Le pont des espions - et 4 supplémentaires avec Fox Searchlight), devant Disney (14, dont les 6 partagées avec la Fox), la Warner Bros (11, ce qui compense son année un peu faible au box office) et les indépendants Weinstein (9, mais aucune en meilleur film, une première depuis 2007) et A24 (7). Universal, champion du box office n'a que 4 nominations (et 4 de plus avec Focus) ; Sony n'en cumule que deux (avec sa filiale Classics), soit autant que Netflix.

On notera quand même que Tom Hardy (nommé pour son second-rôle de salopard dans The Revenant, sa première fois aux Oscars donc) est à l'affiche des deux films plébiscités cette année. Un exploit.

Les snobés

Il y en a des surprises dans ce tableau d'honneur. Déjà l'absence de Carol et de Todd Haynes dans les catégories film et réalisateur, alors que le film était l'un des grands chouchous des critiques américaines et le film le plus nommé aux Golden Globes. Ensuite le flop de Tarantino dans la catégorie scénario, qui lui réussit généralement bien. Steven Spielberg et Ridley Scott n'ont pas été retenus comme meilleur réalisateur (où surgit de nulle part Lenny Abrahamson), alors que leurs films sont nommés pour le meilleur film. Seul sur Mars se paye même le luxe de 7 nominations (médaille de bronze) et le Pont des espions suit avec 6 nominations (comme Carol). Autre gros oubli, Aaron Sorkin pour le script de Steve Jobs. La presse se désole aussi de voir ignorer Michael Keaton dans Spotlight,  Johnny Depp dans Strictly Criminal et Will Smith dans Concussion, et surtout le jeune Jacob Tremblay dans Room. Ou encore Helen Mirren, Jane Fonda, Kristen Stewart (qu'on pensait favorite en second-rôle) et Lily Tomlin dans la catégorie meilleur second rôle féminin. Certains râleront de l'absence de Star Wars dans les catégories principales (mais 5 nominations au total), tout comme celles du Fils de Saul et d'Ex Machina dans la catégorie meilleur film ou/et meilleur réalisateur... Nul ne doute que les médias pointeront également l'absence d'afro-américains dans les catégories artistiques (réalisation, comédiens). Michael B. Jordan et Idris Elba sont parmi les oubliés de l'année.

Les heureuses surprises

Spotlight reste quand même l'un des prétendants les plus sérieux avec 6 nominations, y compris dans les catégories principales. Parmi les autres bonnes surprises, il y a évidemment Mustang dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère (seule réalisatrice nommée dans les catégories meilleurs long métrages tous genres confondus), aux côtés du Fils de Saul et L'Etreinte du serpent. La catégorie animation est l'une des plus relevée de ces dernières années avec un Grand prix d'Annecy brésilien, un film Aardman, un film du studio Ghibli, le Grand prix du jury de Venise et film indépendant de Charlie Kaufman face à Vice-Versa, le meilleur Pixar depuis des lustres, par ailleurs nommé pour son scénario (hélas pas en meilleur film, affreuse faute de goût). Autrement dit, aucun autre grand studio américain n'a été choisi, les votants préférant des films étrangers aux styles plus singuliers. Notons un français dans la catégorie court-métrage la présence d'un français, Ave Maria, de Basil Khalil et Eric Dupont.

Autre nomination qui réjouit, celle de Charlotte Rampling, splendide dans 45 Years, et qui se voit pour la première nominée à l'âge de 69 ans, après 50 ans de carrière. Elle a, face à elle, deux jeunes favorites, Saoirse Ronan et Brie Larson, et Jennifer Lawrence, une fois de plus citée.  C'est sa quatrième nomination alors qu'elle n'a que 25 ans.

Equilibrant films de studios et films indépendants, nouvelles têtes et habitués, les Oscars ont pris peu de risques cette année mais sont sûrs de décevoir si le suspens est tué avec le triomphe d'un film sur un autre. Une chose est sûre: les 88e Oscars seront révélés le 28 février. Chris Rock présentera la cérémonie. Nul ne doute que ce sera surtout le sacre de Leonardo DiCaprio, enfin. Ça suffira à faire le buzz.

Film: The Big Short ; Le Pont des espions ; Brooklyn ; Mad Max: Fury Road ; Seul sur Mars ; The Revenant ; Room ; Spotlight

Réalisateur: Adam McKay (The Big Short) ; George Miller (Mad Max: Fury Road) ; Alejandro G. Inarritu (The Revenant) ; Lenny Abrahamson (Room) ; Tom McCarthy (Spotlight)

Actrice: Cate Blanchett (Carol) ; Brie Larson (Room) ; Jennifer Lawrence (Joy) ; Charlotte Rampling (45 ans) ; Saoirse Ronan (Brooklyn)

Acteur: Bryan Cranston (Trumbo) ; Matt Damon (Seul sur Mars); Leonardo DiCaprio (The Revenant) ; Michael Fassbender (Steve Jobs) ; Eddie Redmayne (The Danish Girl)

Second-rôle féminin: Jennifer Jason Leigh (Les 8 Salopards) ; Rooney Mara (Carol) ; Rachel McAdams (Spotlight) ; Alicia Vikander (The Danish Girl) ; Kate Winslet (Steve Jobs)

Second-rôle masculin: Christian Bale (The Big Short) ; Tom Hardy (The Revenant) ; Mark Ruffalo (Spotlight) ; Mark Rylance (Le Pont des espions) ; Sylvester Stallone (Creed)

Film en langue étrangère: L'étreinte du Serpent (Colombie) ; Mustang (France); Le Fils de Saul (Hongrie), Theeb (Jordanie); A War (Danemark)

Scénario: Le Pont des espions ; Ex Machina ; Vice-Versa ; Spotlight ; NWA Straight Outta Compton

Scénario (adaptation): The Big Short ; Brooklyn ; Carol; Seul sur Mars; Room

Image: Carol ; Les 8 Salopards ; Mad Max: Fury Road ; The Revenant ; Sicario;

Montage: The Big Short ; Mad Max: Fury Road ; The Revenant ; Spotlight ; Star Wars: la Force se réveille

Décors: Le Pont des espions ; The Danish Girl ; Mad Max: Fury Road ; Seul sur Mars ; The Revenant

Costumes: Carol ; Cendrillon; The Danish Girl ; Mad Max: Fury Road ; The Revenant

Musique: Le Pont des espions ; Carol ; Les 8 Salopards ; Sicario ; Star Wars: La Force se réveille

Chanson: Earned It (Cinquante nuances de Grey) ; Manta Ray (Racing Extinction) ; Simple Song #3 (Youth) ; Til It Jappend to You (The Hunting Ground) ; Writing's on the Wall (Spectre)

Animation: Anomalisa ; Le garçon et le monde ; Vice-Versa ; Shaun le mouton ; Souvenirs de Marnie

Animation (court métrage): Bear Story ; Prologue ; Sanjay's Super Team ; We Xan't Live without Cosmos ; World of Tomorrow

Documentaire (long métrage): Amy ; Cartel Land ; The Look of Silence ; What Happened, Simone? ; Winter on Fire: Ukraine's Fight for Freedom

Documentaire (court métrage): Body Team 12 ; Chau, beyond the Lines ; Claude Lanzmann; Spectres of the Shoah ; A Girl in the River: The Price of Forgiveness ; Last dat of Freedom

Court métrage: Ave Maria ; Day One ; Everything Will Be Ok (Alles Wird Gut) ; Shok ; Stutterer

Effets visuels: Ex Machina ; Mad Max: Fury Road ; Seul sur Mars ; The Revenant ; Star Wars: La Force se réveille

Montage son: Mad Max: Fury Road ; Seul sur Mars ; The Revenant ; Sicario ; Star Wars: La Force se réveille

Mixage son: Le Pont des espions ; Mad Max: Fury Road ; Seul sur Mars ; The Revenant ; Star Wars: La Force se réveille

Maquillage et coiffure: Mad Max: Fury Road ; Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire ; The Revenant

Alan Rickman (1946-2016). Le professeur Rogue est mort.

Posté par vincy, le 14 janvier 2016

Inimitable et éternel Professeur Rogue dans la franchise Harry Potter, Alan Rickman, né le 21 février 1946, est mort d'un cancer le 14 janvier 2016 à l'âge de 69 ans. Fils d'un père irlandais et d'une m!re galloise, il a débuté sur les planches à l'âge de 7 ans, dans une pièce montée par son école. Mais avant d'en faire son métier, il se lance dans une carrière de graphiste. Il attend ses 26 ans pour entrer à la Royal Academy of Dramatic Art.

Avec sa voix chaude, presque caverneuse, et son allure de dandy inquiétant, Alan Rickman ne pouvait que séduire la Royal Shakespeare Company, qui l'accueille en 1978. Il hérite souvent de rôles de méchants au théâtre, et logiquement au cinéma. Lui qui joua du Shakespeare, du Brecht, du Tchekhov, du Ibsen, du Jarry ou même le Vicomte de Valmont dans les liaisons dangereuses, qui en fit une star des planches à Londres comme à New York. Passionné par le théâtre, il a mus en scène plusieurs pièces, notamment de son ami Ruby Wax et d'August Strindberg.

Le cinéma ne va faire appel à lui qu'en 1988. Il incarne l'un des plus grands méchants de l'histoire du blockbuster américain avec le personnage d'Hans Gruber dans le premier film des aventures de John McLane, Piège de cristal. Fiéleux comme on l'aime. Un méchant où la voix doucereuse et l'apparente tranquillité inquiète bien plus que les excès de jeu dans ce genre de rôles.Il n'a pas été si tenté par les sirènes hollywoodiennes, même si on le retrouve en shérif de Nottingham dans le Robin des bois de Kevin Reynolds. Il tourne avec Anthony Minghella (Truly Madly Deeply), Tim Robbins (Bob Roberts), Mike Newell (An Awfully Big Adventure), Neil Jordan (Michael Collins), l'injustement méconnu Judas Kiss de Sebastian Guttierez, le culte Dogma de Kevin Smith ou encore les ratés Galaxy Quest et H2G2... Plus marquant ses rôles dans Sweeney Todd de Tim Burton, en juge Turpin, ou Snow Calk de Marc Evans, en homme hanté par la mort d'une autostoppeuse et qui décide d'aller voir la mère de sa victime.

En 2001, il accepte le rôle de Severus Rogue, professeur à l'ambiguïté charismatique, naturellement autoritaire et intrigant, dans la série Harry Potter, dont il sera de tous les épisodes. On le retrouve aussi en mari volage dans Love Actually en 2003, puis dans des succès comme Le parfum, Alice au pays des merveilles (la voix de la chenille), Le majordome (où il incarne Ronald Reagan) et l'an dernier dans Une promesse (de Patrice Leconte).

Alan Rickman a aussi réalisé deux films: le très beau L'invitée de l'hiver, adaptation d'une pièce qu'il avait lui-même mis en scène. Le film, avec Emma Thompson et sa mère, Phyllida Law, a remporté quelques prix. Et Les jardins du roi, avec Kate Winslet, sorti l'an dernier.

Mais s'il fallait retenir un rôle c'est celui du Colonel Christopher Brandon dans Raisons et sentiments, d'Ang Lee (1995), où il donne merveilleusement la réplique à Emma Thompson, rayonnante. En plus de la diriger, ils ont joué dans six films ensemble et deux téléfilms. Une des couples de cinéma (et pas seulement dans Love Actually) les plus épatants.

Il venait de terminer deux nouveaux films dont la sortie est prévue cette année, Opération Eye In The Sky de Gavin Hood, avec Helen Mirren et Aaron Paul et Alice de l'autre côté du miroir, la suite d'Alice au pays des merveilles.

Au cours de sa carrière, il a reçu de nombreux prix: un Golden Globe du meilleur acteur et un screen Actors Guild Award dans une mini-série télévisée (Raspoutine), un BAFTA du meilleur second-rôle masculin (Robin des bois), en plus de trois nominations, un prix d'interprétation au FFM de Montréal (Mesmer), deux prix à Venise pour son film L'invitée de l'hiver... Au théâtre, il a été nommé deux fois aux Tony Awards.

La Directors Guild of America révèle ses nominations et ajoute une catégorie premier film

Posté par vincy, le 14 janvier 2016

laszlo nemesPas de Todd Haynes ni de Steven Spielberg. Les réalisateurs américains ont choisi les cinq cinéastes en course pour le Directors Guild Award, qui annonce d'assez près, généralement, les nominations dans cette catégorie aux Oscars. George Miller (Mad Max: Fury Road), Alejandro G. Inarritu (The Revenant), Tom McCarty (Spotlight), Adam McKay (The Big Short;) et Ridley Scott (Seul sur Mars) sont donc les heureux élus. La DGA a eu une envie de spectacle, assurément. Toutes ces oeuvres sont avant tout liées par un point commun: une mise en scène spectaculaire et un certain sens du découpage où différents récits de croisent.  Inarritu a gagné le prix l'an dernier pour Birdman. Tout comme Scott, c'est sa troisième nomination.

Mais la surprise est venue d'ailleurs. la DGA a décidé de récompenser les réalisateurs d'un premier long métrage. Cela signifie que les cinéastes ne sont pas obligatoirement membres de la Guilde et que les films étrangers sont éligibles dès lors qu'ils ont été distribués à New York ou/et Los Angeles. Les prétendants pour ce nouveau prix sont Fernando Coimba (A Wolf at the Door, Brésil), Joe Edgerton (The Gift, Australie), Alex Garland (Ex Machina, Royaume Uni), Marielle Heller (The Diary of a Teenage Girl, USA) et Laszlo Nemes (Le Fils de Saul, Hongrie).

Les cinq réalisateurs pour un documentaires sont Jimmy Chin et Elizabeth Chai Vasarhelyi (Meru), Liz Garbus (What Happened, Simone?), Alex Gibney (Going Clear: Scientology and the Prison of Belief), Matthew Heineman (Cartel Land) et Asif Kapadia (Amy).

Pour la télévision, les DGA ont retenu Downton Abbey (Michael Engler), Homeland (Lesli Linka Glatter), Game of Thrones (David Nutter), The Knick (Steven Sodrbergh) et Mad Men (Matthew Weiner) en séries dramatiques, Veep (Chris Addison), Louie (Louis C.K.), Silicon Valley (Mike Judge), Modern Family (Gail Mancuso) et Transparent (Jill Soloway) en séries comiques, Whitney (Angela Bassett), The Secret Life of Marilyn Monroe (Laurie Collyer), Show Me a Hero (Paul Haggis), The Wiz Live! (Kenny Leon) et Bessie (Dee Rees) en téléfilms ou mini-séries.

Les récompenses seront remises le 6 février.

Edito: Suffragette City

Posté par redaction, le 14 janvier 2016

On ne le dira jamais assez, Carol est un film rare, et donc précieux. Il a fallu 20 ans pour que ce roman de Patricia Highsmith soit porté sur le grand écran, non sans embûches. On pourrait penser qu'une romance entre deux femmes, dans l'Amérique très conformiste des années 50, ne soit plus un réel problème, surtout quand Cate Blanchett est au générique.

Que nenni, trop de nénés. Deux femmes qui ont le pouvoir (dans le scénario) et sont les personnages principaux (du film), rendant le mâle accessoire, c'est un "risky business", encore en 2015. Phyllis Nagy, la scénariste de Carol, s'en désole et dans un entretien à Ecran Noir, explique à quel point le cinéma est masculin.

Et la dernière étude du centre d'étude sur la place des femmes dans l'audiovisuel de San Diego confirme l'affreuse perception qu'on a de cette industrie décidément misogyne. Des 250 films ayant rapporté le plus de dollars l'an dernier, seuls 9% étaient réalisés par des femmes. Il n'y a que 11% de femmes scénaristes, 26% de productrices, 6% de directrices de la photo...

Et on ne parle pas de l'inégalité salariale. Il va peut-être falloir faire comme il y a un siècle pour le droit de vote des femmes: une sorte de révolution pour leur accorder la place qu'elle mérite. C'est valable dans le cinéma, comme dans la bande dessinée, la photographie ou la musique.