Dinard 2015 : une conversation entre Hanif Kureishi et Roger Michell

Posté par kristofy, le 4 octobre 2015

Le 26e Festival du Film Britannique de Dinard a rendu hommage à un maestro de l’écriture dont les histoires ont été transposées dans quantité de films britanniques : Hanif Kureishi.

Le scénariste et romancier est connu notamment pour les scénarios des films de Stephen Frears (My beautiful laundrette, Sammy et Rosie s’envoient en l’air), Patrice Chéreau (Intimité, Ours d'or à Berlin) et Michel Blanc (Mauvaise Passse) et surtout plusieurs films réalisés par Roger Michell : Le Bouddha de banlieue (feuilleton de 4 épisodes), The mother, Venus, Weekend à Paris.

Pour l’occasio,n Roger Michell (Coup de foudre à Nothing Hill, Dérapages incontrôlés...) était donc lui aussi présent à Dinard où il a fait découvrir ses deux dernières réalisations (pour la télévision) The Lost Honour of Christopher Jefferies et Birthday, alors qu'il prépare son prochain film de cinéma My cousin Rachel.

Dans le cadre de cet hommage, une discussion a eu lieu en public entre Hanif Kureishi et Roger Michell, dont voici quelques extraits choisis.

Hanif Kureishi : On s’est connu au théâtre, j’avais environ 18 ans, j’étais auteur et Roger était directeur d’une troupe, je découvrais ce milieu.

Roger Michell : Le théâtre du Royal Court était important, depuis la fin des années 50, on y trouvait déjà le théâtre moderne comme celui de Samuel Beckett. Cet endroit est désormais dans notre ADN, on essayait de comprendre un peu la vie et le monde autour.

Hanif Kureishi : J’écrivais des essais, des articles, des choses sérieuses. Aussi un peu de pornographie pour des magazines à lire d’une main, en tant qu’écrivain ce genre était un moyen de gagner un peu d’argent !

Roger Michell :  Je n’ai pas lu ça, j’ai envie ;-) Plus sérieusement il avait écrit 4 pièces avant son premier roman Le Bouddha de banlieue, la première histoire sur laquelle on a travaillé ensemble pour en faire un film [en fait une série de 4 épisodes pour BBC]. Le décor est d’ailleurs ce milieu du théâtre avec un héros qui essaye d’avoir du succès dans les années 70. On vient donc de voir ici Weekend à Paris, je ne l’avais pas revu depuis deux ans et c’était d’ailleurs ici à Dinard en clôture, le revoir m’a fait me souvenir de la joie de le faire avec Hanif.

Hanif Kureishi : Je me souviens d’un week-end ensemble a Paris dans un hôtel pas terrible avec escalier  et vue sur un mur, on s’était un peu disputé comme le vieux couple du film !

Roger Michell : On a fait ce que la plupart des gens anglais font à Paris et ça s’est retrouvé dans le film, avec comme structure 48 heures d’un couple en voyage a Paris. On s’est  aussi inspiré de quelques petites choses en rapport avec nos différents mariages à l’un et à l’autre.

Hanif Kureishi : Souvent, au cinéma, les héros sont des personnages jeunes, mais la vie continue après 60 ans. D’ailleurs dans notre film Venus il y a un Peter O’Toole vieux qui salive devant une jeune fille de 20 ans, ça raconte beaucoup de choses. Il y a 2 catégories de gens qui vont au cinéma : les jeunes comme nos enfants qui vont voir des gros films en soirée, et les grands-parents qui y vont en après-midi. On voulait une histoire douce-amère de tendresse avec cette génération peu représentée.

Roger Michell : Weekend à Paris est un peu mon hommage à Godard comme par exemple son Bande a part, Godard était assez sérieux et académique comme réalisateur mais aussi joueur. The last honour of Christophe Jefferies, qu’on présente aussi à Dinard, est l’histoire d’un enseignant accusé de meurtre, et ce type d’homme m’avait d’ailleurs fait découvrir Week-end de Godard il y a longtemps. Pour notre film Weekend à Paris on a mis 7 ans d’échanges et de discussions pour le mettre sur pied. Cette notion de temps d’écriture est un aspect a prendre en compte dans le processus de création de film. On avait une idée de casting pour le duo à l’origine et finalement c’est un autre casting dans le film : en faisant évoluer l’histoire on a aussi fait évoluer notre choix vers d’autres acteurs. Nous aimons raconter de belles histoires avec des gens ordinaires qui peuvent parler à tous.

Lors de la cérémonie de clôture de ce Festival du Film Britannique de Dinard, l'écrivain et scénariste Hanif Kureishi a reçu un Hitchcock d'honneur.