A Hollywood et en France, la diversité c’est maintenant ?

La diversité. Voilà plusieurs années qu'à Hollywood, c'est le seul mot qu'il convient d'avoir à la bouche pour évoquer les personnages, les acteurs, les scénaristes, les réalisateurs, les producteurs. Bref, toute la chaîne de commandement du septième art ! Qu'il s'agisse de genre, d'orientation sexuelle, de religion ou d'environnement social, l'audiovisuel américain fait son possible pour mettre en avant ses minorités. Et si aujourd'hui le mot nous intéresse plus que jamais, c'est parce ses "effets" se font (enfin) sentir. Si vous suivez l'actualité du box office américain, il ne vous aura pas échappé que durant 5 semaines consécutives, ce sont des films portés par des acteurs de couleur qui en ont pris la tête. Il y a d'abord eu Straight Outta Compton, le biopic basé sur l'histoire du groupe de hip-hop N.W.A. Puis est venu War Room, un drame marital et religieux au succès inespéré. Et une semaine plus tard, c'est le thriller The Perfect Guy qui faisait des merveilles. Comme le fait The Wrap, nous nous demandons si l'intérêt soudain des spectateurs pour ces films va attirer l'attention des grandes pontes d'Hollywood.

Car, qu'on se le dise, cette succession de films comportant une majorité d'acteurs noirs est un cas rare, si ce n'est unique. Va-t-elle se reproduire ? Personne ne peut le prédire. On a déjà débattu de la question de savoir s'il y a trop de noirs à l'écran. Mais en attendant, ce phénomène peut être mis en parallèle avec le succès d'une série telle qu'Empire. Parce que cette dernière compte essentiellement des acteurs noirs (Terrence Howard, Taraji P. Henson, Gabourey Sidibe, etc.), il n'est pas étonnant de voir que les Afro-Américains y soient très réceptifs. Les audiences le prouvent, les taux sur les 18-49 ans (la cible préférée des annonceurs) l'attestent. Malheureusement, il ne faut pas nous emballer. Si la sauce prend aux Etats-Unis, ce n'est malheureusement pas le cas ailleurs.

Dans un pays comme le Royaume-Uni qui ne connaît pourtant pas la barrière de la langue, ils étaient à peine plus de 500.000 curieux à regarder le season premiere. Plus encore, et alors que le DVD de la saison 1 devrait sortir en France le 12 novembre, on ne peut que s'inquiéter de la VF que le Groupe M6 tentera au moment de diffuser la série. Nos oreilles vont saigner - et pas qu'un peu ! L'Amérique semble de plus en plus fière de ses minorités (cf. notre article sur les derniers Emmy Awards) mais préfère les projets portés par des stars déjà bien établies - et supposément bankables. On pense ainsi à Vin Diesel (saga Fast & Furious) chez les Latino-Américains et Denzel Washington (The Equalizer) et Will Smith (saga Men In Black) pour les Afro-Américains. Quant aux Asiatiques, si le nombre d'acteurs engagés est de plus en plus important, aucun d'entre eux n'est à même de faire décoller un blockbuster. Ils restent des seconds-rôles même s'il s'agit de stars en Chine, à Hong Kong ou en Corée du sud. Pour le moment en tout cas.

Quid de la France ? Si le cinéma tend à aborder la diversité avec une décomplexion parfois simulée (souvenez -vous de Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu?), le public français n'est pas si réceptif que ça aux œuvres "destinées aux noirs". Samba n'a attiré "que" 3,1 millions de curieux en salles, ce qui semble dérisoire face aux 19,4 millions d'entrées d'Intouchables… En deux semaines, Straight Outta Compton n'a réalisé que 360 000 entrées. Quand How to Get Away with Murder, le thriller produit par Shonda Rhimes et porté par Viola Davis, a attiré 3,3 millions de curieux lors de son lancement, ils n'étaient plus que 399 000 devant le dénouement ! Quant aux œuvres françaises, si elles comptent indéniablement des acteurs de couleur, ce ne sont pas eux qui font décoller les audiences. A titre d'exemple, la série Nos chers voisins ne compte qu'un seul acteur récurrent de couleur (Issa Doumbia). Idem pour Scènes de ménages (Loup-Denis Elion).

Du côté du cinéma français, à l'exception d'Omar Sy, d'une génération déjà bien passée (Roschdy Zem, Sami Bouajilah, Pascal Legitimus) et d'autres humoristes bien identifiables (Jamel Debbouze, Elie Semoun, Gad Elmaleh), ce n'est vraiment pas United Colors of Benetton. Combien de fois une Firmine Richard ou un Isaak de Bankolé se sont plaints d'avoir peu de rôles à jouer... Dans les pays anglo-saxons on est capable de faire jouer Marius des Misérables par un "black". En France, la Comédie Française est désespérément "white". Vous l'aurez compris, en termes de diversité, les Etats-Unis ont un léger coup d'avance et, comparativement, la France semble toujours très blanche... Et plus le temps passe, plus il devient difficile de trouver une explication crédible !

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