Faten Hamama (1931-2015), la grande dame du cinéma arabe s’en va

Posté par vincy, le 18 janvier 2015, dans In memoriam, Personnalités, célébrités, stars.

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L'actrice égyptienne Faten Hamama, icône du cinéma arabe, muse de Youssef Chahine et d'Henry Barakat, et bien entendu ex-femme du célèbre acteur Omar Sharif, est décédée samedi à l'âge de 83 ans, a indiqué à l'AFP son fils. Elégante et discrète, gracieuse et humble, elle pouvait incarner des femmes émancipées ou suaves dans des films très différents, allant jusqu'à interpréter parfois deux rôles (soeur ou mère et fille) dans un même film.

Figures de l'âge d'or du cinéma égyptien, a surtout été célèbre entre les années 1950 et 1970, lorsqu'elle jouait aussi bien dans des comédies romantiques et musicales, notamment avec le "crooner" Abdel Halim Hafez, que dans des mélos, des drames historiques ou des films engagés, dénonçant les inégalités sociales ou défendant les droits des femmes.

Son film Je veux une solution (Orid hallan) de Said Marzouk (1975), qui narre le parcours de combattant d'une Egyptienne tentant d'obtenir le divorce de son mari, avait d'ailleurs permis une révision de la législation pour permettre aux femmes de demander le divorce.

A partir des années 70, elle avait décidé de ne jouer que dans des films reflétant les valeurs de la société. Faten Hamama avait quitté l'Egypte entre 1966 et 1971, partageant sa vie entre le Liban et Londres, à cause de pressions politiques à l'époque. De nombreux intellectuels avaient réclamé au président Nasser son retour au pays, la qualifiant de "trésor national".

Egérie des plus grands cinéastes, à l'affiche des plus grands films égyptiens

"La grande dame du cinéma arabe", telle qu'elle était surnommée, avait à peine 10 ans lorsqu'elle a commencé sa carrière au cinéma grâce à Mohammed Karim, qui lui fit tourné ses premiers films dans les années 40. Depuis elle est apparue dans une centaine de films, dont plusieurs signés Youssef Chahine, Kamal El Sheikh, Salah Abouseif et Henry Barakat. Grâce à Barakat (leur collaboration s'est étendue sur cinq décennies), elle fut en compétition à Cannes en 1965 (El haram) et à Berlin en 1960 (Doa al karawan (The Curlew's Cry)). Il l'a également dirigée dans El bab el maftuh (The Open Door, 1964). Kamal El Sheikh l'avait aussi conduite sur les marches cannoises en 1964 avec La dernière nuit. Mais c'est bien avec Chahine qu'elle fut révélée avec des films comme Papa Amin, premier film du cinéaste (1950), Le fils du Nil (1951, en compétition à Cannes), Le grand bouffon (1952), Ciel d'enfer (avec Omar Sharif, 1954, en compétition à Cannes) et Les eaux noires (1956). Le réalisateur disait d'elle qu'elle était son actrice favorite et la meilleure actrice égyptienne de tous les temps.

Elle a évidemment partagé plusieurs fois l'affiche avec son ex-mari Omar Sharif (notamment Nos plus beaux jours de Helmy Halim en 1955 et Le Fleuve de l'amour, de Ezzel Dine Zulficar, en 1961, une variation du roman de Léon Tolstoï Anna Karenine), qui s'était converti à l'islam pour l'épouser en 1955. Le couple a divorcé en 1974. Cela n'empêchait pas Omar Sharif de la décrire comme le seul amour de sa vie.

Elle était considérée comme "l'actrice la plus importante du pays" durant la commémoration du centenaire de la naissance du cinéma égyptien en 1996, pour sa contribution au plus grand nombre de films classés parmi les 100 meilleures oeuvres du cinéma égyptien durant ces 100 dernières années. Elle avait reçu sa récompense lors du Festival du film du Caire, qui lui avait décerné un prix d'interprétation en 1977 et un prix honorifique en 1991. Au Festival de Téhéran, elle avait été trois fois primée au cours de sa carrière. Le Festival de Dubaï lui a remis un prix d'honneur en 2009.

Depuis les années 80, elle ne tournait quasiment plus. Ses dernières apparitions furent réservées au petit écran.

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