L’instant Glam: Uma Thurman, Kristen Stewart, John Travolta, Quentin Tarantino, Juliette Binoche, Chloë Grace Moretz…

Posté par cynthia, le 23 mai 2014

quentin tarantino uma thruman red carpet cannes 2014Oyé oyé cinéphiles! Et tel le diabolique réveil qui nous sort d'un doux songe, nous voici au dernier jour de la compétition de ce 67e Festival de Cannes . Autant vous dire que l'émotion était à son comble!! Et quoi de mieux que la bonne humeur pour exprimer ses émotions. Danses, retrouvailles et complicités étaient au rendez-vous en ce neuvième jour du festival de Cannes.

The Queen Catherine Deneuve est revenue monter les marches, plus décontractée que pour le film de Téchiné, mercredi. Une robe chemise montrait bien que le Festival touchait à sa fin. Des allures de vacances donc sur les marches? Ce n'est pas l'équipe de Pulp Fiction, venue fêter le vingtième anniversaire du film palmé, qui nous fera penser le contraire. Quentin Tarantino a offert à ses fans une danse suave devant les photographes. Suivis de très près par les mouvements de vagues de John Travolta et les petits rebonds d'Uma Thurman. S'il n'y avait pas le soleil à Cannes, il aurait fallu regarder la robe jaune et resplendissante d'Uma Thurman. La Kill woman était un vrai soleil sur le tapis rouge. Elle aurait dû monter les marches lorsqu'il pleuvait la veille, ça aurait remonté le moral des troupes usées par l'alcool, le manque de sommeil et des heures passées dans les salles. On avait qu'une seule envie, celle de les rejoindre sur ce dancefloor improvisé le temps de la montée des marches. C'était jour de fête puisque Madame Doubtfire a aussi dansé sur le tapis en attendant l'arrivée de l'équipe de Sils Maria. Les festivaliers ont des drôles de façon de nous faire patienter.

L'équipe du film d'Olivier Assayas est enfin arrivée. Juliette Binoche, Chloë (Grace) Moretz et Kristen Stewart étaient au bras d'Olivier Assayas. Le trio de femmes était vêtue de blanc. De loin, on se serait cru dans le clip Partir un jour des 2be3. Chloë Moretz portait une robe à plumes qui faisait penser davantage à un bal de promo de fin de lycée qu'au Festival de Cannes. Etant donné qu'elle est encore jeune, on lui pardonne. A ses côtés une boule à facette triste... ah non c'est juste Kristen Stewart, qui a snobé avec une grâce qui ferait pâlir Surya Bonaly, les journalistes de TV festival (et le photocall du matin). L'idole des adolescents faisait comme à son habitude la tête. Lui décrocher un sourire serait comme décrocher la lune. Ah attendez... elle se mordait les lèvres comme Bella Swan lorsqu'elle regarde son vampire de chéri... Serait-elle possédée par son rôle dans la saga Twilight? La belle (parce que tout de même elle est belle) portait un costume blanc pailletée qui laissait entrevoir une envie de disco, de danse, de fête et donc de sourire. Kristen as-tu des problèmes? Veux-tu en discuter autour d'un thé? Bon, Kristen comme je l'ai fait pour ton (ex?) petit copain Robert Pattinson, je vais te conseiller pour ta prochaine montée des marches. Parce que tu vois, ça m'attriste de te voir dépressive. Cannes c'est magique, c'est prestigieux, c'est glamour, c'est un grand événement et il y a des filles qui vendraient leur cheveux pour être à ta place, alors, la prochaine fois, fais travailler tes zygomatiques. Souris au public, souris aux photographes, souris aux marches, souris même à ton portier une fois rentrée dans ton hôtel! Profite du moment présent, tu es à Cannes! Carpe Diem quoi. Prend exemple sur ta partenaire Juliette Binoche: elle n'arrêtait pas de sourire à tout le monde.

Plus tard, dans la soirée ,c'est l'équipe du film  Léviathan qui, tout sourire (regarde bien et apprend Kristen) a monté les marches du Festival de Cannes. Ils ont su fermer avec classe et dignité (pas de tétons, de trous ou de culottes qui dépassent) la compétition de cette 67e édition. Il ne reste plus, nous pauvres mortels, qu'à attendre la grande cérémonie qui sera, sans nul doute, remplit de glamour, de beauté et de faux pas.

Cannes 2014 : un palmarès bien vu pour Un Certain regard

Posté par vincy, le 23 mai 2014

white god cannes 2014Présidé par Pablo Trapero, le Jury d'Un Certain regard du 67e Festival de Cannes n'a pas récompensé de mise en scène ou une actrice en particulier. Mais le palmarès de cette section ne comporte aucun faux pas. Le Jury se dit "honoré et ravi d’avoir pu visionner pendant 10 jours tant d’excellents films témoignant de la diversité et de la vitalité de la cinématographie mondiale d’aujourd’hui" et se dit "impressionné par la force et l’originalité des œuvres présentées".

De fait, d'Hongrie, de Suède, de France, d'Allemagne ou d'Australie, comédiens amateurs ou véritable aborigène, fiction politique ou exercice de style séduisant autour du couple, les films récompensés sont un condensé d'un cinéma mondial non formaté, tout en étant divertissant et intéressant.

PRIX UN CERTAIN REGARD : White God de Kornél Mundruczó (qui avait reçu le prix de la Critique internationale pour Delta en en 2008 alors qu'il était en compétition).

PRIX DU JURY : Force majeure (Turist) de Ruben Östlund.

PRIX SPECIAL DU CERTAIN REGARD : Le sel de la terre de Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado.

PRIX D’ENSEMBLE : Party Girl de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis (un premier film).

PRIX DU MEILLEUR ACTEUR : David Gulpilil pour Le pays de Charlie (Charlie's Country) de Rolf de Heer

Cannes 2014 : 3 questions à Jim Mickle

Posté par MpM, le 23 mai 2014

Jim MickleJim Mickle est de retour à la Quinzaine des réalisateurs exactement un an après sa première sélection pour We are what we are en 2013.

Cette fois, il présente Cold in July (Juillet de sang) une adaptation inspirée du roman éponyme de Joe R. Lansdale, avec Michael C. Hall, Don Johnson et Sam Shepard. Un polar drôle et brillant qui mêle les genres avec virtuosité et finesse.

L'occasion d'une nouvelle rencontre avec un réalisateur à suivre absolument .

Ecran Noir : Le film mêle des genres cinématographiques très codifiés, comme le polar, le film de vengeance, la comédie… Etait-ce une sorte de défi ?
Jim Mickle : C’était un challenge que le résultat soit satisfaisant à la fin ! Mais faire le film était très amusant. J’aime ces différents genres avec leurs styles spécifiques, et les réunir était fun. C’est ce qui m’a plu la première fois lorsque j’ai lu le livre. J’étais très excité : "J’adorerais faire ce genre de film ! Or, j’adorerais aussi faire cet autre genre de films, etc." Par contre, ça a été difficile dans la salle de montage. Il fallait s’assurer que l’ensemble serait cohérent. On avait prévu que tout soit perçu à travers le personnage principal interprété par Michael [C. Hall]. Cela devait donner l’impression d’un homme confronté à un univers complètement fou.

EN : En me référant à ce que vous nous disiez en 2013 au sujet de We are what we are, notamment sur la double lecture des films de genre, je me suis demandé ce qui, dans le roman de Joe R. Lansdale, vous avait intéressé d’un point de vue social et politique ?

JM : Pour l’aspect social, c’est la relation entre le père et le fils qui m’avait d’abord attiré lors de la lecture et qui me revenait constamment en tête. On n’était pas dans un thriller ordinaire, les rapports entre le père et le fils avaient une grande importance. En revanche, la raison pour laquelle on a choisi de garder le film dans les années 80, c’était justement pour que l’aspect politique ne soit pas trop important. Si j’avais gardé ce qui était dans le roman et que j’avais fait un film qui se déroulait aujourd’hui, ça aurait été d’une certaine manière une défense complaisante de la possession d’armes à feu et de la possibilité pour chacun de se défendre. Donc je l’ai laissé dans les années 80, ce qui m’a permis d’avoir les armes non pas comme quelque chose qui viendrait appuyer une légitimité de self-defense mais comme quelque chose qui avait à voir avec la mentalité de cow-boy de cette région-là.

EN : On peut aussi y voir la question du mal : qu’est-ce qui est acceptable, et à partir de quel moment il est impossible de ne pas agir ? Et curieusement, cela fait écho à votre film précédent, où la question des origines du mal était déjà posée…

JM : La question du mal, c’est aussi la question d’où vient ce mal. Est-ce qu’on naît avec ? Est-ce qu’il a à voir avec les conditions dans lesquelles on a été élevé ? C’est fascinant, et je trouve que cela fait partie des thèmes propres au western. Ce qui était particulièrement chouette, c’est que lorsque Sam Shepard est arrivé sur le film, immédiatement, c’est quelque chose qu’il a compris. Il n’y a même pas eu besoin d’en parler. Mais ce qui est le plus étrange pour moi, c’est, une fois que les films sont faits, de constater ce que j’ai fait : il faut bien reconnaître que dans mes 4 longs métrages, j’ai parlé de l’importance de la famille, mais aussi de son caractère maléfique ! Je ne sais pas d’où ça vient. Je ne fais pas de thérapie… Les films sont peut-être la thérapie !

Les années Jajacobbi : Cannes 1996

Posté par vincy, le 23 mai 2014

mike leigh secrets and liesL'année culte

Ceux qui étaient à Cannes en 1996 se souviendront d'une bataille passionnelle entre partisans et opposants autour de deux films : Secrets et mensonges de Mike Leigh et Breaking the Waves de Lars Von Trier. Le premier repart avec la Palme d'or, le second avec le Grand prix du jury. Le président du jury Coppola a appliqué strictement le règlement : la Palme revient à un film qui peut toucher le plus grand nombre, le Grand prix récompense une audace.

C'est cruel de départager deux grandes oeuvres, transcendées par leurs comédiennes, signées de cinéastes au sommet de leur talent. Leigh a réalisé ce film dans l'improvisation, sans scénario. Il en ressort une histoire bouleversante. Von Trier a poussé ses comédiens jusqu'à leurs limites. L'expérience bouscule. Les deux déshabillent de leur caméra les secrets les plus enfouis, déchirent les cicatrices jamais guéries, entrainent leurs personnages dans les abîmes.

Tout se professionnalise à Cannes. Dans un an, Internet va faire son entrée : quelques journalistes web venus d'outre-atlantique, un site pour le Festival. En attendant, le cinéma s'offre une orgie aux saveurs variées : Ruiz, Desplechin, Russell, Lee, Altman, Kaurismaki, Taviani, Bertolucci, Cimino, Kaige, De Heer, Frears, Audiard... Le Crash de David Cronenberg fait scandale, mais lui permet d'acquérir ses lettres de noblesse. Le Fargo des frères Coen fait rire, et leur permet de se propulser dans la course aux Oscars. Daniel Auteuil s'offre un doublé avec le sensible film de Jaco Van Dormael, le Huitième Jour, et le polar trouble d'André Téchiné, Les voleurs, où Deneuve émeut en lesbienne. Le cinéma français est dans tous ses états avec le fabuleux documentaire Microcosmos et une ouverture pleine d'esprit, Ridicule. Miramax achète le film de Patrice Leconte pour un million de dollars, un record pour un film européen à l'époque.

C'est une année où l'amour est entier, qu'on soit blanc, noir, homosexuel, handicapé, mutilé, intellectuel, croyant... Un jeune comédien vient défendre The Pillow Book de Peter Greenaway à Un certain regard et Trainspotting de Danny Boyle hors compétition. Ewan McGregor était inconnu du public, le voici starisé par les montées des marches. L'acteur est brillant (et totalement nu) dans le film érotique de Greenaway, il est constamment juste dans le film générationnel de Boyle, qui deviendra culte, même si on a oublié qu'il a fait son avant-première internationale sur la Croisette.

Sans doute parce que 1996, c'est aussi l'année de Marcello, celui-là même qui sert d'icône au 67e Festival de Cannes qui s'achève dans deux jours. Mastroianni a présenté 25 films en sélection officielle, reçu deux fois le prix d'interprétation masculine. On ne le sait pas encore mais il fait cette année là son ultime montée des marche, avec sa fille, Chiara. Magique. La chaleur qu’il dégage efface la maladie qui le ronge. Il rejoindra Fellini à la fin de l'année. Eux qui avaient imaginé Le voyage de G. Mastorna, ce film jamais réalisé où un violoncelliste se retrouvait dans l'au-delà. Ciao Marcello.

Cannes 2014 – les mots de Cannes : Coupe

Posté par MpM, le 23 mai 2014

© vincy thomasAprès plus d'une semaine à démonter les clichés cannois, il est temps d'avouer que l'image traditionnelle de festivaliers parlant de films une coupe de champagne à la main n'est pas totalement infondée. "On demande toujours une coupe, à Cannes", confirme un éminent journaliste qui arpente la Croisette pour la 18e année consécutive.

Et de fait, la plupart des événements (remises de prix, conférences, inaugurations, soirées, etc.)  s'accompagnent de bulles. Une légende veut même qu'il soit possible de ne boire que ça pendant toute la quinzaine (à condition de le faire avec modération, bien sûr). Certains ont tenté l'expérience les années précédentes lorsque les bouteilles d'eau et autres boissons étaient systématiquement confisquées à l'entrée des salles. Quand on a soif, on boirait n'importe quoi, et a fortiori du champagne bien frais (si cette excuse ne vous convient pas, on en trouvera une autre).

Il semblerait tout de même que, l'an passé, tout ce champagne soit monté à la tête de certains journalistes, notamment ceux qui ont encensé le très moyen Ma vie avec Liberace et descendu Jim Jarmusch pour son merveilleux Only lovers left. Cela avait peut-être même contaminé le jury (donner un prix d'interprétation à Bérénice Bejo ?!).

Quoi qu'il en soit, pour cette 67e édition, le festival a prudemment décidé de faire machine arrière. Bouteilles d'eau admises dans toutes les salles du Palais et fontaines disposées dans les endroits les plus fréquentés. Pour la coupe de champagne devant le film, en revanche, il faudra encore attendre.

Cannes 2014 : qui est Andrei Zvyagintsev ?

Posté par MpM, le 23 mai 2014

andrei zvyagintsev

SOVIET SUPRÊME

L’ascension fulgurante d’Andrei Zvyagintsev est d’autant plus exceptionnelle que le cinéaste russe le plus respecté des années 2000 ne se destinait pas du tout à la réalisation, mais au métier d’acteur. Diplômé de l'institut de théâtre de Novossibirsk dans les années 80, il joue d’abord dans des théâtres provinciaux avant de monter à Moscou au début des années 90, avec l’espoir de faire du cinéma. Pendant presque dix ans, il galère en tant que rôle secondaire, voire figurant, dans des séries télévisées ou des longs métrages. Rien ne semble lui réussir.

C’est alors qu’un de ses amis lui propose de passer derrière la caméra pour réaliser plusieurs épisodes d’une série à succès pour la société de production REN-TV, rôle dans lequel il s’avère tout simplement excellent. Impressionnés par son sens de la mise en scène, les producteurs lui proposent de travailler sur un long métrage. Ce sera Le retour, énorme succès international, qui reçoit à la fois le Lion d’or et le Prix Luigi-De-Laurentis du premier film à la Mostra de Venise 2003.

Le film pose le style de Zvyagintsev : sujet intime, beauté formelle, minimalisme étudié. Un cinéaste est né, adulé dans son pays qui en fait un héros : aucun film russe n’avait gagné la récompense suprême à Venise depuis le temps de l’Union soviétique (Urga de Nikita Mikhalkov en 1991). On imagine la pression ressentie par Andrei Zvyagintsev. Mais l’ancien comédien ne se démonte pas, et enchaîne avec un deuxième long métrage qui lui ouvre les portes de la compétition officielle de Cannes. Le bannissement n’obtient pas la Palme d’or, mais un prix d’interprétation pour l’acteur Konstantin Lavronenko. Cette fois, tout semble réussir à Andrei Zvyagintsev.

Cette histoire de couple et de famille, qui dérive sur les rapports à l’enfance, les enfants eux-mêmes, les amis…, est toutefois moins convaincante que son coup d’essai, malgré une écriture soignée et une grande recherche esthétique. Si on sent l’influence d’Antonioni et de Bergman dans sa manière de concevoir le plan (il cite les deux auteurs parmi ses réalisateurs préférés), il lui manque encore une finesse d’écriture suffisante pour nous faire saisir naturellement les non dits et les motivations inconscientes des personnages.

Peut-être Andrei Zvyagintsev manque-t-il tout simplement d’un sujet qui soit à la hauteur de son sens esthétique. Ce sera le cas d’Elena, présenté à Un Certain regard en 2011, synthèse de la fibre intimiste du cinéaste et de son désir de films plus sociaux. Son personnage principal (magnifique Nadezhda Markina) est confronté à un conflit de loyauté (entre son mari et son fils) qui a tout du dilemme universel. Le fort sentiment d’injustice d’une femme qui incarne une Russie pauvre face à une Russie aisée et indifférente, le contexte de la crise économique, le glissement des valeurs transforment un drame familial feutré en leçon de morale âpre et sombre. La virtuosité de la mise en scène et la maîtrise formelle du cinéaste (qui utilise avec intelligence la musique presque lyrique d’un Philip Glass plus qu’inspiré) apportent la preuve que Le retour ne fut pas un coup de chance. Au passage, le film reçoit un prix spécial du jury et confirme que Zvyagintsev est l'un des cinéastes russes les plus intéressants de ces quinze dernières années.

De retour en compétition officielle avec Léviathan, le réalisateur n’a donc en théorie plus rien à prouver. En revanche, il se verrait sûrement ajouter une Palme à son tableau de chasse.