Cannes 2014 : Lettre à… Sarajevo

Posté par MpM, le 22 mai 2014, dans Cannes, Festivals, Films, Personnalités, célébrités, stars.

sarajevoSarajevo, joyau des Balkans et capitale de Bosnie-Herzégovine, te voilà l'héroïne d'un film collectif au même titre que Paris ou New York ! Les ponts de Sarajevo, présenté sur la Croisette en séance spéciale, réunit treize points de vue de cinéastes européens sur ton passé douloureux et ton présent où tout reste à inventer.

Pour te célébrer, des réalisateurs d'origines et de génération différentes posent chacun un regard bienveillant et sensible sur tes rues, tes habitants et ton histoire. On retrouve Jean-Luc Godard qui te connaît depuis longtemps (Je vous salue Sarajevo en 1993), mais aussi Aida Begic qui est née sous ton ciel, Cristi Puiu qui connait bien tes rues, Isild Le Besco qui est tombée amoureuse de toi...

Entre chaque volet du film, une partie animée signée François Schuiten et Lui da Matta Almeida retrace avec poésie et finesse les grandes lignes de ton histoire : le pont entre tes deux rives est constitué de mains qui se tendent l'une vers l'autre, puis est illuminé par un feu d'artifices, ou remplacé par un pont de livres. Des cercueils, aussi, passent en-dessous.

Quant aux différents courts métrages eux-mêmes, ils évoquent l'assassinat de l'archiduc François Ferdinand qui provoqua la première guerre mondiale comme les raisons politiques qui poussèrent son assassin à agir, et notamment le désir de voir le peuple slave se libérer du joug autrichien. Puis ils s'intéressent avec pudeur au terrible siège que connut la ville, et à la guerre immonde qui déchira le pays.

L'un des films les plus réussis est celui du Roumain Cristian Puiu (Réveillon) qui décortique en quelques minutes les clichés raciaux et xénophobes qui sont à l'origine de tous tes traumatismes. Avec beaucoup d'humour, il rappelle ainsi que la haine et les préjugés n'engendrent que la destruction et le chaos. La leçon, aujourd'hui encore, est toujours nécessaire.

Un autre film semble emprunter les célèbres répliques d'Hiroshima mon amour : "Tu n'as rien vu à Sarajevo" dit un homme à son frère trop jeune pour se souvenir des horreurs de la guerre ( Le voyage de Zan de Marc Recha). C'est donc l'occasion de lui raconter le siège : "sortir de la maison était comme jouer à la roulette russe", explique-t-il.

Aida Begic, elle, a recueilli le témoignage de certains de tes habitants (Album) sur leur vie pendant le siège : la faim, le froid, la mort qui rôde, les bombes qui pleuvent, l'horreur qui se déroule chaque jour au beau milieu de la rue...

Mais les images et les sons se dédoublent. A l'écran, on parle de toi, Sarajevo, mais dans notre tête apparaissent Grozny, Olms, Tombouctou, Benghazi, Bangui... Autant d'échos d'une histoire terrifiante qui n'en finit plus de se répéter.

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