Vesoul 2014 : Regard sur le cinéma philippin

Posté par kristofy, le 14 février 2014

Les Philippines sont depuis quelques années un nouveau centre incontournable du cinéma asiatique : c'est là-bas que ça bouge. D'ailleurs, le réalisateur britannique Sean Ellis y a retrouvé l’inspiration et y a tourné son film Metro Manilla, qui raconte la mise en place d’un hold-up sophistiqué avec un regard naturaliste sur le pays perçu à travers les yeux d’un paysan de la campagne qui découvre les trafics de la grande ville.

Un des premiers cinéastes philippins dont les films ont été vus en France par le biais d’une sélection au Festival de Cannes est Lino Brocka dont justement le film Maynila évoquait les attraits factices d’une mégapole à travers le destin d’un jeune pêcheur immigré.

Ce film, qui vient d’être restauré (et programmé à Vesoul), est un exemple de la richesse du cinéma philippin malheureusement méconnu. Une partie du patrimoine cinématographique est d’ailleurs disparue, par exemple le réalisateur Gerardo de Leon (décédé en 1981) a tourné environ 75 films mais seulement une vingtaine ont été sauvegardés.

Le pays a été longtemps sous la coupe d’étrangers (colons espagnols, puis domination japonaise, puis occupation américaine) qui ont fait circuler leurs propres films mais le cinéma philippin national s’est tout de même développé. En 1919, c’est Dalagang Bukid de Jose Nepomuceno, le premier film produit par un philippin ; puis en 1930 Ang Aswang est le premier film parlant. Dans les années 50, on produisait beaucoup de films et le pays était un grand exportateur dans toute l’Asie du sud-est.

Lamberto V. Avellana (1915-1991) a réalisé une cinquantaine de films, Genghis Khan du réalisateur Laurent Condé est le premier film philippin à être présenté dans un festival étranger (à la Mostra de Venise en 1952). Puis durant les années 60, le nombre de films produits a décliné ainsi que leur qualité.

Un second âge d’or arrive avec les années 70 et plusieurs cinéastes qui vont devenir incontournables. Vesoul va en faire découvrir quelques-uns : Lino Brocka (Maynila), Eddie Romero (C’est ainsi que nous vivons), Ishmael Bernal (Miracle), Marilou Díaz-Abaya (Karnal)… Les films se font l’écho du sévère régime politique du moment, avec dans les histoires la pauvreté du peuple et des injustices.

Peu à peu, le public va préférer le divertissement avec des mélos amoureux ou des films d’horreur médiocres, mais aussi des films-copies de succès occidentaux comme James Bond en version fauchée. Au tournant des années 70 va apparaître Jose Gosienfago qui va populariser les films "pito-pito" (sept jours de tournage, sept jours de post-production) avec notamment Bomba star en 1980 à caractère érotique (dans les années 60, il y a eu quantité de films de genre ‘bomba’ avec comme argument de vente beaucoup de femmes dénudées), puis en 1999 Jeffrey Jeturian réalise Fetch A Pail of Water en 21 jours (préparation, tournage, montage) où encore une fois le côté sexe permet d’évoquer plus largement la société (une jeune femme des quartiers pauvres laisse son riche employeur abuser d’elle). Le développement des outils numériques (et des petites caméras peu chères) va par la suite permettre à beaucoup de cinéastes de faire de plus en plus de films en peu de temps : de nombreux films sont tournés en une dizaine de jours.

Désormais, c’est le réalisateur Brillante Mendoza qui apparaît comme le chef de file du cinéma philippin. Ses films ont presque tous été sélectionnés et primés dans les festivals majeurs en Europe, comme Le Masseur (2005, Locarno), John John (2007, Cannes), Tirador (2007, Toronto), Serbis (2008, Cannes), Lola (2009, Venise), Kinatay (2009, Cannes, prix de la mise en scène), Captive (2012, avec Isabelle Huppert, Berlin).... Ils sont également sortis en salles en France et sont disponibles en dvd. Et c’est justement Brillante Mendoza qui est le président du jury de ce 20e FICA. Vesoul va projeter 5 de ses films dont son avant-dernier film Thy womb (2013, présenté à Venise) resté encore inédit, et en avant-première son tout nouveau film Sapi.

Vesoul montre aussi les nouveaux cinéastes qui comptent aux Philippines  à travers un panel de films comme The Bet collector (2006) de Jefrey Jeturian, Independencia de Raya Martin (2009), Manila Skies (2012) de Raymond Red (ainsi que son court-métrage Anino palme d’or en 2000),  Busong (2011) de Aureus Solito, Posas de Lawrence Fajardo (2012), The story of Mabuti (2013) de Mes de Guzman, Death March (2013, sélectionné à Cannes) de Adolfo Alix Jr, Here comes the bride (2010) et The woman in septik tank (2011) en présence de la star Eugene Domingo.

En tout, ce Regard sur le cinéma philippin rassemble plus d’une vingtaine de films couvrant la période 1975-2013 et dont la plupart sont inédits ou en avant-première française. A noter que, pour ce qui est des films en compétition, on retrouve la nouvelle figure montante des Philippines, depuis son premier film Baby factory (le quotidien d’une maternité à travers différentes mamans, infirmières, bébés), le réalisateur Edouardo Roy Jr (34 ans), qui est invité à Vesoul pour son second film Quick change (sélectionné au festival de Berlin en ce moment) où il sera question de transsexuels et de trafic illégal de produits de chirurgie esthétique…

Depuis une dizaine d’années, il y a un nouvel âge d’or du cinéma philippin, et c’est le FICA de Vesoul qui en expose ses multiples facettes.

Ken Loach, Ours d’or d’honneur à Berlin

Posté par vincy, le 14 février 2014

ken loach
Avare en prix honorifiques cette année, la Berlinale s'est quand même décidée à remettre un Ours d'or d'honneur jeudi soir à Ken Loach. Cet Ours récompense l'ensemble de sa carrière

Le cinéaste britannique, 77 ans, est un habitué des prix à Berlin : Ae Fond Kiss (2004), Ladybird Ladybird (1994) et Which Side are you on? (1985) ont tous reçu le prix du jury écuménique (ou son ancêtre le prix OCIC). Family Life (1971) avait été récompensé par le prix FIPRESCI.

Le réalisateur a reçu son prix des mains du réalisateur polonais Jirí Menzel, Ours d'or pour Alouettes, le fil à la patte en 1990. La projection de Raining Stones (1993) a suivi la cérémonie.

Ken Loach était présent à Berlin à l'occasion de la rétrospective que la Berlinale lui dédiait. Une "master class" du cinéaste a été organisée mercredi à la cinémathèque allemande.

Son prochain film, Jimmy's Hall, devrait êtreprésenté au prochain festival de Cannes.

L’instant Court : On duty with Shu Qi

Posté par kristofy, le 14 février 2014

Comme à Ecran Noir, on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le court-métrage Matriarche réalisé par Guillaume Pierret, voici l’instant Court n° 130.

Le FICA de Vesoul consacre une nouvelle fois une sélection à un pays d'Asie francophone, cette année il s'agit du Vietnam. Au programme, plus d'une dizaine de films, dont des documentaires et des films d'animation, en présence notamment des réalisateurs Dang Nhât Minh pour Quand viendra le dixième mois (inédit), et Bui Thac Chuyen pour Vivre dans la peur et Vertiges.

Au Vietnam, le Yxine Film Festival est l'un des évènements consacrés aux courts métrages. En 2012, le prix du public a été décerné au court-métrage On duty with Shu Qi réalisé par Do Quoc Trung : La fille la plus jolie de l'école doit s'assoir à côté du jeune homme le plus timide et aucun d'entre eux ne semble heureux avec le nouvel arrangement...