Vendôme 2013 : l’animation néerlandaise à l’honneur

Posté par MpM, le 10 décembre 2013, dans Courts métrages, Festivals, Films, Vendôme.

Le festival du film de Vendôme consacre chaque année un panorama au cinéma d'animation d'un pays européen. Après la République tchèque et l'Italie, ce sont cette année les Pays Bas qui sont à l'honneur au travers de cinq courts métrages révélant les différentes facettes de cette cinématographie réputée, mais souvent méconnue du grand public. Petit tour d'horizon des grands noms qui la composent.

get realGet real d'Evert de Beijer a reçu une mention spéciale au Festival de Berlin où il était présenté dans la section Generation en 2011.

Réalisé en grande partie au stylo bic, ce qui lui confère un aspect crayonné à dominante bleue, le film est construit comme un jeu vidéo qui contamine peu à peu la réalité du personnage central, un ado accro à ce jeu où il est le garde du corps d'une grande star de la chanson.

La musique techno qui envahit elle aussi le quotidien et l'absence de dialogue audible renforcent l'impression de porosité entre les univers. Ne reculant pas devant une certaine provocation, Evert de Beijer s'empare des codes adolescents (violence fantasmée versus faiblesse physique, sexualité exacerbée versus timidité excessive, etc.) pour raconter un parcours initiatique symbolique dénué de pathos ou de morale.

L'animation se prête particulièrement à ce type de projet qui ne recherche en aucun cas à imiter la réalité, mais au contraire à se la réapproprier pour en faire le reflet du monde tel qu'il est perçu par les personnages.

Le moine et le poisson le moine et le poisson de Michael Dudok de Wit a connu une belle carrière internationale au milieu des années 90, avec une nomination à l'Oscar du meilleur court métrage et un César reçu en 1996. Le film est le résultat de la rencontre entre le réalisateur néerlandais Michael Dudok de Wit et le programme "Artistes en  résidence" des studios Folimage.

Réalisé avec une technique d'aquarelle traditionnelle (sans assistance informatique), il raconte la complicité naissante entre un moine et le poisson qu'il tente par tous les moyens d'attraper. Aussi sautillant l'un que l'autre, les deux personnages évoluent au rythme de la musique primesautière du compositeur Serge Besset (La prophétie des grenouilles, Une vie de chat) basée sur La Follia d'Arcangelo Corelli.

Avec sa simplicité graphique et la fluidité de son animation, Le moine et le poisson fait office de classique de l'animation. Son réalisateur a d'ailleurs obtenu l'Oscar du meilleur court métrage avec son film suivant, Père et fille. Il travaille actuellement sur un projet de long métrage coproduit par Wild bunch et les studios Ghibli.

ChaseChase d'Adriaan Lokman s'inscrit dans la lignée expérimentale des précédentes œuvres du cinéaste (Barcode, Forecast...) et propose une interprétation personnelle (proche de l'abstraction) du Bullitt de Peter Yates.

Entièrement conçu par ordinateur, il propose une expérience hallucinée, qui parvient à être à la fois drôle, captivante et ultra-rapide, d'un univers perçu comme une gigantesque modélisation informatique. Il a d'ailleurs été pensé pour être projeté en 3D (ce fut le cas à Annecy en 2012), pour ajouter à l'impression d'immersion dans ce monde composé de triangles mouvants.

Junkyard de Hisko Hulsing junkyardprend le contrepied des autres films présentés dans le programme en proposant un dessin inspiré de la peinture, mais réalisé à la palette graphique.

Avec une esthétique assez proche de la bande dessinée, il raconte une rencontre dans un wagon de métro qui provoque une suite de flashbacks entrecoupés de séquences au ralenti et de flashs presque stroboscopiques.

Là encore, peu de dialogues. En revanche, la tonalité du film, ultra pessimiste, et la violence (à la fois physique et psychologique) qui s'en dégage en font une étude sociale à la noirceur glaçante, étrangement renforcée par l'utilisation de l'animation.

monster of nixThe monster of Nix de Rosto est un conte musical en animation 3D qui s'offre les voix de Tom Waits (en hirondelle menaçante) et Terry Gilliam (en garde forestier froussard).

Etrange et ténébreux, l'univers du film lorgne visiblement du côté de Tim Burton : personnages effrayants, décors dévastés, œufs contenant des histoires monstrueuses...

Si le parcours initiatique du jeune Willy demeure un peu obscur, cela n'empêche pas une certaine poésie macabre, à la limite du kitsch, qui ouvre tout un univers de possibles animés.

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