Vendôme 2013 : rencontre avec les réalisateurs en compétition

Posté par MpM, le 9 décembre 2013, dans Courts métrages, Festivals, Films, Vendôme.

vendôme 2013L'édition 2013 du Festival de Vendôme a débuté avec la présentation des 22 films de la compétition nationale, qui mêlent courts et moyens métrages, fictions et documentaires, animation et prises de vue réelles.

A l'issue des projections, les réalisateurs présents ainsi que des membres des équipes techniques ont assisté à une rencontre ouverte au public.

L'occasion de parler de certains films ayant particulièrement marqué les esprits, comme le très fort thriller social Avant que de tout perdre de Xavier Legrand, qui aborde la thème de la violence conjugale, ou plus largement de cinéma et de secrets de fabrication. Florilège des échanges.

Avant que de tout perdre

"C'est un sujet [la violence conjugale] qui, en tant que citoyen, me pose beaucoup de questions et me révolte un peu. La société a du mal à appréhender le problème pour le faire reculer. Une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon. C'est un sujet difficile à aborder au cinéma. Je voulais parler de la violence dans la famille car le foyer est l'endroit où l'on devrait être en sécurité, alors que c'est l'endroit où l'on est paradoxalement le plus en danger. Je voulais aussi questionner la place des enfants quand il y en a. " (Xavier Legrand, réalisateur d'Avant que de tout perdre)

Quel avenir commercial pour le court métrage ?

"J'ai eu la chance qu'il y ait un buzz sur le film. Il a même bénéficié d'une sortie en salles à Paris au mois de mars. Ensuite il a circulé, il était diffusé après ou avant un long. Canal + le diffuse. Mais sinon, à part les festivals... C'est le support court métrage qui pose problème au niveau commercial. Je ne sais pas quel est l'avenir du court métrage. Ce serait à un producteur de répondre." (Xavier Legrand, réalisateur d'Avant que de tout perdre)

"Le mieux, c'est d'être sélectionné dans de nombreux festivals. Et puis il y a la diffusion en salles qui revient un peu, surtout sur Paris." (Aurélien Deseez, producteur de Dahus de Joao Nicolau).

"Je ne dis pas que tout est formidable, mais quand même, un court métrage diffusé sur France 2, même à 1h du matin, ça fait quand même 3000000 spectateurs. Ce n'est pas rien." (Christophe Loizillon, réalisateur de Petit matin)

Pourquoi faire court ?

"Le format 30 minutes, pour raconter ce jour où le personnage principal a décidé de quitter son mari violent, était le meilleur moyen de capter cette urgence. Ce qui se passe après, c'est un autre long métrage. De même que le mécanisme psychologique qui l'amène à partir." (Xavier Legrand, réalisateur d'Avant que de tout perdre)

Costumes

"C'est un poste qui n'est pas souvent bien traité en court métrage. Souvent on fait avec la garde-robe des comédiens... Mais dans le long aussi, ça arrive ! Après il faut quand même créer le personne, donc il faut s'adapter. Avec Xavier [Legrand, réalisteur d'Avant que de tout perdre], ça a été une très belle rencontre. Il était très exigeant, il savait ce qu'il voulait pour le film. On a dû travailler vite et bien tout de suite parce qu'il n'y avait pas un gros budget. Mais on a eu beaucoup de chance car on a eu l'autorisation d'utiliser l'uniforme de Leclerc pour les scènes dans le magasin." (Laurence Forgues-Lockhart, costumière d'Avant que de tout perdre)

Du plan séquence

"J'ai du mal à épuiser le travail sur le plan séquence. C'est quelque chose qui me fascine, entre la fiction et le documentaire. Le cinéma, c'est quand même filmer du temps, donc il y a une sorte d'évidence du plan séquence. Cela permet un mystère qui se dévoile chez la personne qu'on filme. Il y a une sorte de lâcher prise. Un comédien essaye toujours de contrôler les choses. D'habitude, ils sont filmés 30 secondes, 1 minute. Mais quand la séquence dure 6 ou 7 minutes, au bout d'un moment, ils ne se contrôlent plus. Il y a aussi l'envie de s'amuser avec le cinéma. Plus c'est compliqué, plus l'équipe de cinéma aime ça. Un travelling qui commence sur une mobylette au milieu de la rue et se termine à l'intérieur d'une maison 6 minutes plus tard, tout le monde adore. Mais il faut qu'il y ait du sens au bout, bien sûr." (Christophe Loizillon, réalisateur de Petit matin, film de 34 minutes réalisé en six plans séquences).

Papier découpé

"C'est un truc très instinctif ! Concrètement, c'est vraiment un pantin dessiné que l'on anime image par image. J'avais envie de quelque chose à mi-chemin entre les marionnettes et le dessin." (Pierre Luc Granjon, réalisateur de La grosse bête)

Monsieur Lapin

"Ce n'est pas un film à thèse ou à sujet. Le but était de raconter un état. De faire un film flottant, avec un personnage absolument passif. Il n'agit pas sur le monde, ce sont les autres qui agissent sur lui. Il suit toujours les autres. Le monde lui paraît étrange et je voulais que l'on ressente cette étrangeté. Par exemple, les gens le prennent pour quelqu'un d'autre. Cela crée un trouble, surtout si c'est insistant, et surtout lorsqu'on est en pleine quête identitaire comme le personnage." (Pascal Servo, réalisateur de Monsieur lapin)

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